Israël: les partis ultra-orthodoxes mis hors-jeu par la nouvelle coalition

Mais cette fois, le soutien de Shass (séfarade) et de Judaïsme unifié de la Torah (ashkénaze) n'a pas suffi à l'ex-Premier ministre pour rassembler l'appui de 61 députés, seuil requis pour former un gouvernement. (Photo, AFP)
Mais cette fois, le soutien de Shass (séfarade) et de Judaïsme unifié de la Torah (ashkénaze) n'a pas suffi à l'ex-Premier ministre pour rassembler l'appui de 61 députés, seuil requis pour former un gouvernement. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 16 juin 2021

Israël: les partis ultra-orthodoxes mis hors-jeu par la nouvelle coalition

  • «Le gouvernement de Bennett jette à la poubelle tout ce qui est important pour le peuple juif»
  • Les ultra-orthodoxes «sont terrifiés par ce nouveau gouvernement, ce qui se passe pour eux en ce moment, c'est catastrophique»

JERUSALEM: Au cœur du pouvoir israélien pendant des années grâce à leur soutien à l'ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu, les ultra-orthodoxes se retrouvent soudainement sur les bancs de l'opposition, inquiets face à un gouvernement du "changement" faisant une bonne place aux laïcs.

En Israël, seul Etat majoritairement juif au monde, la place de la religion dans la politique et plus largement dans la sphère publique est une ligne de fracture profonde entre laïcs, orthodoxes et ultra-orthodoxes.

Après les législatives de mars, lors desquelles ils ont remporté 16 sièges sur les 120 du Parlement, les deux partis ultra-orthodoxes pensaient être reconduits au pouvoir au sein d'un gouvernement Netanyahu, comme quasiment sans interruption ces 12 dernières années.

Mais cette fois, le soutien de Shass (séfarade) et de Judaïsme unifié de la Torah (ashkénaze) n'a pas suffi à l'ex-Premier ministre pour rassembler l'appui de 61 députés, seuil requis pour former un gouvernement.

Résultat: le mandat est passé aux mains du centriste Yaïr Lapid, qui a mis sur pied un gouvernement allant de la gauche à la droite. Son allié, le héraut de la droite radicale Naftali Bennett, a pris dimanche les rênes d'une coalition hétéroclite.

Ne voulant pas faire partie de cette équipe liguée par sa seule volonté d'écarter M. Netanyahu du pouvoir, les ultra-orthodoxes se retrouvent hors-jeu et fustigent une équipe ministérielle contraire à leurs "valeurs juives".

"Le gouvernement de Bennett jette à la poubelle tout ce qui est important pour le peuple juif", a affirmé Arié Dery, dirigeant de Shass et jusqu'ici ministre de l'Intérieur.

"Les députés ultra-orthodoxes ne vont pas nous apprendre ce qu'est le judaïsme", a aussitôt rétorqué Naftali Bennett, lui-même juif orthodoxe mais pas haredi ("craignant Dieu" en hébreu, ultra-orthodoxe).

«Guerre parlementaire»

Dans les faits, les partis ultra-orthodoxes vont perdre de l'influence sur l'attribution d'aides publiques, alors que leurs institutions "ne subsistent que grâce à ces subventions", analyse Ilan Greilsammer, professeur de sciences politiques à l'Université Bar Ilan, près de Tel-Aviv.

Les haredim (12% de la population israélienne), dont beaucoup ne travaillent pas mais étudient dans des yeshivot (écoles talmudiques), sont très dépendants des subventions publiques.

Or ils vont perdre un poste clé, celui de la commission parlementaire des Finances, dirigée depuis des années par Judaïsme unifié de la Torah, explique à l'AFP M. Greilsammer, spécialiste du monde ultra-orthodoxe.

En outre, le nouveau ministre des Finances n'est autre qu'Avigdor Lieberman, leader de la droite nationaliste laïque, ouvertement opposé à la "mainmise" des ultra-orthodoxes sur le pouvoir.

Ceux-ci s'inquiètent aussi de voir d'autres courants du judaïsme s'emparer des questions religieuses, largement concentrées entre les mains des haredim.

Aux yeux des ultra-orthodoxes, le nouveau Premier ministre, Naftali Bennett, qui porte une petite kippa très discrète, est un "réformé", insulte suprême à leurs yeux.

Dans son programme, les questions religion/Etat ne sont pas prioritaires même s'il évoque "le renforcement de l'identité juive".

"Nous allons mener une guerre parlementaire contre cette coalition qui met en danger l'identité juive du pays", prévient Yossi Taieb, ancien député de Shass et rabbin.

«Terrifiés»

Il est surtout reproché à M. Bennett de soutenir des projets de loi qui mettraient fin à l'exemption de service militaire pour les étudiants de yeshivot, permettraient aux transports publics de circuler pendant le shabbat ou qui faciliteraient le processus de conversion au judaïsme.

Les députés ultra-orthodoxes craignent aussi que le gouvernement Bennett-Lapid touche à la politique dite du statu quo, en vigueur depuis la création d'Israël en 1948, qui entérine une application stricte du judaïsme dans la sphère publique (respect du shabbat dans les lieux publics, contrôle des règles de cacherout par le seul rabbinat, interdiction des mariages civils...). 

Les ultra-orthodoxes "sont terrifiés par ce nouveau gouvernement, ce qui se passe pour eux en ce moment, c'est catastrophique", explique Peggy Cidor, journaliste au quotidien Jerusalem Post, spécialiste du monde haredi. "Ce public va traverser une crise profonde".

Un des premiers conflits ouverts entre le gouvernement et les ultra-orthodoxes pourrait avoir lieu avec la mise en place d'une commission d'enquête sur la bousculade du mont Meron ayant fait 45 morts fin avril, en majorité des ultra-orthodoxes, lors d'un pèlerinage dans le nord d'Israël.

Le dernier gouvernement de Benjamin Netanyahu n'avait pas réussi à établir cette commission à laquelle s'opposaient les dirigeants ultra-orthodoxes, craignant d'être désignés comme responsables de la tragédie.


Al-Azhar Al-Sharif condamne les crimes terroristes contre les civils à Gaza

Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
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  • Al-Azhar réitère la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza»
  • Al-Azhar mentionne que les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès

LE CAIRE: Al-Azhar Al-Sharif, la plus ancienne et la plus importante institution d’enseignement de l’islam sunnite, a fermement condamné «les crimes terroristes commis contre les civils dans la bande de Gaza».

Dans un communiqué, Al-Azhar condamne ces attaques «dont l’atrocité a été révélée par les nombreuses informations selon lesquelles des centaines de corps d’enfants, de femmes, de personnes âgées et de membres du personnel médical ont été enterrés dans des fosses communes dans les environs des complexes médicaux Nasser et Al-Shifa».

«De même, des dizaines de corps ont été retrouvés “éparpillés” dans des centres d’hébergement et de déplacement, des tentes et des quartiers résidentiels dans la bande de Gaza.»

Al-Azhar affirme au monde que «ces fosses communes sont une preuve indéniable que ces atrocités et ces horreurs sont devenues un comportement quotidien normal pour Israël».

L’institution appelle les peuples du monde à s’unir pour protester de manière à dissuader les régimes qui soutiennent ces crimes.

Elle réclame un procès international urgent contre «le gouvernement terroriste d’occupation, qui ne connaît plus le sens de l’humanité ni du droit à la vie et qui commet des génocides tous les jours».

Al-Azhar réitère par ailleurs la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza et aux souffrances et catastrophes humanitaires sans précédent qui en découlent, et de garantir la protection des civils et l’acheminement d’une aide humanitaire suffisante et durable dans toutes les parties de la bande de Gaza».

L’institution présente aussi ses «sincères condoléances au peuple palestinien et aux familles des martyrs, priant Allah Tout-Puissant de leur accorder son immense miséricorde et son pardon, à rassurer les cœurs de leurs familles et de leurs proches, et à accélérer le rétablissement des malades».

Citant des articles de presse, Al-Azhar mentionne que, depuis samedi, les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’UE assouplit les règles en matière de visas pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn

L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
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  • Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis peuvent désormais bénéficier de visas à entrées multiples d’une durée de cinq ans
  • Il s’agit d’«une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels», affirme l’ambassadeur

RIYAD: Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis pourront se rendre plus facilement en Europe à la suite d’une décision de la Commission européenne visant à assouplir les règles en matière de visas.

Jeudi, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Arabie saoudite, Christophe Farnaud, a déclaré à des journalistes à Riyad que les nouvelles règles relatives aux visas Schengen constituaient «une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels et la facilitation des échanges entre les citoyens de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe [CCG]».

En vertu des nouvelles règles, un visa à entrées multiples sera normalement délivré pour une durée de cinq ans aux demandeurs retenus, y compris à ceux qui présentent une demande pour la première fois.

«Le processus est le même, mais la durée du visa est plus longue, ce qui leur permet de se rendre dans 29 pays européens en utilisant le même visa à entrées multiples, valable pour une durée de cinq ans», a expliqué M. Farnaud.

Ce dernier a déclaré qu’il était important de placer le changement de visa «dans le contexte des relations stratégiques entre cette région et l’Europe».

L’espace Schengen regroupe 29 pays européens, dont 25 sont des États membres de l’UE: la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Les États membres mettront en œuvre cette décision dès qu’ils auront reçu les notifications, a assuré M. Farnaud.

«Comme nous le savons, la notification a été faite mercredi. Donc, à partir de maintenant, les États membres peuvent délivrer ces visas, à moins qu’il n’y ait une raison technique qui les oblige à attendre quelques jours», a-t-il précisé.

«Je suis très heureux d’avoir pu travailler sur ce projet et je dois dire que j’ai reçu de nombreuses réponses très positives de la part des citoyens, notamment des Saoudiens. Je pense que c’est une excellente nouvelle», a ajouté M. Farnaud.

L’envoyé a indiqué que l’Europe travaillait également sur la mise en place de visas électroniques, «mais cela prendra un certain temps».

«Je ne peux pas vous dire combien de temps exactement, car cela implique des décisions de la part des États membres sur des aspects techniques. Ce projet se concrétisera donc, mais cela prendra un certain temps», a-t-il indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com