Après le coup de force du président, la Tunisie dans l'attente d'une feuille de route politique

Après des heurts lundi devant le Parlement entre partisans du président et ceux d'Ennahdha, le parti a appelé ses fidèles à rester chez eux pour éviter toute violence. (AFP).
Après des heurts lundi devant le Parlement entre partisans du président et ceux d'Ennahdha, le parti a appelé ses fidèles à rester chez eux pour éviter toute violence. (AFP).
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Publié le Mercredi 28 juillet 2021

Après le coup de force du président, la Tunisie dans l'attente d'une feuille de route politique

  • La décision dimanche de suspendre le Parlement et de démettre le Premier ministre faisait suite à des manifestations ayant éclaté le jour même à travers la Tunisie contre le gouvernement
  • Le principal parti parlementaire, Ennahdha, a dénoncé les mesures prises dimanche par le président tunisien comme un "coup d'Etat" et appelé M. Saied à revenir sur ses décisions

TUNIS: Plus de 48h après le coup de force du président Kais Saied, qui s'est octroyé le pouvoir exécutif, les Tunisiens attendent toujours une feuille de route pour la suite, la société civile mettant en garde contre tout prolongement "illégitime" de la suspension du Parlement.


Le président Saied a argué des "périls imminents" auxquels était confrontée la Tunisie, plongée depuis des mois dans une profonde crise politique, pour justifier se prise de pouvoir. 


Mais ses décisions suscitent l'inquiétude en Tunisie comme à l'étranger, l'Union européenne appelant au "rétablissement de la stabilité institutionnelle" dans le seul pays à poursuivre sa démocratisation après la vague de soulèvement des printemps arabes en 2011.


Dimanche soir, le président Saied a ordonné la suspension des travaux du Parlement pour un mois, limogé le chef du gouvernement Hichem Mechichi et s'est octroyé le pouvoir exécutif, dans un contexte de crise économique et sociale accentuée par un pic meurtrier de l'épidémie de Covid. 


Lundi, il a limogé le ministre de la Défense et celle de la Justice, après s'être attribué le pouvoir judiciaire dans le cadre des mesures exceptionnelles. Et mardi, il a démis de leur fonctions plusieurs conseillers gouvernementaux et chargés de missions et outre écarté le procureur général de la justice militaire.


"Le président Saied est devant un grand défi: montrer aux Tunisiens et au monde qu'il a pris les bonnes décisions", souligne le politologue Slaheddine Jourchi.


Dix ans après la chute de la dictature de Zine el Abidine ben Ali, le chômage, profondément enraciné, et la dégradation des infrastructures publiques et du pouvoir d'achat, qui étaient à l'origine du soulèvement n'ont jamais été résolus. Et la Tunisie fait face à un mur de dettes et une inflation qui grignote le budget des ménages.


En outre, depuis les élections d'octobre 2019 ayant débouché sur un Parlement fragmenté en une myriade de petites formations antagonistes, le pays a connu trois chefs de gouvernements, et vu s'accentuer les luttes de pouvoir en pleine crise sociale et sanitaire.

« De confiance et loyale »

La décision dimanche de suspendre le Parlement et de démettre le Premier ministre faisait suite à des manifestations ayant éclaté le jour même à travers la Tunisie contre le gouvernement, principalement contre sa gestion de la crise du Covid après une nouvelle flambée des cas.


Les milliers de protestataires, exaspérés par le bras de fer entre le président du Parlement Rached Ghannouchi, chef de file d'Ennahda, et le président Saied, qui dure depuis six mois et paralyse le pays, réclamaient notamment "la dissolution du Parlement".


Le principal parti parlementaire, Ennahdha, a dénoncé les mesures prises dimanche par le président tunisien comme un "coup d'Etat" et appelé M. Saied à revenir sur ses décisions.


Il s'est dit prêt "à la tenue d'élections législatives et présidentielle anticipées simultanées, afin de garantir la protection du processus démocratique et d'éviter que tout retard ne serve de prétexte au maintien d'un régime autocratique".


Mais avant de telles élections, il faudrait selon un dirigeant d'Ennahdha interrogé par l'AFP, Noureddine B'hiri, "que le Parlement reprenne ses activités et que soit mis fin à son contrôle militaire".


Le parti au pouvoir a également appelé à un dialogue national pour sortir le pays de ses crises: politique, sociale, économique et sanitaire.


Après des heurts lundi devant le Parlement entre partisans du président et ceux d'Ennahdha, le parti a appelé ses fidèles à rester chez eux pour éviter toute violence.


M. Saied avait indiqué dimanche soir qu'il exercerait le pouvoir exécutif avec "l'aide d'un gouvernement" dont il devait nommer le chef.


"Le président Saied sera très prudent dans le choix du futur chef du gouvernement parce qu'il veut une personne de confiance et loyale qui adopterait la même politique que lui", estime M. Jourchi. 


Ce futur "gouvernement de Saied" devra améliorer les conditions de vie des Tunisiens, estime-t-il, tandis que plusieurs organisations influentes de la société civile ont plaidé en faveur d'une feuille de route avec un calendrier détaillé.


Elles ont mis en garde dans un texte commun contre tout prolongement "illégitime" de la suspension du Parlement, soulignant la nécessité de respecter le délai de 30 jours mentionné dans l'article 80 de la Constitution sur lequel s'est appuyé Kais Saied.


Syrie: 20 combattants pro-gouvernement tués dans deux attaques de l'EI

"Seize soldats de l'armée régulière et combattants des forces pro-gouvernementales sont morts dans l'attaque par l'EI d'un autocar militaire dans l'est de la province de Homs". Photo d'illustration. (AFP).
"Seize soldats de l'armée régulière et combattants des forces pro-gouvernementales sont morts dans l'attaque par l'EI d'un autocar militaire dans l'est de la province de Homs". Photo d'illustration. (AFP).
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  • Le groupe Etat islamique a tué 20 soldats et combattants des forces pro-gouvernementales syriens au cours de deux attaques dans des zones contrôlées par Damas
  • "Quatre soldats syriens sont morts dans une autre attaque de l'EI contre une base près d'Albukamal"

BEYROUTH: Le groupe Etat islamique a tué 20 soldats et combattants des forces pro-gouvernementales syriens au cours de deux attaques dans des zones contrôlées par Damas, a annoncé jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Seize soldats de l'armée régulière et combattants des forces pro-gouvernementales sont morts dans l'attaque par l'EI d'un autocar militaire dans l'est de la province de Homs", selon cette ONG basée en Grande-Bretagne et disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie. "Quatre soldats syriens sont morts dans une autre attaque de l'EI contre une base près d'Albukamal", a ajouté l'OSDH.


L'Autorité palestinienne fustige le veto américain à l'ONU

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain à l'adhésion des Palestiniens aux Nations unies, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre". (AFP).
L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain à l'adhésion des Palestiniens aux Nations unies, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre". (AFP).
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  • Ce veto "révèle les contradictions de la politique américaine, qui prétend, d'une part, soutenir la solution à deux États (une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, ndlr), mais de l'autre empêche la mise en oeuvre de cette solution" à l'ONU
  • Le projet de résolution présenté par l'Algérie, qui "recommande à l'Assemblée générale que l'Etat de Palestine soit admis comme membre des Nations unies", a recueilli jeudi 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions

RAMALLAH: L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain à l'adhésion des Palestiniens aux Nations unies, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre".

"Cette politique américaine agressive envers la Palestine, son peuple et ses droits légitimes représente une agression flagrante contre le droit international et un encouragement à la poursuite de la guerre génocidaire contre notre peuple (...) qui poussent encore davantage la région au bord du gouffre", a déclaré le bureau de M. Abbas dans un communiqué.

Ce veto "révèle les contradictions de la politique américaine, qui prétend, d'une part, soutenir la solution à deux États (une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, ndlr), mais de l'autre empêche la mise en oeuvre de cette solution" à l'ONU, ont ajouté les services de M. Abbas en remerciant les Etats ayant voté en faveur de l'adhésion pleine et entière des Palestiniens à l'ONU.

"Le monde est uni derrière les valeurs de vérité, de justice, de liberté et de paix que représente la cause palestinienne", a fait valoir l'Autorité palestinienne, qui siège à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Le projet de résolution présenté par l'Algérie, qui "recommande à l'Assemblée générale que l'Etat de Palestine soit admis comme membre des Nations unies", a recueilli jeudi 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions.


Ce que l'on sait des explosions en Iran

A handout image grab made available by the Iranian state TV, the Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB), shows what the TV said was a live picture of the city of Isfahan early on April 19, 2024, following reports of explosions heard in the province in central Iran. (AFP).
A handout image grab made available by the Iranian state TV, the Islamic Republic of Iran Broadcasting (IRIB), shows what the TV said was a live picture of the city of Isfahan early on April 19, 2024, following reports of explosions heard in the province in central Iran. (AFP).
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  • Le centre de l'Iran abrite plusieurs des sites nucléaires iraniens connus. Les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan sont "totalement en sécurité", a indiqué l'agence Tasnim
  • "Nous n'avons pas de commentaire pour le moment", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne à l'AFP au sujet des explosions

TEHERAN: De fortes explosions ont été rapportées vendredi en Iran, après qu'Israël a menacé de répondre à l'attaque lancée par Téhéran contre son territoire le week-end dernier.

Voici ce que l'on sait à ce stade sur ces développements:

Fortes explosions dans le centre

Téhéran a fait état de trois explosions survenues à l'aube vendredi près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars. Selon la télévision d'Etat, ces "fortes explosions" ont été entendues dans la province d'Ispahan, dans le centre, et les causes ne sont pas encore connues.

L'Iran a activé dans la foulée sa défense aérienne dans plusieurs provinces. Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes.

Selon l'agence officielle Irna se basant sur les informations rapportées par ses journalistes, aucun dégât majeur n'a été signalé.

Installations nucléaires pas touchées

Le centre de l'Iran abrite plusieurs des sites nucléaires iraniens connus. Les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan sont "totalement en sécurité", a indiqué l'agence Tasnim.

"Les installations importantes, en particulier les installations nucléaires, sont totalement sûres et aucun accident n'y a été signalé", a également souligné l'agence officielle iranienne Irna.

Réactions israélienne et américaine

"Nous n'avons pas de commentaire pour le moment", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne à l'AFP au sujet des explosions.

Israël avait prévenu qu'il riposterait après que l'Iran a tiré des centaines de missiles et de drones sur le territoire israélien au cours du week-end. Cette attaque était intervenue à la suite d'un raid contre le consulat iranien à Damas, imputé à Israël.

L'armée israélienne a aussi annoncé vendredi matin que des sirènes d'alerte avaient été activées dans le nord d'Israël.

La Maison Blanche de son côté n'a pas non plus fait de commentaire dans l'immédiat. Mais les chaînes NBC et CNN, citant respectivement des sources au fait de la question et un responsable américain, ont rapporté qu'Israël avait prévenu Washington à l'avance de la frappe, sans que les Etats-Unis n'approuvent l'opération ni ne participent à son exécution. "Nous n'avons pas approuvé la riposte", a déclaré un responsable américain, selon CNN.

Conséquences

La compagnie aérienne émiratie Flydubai a de son côté annulé ses vols vers l'Iran vendredi après les fortes explosions.

Les vols ont été suspendus en Iran à partir de Téhéran et d'autres villes vendredi, avant de reprendre en début de matinée.

L'Australie a de son côté exhorté ses ressortissants à quitter Israël et les territoires palestiniens, en raison d'une "forte menace de représailles militaires et d'attaques terroristes".