Comment les portraits du peintre marocain Anouar Khalifi saisissent l'instant

Mockingbird (2019). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï
Mockingbird (2019). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï
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Publié le Lundi 09 août 2021

Comment les portraits du peintre marocain Anouar Khalifi saisissent l'instant

  • Tantôt en Espagne, tantôt au Maroc, Khalifi explique comment ses portraits saisissent le monde qui l'entoure et son identité mixte
  • Le peintre a créé une œuvre qui dépeint une identité en mouvement, une exploration constante de ses origines marocaines et de son éducation espagnole

DUBAÏ: Ces dernières années, le monde de l'art contemporain semble avoir perdu sa fascination pour les portraits. Cependant, ce genre semble faire un retour et sortir de l’ombre, en particulier dans le travail d'artistes d'Afrique continentale et d'Afrique du Nord.

Depuis des décennies, les aficionados du monde de l'art déclarent la peinture en voie de disparation. Le peintre français Paul Delaroche a été le premier à en faire l'observation en 1839, et dans les années qui ont suivi. D'autres encore ont par la suite remis en question cet important art traditionnel.

À certains égards, la peinture elle-même connaît une renaissance – mais dans d'autres régions du monde – notamment en Afrique, avec des artistes peignant le monde et les personnes qui les entourent.

Palimpsest (2021). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï

Anouar Khalifi, artiste marocain basé entre l'Espagne et le Maroc, est un peintre qui donne un nouveau souffle au portrait contemporain.

Ses œuvres, plongées dans les riches couleurs – oranges foncés, pourpres intenses et bruns sombres – qui caractérisent sa patrie, révèlent une multitude de personnages, souvent représentés chez eux, de façon détendue, et vêtus de vêtements traditionnels, tels qu'un fez rouge ou une tunique jalabiya décontractée.

Dans Palimpsests, sa dernière exposition, organisée en ligne par la galerie The Third Line basée à Dubaï, l'artiste a dévoilé ses dernières peintures, toutes saisissant le paysage luxuriant et rêveur, les couleurs et traditions de son héritage marocain.

Ghurba (2020). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï

Né en 1977 à Lloret de Mar, une petite ville de la Costa Brava en Espagne, près de Barcelone, Khalifi se rendait régulièrement au Maroc, lorsqu'il était enfant, d'où sont originaires ses deux parents, habitude qu'il conserve encore à ce jour, se déplaçant chaque mois entre les deux pays.

Pendant des années, l'artiste autodidacte, qui a grandi en dessinant dans la cuisine de sa mère, a créé une œuvre qui dépeint une identité en mouvement,  une exploration constante de ses origines marocaines et de son éducation espagnole.

Ses peintures, tout en mélangeant délicatement ces deux cultures, ont évolué pour évoquer de manière plus marquée son héritage oriental et arabe.

Baba the Butcher and Gardener (2019). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï

Il utilise un symbolisme répandu au Moyen-Orient, de longues robes colorées, des chapeaux pointus, des demeures stylisées et des scènes de rue, des couverts et vases en terre, ainsi que les animaux que l’on voit lors d’une promenade ordinaire, dans des villes comme Tanger, Marrakech ou Fès.

«Il est important pour moi de me qualifier maintenant de peintre marocain. Il y a toujours eu cette grande question dans ma vie: d'où viens-tu? J'adopte maintenant pleinement mon identité, mon éducation mixte, et mon travail l’exprime», affirme Khalifi à Arab News.

Dans Na3na3 (2020), qui signifie menthe en dialecte marocain, un homme en costume blanc et portant un fez rouge est nonchalamment affalé sur une chaise jaune clair, un sac de sucre marocain à ses côtés. Il regarde le spectateur directement à travers ses yeux entrouverts.

Dans Safi Safari (2021), un homme à la peau foncée portant un chapeau de safari et une jalabiya à rayures rouges et blanches est également assis sur une chaise de façon désinvolte, et porte aux pieds des babouches marocaines traditionnelles jaune vif.

Dans une œuvre plus onirique, The Opening (2020), un homme se tient dans une pièce blanche, avec ce qui semble être une colonnade en voûte. Il étend les deux bras comme s'il était sur le point de commencer à danser, ou peut-être simplement en train d'explorer l'espace. Sur le côté gauche, sous les arches, on distingue des briques rouges – signes d'une autre terre et d’une autre architecture –  au-dessus d’un pneu Goodyear.

Ce qui rend les œuvres de Khalifi si fascinantes, ce sont aussi leurs tendances surréalistes: le symbolisme quotidien de l'héritage marocain de l'artiste, son symbolisme soufi et mystique. Ses œuvres offrent une étreinte chaleureuse et riche dans la culture toujours profonde et énigmatique de l'Afrique du Nord.

Safi Safari (2021). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï

Les peintures de Khalifi sont si magnétiques que ceux qui les regardent éprouvent presque la sensation des qualités tactiles de son sujet – comme s’ils étaient comme lui, occupant l'un des espaces richement colorés.

«Je travaille aussi beaucoup de mémoire. Il n'y a pas de personnages prévus à l’avance. Ils viennent d’eux-mêmes. Il y a également la notion de couleur et d'identité des gens, je ne veux pas que dans mes œuvres, ils perdent leurs traits uniques. Nous avons tous cette peur de perdre les traditions, et cette idée romantique de s'assurer que nous les gardons est toujours là», assure-t-il.

Khalifi, qui a toujours eu une vision entrepreneuriale, a auparavant travaillé comme disc-jockey. Il avait également sa propre marque de vêtements, avant de se consacrer à l'art. Son travail a souvent été comparé à celui du peintre espagnol du XIX siècle, Francisco de Goya. Khalifi ne nie pas son influence, et se souvient avoir passé de longs moments au musée du Prado à Madrid, à admirer des œuvres des XVIII et XIX siècles – et leur mélange de réalisme et d'émotion.

The opening ​​(2020). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï

«J'ai peint et dessiné toute ma vie. La peinture peut vous transporter, elle peut vous offrir un miroir vers d'autres mondes. Je crois fermement que les choses se sont produites comme elles devaient se produire», précise-t-il.

Khalifi veut surtout que ses peintures servent d'«actes de beauté». Citant la célèbre phrase du philosophe athénien Platon: «La beauté est la splendeur de la vérité», il a remarqué que lorsqu'il lisait de la vieille poésie arabe, il était toujours inspiré. C'est quelque chose que l’artiste veut toujours conserver, incorporer et imprégner dans ce travail.

Semblables au titre de la récente exposition en ligne de Khalifi par la galerie d’art The Third Line, Palimpsests, ses peintures sont des couches, des palimpsestes visuels, même si cela signifie parfois que la tension et la beauté doivent s'entremêler et qu'une lutte éclate, comme c'est le cas lorsque différentes origines, cultures et héritages se mélangent.

A Man’s Chest Can Only Hold One (2020). Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie The Third Line, Dubaï

«Je n'essaie pas de peindre de belles formes. Une partie du chaos, dans mon travail, essaie de se reconstruire en beauté et en vérité, même avec des tensions. Nous essayons toujours de le rendre beau, même s'il est tendu. La beauté peut être un moment triste si vous pouvez la refléter d'une certaine manière. La tragédie peut aussi être belle selon la façon dont elle est représentée. Cependant, être malheureux ne recèle pas de beauté», ajoute le peintre.

Dans A Man's Chest Can Only Hold One (2020), on voit un garçon étendu sur un canapé, enroulé dans une tunique vert foncé. Il regarde le spectateur d'un seul œil, presque mystérieusement, alors que l’une de ses mains pend au milieu de sa longue tunique. Il y a un tapis au dessin complexe sous son canapé, et une table devant, avec des vases décoratifs et un livre bleu.

À l’image des œuvres de plus en plus nombreuses peintes par Khalifi, celle-ci invite à rêver et à se connecter avec des terres lointaines, les rendant un peu plus proches et familières.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cinéma: «Frères», Mathieu Kassovitz et Yvan Attal en enfants sauvages

L'acteur et réalisateur français Yvan Attal pose en marge de la 8e édition du Festival Cinéma et musique de film à La Baule, dans l'ouest de la France, le 30 juin 2022. (Photo de Loic VENANCE / AFP)
L'acteur et réalisateur français Yvan Attal pose en marge de la 8e édition du Festival Cinéma et musique de film à La Baule, dans l'ouest de la France, le 30 juin 2022. (Photo de Loic VENANCE / AFP)
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  • Le scénario est inspiré de la vie de Michel de Robert de Lafregeyre et de son frère Patrice, qui grandirent dans un bois
  • Le film, deuxième long métrage d'Olivier Casas, revient, par allers-retours entre passé et présent, sur ces sept années de «liberté extrême»

BORDEAUX: Une mère absente, une forêt, la survie et une fraternité salvatrice: dans "Frères", film inspiré d'une histoire vraie en salles mercredi, Yvan Attal et Mathieu Kassovitz jouent deux frangins unis par le secret d'une enfance passée dans un bois de Charente-Maritime.

Le scénario est inspiré de la vie de Michel de Robert de Lafregeyre et de son frère Patrice, qui grandirent dans un bois situé près du quartier de pêcheurs de Châtelaillon-Plage, au sud de La Rochelle, de 1949 à 1956.

Le film, deuxième long métrage d'Olivier Casas, revient, par allers-retours entre passé et présent, sur ces sept années de "liberté extrême" durant lesquelles les enfants, âgés de 5 et 6 ans au début, ont vécu dans une cabane construite au milieu des arbres, se nourrissant de baies, de poissons et de lièvres.

Il s'agit d'une "histoire d'amour entre deux frères" plutôt que d'une "histoire de survie", a nuancé le réalisateur lors d'une avant-première à Bordeaux.

Les deux frères, que leur mère n'est jamais venue récupérer à la colonie de vacances où ils avaient passé l'été 1949, se sont retrouvés livrés à eux-mêmes dans la nature, s'adaptant au froid et au manque de nourriture grâce à leur ingéniosité.

Finalement récupérés par leur mère en 1956, ils vécurent ensuite chez un couple de précepteurs parisiens, avant d'être séparés puis envoyé en pension dans le Nord-Pas-de-Calais pour l'un, scolarisé dans un lycée parisien auprès de sa mère pour l'autre.

Michel de Robert de Lafregeyre, aujourd'hui âgé de 78 ans et incarné par Yvan Attal, a étudié l'architecture et en a fait son métier. Son frère Patrice, joué par Mathieu Kassovitz, devenu directeur d'une clinique en Alsace, s'est suicidé en 1993, à l'âge de 48 ans.

C'est après sa mort que Michel de Robert de Lafregeyre a raconté leur histoire, jusque-là gardée secrète, à ses proches.

Il y a neuf ans, il a répondu aux questions de son ami Olivier Casas, qui a voulu en faire un film. L'ancien architecte, qui ne pensait pas que sa vie se retrouverait ainsi "sur la place publique", a accepté. En hommage à son frère.


L'ambassade d'Italie célèbre les liens florissants avec l'Arabie saoudite à l'occasion de la première journée du "Made in Italy".

L'ambassade d'Italie a inauguré un nouveau centre de demande de visa et un espace d'exposition à l'occasion de la Journée du Made in Italy. (Photo AN Abdulrahman AlNajim)
L'ambassade d'Italie a inauguré un nouveau centre de demande de visa et un espace d'exposition à l'occasion de la Journée du Made in Italy. (Photo AN Abdulrahman AlNajim)
L'ambassade d'Italie a inauguré un nouveau centre de demande de visa et un espace d'exposition à l'occasion de la Journée du Made in Italy. (Photo AN Abdulrahman AlNajim)
L'ambassade d'Italie a inauguré un nouveau centre de demande de visa et un espace d'exposition à l'occasion de la Journée du Made in Italy. (Photo AN Abdulrahman AlNajim)
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  • L'événement est marqué par l'ouverture d'un nouveau centre de traitement des demandes de visa et d'un nouvel espace d'exposition.
  • L'installation sera utilisée pour promouvoir "la qualité, la variété et la créativité" des produits italiens, a déclaré un fonctionnaire.

RIYADH: The Italian Embassy in Riyadh on Tuesday celebrated the inaugural “Made in Italy Day” with the opening of a new visa application center and exhibition space.

Giuliano Fragnito, the deputy head of the mission, told Arab News the event provided an opportunity to showcase Italian expertise in a variety of fields, including the fashion, design, automotive and space industries.

“Today we are celebrating ‘Made in Italy Day,’ which is a day that celebrates the creativity, innovation and the territories of Italy and Italy’s products,” he said.

The date was chosen to mark the anniversary of the birth of Leonardo da Vinci on April 15, 1452.

Fragnito said the new exhibition space, called Casa Italia, would be used to promote Italy from a “commercial, cultural and scientific point of view,” with the opening event being a celebration of its contribution to the space industry, titled “Italian Space Way.”

L'événement était d'autant plus approprié que l'Italie et l'Arabie saoudite sont des partenaires étroits dans ce secteur, l'Agence spatiale italienne et la Commission spatiale saoudienne ayant signé un accord en 2022 en vue d'une collaboration plus étroite, a-t-il déclaré.

L'objectif plus large des célébrations de mardi était de mettre en lumière les relations croissantes entre l'Italie et le Royaume dans une série de domaines, a déclaré M. Fragnito.

"L'Arabie saoudite est un partenaire clé de l'Italie et les relations bilatérales se développent à un rythme très rapide... d'abord d'un point de vue politique, mais aussi dans les domaines du commerce, de la coopération scientifique, de la coopération universitaire et de la coopération culturelle.

Les exportations italiennes vers l'Arabie saoudite ont augmenté de 20 % l'année dernière et Rome souhaite faire passer les relations entre les deux pays "au niveau supérieur".

"Le marché saoudien est de plus en plus conscient et apprécie la qualité, la variété et la créativité des produits italiens.

"L'Arabie saoudite est un partenaire clé de l'Italie et il est très important de célébrer la Journée du Made in Italy en Arabie saoudite, qui est un marché très important pour les exportations italiennes.

Le nouveau centre de demande de visa, géré conjointement par les sociétés de services technologiques AlmaViva et VFS Global, est situé à la porte 2 du Loclizer Mall à Riyad. Des services similaires sont également disponibles à Jeddah et à Dammam.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


ilmi, le PNU lance un programme d’études muséales

Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
Le programme d’études muséales comprend des cours de microcrédit, de diplôme, de mineure et au choix. (Commission des musées)
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  • Nouveaux cours de microcertification ouverts à tous les diplômés du secondaire et de premier cycle
  • Le programme comprend des cours d’arabe, d’anglais, en personne, à distance, à long et à court terme

RIYAD : Un nouveau programme d’études muséales en Arabie saoudite a ouvert ses portes pour l’inscription, offrant des cours de microcertification et de longue durée.

Il est le résultat d’un partenariat entre ilmi, un centre d’apprentissage des sciences, de la technologie, de la lecture, de l’ingénierie, des arts et des mathématiques, et l’Université Princess Nourah bint Abdulrahman.

ilmi — qui signifie « mes connaissances » en arabe — est un centre de science et d’innovation qui vise à autonomiser les jeunes en Arabie saoudite.

Une initiative d’ONG philanthropique créée par la princesse Sara bint Mashour bin Abdulaziz, épouse du prince héritier Mohammed bin Salman, ilmi est incubée, soutenue et financée par la Fondation Mohammed bin Salman, Misk, et opère en partenariat avec Mohammed bin Salman Nonprofit City.

Le programme d’études muséales comprend des microdiplômes, des diplômes, des cours mineurs et des cours au choix.

Il est ouvert aux jeunes diplômés du secondaire et de l’université désireux d’obtenir des postes de niveau d’entrée dans les musées, ainsi qu’aux professionnels à la recherche de nouveaux ensembles de compétences et de carrières.

Créé par ilmi et des experts du PNU d’Arabie saoudite et du monde entier, le programme offre un mélange d’apprentissage en ligne et en personne, ainsi que des options de scolarité en arabe et en anglais.

Les cours de microcrédit combineront l’apprentissage en ligne et en personne et sont offerts aux candidats de plus de 18 ans.

Les cours comprennent des études d’impact sur les musées, l’éducation et la sensibilisation aux musées, une introduction aux technologies muséales, les bases de la gestion des musées et l’intégration de la technologie numérique.

Les cours proposés aux étudiants du PNU comprennent une introduction aux musées facultatifs et aux mineurs spécialisés dans les musées et la technologie numérique, la conception d’expositions et le développement de contenu.

Un diplôme de deux ans en gestion de musée sera également disponible pour les étudiants du PNU et les jeunes diplômés du secondaire.

Les inscriptions pour le premier cours en ligne sur les microtitres de compétences commencent ce mois-ci : Principes fondamentaux de la gestion des musées.

Tous les autres cours de microdiplômes auront lieu en mai et juin, avec les programmes de diplôme, mineur et électif commençant en septembre au début de l’année académique 2024/25.

Les diplômés du programme peuvent également postuler pour travailler aux côtés d’experts ilmi alors qu’ils conçoivent et lancent des programmes d’apprentissage uniques et informels à travers le Royaume.

Pour plus d’informations et pour vous inscrire, cliquez ici.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com