Au Liban, jamais justice n’a été faite, et le drame du Akkar ne fera pas exception

Dans ces villages reculés et défavorisés du Liban, l’explosion de ce dépôt d’essence destinée à la contrebande n’a fait que raviver des blessures vieilles et profondes. (AFP)
Dans ces villages reculés et défavorisés du Liban, l’explosion de ce dépôt d’essence destinée à la contrebande n’a fait que raviver des blessures vieilles et profondes. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 16 août 2021

Au Liban, jamais justice n’a été faite, et le drame du Akkar ne fera pas exception

  • Dans les villages alentours, où l’on déplore plusieurs victimes – des morts et des blessés –, plus le temps passe, plus la tension est palpable
  • Mouein Chreiteh vient de perdre ses deux enfants, Jalal et Khaled, respectivement âgés de 16 et 20 ans. Son troisième fils, qui a 28 ans, a été blessé

Des rues désertes, seulement traversées par des véhicules militaires: un calme inquiétant règne à Tleil, le lieu du drame. Dans les villages alentours, où l’on déplore plusieurs victimes – des morts et des blessés –, plus le temps passe, plus la tension est palpable. Hier, à Tleil comme dans les localités environnantes, tout laissait craindre le pire et les habitants retenaient leur souffle.

Contrairement à la coutume de l’islam qui veut que, pour honorer les morts, on les enterre dans les heures qui suivent leur décès, les habitants des villages endeuillés ont décidé de ne pas organiser de funérailles. De nombreux hommes dont les corps ont été calcinés ne seront identifiés que dans les jours qui viennent. Dans ces villages reculés et défavorisés du Liban, l’explosion de ce dépôt d’essence destinée à la contrebande n’a fait que raviver des blessures vieilles et profondes. Les habitants veulent plus que jamais que leur voix soit entendue et que justice soit faite. 

À Tleil, ils ont ainsi bloqué la route devant la villa en flamme de George Rachid Ibrahim, où la citerne avait été entreposée, empêchant les pompiers de parvenir jusqu’au lieu du drame. Ils sont restés dans la rue, décidés à ne pas rentrer chez eux jusqu’à ce que l’homme soit livré à la justice, ce qui n’a pas encore été fait. Ces gens étaient en colère, car chacun d’eux comptait au moins une victime dans sa famille ou dans son village.

À quelques kilomètres de là, sous une tente de son village de Dawssé, Mouein Chreiteh reçoit des messages de condoléance. Il vient de perdre ses deux enfants, Jalal et Khaled, respectivement âgés de 16 et 20 ans. Son troisième fils, qui a 28 ans, a été blessé. C’est lui qui a annoncé la nouvelle à son père.

«Mes fils sont morts pour 50 000 livres libanaises [2,5 dollars, soit 2,12 euros]», souffle-t-il, la voix brisée. C’est le prix du bidon d’essence que les deux jeunes hommes comptaient rapporter à la maison. L’armée, qui avait perquisitionné samedi après-midi une citerne de 60 000 mètres cubes d’essence à Tleil, avait autorisé les habitants de la région à venir en chercher. La pénurie de carburant se prolonge, au Akkar comme dans l’ensemble du Liban, depuis plusieurs semaines.

«Ici, nous manquons de tout: d’eau, d’électricité, de carburant, de générateurs. Nous sommes des laissés-pour-compte. Parce que nous sommes démunis, nous sommes utilisés comme de la chair à canon. Nous mendions le pain, le lait, la nourriture. Même les tests ADN qui permettent d’identifier le corps de mes enfants prennent deux fois plus de temps ici qu’ailleurs dans le pays. Le Liban est au bord du gouffre, je le sais, mais, avec la mort de mes deux fils, je n’ai vraiment plus rien à perdre», lance Mouein Chreiteh.

Le regard de sa fille Fida, 24 ans, installée dans le salon, est glacial. La jeune femme a une enfant de 8 mois. Elle n’a pas seulement perdu ses deux frères: son mari, âgé de 28 ans, a été grièvement brûlé et on l’a conduit à l’hôpital de l’université américaine de Beyrouth. «60% de son corps est brûlé. Je ne lui ai pas encore parlé. Il ne sait pas que mes deux frères sont morts. Il était avec eux au moment de l’explosion», confie-t-elle en regardant dans le vide. Son silence tranche avec les longs sanglots de sa mère, dans la pièce d’à côté. 

«Nous, les habitants du Akkar, nous sommes des morts-vivants. Nous n’avons aucune ressource et, tous les mois, nous tirons le diable par la queue. Mon mari est un soldat, son salaire suffit à acheter des couches et du lait pour notre fille, mais, pour le reste, au cours de l’année écoulée, nous avons vendu tout ce que nous possédions pour tenter de joindre les deux bouts, en vain», déplore-t-elle. «Mes frères sont morts pour quelques litres d’essence. Je sais qu’ils seront rapidement oubliés. Au Liban, jamais justice n’a été faite et cette affaire ne fera pas exception», ajoute-t-elle.

À l’entrée de la maison, un homme connu sous le nom de «Calimero» se trouve être le chef des «révolutionnaires de Bireh». C’est son groupe qui a indiqué à l’armée la cache de l’essence destinée à la contrebande. Il avait proposé que l’essence soit vendue aux gens pour que l’armée en profite et qu’elle propose gratuitement du mazout aux dispensaires de la région, le Akkar manquant crucialement d’hôpitaux.

Il déclare: «Nous sommes tellement insignifiants pour l’État libanais qu’il peut nous sacrifier sans problème. Ce qui s’est passé à Tleil en est une nouvelle preuve. Eh bien, que ceux qui dirigent le pays le sachent, nous n’avons plus rien à perdre et nous ne nous tairons pas.»


Biden demande à Israël de permettre «sans délai» l'accès à l'aide humanitaire à Gaza

Le président Joe Biden a exigé mercredi que la nouvelle aide humanitaire soit autorisée à parvenir immédiatement aux Palestiniens dans la bande de Gaza, alors qu’Israël, l’allié clé des États-Unis, y combat le Hamas. (Reuters)
Le président Joe Biden a exigé mercredi que la nouvelle aide humanitaire soit autorisée à parvenir immédiatement aux Palestiniens dans la bande de Gaza, alors qu’Israël, l’allié clé des États-Unis, y combat le Hamas. (Reuters)
Short Url
  • Le texte adopté par le Congrès américain prévoit une enveloppe de plusieurs milliards de dollars pour aider militairement Israël, et en particulier renforcer son bouclier antimissile
  • «Mon engagement pour Israël est à toute épreuve. La sécurité d'Israël est extrêmement importante», a encore dit le démocrate de 81 ans

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a promulgué mercredi une loi comprenant notamment de l'aide humanitaire pour Gaza, appelant Israël à "veiller à ce que toute cette aide parvienne sans délai aux Palestiniens".

"Nous allons immédiatement garantir et acheminer cette aide, dont de la nourriture, des fournitures médicales et de l'eau potable", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse, évoquant une population qui "souffre cruellement" face au désastre humanitaire en cours.

Le texte adopté par le Congrès américain après des mois de négociation prévoit par ailleurs, outre une aide massive à l'Ukraine, une enveloppe de plusieurs milliards de dollars pour aider militairement Israël, et en particulier renforcer son bouclier antimissile, baptisé "Dôme de fer".

"Mon engagement pour Israël est à toute épreuve. La sécurité d'Israël est extrêmement importante", a encore dit le démocrate de 81 ans, en faisant référence à la récente attaque directe menée par l'Iran sur le territoire israélien.


Bombardements israéliens et combats avec le Hamas dans la bande de Gaza

L'armée israélienne est sur le point d'évacuer les civils palestiniens de Rafah et d'attaquer les bastions du Hamas dans la ville du sud de la bande de Gaza, a déclaré mercredi un haut responsable israélien de la défense, malgré les avertissements internationaux de catastrophe humanitaire. (AFP)
L'armée israélienne est sur le point d'évacuer les civils palestiniens de Rafah et d'attaquer les bastions du Hamas dans la ville du sud de la bande de Gaza, a déclaré mercredi un haut responsable israélien de la défense, malgré les avertissements internationaux de catastrophe humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo montrant un des otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du 7 octobre du Hamas sur le sol israélien
  • Les groupes humanitaires préviennent que toute invasion aggraverait les conditions déjà catastrophiques pour les civils

TERRITOIRES PALESTINIENS : Israël a bombardé jeudi plusieurs secteurs de la bande de Gaza, comme la ville de Rafah où l'armée se prépare à une opération terrestre dans sa guerre contre le Hamas, malgré les mises en garde de la communauté internationale, en particulier l'allié américain.

Le mouvement islamiste palestinien a diffusé mercredi une vidéo montrant un des otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du 7 octobre du Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

L'armée israélienne a indiqué jeudi matin que ses avions avaient frappé la veille "30 cibles du Hamas" dans la bande de Gaza, notamment des bâtiments où étaient stockées des armes, et tué plusieurs combattants du mouvement islamiste.

Un avion a "éliminé une cellule de snipers" dans le secteur du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, a-t-elle ajouté.

Des combats entre les forces israéliennes et des combattants palestiniens ont eu lieu au nord de ce camp, selon des témoins.

Des correspondants de l’AFP et des témoins ont fait état par ailleurs de tirs d’artillerie et de frappes aériennes sur le quartier de Zeitoun, dans le sud de la ville de Gaza, dans la nuit. Des frappes aériennes ont aussi touché la ville de Rafah, dans l'extrême sud du territoire.

"C'est allé trop loin" 

Des habitants de cette ville tentaient jeudi matin de récupérer des objets dans les décombres des bâtiments détruits.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", lance Samir Daban, au milieu des gravats.

De nombreuses capitales étrangères parmi lesquelles Washington s'inquiètent notamment des préparatifs en cours pour une offensive terrestre sur Rafah.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, assure depuis des semaines que cette ville, où se trouvent un million et demi de personnes dont une majorité de déplacés, est le dernier bastion du Hamas.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a indiqué mercredi qu'Israël avançait dans cette opération, affirmant que "quatre bataillons" du Hamas se trouvaient encore à Rafah.

Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils de Rafah vers la ville proche de Khan Younès, notamment, où il prévoit d'installer des abris et des centres de distribution de nourriture.

L'évacuation des civils gazaouis durerait deux à trois semaines et serait menée notamment en coordination avec les Etats-Unis, l'Egypte et d'autres pays arabes, selon ces responsables.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Washington veut des réponses

La Maison Blanche a exigé mercredi des "réponses" des autorités israéliennes après la découverte de fosses communes dans les deux principaux hôpitaux de la bande de Gaza, dont celui de Nasser à Khan Younès.

La Défense civile de Gaza a affirmé avoir exhumé depuis samedi 340 corps de personnes tuées et enterrées selon elle par les forces israéliennes dans des fosses communes dans l'hôpital Nasser.

L'armée israélienne a parlé d'allégations "sans fondement", disant avoir déterré, puis ré-enterré, des corps parce qu'elle était à la recherche de cadavres d'otages.

Un des objectifs affichés de M. Netanyahu dans la guerre à Gaza est de ramener les otages, dont les familles et proches se rassemblent régulièrement pour tenter de faire pression sur leur gouvernement pour obtenir leur libération.

Le Hamas a diffusé mercredi, sur sa chaîne Telegram, une vidéo d'un otage, enlevé lors du festival de musique Nova.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, Hersh Goldberg-Polin, un Israélo-américain de 23 ans, y accuse le Premier ministre israélien et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

"Ramenez-les" 

Mercredi soir à Jérusalem, des dizaines de manifestants se sont réunis devant la résidence de M. Netanyahu avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Ramenez-les à la maison".

Alors que la bande de Gaza est confrontée à une situation humanitaire dramatique, sa population risquant la famine, selon l'ONU, l'armée jordanienne a annoncé jeudi que des avions américains, allemand, britannique jordanien et égyptien avaient largué de l'aide en parachute au-dessus du nord de la bande de Gaza, opérations qui ont lieu depuis des semaines.

La guerre à Gaza a exacerbé les violences dans la région, notamment à la frontière libano-israélienne, où Israël et le puissant mouvement Hezbollah, allié du Hamas, échangent des tirs quotidiens depuis le 7 octobre.

L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir frappé dans le sud du Liban 40 cibles du Hezbollah et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur. Une source du mouvement pro-iranien a rejeté jeudi de "fausses" allégations.

L'agence officielle libanaise et une source du Hezbollah ont fait état par ailleurs d'une frappe au drone jeudi matin contre un camion dans l'est du Liban, faisant un blessé, imputant l'attaque à Israël.

 


Maroc-Algérie: la CAF attribue la victoire à l'équipe marocaine

Après la décision de la CAF en faveur de l'équipe marocaine, le président de la Fédération algérienne a annoncé qu'il entendait porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport (Photo, X).
Après la décision de la CAF en faveur de l'équipe marocaine, le président de la Fédération algérienne a annoncé qu'il entendait porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport (Photo, X).
Short Url
  • Ce vaste territoire, ancienne colonie espagnole, est contrôlé à environ 80% par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front polisario, soutenus par l'Algérie
  • La fédération marocaine de football a de son côté confirmé, dans un communiqué, avoir été informée de la décision de la CAF.

 

LE CAIRE: La Confédération africaine de football a attribué au RS Berkane une victoire 3-0, par forfait, aux dépens de l'équipe algérienne USM Alger, en demi-finale aller de la Coupe de la CAF annulée dimanche, à cause d'un différend sur le maillot porté par les Marocains.

La CAF, dont le siège est basé au Caire, a décidé "de sanctionner l'USM Alger par un forfait de 0-3 pour le match contre le RS Berkane", selon une lettre envoyée par l'instance à la fédération algérienne, que l'AFP a pu consulter.

La fédération marocaine de football a de son côté confirmé, dans un communiqué, avoir été informée de la décision de la CAF.

"Le match retour entre le RS Berkane et l'USM Alger" prévu "au stade municipal de Berkane à 20H00 (heure locale) le 28 avril 2024 est maintenu", selon la même source.

Selon des médias algériens, des douaniers avaient confisqué les maillots de l'équipe de Berkane à son arrivée en Algérie au motif qu'y figurait une carte du Maroc incluant le Sahara occidental.

Ce vaste territoire, ancienne colonie espagnole, est contrôlé à environ 80% par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front polisario, soutenus par l'Algérie. L'Algérie a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec son grand rival régional notamment à cause de ce dossier.

Recours rejeté 

Samedi, à la veille du match, la CAF avait souligné que le RS Berkane jouait avec ce maillot floqué de la même carte depuis le début du tournoi. Et le lendemain, quelques heures avant la rencontre, elle avait rejeté un recours en appel de la Fédération algérienne, selon un communiqué, obtenu par l'AFP.

Le président de la Fédération algérienne de football Wafi Sadi avait alors annoncé la mise à disposition de l'équipe marocaine de "maillots de haute qualité", dépourvus de la carte du Maroc.

Mais le directeur sportif de l'USM Alger, Toufik Korichi, a fait savoir, sur la radio algérienne, que le match n'allait finalement pas être joué, à cause du refus du club de Berkane d'entrer sur le terrain avec d'autres maillots que ceux saisis à Alger.

Après la décision de la CAF en faveur de l'équipe marocaine, le président de la Fédération algérienne a annoncé qu'il entendait porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport.