Le patrimoine culturel de l'Afghanistan objet de nombreuses inquiétudes sous le nouveau régime taliban

Un archéologue afghan avec d'anciennes statues de Bouddha. Les employés du secteur culturel se sont précipités pour protéger de précieux objets avant l'arrivée des talibans. (Photo, AFP)
Un archéologue afghan avec d'anciennes statues de Bouddha. Les employés du secteur culturel se sont précipités pour protéger de précieux objets avant l'arrivée des talibans. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 02 septembre 2021

Le patrimoine culturel de l'Afghanistan objet de nombreuses inquiétudes sous le nouveau régime taliban

  • Les talibans se sont engagés en février 2020 à protéger les objets et les antiquités dans les zones sous leur contrôle
  • La destruction des bouddhas de Bamiyan en 2001 avait suscité une vague d’indignation dans le monde

DUBAΪ: Dix jours après la prise de Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, par les talibans, Zabihullah Mujahid, porte-parole du groupe et ministre par intérim de l'Information et de la Culture, déclare au New York Times que les militants veulent tirer un trait sur les cinq années de brutalité qui ont marqué leur règne précédent.

Bien que Zabihullah Mujahid ait déclaré que la nouvelle administration des talibans avait l'intention de juguler certains de ses excès antérieurs, des restrictions seront toujours imposées conformément à l'interprétation stricte de la charia par le groupe, notamment l'interdiction de jouer de la musique en public.

Cependant, rares sont ceux qui sont convaincus que les talibans ont tourné la page ou que la base suivra les ordres de la direction centrale. Au cours de leur règne précédent, les politiques répressives, les mauvais traitements infligés aux femmes et une justice sévère ont valu à l'Afghanistan une sorte de statut de paria international.

Entre 1996 et 2001, l'expression culturelle en Afghanistan était étroitement contrôlée par le régime taliban. La musique, la télévision et les représentations artistiques de dieux, d'humains et d'animaux étaient toutes strictement interdites. Toute personne qui enfreignait ces règles était passible d’une punition cruelle et humiliante.

1
Un vendeur de cerfs-volants montre sa marchandise à l'intérieur d'un entrepôt à Chor Bazaar dans les vieux quartiers de Kaboul. Les talibans ont interdit des dizaines d'activités et de passe-temps apparemment inoffensifs en Afghanistan pendant leur règne de 1996 à 2001 – notamment le cerf-volant. (Photo, AFP)

Comme on pouvait s'y attendre, alors que les talibans approchaient de Kaboul dans la première quinzaine d'août, les experts du patrimoine se sont précipités pour protéger les collections inestimables de la ville de la destruction des militants.

Mohammed Fahim Rahimi, directeur du Musée national d'Afghanistan, a déplacé l'ensemble de la collection au sous-sol pour y être conservée. Il a ensuite rencontré le 18 août des responsables talibans, qui auraient accepté de poster des gardes à l'extérieur du musée pour éloigner les criminels «opportunistes».

Comprenant des milliers d'objets couvrant quelque cinquante mille ans d'Histoire, des reliques préhistoriques à l'art islamique, la collection du musée a survécu à des décennies de conflit tout au long de ses quatre-vingt-neuf ans d'existence, notamment à l'occupation soviétique de 1979-89 et à la montée des talibans dans les années 1990, lorsque le groupe a détruit des milliers d'objets.

Situé à côté de l'emblématique palais royal Darul Aman de Kaboul, le musée a été construit dans les années 1920 sous le règne d'Amanullah Khan, le souverain afghan qui a conduit son pays à l'indépendance totale vis-à-vis de la domination britannique.

1
Une photo d'archive non datée (gauche) montre un camion militaire afghan garé à l'ombre d'une immense statue de Bouddha dans la province centrale de Bamiyan en Afghanistan. À droite, la grotte du Bouddha d’une hauteur de 53 mètres où se tenait le Bouddha de Bamiyan jusqu'à ce qu'il soit détruit par les talibans au pouvoir. (Photo, AFP)

Cheryl Benard, présidente d'ARCH International, l'Alliance pour la restauration du patrimoine culturel, confirme qu’«il n'y a eu aucun rapport de pillage nulle part en Afghanistan» jusqu'à présent.

«Nous recevions des messages alarmants de M. Rahimi, qui était plus inquiet d'une situation d'anarchie et de pillage que les forces talibanes», souligne-t-elle à Arab News depuis Washington. «Zabihullah Mujahid s'est personnellement rendu au musée, a rencontré M. Rahimi et lui a assuré qu'ils protégeraient le musée.»

Pour ce que cela vaut, les talibans ont signé un engagement en février 2020, à la demande de l’ARCH, pour protéger les objets et les antiquités dans les zones sous son contrôle.

Cet engagement indique que l'Émirat islamique d'Afghanistan «donne instruction à tous les fonctionnaires, chefs de commission et de département, gouverneurs de province et de régions, commandants d'unités et de groupes militaires, les moudjahidines et tous les compatriotes de prendre en considération les éléments suivants vis-à-vis des objets anciens trouvés autour du pays: L'Afghanistan étant un pays abondamment pourvu en objets anciens et en antiquités, ces reliques faisant partie de l'Histoire, de l'identité et de la riche culture de notre pays, tous ont donc l'obligation de sérieusement protéger, de surveiller et de préserver ces objets.»

Personne n'est autorisé à «fouiller, transporter ou vendre des objets historiques nulle part, ni à les déplacer hors du pays sous un autre nom», indique l'engagement, ajoutant: «Tous les moudjahidines doivent empêcher les fouilles d'antiquités et préserver tous les sites historiques comme les anciennes forteresses, les minarets, tours et autres sites similaires afin de les protéger des dommages, de la destruction et de la dégradation.»

L'Afghanistan abrite un véritable trésor d'antiquités et de merveilles architecturales, dont l'époustouflant minaret de Jam d’une hauteur de 62 mètres, un site du patrimoine mondial de l’Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) et la ville occidentale d'Herat, un centre d'art islamique au XIVe siècle. Toutefois, peu de ces trésors historiques sont comparables aux deux sculptures monumentales que les talibans ont détruites au début de 2001.

Autrefois parmi les plus hautes statues du monde, les statues de Bouddha ont été sculptées dans les falaises de grès de la vallée de Bamiyan, dans le centre de l'Afghanistan, entre 570 et 618 après J.-C., alors qu'elle était un important centre de pèlerinage.

Après s'être initialement engagé à protéger les bouddhas, le fondateur et dirigeant des talibans, Mohammed Omar, a exigé leur démolition, qualifiant les statues de symboles d'idolâtrie et contraires au point de vue fondamentaliste du groupe.

Après le renversement des talibans par une coalition dirigée par les États-Unis en octobre 2001, les niches caverneuses où se trouvaient autrefois les statues et le réseau environnant de grottes richement décorées ont été déclarés site du patrimoine mondial de l'Unesco.

En bref

* L'Unesco lance un appel urgent pour protéger le patrimoine culturel vulnérable de l'Afghanistan.

* Le directeur du Musée national d'Afghanistan confirme que les talibans gardent sa collection.

La destruction des bouddhas a représenté un tournant pour la communauté internationale, soulignant sa responsabilité afin de protéger les vestiges vulnérables contre des dommages délibérés – une tragédie qui s'est néanmoins répétée depuis en Syrie, en Irak, en Libye et dans d'autres zones de conflit.

Aujourd'hui, quelque vingt ans après la destruction des bouddhas, les forces occidentales se sont retirées d'Afghanistan et les talibans contrôlent à nouveau le pays, faisant craindre une nouvelle vague de vandalisme et de pillage des précieux vestiges de la région.

Le 19 août, Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco, a publié une déclaration appelant à «la préservation du patrimoine culturel afghan dans sa diversité, dans le plein respect du droit international, et à prendre toutes les précautions nécessaires pour épargner et protéger le patrimoine culturel des dommages et du pillage.»

Philippe Marquis, directeur de la délégation archéologique française en Afghanistan – créée en 1922 –, déclare à Arab News que ce n'est pas la première fois que l'organisation fait face à «une situation difficile» dans le pays.

1
Manizha Talash, la seule femme membre d'un groupe de breakdancers composé principalement de garçons hazaras, s’exerce sous le regard de deux membres de sa troupe à Kaboul. (Photo, AFP)

«Nous avons travaillé sur le patrimoine culturel en Afghanistan et avons trouvé le meilleur moyen de le protéger», déclare M. Marquis. «Nous n'avons pas d'autre choix que d'apprendre à travailler avec les talibans afin de poursuivre nos projets.»

Bien que les talibans se soient engagés à sauvegarder le patrimoine de l'Afghanistan, cela ne rassure guère les autres acteurs du secteur culturel, notamment les comédiens, les artistes et les musiciens, qui craignent d'être persécutés.

«Ils craignent pour leur vie», déclare à Arab News Helena Zeweri de l'Afghan American Artists and Writers Association. «Nous avons déjà entendu parler d'un artiste de théâtre battu devant son domicile et d'une femme peintre et professeur ayant subi le même sort.»

«Certaines des œuvres de ces artistes étaient critiques à l'égard des talibans et ils craignent d'être tués pour cela. Même s'ils ne sont pas tués, ils ne pensent pas qu'ils pourront travailler et ne savent pas comment subvenir à leurs besoins financiers.»

De nombreux artistes avaient déjà fui le pays, anticipant le retour des talibans.

«Un peintre afghan de miniatures qui travaille pour nous a eu les deux genoux cassés par les talibans», déclare à Arab News sous couvert d'anonymat le directeur d'une organisation culturelle en Afghanistan. «Craignant la prise de contrôle des talibans, il a fui le pays il y a quatre mois.»

Quant à ceux qui ont choisi de rester ou qui n'ont pas pu s'échapper, il ne fait aucun doute que la pratique de leur art pourrait leur coûter cher.

«Ils ont pu exercer plus librement au cours des vingt dernières années», déclare le directeur anonyme. «Mais maintenant, ils ne pourront plus le faire en toute sécurité.»

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Baiser forcé : deux ans et demi de prison requis contre l'ancien patron du foot espagnol

L'ancien président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales quitte le tribunal Audiencia Nacional à Madrid le 15 septembre 2023. Les procureurs espagnols veulent que Rubiales soit emprisonné pendant 2,5 ans pour le baiser de la Coupe du monde, rapporte l'AFP le 27 mars 2024. (Photo par Thomas COEX / AFP
L'ancien président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales quitte le tribunal Audiencia Nacional à Madrid le 15 septembre 2023. Les procureurs espagnols veulent que Rubiales soit emprisonné pendant 2,5 ans pour le baiser de la Coupe du monde, rapporte l'AFP le 27 mars 2024. (Photo par Thomas COEX / AFP
Short Url
  • Un procès devrait bien avoir lieu dans "l'affaire du baiser forcé": le parquet, qui présente ses réquisitions à l'avance en Espagne, a réclamé mercredi deux ans et demi de prison contre l'ex-homme fort du football espagnol Luis Rubiales pour avoir embrass
  • Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle, y compris le viol.

MADRID : Un procès devrait bien avoir lieu dans "l'affaire du baiser forcé": le parquet, qui présente ses réquisitions à l'avance en Espagne, a réclamé mercredi deux ans et demi de prison contre l'ex-homme fort du football espagnol Luis Rubiales pour avoir embrassé Jenni Hermoso sans son consentement.

Ce baiser sur la bouche de la numéro 10 espagnole devant les caméras du monde entier, quelques minutes après le triomphe de "la Roja" (l'équipe nationale) le 20 août à Sydney lors de la finale de la Coupe du Monde féminine, avait provoqué une vague d'indignation en Espagne et à l'étranger, forçant M. Rubiales à démissionner le mois suivant.

Il pourrait donc aussi le conduire derrière les barreaux pour deux délits, le premier d'agression sexuelle, pour lequel le parquet demande un an de prison, le second de coercition, pour lequel la peine requise est d'un an et demi de prison.

Le ministère public demande également que M. Rubiales soit placé pendant deux ans en liberté surveillée après l'accomplissement de sa peine et qu'il verse 50.000 euros d'indemnités à la joueuse pour le seul délit d'agression sexuelle.

La date d'un éventuel procès n'est pas encore connue.

Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle, y compris le viol.

Le délit de "coercition" désigne les "pressions", directes et indirectes, exercées sur la joueuse dans les jours ayant suivi l'incident pour la convaincre de dire que le baiser avait été consenti, notamment au moyen d'une vidéo.

Trois autres personnes de la RFEF sont poursuivies dans cette affaire pour ce même délit de coercition.

Le parquet réclame ainsi un an et demi de prison contre Jorge Vilda, l'ancien entraîneur de l'équipe féminine, Rubén Rivera, l'ancien directeur marketing de la Fédération, et Albert Luque, le directeur sportif de l'équipe masculine.

Le parquet demande, en outre, à ces trois hommes et à M. Rubiales le versement d'une indemnité de 50.000 euros à payer "conjointement" à Jenni Hermoso pour le délit de coercition.

- "Sphère de l'intimité" -

Le juge de l'Audience nationale qui a conduit l'instruction avait conclu que ce baiser n'avait "pas été consenti" et était "une initiative unilatérale, faite par surprise", avait expliqué l'instance judiciaire en janvier.

"Un baiser sur la bouche affecte la sphère de l'intimité relevant des relations sexuelles", poursuivait-elle, estimant qu'il reviendrait au tribunal "d'apprécier pendant le procès" les conséquences de "(sa) finalité érotique ou non, tout comme l'état d'euphorie et d'agitation ressenti à la suite du triomphe sportif extraordinaire" de l'équipe d'Espagne.

Luis Rubiales, 46 ans, n'a eu de cesse de mettre en avant pour sa défense son "émotion" lors du sacre de "la Roja", "un moment de bonheur", démentant toute "connotation sexuelle".

Le 20 août, quelques minutes après la victoire de l'équipe féminine à Sydney, il avait agrippé à deux mains la tête de Jennifer Hermoso et l'avait embrassée par surprise sur la bouche. Il a toujours affirmé que Jenni Hermoso était d'accord.

Une version démentie par Jenni Hermoso, qui avait dit s'être "sentie vulnérable et victime (...) d'un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de (sa) part".

Refusant initialement de démissionner pour "un petit bisou consenti", il avait attaqué cinq jours plus tard, lors d'un discours retentissant, ce qu'il avait qualifié de "faux féminisme".

Sous la pression, il avait finalement quitté ses fonctions le 10 septembre, se disant victime d'une "campagne disproportionnée".

Il a depuis été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la Fédération internationale (Fifa), une décision contre laquelle il veut faire appel.

La justice espagnole l'a, par ailleurs, interdit de s'approcher à moins de 200 mètres de Jenni Hermoso, 33 ans, qui est devenue malgré elle un symbole mondial de la lutte contre les violences sexuelles et a été élue femme de l'année 2023 par l'édition espagnole du prestigieux magazine américain GQ.

Ces réquisitions du parquet de ce tribunal madrilène surviennent deux jours après la remise en liberté - dans l'attente de son procès en appel - du footballeur brésilien Dani Alves, condamné à quatre ans et demi de prison en première instance pour le viol d'une jeune femme à Barcelone (nord-est) en décembre 2022.


Alizey Khan, première femme pakistanaise lauréate du prix Legacy

Le Prince William de Grande-Bretagne récompense Alizey Khan du Pakistan lors des Diana Legacy Awards au Science Museum à Londres, Grande-Bretagne, 14 mars 2024. (REUTERS)
Le Prince William de Grande-Bretagne récompense Alizey Khan du Pakistan lors des Diana Legacy Awards au Science Museum à Londres, Grande-Bretagne, 14 mars 2024. (REUTERS)
Short Url
  • Les prix de l'héritage de Diana sont décernés tous les deux ans et récompensent les réalisations de 20 jeunes leaders du monde entier. L'édition de cette année a coïncidé avec le 25e anniversaire de Lady Diana.
  • Mme Khan a créé la Ruhil Foundation en 2016 pour lutter contre l'insécurité alimentaire en distribuant des sacs de rationnement et des repas cuisinés aux personnes dans le besoin. Elle a effectué un travail considérable pendant la pandémie de COVID-19

ISLAMABAD : Une travailleuse humanitaire pakistanaise de 26 ans est devenue ce mois-ci la première femme de son pays à remporter le prix Diana Legacy en reconnaissance de ses services sociaux, ce qui l'a incitée à décrire cette réussite comme une occasion d'apporter une reconnaissance plus large à d'autres personnes travaillant dans son domaine.

Les prix de l'héritage de Diana sont décernés tous les deux ans et récompensent les réalisations de 20 jeunes leaders du monde entier. L'édition de cette année a coïncidé avec le 25e anniversaire de Lady Diana.

Alizey Khan, la jeune travailleuse humanitaire pakistanaise, est diplômée en droit et a reçu le prix des mains du Prince William le 14 mars lors d'une cérémonie qui s'est tenue à Londres.

Mme Khan a créé la Ruhil Foundation en 2016 pour lutter contre l'insécurité alimentaire en distribuant des sacs de rationnement et des repas cuisinés aux personnes dans le besoin. Elle a effectué un travail considérable pendant la pandémie de COVID-19 avant de fournir de la nourriture et d'autres articles de secours aux familles touchées par les inondations dans les provinces du Punjab, du Sindh et du Baloutchistan.

S'adressant à Arab News mercredi, elle a souligné que de nombreuses femmes au Pakistan étaient engagées dans des efforts humanitaires et sociaux remarquables et qu'elles méritaient d'être reconnues au niveau mondial.

"Elles n'ont pas bénéficié de la même reconnaissance ou de la même exposition", a-t-elle déclaré. "C'est pourquoi je suis reconnaissante de ce prix, qui met en lumière les précieuses contributions des femmes pakistanaises. J'espère qu'il encouragera davantage de femmes à se manifester, à recevoir des nominations et à être reconnues par des prix internationaux prestigieux".

Selon le site web du prix Diana, l'organisation de Mme Khan a livré 5 500 colis alimentaires mensuels et 10 000 repas entre avril 2016 et mars 2022. Elle a également élargi son champ d'action à l'éducation et à l'hébergement en collectant plus de 150 000 dollars.

En outre, l'entreprise humanitaire de Khan a financé 200 mariages, distribué 600 serviettes hygiéniques, fourni 1 100 couvertures en hiver, déboursé 1 000 prêts d'urgence sans intérêt et versé des allocations mensuelles à 25 personnes transgenres et veuves au cours de la même période.

Elle a déclaré qu'elle s'était sentie exceptionnellement fière lorsqu'il a été annoncé, lors de la cérémonie de remise des prix, qu'elle était la première femme pakistanaise à recevoir cet honneur. Auparavant, un seul Pakistanais, Ahmed Nawaz, qui a survécu à la fusillade de l'Army Public School en 2014, avait reçu le prix en 2019 pour ses efforts de déradicalisation.

"J'ai reçu le prix en raison de mon implication constante dans les efforts humanitaires, car j'ai commencé mon travail humanitaire à l'âge de 16 ans et, au cours de la dernière décennie, j'ai considérablement élargi à la fois la portée et la portée de mes initiatives", a-t-elle déclaré, ajoutant que la jeunesse était considérée comme un facteur positif, car le jury appréciait les jeunes individus qui se consacrent au bien-être de la communauté.

Première femme pakistanaise lauréate du prestigieux Diana Legacy Award, Alizey Khan pose avec son prix à Londres, au Royaume-Uni, le 14 mars 2024. (Photo Fournie)
Première femme pakistanaise lauréate du prestigieux Diana Legacy Award, Alizey Khan pose avec son prix à Londres, au Royaume-Uni, le 14 mars 2024. (Photo Fournie)

Parlant de son travail au fil des ans, elle a déclaré qu'elle s'était principalement concentrée sur la distribution de nourriture aux personnes méritantes, dont plusieurs personnes transgenres et veuves.

En outre, son organisation fournit des repas complets lors des mariages pour les familles défavorisées, et a déjà soutenu environ 200 d'entre elles.

"Nous nous chargeons également de l'adoption et de la réforme de divers orphelinats, dont nous assurons le fonctionnement efficace en les mettant en relation avec notre réseau de donateurs", a-t-elle ajouté.

Pour le prix Diana, Mme Khan a déclaré que le travail d'une personne devait démontrer sa durabilité et son impact sur une longue période de temps.

"Parmi les 20 lauréats du prix de l'héritage de cette année, c'est moi qui ai réuni le plus de fonds pour mes projets, renforçant ainsi leur impact et leur durabilité", a-t-elle ajouté.

Mme Khan a déclaré que le prix offrait plus qu'une simple reconnaissance puisqu'il comprenait également un programme de mentorat de deux ans avec des sessions régulières avec des personnes de son propre domaine.

"Les participants ont accès à des programmes leur permettant d'entrer en contact avec des experts dans le domaine et d'accéder à des possibilités de collecte de fonds", a-t-elle poursuivi, ajoutant que l'attention portée au domaine de l'aide sociale contribuait à la croissance et à la viabilité des initiatives des participants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Australie tente de sauver ses derniers «dragons sans oreilles»

Cette photo prise le 25 mars 2024 montre un lézard dragon sans oreilles des prairies dans la réserve naturelle de Tidbinbilla, située à la périphérie de la capitale australienne, Canberra. (AFP)
Cette photo prise le 25 mars 2024 montre un lézard dragon sans oreilles des prairies dans la réserve naturelle de Tidbinbilla, située à la périphérie de la capitale australienne, Canberra. (AFP)
Short Url
  • L'Australie abrite des milliers d'espèces animales uniques, parmi lesquelles 1 130 espèces de reptiles qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde
  • Une centaine d'espèces de la flore et de la faune endémique d'Australie ont disparu au cours des 300 dernières années

SYDNEY: Quand il voit le jour, le "dragon des prairies sans oreilles" d'Australie est à peine plus grand que le petit doigt. Mais le minuscule reptile doit répondre à un défi de taille : échapper à l'extinction de son espèce.

En 2019, des scientifiques de Canberra avaient recensé plusieurs centaines de spécimens de ce lézard à l'état sauvage. Cette année, ils n'en ont compté que 11.

Le dragon des prairies sans oreilles, une espèce endémique d'Australie, a une peau brune claire, striée de longues bandes blanches. Dépourvu d'oreilles et de tympans fonctionnels, il mesure 15 centimètres à l'âge adulte.

L'Australie en compte quatre espèces, dont trois "en danger critique d'extinction" - la catégorie la plus menacée - la quatrième étant classée comme "en danger".

Sans mesures de conservation, les dragons en "danger critique d'extinction" seront probablement éteints dans les 20 prochaines années. Mais "si nous gérons correctement leur conservation, nous pouvons les faire revenir", espère Bernd Gruber, professeur à l'université de Canberra, qui œuvre en ce sens.

«Espoir»

L'Australie abrite des milliers d'espèces animales uniques, parmi lesquelles 1.130 espèces de reptiles qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde.

Victimes du changement climatique, de la prolifération de plantes et d'animaux invasifs et de la destruction de leurs habitats - en 2019, les incendies de forêt ont brûlé plus de 19 millions d'hectares - les espèces endémiques d'Australie sont dans une situation critique.

Une centaine d'espèces de la flore et de la faune endémique d'Australie ont disparu au cours des 300 dernières années.

Pour éviter un tel sort aux dragons sans oreilles, plusieurs programmes de conservation ont été mis en place dans le pays, comptant au total jusqu'à 90 animaux voués à être relâchés dans la nature.

M. Gruber supervise l'un d'entre eux, dans la région de Canberra, où des compartiments abritent chacun un lézard, disposant d'herbe, d'un terrier et d'une lampe chauffante.

L'accouplement des spécimens est particulièrement épineux.

Les femelles préférant choisir leur partenaire, les scientifiques doivent leur présenter plusieurs mâles jusqu'à ce qu'elles en acceptent un.

Il leur faut aussi déterminer - à l'aide d'analyses génétiques - quels sont les lézards compatibles et assurer la diversité génétique de leur progéniture.

M. Gruber prend soin d'une vingtaine de bébés lézards, à peine éclos. Il y a encore trois semaines, les scientifiques ne voyaient pas leurs œufs. "Il y a un sentiment d'espoir quand on les regarde", confie-t-il à l'AFP.

Ces reptiles vivent exclusivement dans des prairies tempérées, un habitat que l'étalement urbain a pratiquement réduit à néant, explique la chargée de campagne de l'Australian Conservation Foundation, Peta Bulling. Seules 0,5% des prairies de l'époque de la colonisation européenne subsistent encore.

"Nous ne comprenons pas tout ce que les dragons des prairies sans oreilles font dans l'écosystème, mais nous pouvons supposer qu'ils jouent un rôle important dans la gestion des populations d'invertébrés", explique-t-elle à l'AFP. "Ils vivent dans des terriers creusés dans le sol, ce qui fait qu'ils aèrent probablement le sol", détaille-t-elle.

Pour Mme Bulling, si les programmes d'élevage sont importants, il est vital de protéger les habitats où les lézards élevés pourront être réintroduits.

Ces animaux "sont hautement spécialisés pour vivre dans leur habitat, mais ils ne s'adapteront pas rapidement au changement", prévient-elle.

L'année dernière, des scientifiques ont observé pour la première fois depuis 50 ans un petit nombre de spécimens d'une autre espèce de dragons sans oreilles, dans une zone tenue secrète pour les protéger.