Fermer la vanne du pétrole? La Norvège écartelée entre portefeuille et climat

Une photo prise le 30 août 2021 montre le musée du pétrole à Stavanger, en Norvège, construit pour montrer l'histoire de l'exploration pétrolière de la Norvège. La Norvège est le plus grand producteur d'hydrocarbures d'Europe occidentale. Face à l'urgence climatique, des voix s'élèvent pour abandonner définitivement les énergies fossiles. (Petter Berntsen/AFP)
Une photo prise le 30 août 2021 montre le musée du pétrole à Stavanger, en Norvège, construit pour montrer l'histoire de l'exploration pétrolière de la Norvège. La Norvège est le plus grand producteur d'hydrocarbures d'Europe occidentale. Face à l'urgence climatique, des voix s'élèvent pour abandonner définitivement les énergies fossiles. (Petter Berntsen/AFP)
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Publié le Vendredi 10 septembre 2021

Fermer la vanne du pétrole? La Norvège écartelée entre portefeuille et climat

  • L'«alerte rouge» tirée par l'ONU début août a donné un coup de fouet au débat sur l'avenir de l'industrie pétrolière du pays scandinave, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'ouest
  • «Nous devons nous débarrasser des énergies fossiles, aucun doute là-dessus. Même nous en Norvège, pays producteur de pétrole, nous le savons. Mais la question est à quel rythme»

STAVANGER, Norvège : Sur les quais de Stavanger, ville portuaire du sud-ouest de la Norvège, le Musée du pétrole relate l'épopée qui a fait la richesse du royaume. Face à l'urgence climatique, des voix s'élèvent pour que les énergies fossiles entrent au musée pour de bon.

L'«alerte rouge» tirée par l'ONU début août a donné un coup de fouet au débat sur l'avenir de l'industrie pétrolière du pays scandinave, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'ouest, en amont des législatives lundi.

Potentiellement indispensable pour que l'actuelle opposition «rouge-verte», en tête dans les sondages, dispose d'une majorité parlementaire, le parti écologiste MDG réclame la fin immédiate de la prospection pétrolière et celle de la production en 2035.  

«Le pétrole a sa place au musée. On a en bien profité pendant plusieurs décennies mais nous voyons hélas que ça détruit notre climat», affirme Ulrikke Torgersen, sa candidate à Stavanger, capitale pétrolière du royaume, où le pétrole coule dans les veines.

Le rapport des experts de l'ONU sur le climat (GIEC), qui mettait en garde contre de nouveaux désastres «sans précédent» liés à un réchauffement plus rapide qu'attendu, a propulsé le sujet au cœur de la campagne électorale norvégienne.

Pour les deux plus gros partis, les conservateurs de l'actuelle Première ministre Erna Solberg et les travaillistes de son probable successeur Jonas Gahr Støre, pas question de tirer un trait sur l'or noir.

Mais, dans chaque camp, de petites formations alliées poussent pour que le pays endosse un rôle exemplaire en rompant avec sa dépendance pétrolière et en accélérant sa transition verte pour respecter ses engagements dans le cadre de l'Accord de Paris.

Selon un sondage paru le 20 août, 35% des Norvégiens se disent favorables à un arrêt de la prospection. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) elle-même estime qu'il faut abandonner dès maintenant tout nouveau projet d'exploration de combustibles fossiles si l'on veut maintenir le réchauffement climatique sous contrôle.

- Rupture douloureuse -

Une rupture nette serait douloureuse pour la Norvège: le secteur pétrolier représente 14% de son Produit intérieur brut, plus de 40% de ses exportations et 160.000 emplois directs.

Au fil des ans, les hydrocarbures lui ont permis de financer son généreux État-providence mais aussi... d'onéreuses mesures pour le climat: incitation à l'achat de voitures électriques, protection des forêts tropicales, captage et stockage du CO2.

Grâce à cette manne, le pays de 5,4 millions d'habitants a également amassé le plus gros fonds souverain au monde qui dépasse aujourd'hui la somme vertigineuse de 12.000 milliards de couronnes (près de 1.200 milliards d'euros).

Du côté de l'industrie, on fait valoir que le brut norvégien est celui qui dégage le moins de gaz à effet de serre -- en tout cas au stade de l'extraction.

Une récente étude a même affirmé que l'arrêt de la production nationale d'hydrocarbures entraînerait une hausse des émissions mondiales car elle serait remplacée par des énergies encore plus sales.

«Ce serait paradoxal d'arrêter la production d'hydrocarbures qui a l'empreinte CO2 la plus faible à un moment où la planète en a encore besoin», affirme Anniken Hauglie, la cheffe du lobby pétrolier Norsk Olje & Gass.

«Il faut d'abord faire une croix sur d'autres types d'énergies fossiles, surtout le charbon», dit-elle.

Et puis, insiste-t-elle, les entreprises pétrolières sont des fournisseurs essentiels de compétences, technologies et capitaux essentiels au développement des solutions d'avenir telles que les énergies éoliennes en mer, l'hydrogène ou encore le captage et le stockage du CO2 (CCS).

- Désaffection des étudiants -

Malgré ses rémunérations élevées, le secteur peine à attirer les jeunes talents.

A l'Université de Stavanger, le nombre de candidats au master d'ingénierie pétrolière fond comme banquise au soleil: d'une grosse soixantaine, principalement des Norvégiens, en 2013, les effectifs sont tombés à 22 cette année, dont seulement une poignée de nationaux.

«Nous devons nous débarrasser des énergies fossiles, aucun doute là-dessus. Même nous en Norvège, pays producteur de pétrole, nous le savons. Mais la question est à quel rythme», souligne le professeur Mahmoud Khalifeh.

«Même si vous arrêtez la production de pétrole, il nous faut des ingénieurs pétroliers parce que ce sont eux qui concevront la façon de fermer les milliers de puits en activité de façon sûre et responsable pour l'environnement», dit-il.

Camilla Abrahamsen, elle, est déterminée à décrocher son diplôme et devenir ingénieure de forage.

«J'ai envie de contribuer à l'avenir, rendre le pétrole peut-être un peu plus vert», confie l'étudiante de 25 ans.

Des doutes quant à ses perspectives de carrière? «Je serai vieille le jour où on pourra se passer du pétrole».

Climat: la fin du pétrole, équation difficile pour les pays producteurs

Réduire la place du pétrole pour limiter le changement climatique: l'équation est difficile pour certains pays producteurs, confrontés à une transition douloureuse et qui, pour certains, mettent en garde sur une baisse trop rapide des investissements dans les fossiles.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait averti en mai que le monde devrait renoncer dès à présent à tout nouveau projet pétrolier ou gazier pour espérer modérer le réchauffement climatique.

Dans un article publié dans la revue Nature, des scientifiques viennent par ailleurs d'estimer que prés de 60% des réserves de pétrole et de gaz devront rester sous le sol pour limiter le réchauffement à 1,5 degré d'ici 2050.

Les recommandations de l'AIE ont pourtant été accueillies froidement jeudi par Oman, qui coorganisait avec l'agence basée à Paris une visioconférence sur la transition énergétique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Mohammed ben Hamad al-Roumhi, ministre de l'Energie et des ressources minérales du sultanat, a ainsi critiqué des «recommandations unilatérales». 

«Recommander que nous n'investissions plus dans de nouveaux projets pétroliers... je pense que c'est extrêmement dangereux», a déclaré le ministre de ce petit pays pétrolier du Golfe.

«Si nous cessons abruptement d'investir dans le secteur des énergies fossiles, alors il y aura une +famine énergétique+ et les prix de l'énergie vont bondir»; «la demande en pétrole et en gaz pourrait bien baisser, mais à court terme nous pourrions voir un scénario à 100 ou 200 dollars le baril», a-t-il ajouté.

«C'est très facile de rester dans notre zone de confort et de parler d'efficacité énergétique, de solaire et de renouvelables... et d'oublier qu'un tiers du monde souffre du manque d'énergie», a-t-il fait valoir.

La critique semblait adressée au directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, qui avait évoqué en ouverture le besoin pour les pays de la région de se développer dans ces domaines.

- «amère vérité» -

«Dans ma langue maternelle, nous disons que les vrais amis disent l'amère vérité», a répondu le responsable turc, sans se départir de son ton diplomatique.

«Voici l'amère vérité: les plus gros pays consommateurs sont en train de prendre des mesures, cela aura des implications sur la demande pétrolière et par conséquent sur les investissements», a-t-il asséné. «Des pays représentant 70% du PIB mondial se sont engagés à la neutralité carbone d'ici 2050.»

Le ministre irakien des Finances, Ali Allawi, a pour sa part insisté sur la nécessité pour son pays de s'adapter au déclin du pétrole.

«L'année dernière, le Covid nous a donné un aperçu de ce qui pourrait se passer avec un effondrement de la demande», a-t-il souligné, en référence à la chute brutale des cours mondiaux.

Les cours de l'or noir s'étaient effondrés jusqu'à devenir même brièvement négatifs au printemps 2020. Ils se sont depuis repris et stabilisés autour de 70 dollars le baril.

«Nous avons une génération pour effectuer un changement structurel majeur et les trois à cinq prochaines années seront critiques pour un pays comme l'Irak», a estimé Ali Allawi.

Le ministre vient d'écrire avec Fatih Birol une tribune dans le quotidien britannique The Guardian, plaidant pour un «soutien international» pour les pays comme l'Irak, très affectés par le changement climatique mais dont l'économie dépend aussi lourdement du pétrole.

Dans son scénario publié en mai, l'AIE prévoit d'ici 2050 une chute de la production pétrolière de 75% par rapport aux niveaux de 2020. Le pétrole et le gaz deviendront alors «de plus en plus concentrés dans un petit nombre de producteurs à bas coût».

Un créneau donc très réduit mais qu'entendent bien occuper certains pays. «Même dans les scénarios de transition énergétique les plus ambitieux, le pétrole et le gaz seront nécessaires encore pendant de nombreuses décennies», a souligné jeudi Sultan Ahmed Al-Jaber, à la fois ministre et directeur général de la principale compagnie pétrolière des Emirats Arabes Unis (ADNOC).

 


Selon Faisal al-Ibrahim, l’économie saoudienne est en train de changer radicalement

Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
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  • Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie
  • «Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim

RIYAD: Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie et à une transformation de son environnement des affaires en raison de la création de nouveaux secteurs: c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Économie du Royaume.

Faisal al-Ibrahim a pris la parole mercredi lors d’une conférence à Riyad au cours de laquelle il a mis en lumière l’évolution rapide du paysage des affaires du Royaume, qui s'efforce de diversifier ses sources de revenus afin de ne plus dépendre du pétrole.

Lors de cet événement, intitulé «Politiques industrielles pour promouvoir la diversification économique», le ministre a précisé que les réglementations législatives et économiques qui visent à promouvoir le développement durable avaient subi des changements fondamentaux depuis le lancement de la Vision 2030.

Il a indiqué que les efforts du Royaume pour diversifier son économie avaient conduit à la création de nouveaux secteurs grâce au lancement de plusieurs mégaprojets tels que Neom et le Red Sea Project, entre autres.

«Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim, qui a par ailleurs insisté sur la nécessité d’élaborer des stratégies pour garantir une économie flexible et durable.

«La présence d’investissements étrangers permettra de développer la compétitivité à long terme», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également assuré que le Royaume travaillait sur le moyen terme pour se focaliser sur la transformation des secteurs qui représentent un changement technologique.

L’Arabie saoudite est désireuse de parvenir à un développement à moyen terme en équilibrant les profits à court terme et en promouvant le succès à long terme, a souligné M. Al-Ibrahim.

Depuis le lancement de la Vision 2030, le ministère de l’Économie et de la Planification a mené plusieurs études économiques qui ont pour objectif de diversifier l’économie en élaborant des objectifs pour tous les secteurs, en augmentant les niveaux de complexité et en étudiant les économies émergentes afin de renforcer les capacités du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

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  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".