Taxer les très riches, choyer la classe moyenne: Biden défend sa vision de l'économie

Le président américain Joe Biden prend la parole lors d'un événement dans la salle est de la Maison Blanche le 16 septembre 2021 à Washington, DC. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden prend la parole lors d'un événement dans la salle est de la Maison Blanche le 16 septembre 2021 à Washington, DC. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 17 septembre 2021

Taxer les très riches, choyer la classe moyenne: Biden défend sa vision de l'économie

  • Le démocrate de 78 ans espère «changer la trajectoire pour les années voire les décennies à venir»
  • Il veut aussi apporter plus de sérénité financière aux citoyens, en réduisant les coûts de la santé, de l'éducation et de la garde d'enfants

WASHINGTON : Taxer les plus riches, choyer la classe moyenne: Joe Biden, fragilisé depuis le retrait chaotique d'Afghanistan, a défendu jeudi un gigantesque plan de dépenses publiques, projet phare de son mandat, que le Congrès américain doit encore voter.


Il n'a pas mâché ses mots, dans un discours à la Maison Blanche: "Ces quarante dernières années, les riches sont devenus plus riches" et les grandes entreprises "ont perdu le sens des responsabilités".


"Les Américains ordinaires, qui travaillent dur, ont tout simplement été évincés" du jeu économique, a-t-il encore dit.


Cela fait plusieurs semaines que le démocrate de 78 ans muscle son discours économique et social, pour défendre un programme dont il a assuré jeudi qu'il pourrait "changer la trajectoire (des Etats-Unis) pour les années voire les décennies à venir".


Joe Biden, s'il veut augmenter la fiscalité sur les grandes entreprises et les plus fortunés, en annulant des baisses d'impôt décidées par son prédécesseur Donald Trump, promet de ne pas toucher à celle des Américains de la classe moyenne. Il veut aussi leur apporter plus de sérénité financière, en réduisant les coûts de la santé, de l'éducation et de la garde d'enfants.


Ces grandes promesses sociales, dont la facture atteint 3.500 milliards de dollars, sont adossées à un programme plus consensuel d'investissement dans les infrastructures (ponts, routes, réseau électrique etc.), se montant à 1.200 milliards de dollars. 


Ce dernier volet, qui pourra même compter sur des voix de l'opposition républicaine, est plus avancé dans le processus législatif.


Mais l'autre pan, inédit dans son ampleur et très audacieux sur le fond, dans un pays où les filets de sécurité sociale sont ténus, est loin d'être abouti.


Les prochaines semaines promettent d'être fiévreuses dans les couloirs du Capitole, où siège le Congrès américain, et seront un vrai test pour le président américain.


Joe Biden, fort d'une très longue expérience de sénateur, se laisse volontiers présenter comme un expert du jeu parlementaire. Mais son habileté indéniable suffira-t-elle, au moment où sa cote de popularité accuse le coup après le retrait chaotique d'Afghanistan?


Tapis rouge et prix Nobel

Certains ténors du parti de Joe Biden s'inquiètent tout haut à propos des gigantesques dépenses sociales.


Mercredi, la Maison Blanche a reçu les visites du sénateur Joe Manchin et de la sénatrice Kyrsten Sinema, deux démocrates ouvertement sceptiques - et élus dans des Etats, la Virginie-Occidentale et l'Arizona, où l'électorat n'est pas acquis d'office à leur parti.


A l'opposé d'Alexandria Ocasio-Cortez, figure de l'aile gauche, élue de la Chambre des représentants à New York, à un siège qui vote démocrate à une écrasante majorité depuis trente ans.


"AOC" a fait sensation lundi soir, au gala du Metropolitan Museum of Art (Met), avec une robe de soirée blanche marquée d'un message en lettres écarlates: "TAX THE RICH" ("Taxez les riches").


Loin des tapis rouges, 15 lauréats du prix Nobel d'Economie ont eux publié une lettre ouverte de soutien aux projets du président - que Joe Biden n'a pas manqué d'évoquer dans son discours jeudi.


"Parce que ce programme investit dans les capacités économiques de long terme et va renforcer la possibilité pour plus d'Américains de participer de manière productive à la vie économique, il fera diminuer à long terme les tensions inflationnistes", écrivent ces 15 économistes, dont Joseph Stiglitz, Paul Romer, Edmund Phelps ou Angus Deaton. 


Les détracteurs des projets du président estiment de leur côté que les gigantesques dépenses prévues vont faire flamber les prix et saper le pouvoir d'achat.


S'il ambitionne de réorienter l'économie américaine pour des "décennies", Joe Biden est aussi confronté à un bras de fer bien plus urgent cette fois avec l'opposition républicaine, qui refuse de relever le plafond de la dette.


Faute d'accord, les Etats-Unis risquent de se trouver à court d'argent au cours du mois d'octobre, a prévenu l'administration Biden. Le pays ne serait alors plus en mesure de rembourser ses emprunts, payer les salaires des employés fédéraux, ni leurs retraites.


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.