La République tchèque espère établir un «partenariat stratégique» avec le Royaume

La rencontre du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhane, avec son homologue tchèque Jakub Kulhanek dans son bureau de Riyad. (APS)
La rencontre du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhane, avec son homologue tchèque Jakub Kulhanek dans son bureau de Riyad. (APS)
Le ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhanek souhaite que les sociétés d'investissement saoudiennes participent au Forum d'investissement tchèque-CCG dans son pays l'année prochaine. (Fourni)
Le ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhanek souhaite que les sociétés d'investissement saoudiennes participent au Forum d'investissement tchèque-CCG dans son pays l'année prochaine. (Fourni)
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Publié le Samedi 18 septembre 2021

La République tchèque espère établir un «partenariat stratégique» avec le Royaume

  • Les entreprises tchèques voient «un grand potentiel dans la transmission de savoir-faire et de technologies aux» mégaprojets du Royaume
  • Jakub Kulhanek affirme que son pays et le Royaume ont beaucoup à échanger dans un certain nombre de domaines

La semaine dernière, Jakub Kulhanek, ministre des Affaires étrangères de la République tchèque, a effectué sa première visite officielle en Arabie saoudite pour s'entretenir avec le ministre des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhane, et le ministre d'État aux Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir.

Dans une interview exclusive avec Arab News, Kulhanek a évoqué les discussions que les deux parties ont eues sur les relations bilatérales et les moyens de les renforcer, ainsi que sur les questions régionales et internationales, l'Afghanistan notamment.

« Ma visite officielle en Arabie saoudite n'a duré qu'une trentaine d'heures, et la seule ville que j'ai visitée était Riyad », a-t-il déclaré à Arab News. « Pour moi, il y a une obligation de revenir dans le futur et de profiter de la visite de Djeddah, de la mégapole futuriste de NEOM et d'autres lieux d'intérêt célèbres. »

 

Q. Comment décririez-vous vos rencontres avec des responsables saoudiens au cours de votre visite qui vient de s'achever ?

R. Tout d'abord, je voudrais remercier le gouvernement saoudien et tous mes homologues que j'ai eu le privilège de rencontrer pour leur générosité et le temps qu'ils ont consacré à la préparation de notre visite. Ils ont mis en place un programme formidable. Nous avons eu des rencontres enrichissantes et je suis convaincu qu'ensemble nous avons réussi à élever les relations entre nos pays à un niveau supérieur.

Lors de ma rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhane, nous nous sommes confortés dans le fait que nos relations sont amicales et que la réputation générale de nos pays est complémentaire à bien des égards. Nous avons beaucoup à échanger dans les domaines du commerce, de la coopération scientifique, du secteur de l'énergie, des mines et de la sécurité.

Le Royaume, avec les Émirats arabes unis, fait partie de nos cinq principaux partenaires commerciaux au Moyen-Orient. C'est quelque chose sur lequel nous pouvons bâtir, quelque chose que nous avons l’obligation de développer. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'étais en compagnie  d'une mission commerciale de plus de 20 éminentes personnes du monde des affaires venant de divers domaines industriels.

Dans le même temps, notre coopération ne se limite pas seulement aux affaires. Nous avons une longue tradition de coopération dans le secteur de la santé. De nombreux Saoudiens étudient dans les universités tchèques. Les citoyens saoudiens sont des voyageurs fréquents lorsqu'il s'agit de nos stations thermales.

Avec le prince Fayçal, nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité de redynamiser la Commission mixte tchéco-saoudienne, qui ne s'est pas réunie depuis 2011. C'est une plate-forme utile réunissant des représentants de ministères engagés pour discuter de questions spécifiques d'intérêt mutuel. 

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Le ministre tchèque des Affaires étrangères Jakub Kulhanek et sa délégation visitant le site du patrimoine de Diriyah à Riyad. (Fourni)

 

Q. Avez-vous discuté de la coopération politique avec l'Arabie saoudite sur les questions régionales et les questions de développement ?

R. Il va sans dire que visiter le Royaume et rencontrer ses dirigeants m'a donné une chance unique de discuter de questions de politique internationale et de problématiques mondiales. Nous avons convenu, à la fois avec le ministre des Affaires étrangères, le prince Faiçal, et le ministre d'État aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir, mon ancien collègue de Georgetown, que nous voulions officialiser des consultations régulières entre nos ministères des Affaires étrangères. Nous espérons établir un partenariat stratégique dans un avenir proche.

Nous avons également partagé avec nos hôtes saoudiens la nécessité d'intensifier les contacts au plus haut niveau politique. J'espère que le ministre des Affaires étrangères viendra dans un proche avenir pour une visite en République tchèque. J'étais également heureux de pouvoir inviter le prince héritier Mohammed ben Salmane à visiter la République tchèque. 

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Le ministre tchèque des Affaires étrangères Jakub Kulhanek avec le ministre d'État saoudien aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir sur le site du patrimoine de Diriyah à Riyad. (Fourni)

 

Q. Quels types de flux d'investissements croisés envisagez-vous entre le Royaume d'Arabie saoudite et la République tchèque ?

R. Merci beaucoup pour cette question, car je crois vraiment qu'il existe un grand potentiel pour de plus gros investissements saoudiens. Au cours des 30 dernières années, la République tchèque a attiré de nombreux investisseurs étrangers, à la fois en portefeuilles et en investissements verts étrangers directs, provenant d'Europe, des États-Unis et d'Asie. 

Jusqu'à présent, les investisseurs du Golfe ont été légèrement à la traîne, même si nous constatons déjà que certains d'entre eux commencent à découvrir l’existence d’opportunités d'investissement en Europe centrale. C'est pourquoi nous projetons d'organiser un forum d'investissement pour les représentants des fonds souverains de la région du Golfe, au cours duquel ils auront la chance de rencontrer les dirigeants des plus grands groupes financiers tchèques.

Le Forum d'investissement tchèque-CCG se tiendra du 30 mai au 4 juin 2022, côte à côte avec la présidence de la République tchèque au Conseil de l'UE, au second semestre 2022.

J'invite les gestionnaires du Fonds d'investissement public et d'autres groupes financiers importants du Royaume à participer à l'événement. 

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Le Ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhanek souhaite que les sociétés d'investissement saoudiennes participent au Forum d'investissement tchèque-CCG dans son pays l'année prochaine. (Fourni)

 

Q. Voyez-vous un plus grand rôle pour les entreprises technologiques tchèques dans les projets de développement en cours du Royaume dans le cadre de la Vision 2030 ? De quels secteurs s'agirait-il principalement et quel impact auraient-ils ?

R. À mon avis, l'ambitieuse Vision 2030, ses objectifs et les projets sur lesquels elle s'appuie, offrent aux entreprises tchèques de nombreuses opportunités, principalement concernant des accords de base de sous-traitance. Nous sommes réellement intéressés à faciliter l'accès des entreprises tchèques aux appels d'offres lancés par les entreprises publiques saoudiennes. Nous voyons un grand potentiel dans la transmission de savoir-faire, de technologies et de produits de haute technologie tchèques aux mégaprojets du gouvernement, qu'il s'agisse de NEOM, « Red Sea Resort » ou de l'initiative « Green Riyadh ». 

Nous sommes convaincus que les entreprises saoudiennes, telles que Saudi Aramco, SABIC et bien d'autres, en bénéficieraient également.

 

Q. Avant votre départ pour le Golfe, vous avez dit que la République tchèque ne reconnaîtrait pas les talibans. Pouvez-vous s’il vous plait développer votre déclaration ? 

R. Je pense qu'il faut bien faire la séparation entre deux choses distinctes. La première est la communication avec les talibans, qui sont sans aucun doute les nouveaux dirigeants du pays. Il est clair que l'UE et l'OTAN n'éviteront pas d'interagir avec eux uniquement pour que nous puissions fournir au peuple afghan l'aide humanitaire dont il a cruellement besoin actuellement.

Je ne parle pas de contacts officiels et de haut niveau, mais une communication au niveau opérationnel devra avoir lieu. La reconnaissance officielle du gouvernement taliban est une autre affaire ; une grande prudence s'impose ici. Je pense que les talibans sont loin d'avoir tenu leurs promesses. Les médias nous informent de leur comportement dans les rues des villes afghanes et des atrocités qui sont commises.

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Le ministre des Affaires étrangères Jakub Kulhanek a déclaré que les entreprises tchèques étaient également prêtes à participer aux programmes Vision 2030 de l'Arabie saoudite. (Photo d'archives AFP)

 

Q. Vous avez également déclaré que votre pays accepterait la triste réalité « telle qu'elle est », que les talibans sont « les nouveaux maîtres de l'Afghanistan ». Pouvez-vous traiter avec les talibans sans leur accorder implicitement une reconnaissance ?

R. L'UE et l'OTAN doivent être pragmatiques et accepter la nouvelle réalité afghane. Néanmoins, cela ne signifie pas que nous renoncerons à nos efforts pour faire pression sur les talibans pour qu'ils maintiennent au moins une partie de ce qui a été réalisé en Afghanistan au cours des 20 dernières années.

Je parle maintenant, en particulier, des droits des femmes et des filles. Alors oui, la communauté internationale peut négocier avec les talibans là-dessus et, selon le résultat, peut-être que la question de la reconnaissance officielle du gouvernement taliban deviendrait d'actualité à l'avenir.

 

Q. Quelle est selon vous l'influence de l'UE sur les talibans ? Les positions de la République tchèque et de l'UE sont-elles totalement convergentes ?

A. La position de la République tchèque est pleinement conforme à la politique de l'UE. Comme vous le savez, tout récemment, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont convenu lors de leur réunion informelle en Slovénie que tout engagement substantiel avec les talibans n'est possible que si certaines conditions sont remplies : le respect des droits de l’homme, en particulier les droits des femmes, et la mise en place d'un gouvernement représentatif inclusif, figurent parmi ces conditions. 

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Des défenseurs des droits des femmes afghanes et des militants civils manifestent à Kaboul le 3 septembre 2021 pour appeler les talibans à préserver leurs acquis et leur éducation. (REUTERS/Fichier Photo)

Je ne suis pas convaincu que les talibans iront à leur rencontre de si tôt. Nous comprenons la nécessité de maintenir la présence de l'UE à Kaboul mais la République tchèque a dû évacuer nos diplomates et nos facilitateurs afghans.

La communication avec les talibans est nécessaire, car nous devons essayer d'influencer la façon dont ils gouverneront le pays, au moins pour éviter les crises humanitaires et migratoires. Les talibans chercheront à obtenir une reconnaissance et des ressources internationales – c'est notre principal levier maintenant.

 

Q. Les organisations internationales ayant des bureaux en Afghanistan ont à plusieurs reprises mis en garde contre une catastrophe humanitaire imminente. Il y a une augmentation de la faim, peu d'argent et très peu de soins de santé. Comment la communauté internationale peut-elle aider les Afghans ?

R. Nous sommes conscients de la détérioration de la situation humanitaire en Afghanistan. Une conférence internationale des donateurs s'est tenue à Genève lundi dernier sous les auspices de l'ONU. La communauté internationale, y compris la République tchèque, s'est engagée à poursuivre l'aide humanitaire. La République tchèque s'est déclarée prête à accroître sa contribution aux projets humanitaires et de développement en Afghanistan et dans les pays voisins.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


L'Arabie saoudite et l'Arménie: une «feuille de route» pour renforcer les relations diplomatiques, déclare le ministre des AE, Ararat Mirzoyan, à Arab News

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
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  • «Aucune limite» aux opportunités de coopération entre l’Arabie saoudite et l’Arménie, déclare le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite «historique» à Riyad
  • Il affirme que le gouvernement arménien soutient un cessez-le-feu à Gaza et la solution des deux États pour Israël-Palestine

RIYAD: L'Arménie s'engage à établir une «feuille de route» pour renforcer ses relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, a déclaré Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, lors d'une interview exclusive accordée à Arab News jeudi en marge d'une visite dans le Royaume.

Lors d'une discussion approfondie qui a couvert divers aspects, notamment le développement des liens bilatéraux, le processus de paix dans le Caucase du Sud et la guerre à Gaza, Mirzoyan a souligné que l'établissement de relations diplomatiques officielles en novembre dernier marquait le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)

«Il est essentiel de souligner que nos liens historiques avec le monde arabe, avec tous les pays arabes, reposent sur des relations amicales ancrées dans la tradition entre nos peuples respectifs,», a-t-il déclaré. «Nous devons garder à l’esprit que de nombreux pays arabes ont accueilli des réfugiés survivants du génocide arménien. Mais bien sûr, nos liens culturels et nos relations existaient même avant cela.»

Mirzoyan a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, à Riyad mercredi, et il a également été reçu aux ministères saoudiens de l'Éducation et de l'Économie.

«Nous ne voulons pas nous arrêter là. Il existe de nombreux domaines où nous pouvons approfondir notre coopération et explorer de nouvelles opportunités. Nous espérons qu’après cette visite une feuille de route pour le développement des relations émergera», a-t-il ajouté.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane (à droite), reçoit le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, avant leur rencontre à Riyad, le 17 avril 2024. (Photo, SPA)

Ces dernières années ont été marqués par un réchauffement progressif des relations entre les deux pays. En octobre 2021, le président arménien de l'époque, Armen Sarkissian, s'était rendu en Arabie saoudite, marquant ainsi le début d'un nouvel avenir diplomatique pour l'Arménie.

Bien que les relations diplomatiques formelles soient récentes, M. Mirzoyan est très optimiste quant aux avantages mutuels de développer ces liens.

«Franchement, il n'y a pas de limite», a-t-il déclaré. «L'éducation, les sciences, les technologies de pointe, le développement urbain, l'agriculture, le tourisme, les contacts entre les peuples, le commerce, les investissements et les infrastructures. Il se passe tellement de choses ici en Arabie saoudite, mais aussi en Arménie».

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s'est également entretenu avec le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faisal F. Al-Ibrahim, à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a salué le lancement des vols commerciaux entre Riyad et la capitale arménienne, Erevan, par la compagnie aérienne saoudienne Flynas, en juin de l'année dernière, affirmant qu'il s'attend à ce que cette initiative stimule le tourisme entre les deux nations.

Le ministre des Affaires étrangères a également félicité l'Arabie saoudite pour avoir remporté sa candidature pour l'Expo 2030, candidature que l'Arménie a soutenue en 2022.

«Notre vision est que nous devrions établir une coopération très étroite et solide avec l'Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne les affaires régionales, mais aussi les forums internationaux», a-t-il déclaré.

«J’entrevois également la possibilité d’une coopération étroite dans les forums internationaux. Encore une fois, je tiens à mentionner que lorsque l'Arabie saoudite a présenté sa candidature pour l'Expo 2030, l'Arménie figurait parmi les pays qui l'ont soutenue.»

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Les ministres des Affaires étrangères saoudien et arménien, accompagnés de leurs délégations respectives, réunis à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a également exprimé son soutien à une solution à deux États et à un cessez-le-feu en Palestine. En décembre de l'année dernière, l'Arménie s'est jointe à l'Arabie saoudite et à plus de 150 autres pays à l'Assemblée générale des Nations unies pour voter en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En outre, l'Arménie serait prête à agir en tant que facilitateur potentiel entre les deux parties, si nécessaire et sur demande.

«L'Arménie a toujours soutenu la solution à deux États pour la Palestine et Israël, et condamne fermement la violence et le ciblage des populations civiles», a déclaré Mirzoyan, soulignant que l'Arménie avait très récemment été victime de cette violence.

«Nous condamnons fermement toute violence à l'encontre des populations civiles», a-t-insisté.

Outre les mots de soutien, l'Arménie a pris des mesures concrètes pour aider les populations civiles touchées par le conflit. Le mois dernier, elle a envoyé 30 tonnes de nourriture et de médicaments aux civils palestiniens déplacés et réfugiés à Rafah.

«L'Arménie déplore des dizaines de milliers de victimes innocentes de l'escalade des hostilités à Gaza. Nous-mêmes avons vécu l'horreur des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, et nous nous joignons aux appels de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza», a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion de sa visite en Égypte pour discuter de la livraison d'aide.

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Des Palestiniens inspectent une maison détruite par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Reuters)

Mirzoyan a exprimé son espoir que l’assistance «puisse aider un tant soit peu à alléger la situation et soulager la souffrance de ces personnes».

Concernant les relations plus proches, Mirzoyan a exprimé son désir d’aboutir à la paix entre l'Arménie et les autres nations du Caucase du Sud, tout en admettant que la paix durable nécessitera des efforts pour surmonter les obstacles.

«Il y a vraiment une opportunité, un élan tout à fait réaliste, pour construire une paix et une stabilité durables dans le Caucase du Sud. Mon gouvernement est pleinement engagé dans la voie de la paix, et nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi et constructives. Cependant, pour être honnête, il reste encore quelques problèmes cruciaux où les positions des parties divergent. Le premier problème étant, bien entendu, la question des frontières et de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale.» 

Dans le Caucase du Sud, les tensions territoriales sont fréquentes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.

Pour normaliser les relations, Mirzoyan a souligné l’importance du respect des principes de souveraineté, de juridiction, d'égalité et de réciprocité par toutes les parties concernées.

«Nous sommes convaincus que tout peut être débloqué, y compris les voies ferrées, et nous pensons que tout ce qui sera débloqué doit rester sous la souveraineté des pays respectifs.»

«L'infrastructure sur le territoire arménien doit demeurer sous la souveraineté de l’Arménie tout comme l'infrastructure azérie sous la souveraineté de l'Azerbaïdjan. De plus, toutes ces infrastructures doivent fonctionner conformément à nos législations nationales, dans le respect des principes d'égalité et de réciprocité.»

Mirzoyan a ajouté que l'Arménie était en mesure de garantir la sécurité des personnes et des marchandises traversant son territoire sans nécessiter la présence d'un pays tiers.

Il a également expliqué que son pays avait lancé une initiative visant à améliorer les perspectives de stabilité et de paix en débloquant les infrastructures de transport dans la région.

«Nous avons proposé une initiative que nous avons baptisée “Carrefour de la paix” parce que nous croyons fermement que le déblocage complet des infrastructures de transport dans le Caucase du Sud, notamment les routes et les chemins de fer arméniens, azéris et turcs, aura non seulement des retombées économiques positives, mais constituera également un facteur majeur de paix et de stabilité dans notre région.»

Carte illustrée montrant les «carrefours de la paix» proposés par l'Arménie.

Même en dehors de l'Arménie et du Caucase du Sud, l'initiative pourrait avoir un impact mondial significatif, selon Mirzoyan.

«Il y a un intérêt croissant de la part de plusieurs pays pour la mise en œuvre de ce projet, le Carrefour de la Paix, en raison de ses avantages évidents. Je parle notamment des connexions est-ouest, mais nous devons également envisager les liens sud-nord ou nord-sud. C'est pourquoi nous le qualifions de “carrefour”», a-t-il expliqué.

Il a également souligné: «Ce projet pourrait s'avérer très bénéfique pour relier, par exemple, le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, avec la région de la mer Noire, et même au-delà.»

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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

L'Arménie s'apprête à établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays et organisations multilatérales, dont l'Union européenne, s'éloignant ainsi de son allié historique le plus puissant, la Russie.

«Il convient de noter que les relations entre l'Arménie et la Fédération de Russie ne sont pas au beau fixe, dirais-je», a déclaré M. Mirzoyan. «Bien sûr, des difficultés subsistent, et nous n’en faisons pas mystère». 

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Cette photo prise le 17 novembre 2020 montre des véhicules de soldats de la paix russes stationnés à un poste de contrôle sur la route de Shusha, dans le Haut-Karabakh. Le porte-parole du président Vladimir Poutine a déclaré le 17 avril 2024 que les forces russes se retiraient de la région du Karabakh, où elles étaient stationnées en tant que forces de maintien de la paix depuis la fin d'une guerre en 2020. (Photo AP /Dossier)

«Il y a des problèmes ainsi que des interrogations au sein de la société arménienne, notamment en ce qui concerne le comportement des soldats de la paix russes au Nagorno-Karabakh, mais aussi celui de nos alliés russes lors des attaques sur nos territoires souverains en 2022, 2023 et bien avant. Il est vrai que des questions subsistent à ce sujet. Cependant, nous y travaillons.»

Les relations de l’Arménie avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) sont gelées depuis l'automne dernier. Fondée en 2002, l'OTSC est une alliance militaire regroupant six États post-soviétiques: Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie et Tadjikistan. Mirzoyan a déclaré dans une interview en mars avec TRT World de Turquie que la candidature de l'Arménie à l'UE était en discussion.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, en visite dans le Royaume cette semaine, s'est entretenu en exclusivité avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN)

Abordant la question avec Arab News, Mirzoyan a déclaré: «Les aspirations européennes du peuple de la république d'Arménie se renforcent de plus en plus, surtout face à la frustration ressentie par les Arméniens à l’égard des relations avec la Russie, bien que cela ne soit pas le seul élément en jeu.

«L'Arménie approfondit véritablement et de manière significative ses liens avec les États-Unis et l'UE. Ce sont nos principaux partenaires dans notre programme de réformes démocratiques. Ces derniers montrent désormais un engagement fort à soutenir l'Arménie et à renforcer sa résilience économique.

Nous entamons avec l'UE une nouvelle voie de partenariat étroit et, jusqu'à présent, personne ne peut prédire avec certitude où cela nous mènera.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite déplore l’échec de la candidature de la Palestine à l’ONU

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
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  • Le Royaume réaffirme son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination
  • La Jordanie exprime également sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver la résolution.

DUBAI : L'Arabie saoudite a exprimé son regret face à l'échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution acceptant l'adhésion à part entière de la Palestine à l'ONU.

Dans une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères sur la plateforme de médias sociaux X, le Royaume a déclaré que "la non-adoption de la résolution permet à l'occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée".

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza.

Le Royaume a également réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe et aux résolutions internationales pertinentes.

La Jordanie a également exprimé sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver une résolution qui aurait admis la Palestine comme membre à part entière des Nations unies, en raison du droit de veto des États-Unis.

Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères du pays a réaffirmé "que la communauté internationale est en faveur de la solution à deux États, qu'Israël est en train de saper".

"Le Conseil de sécurité doit reconnaître l'État palestinien afin d'empêcher Israël de priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à son propre État", a rapporté l'agence de presse nationale Petra.

"La reconnaissance de l'État palestinien et son adhésion pleine et entière sont une étape nécessaire pour imposer une paix juste qui mette fin à l'occupation et au conflit et qui respecte le droit de tous les peuples de la région à vivre dans la sécurité et la stabilité", a déclaré le porte-parole du ministère, Sufian Qudah.

"La Jordanie exige que toutes les nations reconnaissent l'État de Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, comme condition préalable à l'instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

Le Qatar, dans une déclaration publiée par son ministère des affaires étrangères, a également exprimé son "profond regret face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution acceptant l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations unies".

L'Organisation de la coopération islamique a également exprimé son profond regret face à l'incapacité du Conseil de sécurité "d'assumer ses responsabilités en accordant à l'État de Palestine le statut de membre à part entière des Nations unies, à un moment où le peuple palestinien est confronté aux formes les plus dures d'agression, de persécution et de génocide".

Dans une déclaration, l'organisation a affirmé que "l'utilisation du droit de veto des États-Unis contrevient aux dispositions de la Charte des Nations Unies, qui permet l'adhésion de tous les États acceptant les obligations qu'elle contient, et continue d'empêcher le peuple palestinien d'obtenir ses droits légitimes, perpétuant ainsi l'injustice historique subie par le peuple palestinien au cours des 75 dernières années", a rapporté l'agence de presse qatarie.

L'OCI a également affirmé le droit légitime de la Palestine à incarner son statut politique et juridique au sein des Nations unies, "considérant qu'il s'agit d'un droit en souffrance depuis des décennies, fondé sur les droits politiques, juridiques, historiques et naturels du peuple palestinien sur sa terre, comme le confirment les résolutions pertinentes des Nations unies".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un tribunal ordonne la libération d'une éminente professeure palestinien soupçonné d'incitation à la violence

La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l’abolition du sionisme et suggéré que les récits d’agressions sexuelles lors des attaques dirigées par le Hamas contre Israël ont été fabriqués. (X/File)
La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l’abolition du sionisme et suggéré que les récits d’agressions sexuelles lors des attaques dirigées par le Hamas contre Israël ont été fabriqués. (X/File)
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  • Nadera Shalhoub-Kevorkian était sous enquête après avoir interrogé les atrocités du Hamas, critiquant Israël
  • Justification insuffisante de l’arrestation, selon le tribunal. La détention fait partie d’une campagne plus large, selon l’avocat

LONDRES : Nadera Shalhoub-Kevorkian, éminente professeure de l'Université hébraïque de Jérusalem, a été libérée vendredi après qu'une décision de justice ait rejeté les conclusions de la police.

La criminologue et professeur de droit avait été arrêtée la veille, soupçonnée d'incitation à la haine. Elle faisait l'objet d'une enquête pour des remarques concernant les attaques du 7 octobre menées par le Hamas et pour avoir déclaré que les Israéliens commettaient des "crimes génocidaires" dans la bande de Gaza et qu'ils devaient en craindre les conséquences.

Vendredi, le tribunal a rejeté une demande de la police visant à prolonger sa détention provisoire, estimant que l'arrestation n'était pas suffisamment justifiée, selon les médias hébraïques.

Des manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice pour protester contre l'arrestation de Mme Shalhoub-Kevorkian.

La chaîne israélienne Channel 12, qui a rapporté la nouvelle en premier, n'a pas précisé où Shalhoub avait été arrêtée, mais son avocat a confirmé plus tard qu'elle avait été appréhendée à son domicile dans le quartier arménien de Jérusalem.

"Elle n'était pas en bonne santé ces derniers temps et a été arrêtée à son domicile", a déclaré Alaa Mahajna. "La police a fouillé la maison et a saisi son ordinateur et son téléphone portable, des livres de poésie [palestinienne] et des documents liés à son travail.

M. Mahajna a décrit l'arrestation de Mme Shalhoub-Kevorkian comme faisant partie d'une campagne plus large menée contre elle, qui a comporté de nombreuses menaces de mort et de violence. 

La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l'abolition du sionisme et suggéré que les récits d'agressions sexuelles lors des attaques menées par le Hamas contre Israël avaient été fabriqués.

La suspension a d'abord été critiquée par la communauté universitaire, qui y a vu une atteinte à la liberté académique en Israël. Toutefois, la décision a été annulée après que Mme Shalhoub-Kevorkian a présenté ses excuses et admis que des agressions sexuelles avaient eu lieu.

Depuis le début des hostilités l'année dernière, de nombreuses voix dissidentes en Israël ont été arrêtées pour avoir exprimé leur solidarité avec les victimes des bombardements à Gaza.

En octobre, le célèbre journaliste israélien ultraorthodoxe Israel Frey a été contraint de se cacher à la suite d'une violente attaque à son domicile.

Bayan Khateeb, étudiante au Technion-Israel Institute of Technology, a été arrêtée l'année dernière pour incitation après avoir posté une histoire Instagram montrant la préparation d'un plat populaire à base d'œufs épicés avec la légende : "Nous mangerons bientôt la shakshuka de la victoire".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com