Au procès du 13-Novembre, dans «l'inhumanité aveugle» du Bataclan

Le président de la cour Jean-Louis Périès intervient, pour rappeler que les accusés «bénéficient de la présomption d'innocence» (Photo, AFP)
Le président de la cour Jean-Louis Périès intervient, pour rappeler que les accusés «bénéficient de la présomption d'innocence» (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Au procès du 13-Novembre, dans «l'inhumanité aveugle» du Bataclan

Le président de la cour Jean-Louis Périès intervient, pour rappeler que les accusés «bénéficient de la présomption d'innocence» (Photo, AFP)
  • Des rescapés du massacre au Bataclan ont commencé à raconter mercredi comment ils sont restés à «la merci» de «l'inhumanité aveugle» des assaillants
  • Cédric a «fait le mort pendant deux heures». «J'ai essayé de fusionner avec le sol», résume cet ancien chauffeur-livreur de 41 ans, un tee-shirt noir et larges tatouages

PARIS: « J'ai fait le mort pendant deux heures, essayé de fusionner avec le sol »: au procès des attentats du 13 novembre 2015, des rescapés du massacre au Bataclan ont commencé à raconter mercredi comment ils sont restés à « la merci » de « l'inhumanité aveugle » des assaillants.  

Ce vendredi soir-là, Irmine assiste au concert du groupe Eagles of Death Metal avec son ami Fabian. Ils sont près de l'entrée, elle « en noir », lui en « imper blanc » derrière elle, tient à préciser la quinquagénaire à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris.  

Fabian ne survivra pas aux premiers tirs d'un long carnage qui fera au total 90 morts. 

Dès le début de l'attaque, Irmine entend « un homme d'une voix assez aigue, presque juvénile, sans accent, crier: ‘la France n'a rien à faire en Syrie’, puis ‘Le premier qui bouge, je le tue’ ».  

« On a envie d'entrer dans la terre », confie la femme de 55 ans, tailleur noir strict et carré grisonnant, première partie civile à livrer son récit de l'attaque du Bataclan.  

La salle de spectacles est plongée dans « l'obscurité », elle devient pour Irmine « un gouffre, un trou noir » où les « corps sont indiscernables ».  

Au bout d'« une demi-heure peut-être », le chef de la sécurité de la salle, « Didi », lance « d'une voix ferme: ‘sortez vite, ils sont en train de recharger leurs armes’ », se souvient Irmine.  

Sur le chemin de la sortie, elle voit « l'imperméable, les jambes, les chaussures de Fabian », sa « tête méconnaissable ». Elle essaie de le « tirer vers l'arrière », en vain dit-elle. 

« Face contre terre »  

« Les mains pleines de sang », Irmine est d'abord recueillie chez des riverains, elle semble « aller bien ». « J'ai eu beaucoup de chance: les balles m'ont traversée la poitrine, mais superficiellement ». 

Au début du concert, Jean-Marc se dirigeait vers la sortie pour fumer une cigarette quand il entend des « sons bruyants » et se trouve « nez-à-nez avec les trois assaillants », qui « tirent en rafale ».  

« J'ai vu des personnes autour de moi recevoir des balles, tout le monde s'est mis à hurler, tombant soit parce qu'elles étaient touchées, soit par l'effet de mouvement », décrit Jean-Marc, 40 ans, sweat à capuche sous une veste en jean. 

Tout au long de sa déposition, sa voix ne cesse de trembler. 

« Au sol, prostré, sans possibilité de fuir », il reste « face contre terre », avec « le sentiment d'être complètement à découvert, à la merci des tireurs ». Il a « le son, pas l'image ». Sauf « les pieds » d'un djihadiste, tout près de son visage. « J'ai senti les douilles tomber sur ma tête ». 

« On était complètement impuissants, à ne pas savoir si on allait se prendre la prochaine balle ou pas. C'est tellement inhumain. Ça a été pensé pour laisser des traces indélébiles », souligne Jean-Marc, un soupçon de colère dans la voix. 

Il fera « le mort jusqu'à la fin de l'attaque ». C'est en relevant la tête qu'il mesure « l'ampleur du massacre ». « Un policier a dû me hurler dessus pour me faire sortir ». 

« Tirés comme des lapins »  

Cédric aussi a « fait le mort pendant deux heures ». « J'ai essayé de fusionner avec le sol », résume cet ancien chauffeur-livreur de 41 ans, un tee-shirt noir et larges tatouages.  

Ce soir là, tout est allé « très très vite ». Ce qui ressemble à un « crac » ou des « pétards », une foule qui « tombe », des assaillants qui rechargent leurs armes.  

« Ils nous tiraient comme des lapins, dès qu'un téléphone sonnait ou que quelqu'un criait à l'aide », insiste Cédric.  

De ce méthodique massacre, il garde une jambe droite piétinée qui ne peut « plus courir », la « culpabilité d'être vivant ». 

Et puis « toutes ces images ». Celles de cette « personne s'étouffant dans son sang », celle qui est morte en le fixant des yeux, ceux sur lesquels « il a fallu marcher » pour sortir. 

Cédric interpelle le box des accusés: « messieurs qui avez fait le jihad, est-ce que vous avez vu des gens mourir en les regardant dans les yeux ? ». « Vous nous avez attaqués, mais nous sommes innocents, non armés. Vous êtes en colère contre un Etat, pourquoi nous ? »   

Le président de la cour Jean-Louis Périès intervient alors, pour rappeler que les accusés « bénéficient de la présomption d'innocence ». 


A Béziers, Robert Ménard instaure un couvre-feu pour les moins de 13 ans

Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
Maire français de Béziers, Robert Ménard (Photo, AFP).
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  • «Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales»
  • En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges

MONTPELLIER: Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans plusieurs quartiers, a-t-il indiqué mardi, jour où syndicats et associations de gauche vont manifester "contre les idées d'extrême droite" dans cette ville.

Ex-proche de Marine Le Pen aujourd'hui fâché avec le Rassemblement national, M. Ménard a signé lundi un arrêté municipal stipulant que "tout mineur âgé de moins de 13 ans ne pourra, sans être accompagné d'une personne majeure, circuler de 23H00 à 06H00 sur la voie publique" dans trois "quartiers prioritaires".

L'interdiction s'applique "toutes les nuits" du 22 avril au 30 septembre. "En cas d'urgence ou de danger immédiat pour lui ou pour autrui", ces mineurs pourront être "reconduits à (leur) domicile ou au commissariat", prévoit l'arrêté.

"Les parents des enfants concernés pourront faire l'objet de poursuites pénales", prévient le texte.

Dans son arrêté, le maire de Béziers justifie sa décision par le "nombre croissant de jeunes mineurs livrés à eux-mêmes en pleine nuit", ainsi que par une "aggravation du nombre de faits", notamment de "violences urbaines", citant l'incendie d'une école il y a quatre ans, en 2019, et les "émeutes de juillet 2023".

Interrogé par l'AFP, M. Ménard n'a pas cité de chiffres précis mais affirme que la délinquance des moins de 13 ans constitue un "angle mort" des statistiques parce qu'on ne les amène pas devant le juge et qu'on ne les condamne pas".

Responsabilité pénale  

En France, la responsabilité pénale d'un mineur peut être engagée, même si son âge et sa capacité de discernement sont pris en compte par les juges des enfants qui les suivent.

Selon la "première photographie de la délinquance et insécurité en 2023", publiée début 2024 par le ministère de l'Intérieur, les moins de 13 ans ont représenté 2% des mis en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36% pour les 30 à 44 ans) et 1% des mis en cause pour vols violents (contre 44% pour les 18 à 29 ans).

En 2018, le Conseil d'Etat avait annulé un arrêté similaire pris en 2014 par Robert Ménard pointant l'absence "d'éléments précis de nature à étayer l'existence de risques particuliers relatifs aux mineurs de moins de 13 ans".

M. Ménard a assuré que sa décision n'avait aucun lien avec la "Marche pour les libertés, contre les idées d'extrême droite" organisée à Béziers mardi à l'initiative de plusieurs syndicats et à laquelle doivent participer la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et celui de la FSU, Benoit Teste.

Mardi, le maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, a estimé sur BFMTV que "le maire de Béziers a raison" et qu'il souhaitait "renouveler" un arrêté sur les mineurs de moins de 13 ans, qui avait été en vigueur entre 2009 et 2020.

Un tel couvre-feu "relève davantage de la politique de façade", a regretté l'élue d'opposition (Ecologiste), Juliette Chesnel-Le Roux, reprochant à M. Estrosi "le rabotage des budgets école et logement".

En 2009, le couvre-feu à Nice avait aussi suscité la perplexité de syndicats de policiers nationaux, se disant peu enclins "à faire la nounou".

Depuis lundi, un couvre-feu pour les mineurs est en vigueur à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour une durée d'un mois "renouvelable".

D'autres villes en France ont pris des arrêtés similaires pour les mineurs sur des durées limitées, comme Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) qui le fait depuis 2004 pour les moins de 13 ans.


L'intelligence artificielle va «simplifier» les démarches administratives, promet Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal visite les locaux de « France Services » à Sceaux, près de Paris, le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit
  • Attal a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins

SCEAUX: Gabriel Attal a souhaité mardi mettre l'intelligence artificielle (IA) développée en France "au service" des usagers et des fonctionnaires et annoncé la création de 300 maisons France Services supplémentaires d'ici 2026 pour "simplifier" le quotidien des Français dans leurs démarches administratives.

"Osons mettre l'IA au service des Français. Débureaucratisons l'administration et simplifions les quotidiens", a affirmé le Premier ministre après avoir visité la maison France Services de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, qui utilise déjà une IA générative 100% française.

Gabriel Attal a effectué ce déplacement après avoir réuni une quinzaine de ministres à Matignon pour un 8e comité interministériel de la Fonction publique (CITP).

L'administration fiscale va déployer une IA 100% française nommée Albert, conçue par la direction interministérielle du numérique (Dinum), "pour rédiger les réponses aux 16 millions de demandes annuelles en ligne", a-t-il précisé.

Chaque réponse sera néanmoins validée ou modifiée le cas échéant par un agent. "Mais l'analyse de la réglementation sera automatisée, les réponses drastiquement accélérées et le travail des agents rendu moins pénible et plus intéressant", a-t-il fait valoir.

De même 4.000 projets environnementaux déposés chaque année dans les directions régionales de l'environnement seront désormais "pré-instruits par une IA", comme des projets de parcs éoliens ou d'aménagement urbain.

Toutes options 

Cette IA servira aussi "dès la fin de l'année" à automatiser la retranscription d'audiences judiciaires, le dépôt de plaintes ou les compte-rendus médicaux. Elle sera également mise au service de la détection des feux de forêts ou de la gestion RH des fonctionnaires.

"A l’IA les tâches rébarbatives, et aux agents publics, le lien avec nos concitoyens", a promis Gabriel Attal.

Devant la multiplication des acronymes de l'administration, il a aussi annoncé le lancement d'un audit, "ministère par ministère, pour passer en revue l’intégralité des contenus en ligne et des formulaires" et rendre le langage administratif "intelligible, accessible".

Le chef du gouvernement a enfin confirmé que la procuration de vote en ligne, possible aux prochaines élections européennes, serait étendue aux autres scrutins.

Depuis mi-avril, il est possible, pour peu que l'on dispose d'une carte d'identité nouvelle version, de donner sa procuration pour les élections européennes du 9 juin en ligne, sans avoir à se déplacer en commissariat ou en brigade de gendarmerie.

Gabriel Attal a également annoncé l'extension des espaces France Services, qui permettent aux usagers de se faire aider dans la plupart de leurs démarches administratives, à 300 villes moyennes d'ici 2026, ce qui portera ces "maisons" à 3.000.


À Paris, un Français crache sur une femme musulmane qui porte un hijab

Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
Un homme marche dans une rue de la ville de Châteauroux, dans le centre de la France, près de Deols où se déroulera l'épreuve de tir des Jeux Olympiques de Paris 2024 au Centre National de Tir (CNTS), le 7 avril 2024. (Photo de Martin BUREAU / AFP)
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  • Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime
  • L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste»

PARIS: Un incident a récemment suscité l'indignation: à Paris, un Français a craché sur une femme musulmane qui portait un hijab.  

Fatima Saidi, une influenceuse marocaine qui a récemment visité la capitale française, a révélé sur son compte TikTok le racisme dont elle avait été victime. 

 

Cette jeune femme de 22 ans a affirmé qu'un homme d'âge moyen qui faisait son jogging alors qu'elle se trouvait sur un trottoir a craché sur son hijab. 

Saidi a filmé son agresseur, qui a craché à nouveau, sur la caméra cette fois. 

Fatima Saidi a décidé de porter plainte contre cet individu auprès du commissariat de police de Paris Centre.  

L’influenceuse a qualifié le comportement de cet homme de «raciste» et «machiste».