DUBAI: Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont sur la voie de la reprise, pays du Golfe en tête, mais la montée des tensions sociales menacent les économies les plus fragiles de la région, a affirmé mardi à l'AFP le Fonds monétaire international (FMI).
La région concernée, qui comprend les pays arabes et l'Iran, à l'exclusion d'Israël, a vu la croissance de son produit intérieur brut (PIB) réel se contracter de 3,1% en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19 et de la baisse des prix du pétrole.
Mais "depuis le début de l'année, nous voyons une amélioration de la situation économique", a déclaré à l'AFP Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI.
Grâce à des campagnes de vaccination rapides, notamment dans les riches pays du Golfe, la croissance du PIB pourrait atteindre 4,1% cette année, selon l'institution internationale basée à Washington.
Cependant, "cette reprise n'est pas la même dans tous les pays. Elle est incertaine et inégale en raison des différences dans la campagne de vaccination (...) et des développements géopolitiques", prévient M. Azour.
Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales publié en octobre, le FMI a souligné une amélioration des perspectives économiques pour les pays exportateurs de pétrole avec la hausse des prix de l'or noir.
Pour les pays à faible revenu, il estime que la reprise reste fragile et incertaine. "Une montée des troubles sociaux" en 2021 "pourrait s'intensifier encore, en raison des vagues d'infection répétées (au coronavirus, NDLR), des conditions économiques désastreuses, du chômage élevé et des prix alimentaires", développe-t-il.
Ces dernières années, plusieurs pays de la région ont connu des soulèvements populaires contre leurs élites politiques accusées d'incompétence sur fonds de crise économique, notamment au Liban, en Irak et en Iran.
Le Liban traverse plus particulièrement une crise qualifiée par la Banque mondiale d'une des pires depuis le milieu du XIXe siècle, avec désormais près de 80% de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Le FMI a entamé des "discussions techniques" avec les autorités libanaises mais celles-ci piétinent en raison de l'instabilité politique.
A l'échelle régionale, environ 7 millions de personnes supplémentaires sont entrées dans l'extrême pauvreté au cours de la période 2020-21 par rapport aux projections d'avant la crise, souligne également le FMI.