Paris avertit Téhéran contre toute volonté de «leurrer» les négociateurs sur le nucléaire

"Si les discussions du 29 novembre sont un leurre, alors nous devrons constater la vacuité" de l'accord, a martelé vendredi le ministre français des AE  Jean-Yves Le Drian. (Photo, AFP)
"Si les discussions du 29 novembre sont un leurre, alors nous devrons constater la vacuité" de l'accord, a martelé vendredi le ministre français des AE Jean-Yves Le Drian. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 20 novembre 2021

Paris avertit Téhéran contre toute volonté de «leurrer» les négociateurs sur le nucléaire

  • L'émissaire US Rob Malley a averti que «l’Iran n'allait pas dans la bonne direction» alors que «les avancées du régime sèment l'inquiétude dans la région»
  • Téhéran accuse la France de chercher à «influencer le comportement» de l’AIEA et à porter «atteinte au statut technique et professionnel» de l’agence onusienne

PARIS et MANAMA: L'Iran va devoir montrer sa "volonté" d'avancer dès la reprise des négociations sur son programme nucléaire le 29 novembre, a souligné vendredi le chef de la diplomatie française, mettant en garde Téhéran contre toute volonté de "leurrer" les négociateurs.

"La première vérification que nous aurons à faire est de savoir si nous continuons la discussion là où on l'avait interrompue en juin, avec l'administration iranienne précédente", a souligné Jean-Yves Le Drian.

"Si cette discussion est un leurre, alors nous devrons constater la vacuité" de l'accord, a martelé le ministre français.

Il a par ailleurs relevé que Washington était pour sa part prêt à "conclure rapidement" les pourparlers.

"Je crois comprendre que les Etats-Unis sont prêts à revenir dans les négociations là où on les avait laissées en juin, de manière à les conclure rapidement", a déclaré Jean-Yves Le Drian au quotidien français Le Monde.

"Nous apprécierons dès le 29 et dans les jours suivants si c'est aussi la volonté iranienne", a-t-il ajouté.

Après cinq mois de suspension liée à l'élection d'un nouveau président iranien ultraconservateur, les négociations doivent reprendre à Vienne pour tenter de sauver l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire.

Ces discussions se tiennent entre Téhéran et les autres signataires (France, Allemagne, Royaume-Uni, Russie et Chine) encore parties au pacte.

Les Etats-Unis y participeront de manière indirecte. Ils se sont retirés unilatéralement de l'accord en 2018 et ont rétabli des sanctions contre l'Iran.

En retour, l'Iran s'est progressivement affranchi de ses engagements.

De son côté, la porte-parole du Quai d'Orsay, Anne-Claire Legendre, a dénoncé jeudi un "grave manque de coopération" de Téhéran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA, gendarme onusien du nucléaire), appelant le pays à "revenir sans délai au respect de tous ses engagements".

Le Conseil des Gouverneurs de l'AIEA, qui se réunit la semaine prochaine, "doit permettre d'envoyer un message fort à l'Iran en ce sens", a-t-elle ajouté.

Réagissant à ces déclarations, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh a accusé vendredi la France de chercher à "influencer" l'agence onusienne.

"Toute prise de position de responsables et d'institutions politiques de différents pays dans le but d'influencer le comportement de l'Agence internationale de l'énergie atomique est considérée comme une atteinte au statut technique et professionnel de l'AIEA", a-t-il déclaré.

"Ceux qui instrumentalisent l'AIEA vont sans aucun doute remettre en cause la légitimité internationale des actions de l'Agence au lieu d'en bénéficier", a-t-il encore dit.

De son côté, l'émissaire américain pour l'Iran, Rob Malley, a averti vendredi que Téhéran n'allait "pas dans la bonne direction" après avoir nettement augmenté son stock d'uranium hautement enrichi, à dix jours de la reprise des négociations sur son programme nucléaire controversé.

"Les avancées de l'Iran sèment l'inquiétude dans la région (...) Le temps presse pour un retour dans l'accord", a déclaré Rob Malley à Manama, au Bahreïn, lors d'une conférence sur la sécurité.

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait état d'une nette augmentation du stock d'uranium hautement enrichi par Téhéran, en violation de ces mêmes engagements.

"Si l'Iran continue à ce rythme, le moment viendra où il sera impossible de tirer des bénéfices même en revenant dans l'accord", a dit Rob Malley.

"S'ils s'en tiennent à leurs déclarations, nous n'allons malheureusement pas dans la bonne direction. Mais attendons de voir ce qu'il va se passer", a-t-il ajouté.

Le diplomate a assuré que les Etats-Unis partageaient un "objectif commun" avec la Russie et la Chine pour "éviter la crise qui pourrait se déclencher si l'Iran continuait dans cette voie". "Notre intention claire en revenant dans l'accord est de s'y tenir car nous ne voulons pas voir de crise nucléaire."

Dans un tweet, Rob Malley a fait état d'une conversation téléphonique "très constructive" avec les vice-ministres des Affaires étrangères de Russie et de Chine, Sergueï Riabkov et Ma Zhaoxu.

"Nos trois pays sont absolument sur la même longueur d'ondes sur la nécessité d'un retour au respect total" de l'accord et y travaillent "en harmonisant" leurs approches en vue de la reprise des négociations, a-t-il dit.

 

 


Les forces israéliennes doivent cesser «leur soutien» aux violences des colons en Cisjordanie estime l'ONU

Un Palestinien inspecte les dommages causés à ses biens dans le village de Mughayir près de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 13 avril 2024, après une attaque de colons israéliens contre le village (AFP)
Un Palestinien inspecte les dommages causés à ses biens dans le village de Mughayir près de Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, le 13 avril 2024, après une attaque de colons israéliens contre le village (AFP)
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  • La mort le week-end dernier d'un adolescent israélien assassiné dans des circonstances inconnues en Cisjordanie occupée a provoqué d'importantes représailles
  • «Quatre Palestiniens dont un enfant ont été tués» et «des douzaines de blessés y compris par balle» lors des représailles menées par les colons et l'armée israélienne, a précisé le Haut-Commissariat aux droits de l'homme

GENÈVE : Les forces israéliennes doivent stopper «immédiatement leur participation active et leur soutien» aux attaques de colons contre des palestiniens en Cisjordanie occupée, a exigé mardi le Haut-Commissariat aux droits de l'homme.

«Les autorités israéliennes doivent plutôt empêcher de nouvelles attaques, notamment en demandant des comptes aux responsables», a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, lors du briefing régulier de l'ONU à Genève.

«Les personnes soupçonnées d’actes criminels, notamment de meurtre ou d’autres homicides illégaux, doivent être traduites en justice dans le cadre d’une procédure judiciaire conforme aux normes internationales relatives aux droits de l’homme, à la suite d’une enquête rapide, impartiale, indépendante, efficace et transparente», a encore déclaré le Haut-Commissariat.

L'escalade dans les violences ces derniers jours en Cisjordanie est «un sujet de grave préoccupation», a insisté Mme Shamdasani.

La mort le week-end dernier d'un adolescent israélien assassiné dans des circonstances inconnues en Cisjordanie occupée a provoqué d'importantes représailles.

«Quatre Palestiniens dont un enfant ont été tués» et «des douzaines de blessés y compris par balle» lors des représailles menées par les colons et l'armée israélienne, a précisé le Haut-Commissariat.

Il évoque aussi des «centaines de maisons et de véhicules incendiés».

Selon Mme Shamdasani, trois soldats israéliens ont également été blessés par des jets de pierres.

Selon la porte-parole, «il a également été signalé que les colons ont établi au moins deux nouveaux avant-postes au cours des deux derniers jours dans la vallée du Jourdain et dans les collines du sud de Hébron, à proximité des communautés palestiniennes qui ont été attaquées à plusieurs reprises par les colons au cours des derniers mois».

Ces communautés palestiniennes «courent un risque imminent d'être transférées de force de leurs maisons et leurs terres», a estimé Mme Shamdasani.

En Cisjordanie, au moins 468 Palestiniens ont été tués par des militaires ou colons israéliens depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, selon l'Autorité palestinienne.

Les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, où résident plus de 490.000 Israéliens, sont toutes illégales au regard du droit international.


Les espoirs de paix pour le Yémen ne doivent pas devenir des dommages collatéraux d'autres conflits régionaux, déclare l'envoyé de l'ONU

Hans Grundberg, l'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, rencontre des responsables locaux dans la troisième ville du pays, Taez. (AFP)
Hans Grundberg, l'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, rencontre des responsables locaux dans la troisième ville du pays, Taez. (AFP)
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  • Hans Grundberg met en garde contre la nécessité d'une désescalade régionale dans un contexte d'insécurité alimentaire croissante et de réapparition du choléra au Yémen.
  • L'ambassadeur adjoint des États-Unis, Robert Wood, réitère son "appel à l'Iran pour qu'il mette fin à ces transferts illégaux d'armes et à toutes les activités qui facilitent les attaques inconsidérées des Houthis".

NEW YORK : L'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen a déclaré lundi que s'il est clair que la guerre dans le pays a des liens avec d'autres conflits dans la région, "nous devons aux Yéménites de veiller à ce que la résolution du conflit au Yémen ne soit pas subordonnée à la résolution d'autres questions".

Hans Grundberg a ajouté : "Nous ne pouvons pas risquer que les chances de paix du Yémen deviennent des dommages collatéraux" causés par d'autres conflits.

S'exprimant lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux derniers développements dans le pays, il a déclaré que la menace de nouvelles attaques sur la mer Rouge persistait en l'absence d'un cessez-le-feu à Gaza, dont l'urgence a été soulignée par la dernière escalade des hostilités entre Israël et l'Iran.

Depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël à Gaza en octobre, les attaques des Houthis, soutenus par l'Iran et basés au Yémen, contre le trafic maritime international ont continué à perturber les routes commerciales de la mer Rouge. Le groupe militant a menacé de poursuivre ses attaques jusqu'à ce qu'Israël mette fin à son assaut contre Gaza. Le Royaume-Uni et les États-Unis ont commencé à lancer des frappes militaires de représailles contre des cibles Houthis au Yémen en janvier.

Il y a un besoin urgent de désescalade des conflits sur une base régionale plus large, a déclaré M. Grundberg, tout en mettant en garde : "Si nous laissons le processus politique du Yémen dans la salle d'attente et que nous continuons sur la voie de l'escalade, les conséquences pourraient être catastrophiques, non seulement pour le Yémen, mais aussi pour l'ensemble de la région.

M. Grundberg a déploré que, contrairement à l'année dernière, il n'y ait pas eu beaucoup de raisons de célébrer l'Aïd Al-Fitr au Yémen.

"Les détenus dont nous espérions qu'ils seraient libérés à temps pour passer l'Aïd avec leurs proches restent en détention", a-t-il déclaré. "Les routes que nous espérions voir ouvertes restent fermées.

"Nous avons également été témoins de la mort tragique de 16 civils, dont des femmes et des enfants, qui ont été blessés lors de la démolition d'une résidence par des individus d'Ansar Allah dans le gouvernorat d'Al-Bayda", a-t-il ajouté, en utilisant le nom officiel des Houthis.

Informant les membres du Conseil de la situation humanitaire au Yémen, Edem Wosornu, directeur des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, a souligné l'augmentation de l'insécurité alimentaire dans le pays au cours des derniers mois.

La situation s'est encore détériorée après que le Programme alimentaire mondial a suspendu la distribution de l'aide alimentaire dans les zones contrôlées par les Houthis en décembre 2023. Cette pause a fait suite à des désaccords avec les autorités locales sur les bénéficiaires de l'aide prioritaire et a été aggravée par les effets d'une grave crise de financement sur les efforts humanitaires du PAM au Yémen.

Elle intervient alors qu'un pourcentage plus élevé de ménages dans le sud du Yémen lutte pour obtenir des quantités suffisantes de nourriture par rapport à ceux du nord, en partie à cause du taux de change historiquement bas du rial yéménite par rapport au dollar américain dans les zones contrôlées par le gouvernement internationalement reconnu.

"Les personnes les plus vulnérables - y compris les femmes et les filles, les groupes marginalisés tels que les Muhamasheen, les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les migrants, les demandeurs d'asile et les réfugiés, ainsi que les personnes handicapées - dépendent toujours de l'aide humanitaire pour survivre", a déclaré Mme Wosornu.

Elle s'est également inquiétée de l'augmentation des cas de choléra au Yémen, alors que les services publics et les institutions continuent de se détériorer.

"La réapparition du choléra et les niveaux croissants de malnutrition sévère sont des indicateurs révélateurs de l'affaiblissement des capacités des services sociaux", a-t-elle déclaré au Conseil.

"Près d'un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre d'un retard de croissance, soit plus du double de la moyenne mondiale : 49 % contre 21,3 %.

"Les stocks d'urgence de produits de première nécessité sont presque épuisés. Les systèmes d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène doivent être renforcés de toute urgence.

Le plan de réponse humanitaire pour le Yémen n'est financé qu'à 10 %, les programmes de sécurité alimentaire et de nutrition n'étant financés qu'à hauteur de 5 % et 3 % respectivement, selon une mise à jour informelle présentée au Conseil de sécurité par l'OCHA cette semaine. M. Wosornu a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle prenne des mesures urgentes afin de combler les déficits de financement.

L'ambassadeur adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, Robert Wood, a exhorté les membres du Conseil à persister dans leur demande que les Houthis cessent leurs attaques contre la navigation en mer Rouge.

"Nous devons également faire davantage pour souligner la préoccupation du Conseil concernant l'origine iranienne des armes utilisées par les Houthis et les violations continues de l'embargo sur les armes", a-t-il ajouté.

"Ce n'est un secret pour personne que l'Iran fournit des armes aux Houthis en violation de l'embargo sur les armes décrété par les Nations unies. Nous réitérons notre appel à l'Iran pour qu'il mette fin à ces transferts d'armes illégaux et à toutes les activités qui facilitent les attaques inconsidérées des Houthis.

"Les efforts continus de l'Iran pour fomenter l'instabilité et la terreur dans la région, comme l'ont montré les attaques sans précédent de l'Iran contre l'État d'Israël ce week-end, doivent être fermement condamnés par ce Conseil.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Les armes iraniennes utilisées contre Israël sont en vente sur un site Web basé en Jordanie

L’Iran a lancé, samedi soir, des drones et des missiles vers Israël en représailles à la frappe israélienne présumée sur le consulat iranien, mitoyen de l’ambassade, à Damas, en Syrie, au début du mois. (X)
L’Iran a lancé, samedi soir, des drones et des missiles vers Israël en représailles à la frappe israélienne présumée sur le consulat iranien, mitoyen de l’ambassade, à Damas, en Syrie, au début du mois. (X)
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  • Les vendeurs ont exposé les caractéristiques des missiles et en ont publié des images, les décrivant comme «d’excellente qualité»
  • Certaines annonces incluent même des options de paiement échelonné

LONDRES: Des fragments de missiles lancés par l’Iran lors de la récente attaque contre Israël ont été découverts en vente sur le célèbre site Web jordanien OpenSooq, connu pour le commerce de marchandises, notamment de véhicules et de biens immobiliers.

Al-Arabiya a rapporté, dimanche, que les éclats d’obus faisaient l’objet d’une publicité, décrits comme des morceaux de «missile balistique iranien d’occasion en bon état à vendre» et «missile balistique à usage unique mis en vente à un prix attractif».

Les vendeurs ont exposé les caractéristiques des missiles et en ont publié des images, les décrivant comme «d’excellente qualité» et mentionnant leur implication dans un «accident» ayant entraîné de «graves dommages corporels». Certaines annonces incluent même des options de paiement échelonné.

L’Iran a lancé, samedi soir, des drones et des missiles vers Israël, en représailles à la frappe israélienne présumée sur le consulat iranien, mitoyen de l’ambassade, à Damas, en Syrie, au début du mois.

Alors que la plupart des projectiles ont été interceptés par une réponse conjointe d’Israël, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de la Jordanie, il s’agit de la première attaque militaire directe menée par l’Iran contre le territoire israélien, renforçant ainsi les tensions et l’incertitude dans la région.

À la suite de l’attaque, des individus ont partagé en ligne des photographies de débris tombés sur le territoire jordanien dans des zones comme Al-Hasa, Marj al-Hamam et le gouvernorat de Karak.

Le gouvernement jordanien a confirmé avoir intercepté certains objets volants dans son espace aérien, qui n’ont cependant occasionné ni dommages ni blessures.

Les débris résultant de tels incidents ont souvent une valeur économique. Les débris métalliques provenant de la guerre en Irak ont été utilisés par des groupes soutenus par l’Iran pour financer leurs activités.

Des produits similaires sont vendus en ligne comme souvenirs militaires et la demande de tels objets est en hausse, comme on l’a vu en Australie l’année dernière, avant l’interdiction par le pays de la vente de symboles incitant à la haine.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com