Un syndicat chez Starbucks, la victoire d'une nouvelle génération

Les employés de Starbucks célèbrent après le dépouillement des votes, le 9 décembre 2021 à Buffalo, New York. (Photo, AFP)
Les employés de Starbucks célèbrent après le dépouillement des votes, le 9 décembre 2021 à Buffalo, New York. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 11 décembre 2021

Un syndicat chez Starbucks, la victoire d'une nouvelle génération

  • Chez Starbucks, les salariés travaillent tout aussi dur qu'à la chaîne, si ce n'est plus, mais gagnent bien moins que dans une usine syndiquée
  • Le taux de syndicalisation dans le privé est à 6% et la victoire des salariés dans un ou deux cafés Starbucks ne bouleverse pas la donne

NEW YORK : Les employés qui se sont battus pour la création du premier syndicat dans un café Starbucks géré par l'entreprise aux Etats-Unis ont en grande majorité une vingtaine d'années et sont bien déterminés à prendre en main leurs conditions de travail.

"Cette génération Z (comme elle est souvent surnommée, NDLR) est la plus favorable aux syndicats que j'aie jamais vue", affirme Richard Bensinger, un syndicaliste chevronné qui les a aidés à monter leur campagne.

"Ce sont des jeunes qui n'ont aucun espoir de devenir propriétaires d'une maison. Ils ont deux emplois. Ils ont des dettes étudiantes. Ils comprennent qu'il y a la classe des milliardaires, et qu'il y a le reste des gens", explique-t-il. 

Will Westlake, 24 ans et membre du comité d'organisation du syndicat "Starbucks Workers United", confirme.

Il a vu sa grande soeur, de onze ans son aîné, enchaîner les petits boulots, à défaut de trouver un poste correspondant à sa formation, pour rembourser les 100 000 dollars empruntés pour ses études.

Il veut pouvoir gagner correctement sa vie, y compris comme serveur. 

"Les États-Unis ne sont plus le pôle manufacturier qu'ils étaient, mais une économie de services (...). si nous n'améliorons pas les conditions des travailleurs du secteur des services, nous condamnons 70% de notre population à la pauvreté à long terme", remarque-t-il.

Condescendance

Sa collègue, Natalie Wittmeyer, a elle rapidement rejoint le mouvement après son embauche, il y a tout juste un mois chez Starbucks, offusquée des méthodes employées par la direction pour surveiller les salariés depuis le début de leur campagne.

"Je crois que je parle au nom de beaucoup de jeunes américains qui en ont assez d'être traités comme des moins que rien juste parce que nous travaillons dans la restauration rapide" ou "parce qu'on est jeune", dit-elle. 

Pour RJ Rebmann, 26 ans, la victoire montre aussi qu'"au final, les gens de la classe populaire savent où sont leurs intérêts" et que "même quand ils font face à de l'intimidation anti-syndicale, ils peuvent gagner".

La mobilisation de ces jeunes à Buffalo, au nord de l'Etat de New York, a sans doute été facilitée par la présence historiquement importante des syndicats dans la région, qui a permis à plusieurs générations d'ouvriers d'accéder à des niveaux de vie décents.

Chez Starbucks, les salariés travaillent tout aussi dur qu'à la chaîne, si ce n'est plus, mais gagnent bien moins que dans une usine syndiquée, relève Richard Bensinger. "Ils veulent juste avoir leur mot à dire sur leurs conditions de travail et ne pas être traités avec condescendance."

Jeudi, il les regardait avec fierté prendre la parole les uns après les autres lors du point presse qui a suivi leur victoire: un vote net en faveur d'un syndicat au café de l'avenue Elmwood à Buffalo et une majorité des voix au café de Genesee, près de l'aéroport. 

Des recours ayant été déposés sur ce scrutin spécifiquement, les résultats finaux doivent encore être confirmés, mais le syndicat est confiant.

Pour Ruth Milkman, spécialiste de longue date des mouvements de travailleurs à l'université new-yorkaise CUNY, une tendance est clairement à l'oeuvre. 

Exemple

"Pour cette génération, les syndicats sont de nouveau à la mode", remarque-t-elle. "Ils en ont marre des conditions économiques du marché du travail actuel et après plusieurs décennies de déclin du mouvement syndical et de désillusion des travailleurs plus âgés, ils semblent assez déterminés à vouloir relancer la machine". 

Le problème, ajoute-t-elle, "c'est qu'ils font face à une législation sur le travail qui rend extrêmement difficile toute avancée". 

La création d'un syndicat par exemple "n'est qu'une première étape" qui n'est pas toujours suivi de succès, explique-t-elle: l'entreprise a l'obligation de "négocier de bonne foi" mais pas forcément d'aboutir à une convention salariale. 

Le taux de syndicalisation dans le privé est à 6% et la victoire des salariés dans un ou deux cafés Starbucks ne bouleverse pas la donne, selon elle.

Rebecca Kolins Givan, spécialiste des syndicats à l'Université Rutgers, est plus optimiste. 

"Même si c'est juste un café sur des milliers dans le pays, (cette victoire) montre que c'est possible" malgré tous les obstacles posés par la loi et l'entreprise, remarque-t-elle. Cela donne un exemple "à toute une génération qui n'a pas l'expérience des syndicats".


Selon Faisal al-Ibrahim, l’économie saoudienne est en train de changer radicalement

Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
Le ministre saoudien de l’Économie et de la Planification, Faisal al-Ibrahim, prononce un discours lors d’une conférence à Riyad, mercredi.
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  • Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie
  • «Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim

RIYAD: Depuis le lancement de la Vision 2030, l’Arabie saoudite assiste à un changement fondamental de son économie et à une transformation de son environnement des affaires en raison de la création de nouveaux secteurs: c’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Économie du Royaume.

Faisal al-Ibrahim a pris la parole mercredi lors d’une conférence à Riyad au cours de laquelle il a mis en lumière l’évolution rapide du paysage des affaires du Royaume, qui s'efforce de diversifier ses sources de revenus afin de ne plus dépendre du pétrole.

Lors de cet événement, intitulé «Politiques industrielles pour promouvoir la diversification économique», le ministre a précisé que les réglementations législatives et économiques qui visent à promouvoir le développement durable avaient subi des changements fondamentaux depuis le lancement de la Vision 2030.

Il a indiqué que les efforts du Royaume pour diversifier son économie avaient conduit à la création de nouveaux secteurs grâce au lancement de plusieurs mégaprojets tels que Neom et le Red Sea Project, entre autres.

«Nous nous trouvons à un carrefour pour changer l’économie mondiale», a affirmé M. Al-Ibrahim, qui a par ailleurs insisté sur la nécessité d’élaborer des stratégies pour garantir une économie flexible et durable.

«La présence d’investissements étrangers permettra de développer la compétitivité à long terme», a encore expliqué le ministre.

Ce dernier a également assuré que le Royaume travaillait sur le moyen terme pour se focaliser sur la transformation des secteurs qui représentent un changement technologique.

L’Arabie saoudite est désireuse de parvenir à un développement à moyen terme en équilibrant les profits à court terme et en promouvant le succès à long terme, a souligné M. Al-Ibrahim.

Depuis le lancement de la Vision 2030, le ministère de l’Économie et de la Planification a mené plusieurs études économiques qui ont pour objectif de diversifier l’économie en élaborant des objectifs pour tous les secteurs, en augmentant les niveaux de complexité et en étudiant les économies émergentes afin de renforcer les capacités du Royaume. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

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  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".