Des Palestiniens obtiennent un statut légal après des années passées dans les limbes à Gaza

Ces derniers mois, Israël a approuvé la résidence de milliers de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Gaza (Photo, AFP).
Ces derniers mois, Israël a approuvé la résidence de milliers de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 11 janvier 2022

Des Palestiniens obtiennent un statut légal après des années passées dans les limbes à Gaza

  • Les Palestiniens et la majorité de la communauté internationale considèrent Gaza comme territoire occupé
  • Des dizaines de milliers de Palestiniens n’ont pas le statut de résidents, ce qui rend pratiquement impossible le fait de franchir des frontières internationales

GAZA: Khader al-Najjar n’a pas pu quitter la bande de Gaza depuis qu’il est retourné en territoire palestinien il y a vingt-cinq ans, pas même pour se faire soigner d’une maladie de la colonne vertébrale ou pour dire adieu à sa mère, décédée en Jordanie l’année dernière.
En effet, Israël a refusé d’autoriser l’Autorité palestinienne (AP) à lui délivrer une carte d’identité nationale. Il lui était donc pratiquement impossible de partir, même avant qu’Israël et l’Égypte n’imposent un blocus punitif lorsque le groupe militant Hamas a pris le contrôle de Gaza en 2007.

Ces derniers mois, Israël a approuvé la résidence de milliers de Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Gaza afin d’apaiser les tensions tout en maintenant le contrôle qu’il exerce depuis des décennies sur la vie de plus de 4,5 millions de Palestiniens.

«J’ai énormément souffert», raconte M. Al-Najjar, charpentier de 62 ans, décrivant une série «cauchemardesque» de tentatives ratées pour obtenir des permis qui lui permettraient de quitter le minuscule territoire côtier. Désormais, il fait partie des 3 200 Palestiniens à Gaza qui recevront bientôt une carte d’identité nationale.

Il pourra ainsi voyager plus facilement, mais il devra tout de même traverser un labyrinthe d’obstacles bureaucratiques liés au blocus. Selon Israël, ces restrictions sont nécessaires pour contenir le Hamas, tandis que des groupes de défense des droits estiment que ce blocus est une forme de sanction collective pour les deux millions de Palestiniens de Gaza.

Israël a retiré ses soldats et les colons de Gaza en 2005, et le Hamas a retiré les forces de l’AP deux ans plus tard. Cependant, Israël contrôle toujours le registre de l’état civil palestinien, une base de données informatisée comprenant des noms et des numéros d’identification. Les Palestiniens et la majorité de la communauté internationale considèrent Gaza comme faisant partie des territoires occupés.

Des dizaines de milliers de Palestiniens n’ont pas le statut de résidents, ce qui rend pratiquement impossible le fait de franchir des frontières internationales ou même des postes de contrôle militaires israéliens dispersés à travers la Cisjordanie. La plupart sont des personnes qui sont revenues sur le territoire après avoir vécu à l’étranger, et Israël a refusé de les inscrire dans le registre.

Selon Ahed Hamada, haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur dirigé par le Hamas, plus de 30 000 personnes sont sans statut rien qu’à Gaza.
Israël a accepté d’accorder la résidence à quelque 13 500 Palestiniens en signe de bonne volonté à la suite de rencontres récentes entre le ministre de la Défense, Benny Gantz, et le président palestinien, Mahmoud Abbas. Il s’agit des premières réunions depuis l’échec des négociations de paix il y a plus d’une décennie.

Le gouvernement israélien actuel, constitué à la fois de partis qui soutiennent et d’autres qui s’opposent à la création d’un État palestinien, a exclu toute initiative majeure visant à résoudre le conflit, mais il a affirmé qu’il souhaitait améliorer les conditions de vie dans les territoires. Il veut également renforcer la réputation de l’AP, de moins en moins populaire, qui gouverne des parties de la Cisjordanie et coordonne la sécurité avec Israël.

Dans un communiqué publié après sa rencontre avec le président Abbas, M. Gantz s’est engagé à poursuivre les «mesures de renforcement de la confiance dans les domaines économique et civil».

Les Palestiniens de Gaza se sont réjouis et ils ont dansé de joie en faisant la queue pour recevoir des lettres de la part de l’autorité des affaires civiles de l’AP qui leur permettront de demander des cartes d’identité et des passeports nationaux. Certains ont versé des larmes de joie, tandis que d’autres étaient désemparés après avoir appris qu’ils ne figuraient pas sur la liste.

Le Hamas, qui a combattu dans quatre guerres contre Israël – la dernière ayant eu lieu en mai – a critiqué les rencontres Abbas-Gantz, affirmant qu’elles «s’éloignent de l’esprit national» du peuple palestinien.

La question de la résidence date de 1967, quand Israël s’est emparé de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de Gaza dans une guerre avec les États arabes voisins. Les Palestiniens veulent que ces trois territoires forment leur futur État aux côtés d’Israël.

Trois mois après la guerre, Israël a effectué un recensement et seuls les Palestiniens présents physiquement ont été enregistrés. Israël a ensuite accordé des permis de séjour à certaines personnes sans statut légal afin qu’elles puissent rendre visite à leurs familles. De nombreux Palestiniens sont retournés dans le pays après la conclusion des accords d’Oslo dans les années 1990 et ont dépassé la durée de validité de leur permis, espérant que la question de leur statut serait résolue dans un accord de paix définitif qui ne s’est jamais concrétisé. La réunification des familles a été interrompue après le début de la seconde intifada, soit le soulèvement palestinien contre le régime israélien, en 2000.

En outre, il est largement interdit aux Palestiniens de quitter Gaza pour s’installer en Cisjordanie. Les dernières approbations accordent la résidence en Cisjordanie à près de 2 800 Palestiniens qui ont quitté Gaza avant 2007 et qui risquaient d’être expulsés.

Gisha, un groupe israélien de défense des droits de l’homme qui prône la liberté de mouvement, estime qu’en accordant la résidence en signe de bonne volonté, Israël ne fait que reconditionner une mesure qu’il est obligé de prendre en vertu du droit international.

«C’est un début, en quelque sorte, mais tout ce problème a été causé par les politiques rigoureuses d’Israël envers les Palestiniens sous occupation», souligne Miriam Marmur, porte-parole de Gisha. «Il existe certainement des milliers de personnes qui demeurent sans statut et des millions qui sont toujours soumises au régime des permis.»

M. Al-Najjar, qui a vécu en Jordanie avant de s’installer à Gaza, était parmi les plus chanceux. Ce mois-ci, lui, sa femme et leurs quatre enfants, ont tous obtenu la résidence permanente. «Dieu merci, je peux aller rendre visite à mes sœurs et à ma famille en Jordanie maintenant que nous avons des passeports», s’exclame-t-il.

Les ressortissants étrangers – pour la plupart des Palestiniens nés dans d’autres pays – qui ont épousé des Palestiniens dans les territoires se sont eux aussi retrouvés dans une situation difficile.

Tarek Hamada a confié qu’il attendait encore d’obtenir un permis de résidence pour sa femme, une Palestinienne qui a quitté le Koweït pour s’installer à Gaza en 1997. Celle-ci a toujours rêvé d’effectuer le pèlerinage musulman à La Mecque, mais elle ne pouvait pas le faire.

Fayek al-Najjar, un parent éloigné de Khader, a tenté de rentrer à Gaza depuis la Libye en 2008 mais il a été refoulé par l’Égypte parce qu’il n'avait pas de carte d’identité nationale. Il s’est donc faufilé par les tunnels de contrebande à la frontière égyptienne, désormais détruits. Il a demandé une carte d’identité mais il ne sait pas si elle lui sera accordée.

«J’ai des sœurs en Égypte à qui je souhaite rendre visite», confie-t-il. «J’ai 60 ans, quand est-ce que je vais obtenir une carte d’identité? Quand je serai sur le point de mourir ?»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le roi de Bahreïn et le président égyptien insistent sur la nécessité d’une réponse arabe unifiée à la crise de Gaza

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  • Abdel Fattah al-Sissi et le roi Hamad s’engagent à agir conjointement pour faire face à l’escalade de la crise à Gaza
  • Le roi Hamad et le président égyptien ont également évoqué l’ordre du jour du 33e Sommet arabe, que Bahreïn accueillera le mois prochain

LE CAIRE: Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le roi Hamed de Bahreïn se sont engagés à agir conjointement pour faire face à l’escalade de la crise à Gaza et à ses répercussions sur la région.

M. Al-Sissi a reçu le roi Hamed au Caire mercredi. Les deux dirigeants ont fait part de leur espoir de voir les efforts de paix déboucher sur une nouvelle voie pour la région, ce qui permet d’envisager un avenir dans lequel leurs pays œuvreraient ensemble à la prospérité.

Le roi Hamed a précisé lors d’une conférence de presse conjointe que le président égyptien et lui avaient également évoqué l’ordre du jour du 33e Sommet arabe, que Bahreïn accueillera le mois prochain.

M. Al-Sissi et le roi de Bahreïn ont insisté sur la nécessité d’adopter des politiques claires pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient.

Le roi a déclaré avoir discuté avec le président Al-Sissi de plusieurs questions qui concernent le renforcement de la coopération arabe.

M. Al-Sissi et le roi Hamed ont discuté des efforts déployés par leurs pays et de «l’action arabe commune pour faire face à cette situation intenable, pour y mettre un terme et, surtout, pour empêcher qu’elle ne se reproduise».

«Ainsi, la communauté internationale doit s’unir pour imposer un cessez-le-feu immédiat, urgent et durable dans la bande de Gaza ainsi que mettre fin à toute tentative de déplacement forcé, de famine ou de punition collective du peuple palestinien frère. Elle doit s’unir pour garantir l’acheminement complet, durable et sans entraves de quantités suffisantes d’aide humanitaire et de secours dont le secteur a désespérément besoin», a ajouté le dirigeant égyptien.

«En parallèle, les parties doivent s’engager immédiatement et sérieusement sur des voies propices à une solution politique juste et durable à la cause palestinienne, fondée sur la solution à deux États ainsi que sur la création d’un État palestinien indépendant et souverain, selon les frontières du 4 juin 1967, ayant Jérusalem-Est pour capitale. Cet État palestinien devrait jouir à la fois de la reconnaissance internationale et être membre à part entière des Nations unies.»

M. Al-Sissi a indiqué que l’Égypte avait mis en garde à plusieurs reprises contre les conséquences désastreuses qui pourraient résulter de la guerre en cours en Palestine occupée. Ce conflit entraîne des appels à l’escalade et des représailles, créant un cycle de violence qui détruit toute chance de paix et de stabilité dans la région.

«En effet, ces derniers mois, la région est en proie aux conséquences dévastatrices de la guerre en cours, dont les flammes se sont propagées à l’extérieur. Cette situation a engendré l’état actuel de tension et de péril dans la région, qui menace gravement la sécurité, la stabilité et l’avenir de notre peuple», a-t-il poursuivi.

Selon le président égyptien, les dirigeants «ont longuement discuté de ces développements régionaux troublants et des solutions que nous envisageons, animés par notre conviction commune de l’importance cruciale de préserver la sécurité et la stabilité de la région et de ses peuples face aux multiples menaces, et de ne pas abandonner leur sort à la volonté des bellicistes. Cet engagement est fondé sur le principe consistant à accorder la priorité à la sécurité arabe commune, que nous considérons comme indivisible».

M. Al-Sissi a précisé que les deux dirigeants étaient convenus de la nécessité de déployer et d’encourager des efforts immédiats et intensifs en vue d’une désescalade dans les territoires palestiniens et au niveau régional.

«Nous avons par ailleurs discuté de l’importance d’exhorter les parties à adopter une approche rationnelle, à opter pour des solutions politiques et à abandonner les solutions militaires et les notions de domination et d’hégémonie», a déclaré le président.

«Nous sommes aujourd’hui réunis à une heure extrêmement grave en raison de la guerre sanglante menée par Israël contre la bande de Gaza et de la perte inexorable de milliers de civils innocents et sans défense dans des scènes d’une horreur indicible.»

«Ils n’ont rien fait d’autre que de vivre sur leur terre, de rester attachés à leur maison et à leur patrie, et d’aspirer à une vie empreinte de dignité, de fierté et d’humanité.»

«Il s’agit sans aucun doute d’un moment décisif qui restera dans les annales, étant donné le recours scandaleux à la force militaire pour terroriser, affamer et infliger des souffrances inimaginables à des civils innocents, collectivement et sans distinction, pour les terrifier et les pousser à abandonner leurs maisons, et pour les déplacer de force de leur terre.»

«Tout cela se produit alors que la communauté internationale reste les bras croisés, incapable de faire respecter la justice et le droit international, le droit humanitaire international ou même les principes fondamentaux de l’humanité, ou ne voulant pas», a conclu le président égyptien.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la Ligue arabe exprime ses craintes concernant le conflit à Gaza lors d’une réunion avec un responsable de l’ONU

Le général de division Patrick Gauchat s’entretient avec Ahmed Aboul Gheit au Caire. (X/@arableague_gs)
Le général de division Patrick Gauchat s’entretient avec Ahmed Aboul Gheit au Caire. (X/@arableague_gs)
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  • Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, s’est entretenu avec le général de division de l’ONU, Patrick Gauchat
  • Le chef de l’Onust a informé le secrétaire général des conflits qui se déroulent dans plusieurs zones surveillées par l’ONU

LE CAIRE: Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré à un haut responsable de l’ONU qu’il redoutait que le conflit à Gaza ne devienne incontrôlable et ne menace la sécurité régionale. 

Lors d’une réunion au Caire avec le général de division Patrick Gauchat, chef de mission et chef de l’Organisme des nations unies chargé de la surveillance de la trêve (Onust), M. Aboul Gheit a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre la résolution sur le cessez-le-feu du Conseil de sécurité de l’ONU et de fournir une aide humanitaire urgente à la population affamée de Gaza.

Selon Gamal Roshdy, porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, la réunion portait sur la situation régionale. M. Aboul Gheit a affirmé que la guerre menée par Israël contre Gaza violait le droit international et les principes humanitaires.

Le chef de l’Onust a informé le secrétaire général des conflits qui se déroulent dans plusieurs zones surveillées par l’ONU, notamment la Ligne bleue, qui délimite la trêve entre le Liban et Israël.

M. Aboul Gheit a estimé que les résolutions politiques demeuraient le moyen le plus efficace pour assurer la sécurité de toutes les parties.

Toutefois, la mise en œuvre de ces résolutions reste difficile dans la mesure où Israël poursuit ses objectifs en recourant à la force militaire et en prenant des civils pour cible, a-t-il ajouté.

D’après le site Internet de l’Onust, le Conseil de sécurité, dans la résolution No 50 (1948), appelait à une cessation des hostilités en Palestine le 29 mai 1948 et chargeait le médiateur de l’ONU en Palestine de surveiller l’application de la trêve avec l’aide d’un groupe d’observateurs militaires.

Le premier groupe d'observateurs militaires, créé en 1949 pour superviser la mise en œuvre des accords d’armistice israélo-arabes, est devenu par la suite l’Organisme des nations unies chargé de la surveillance de la trêve.

Les observateurs de l’Onust au Moyen-Orient ont pour rôle de surveiller le respect des cessez-le-feu et des accords d’armistice, d’empêcher que des incidents isolés ne dégénèrent et de prêter main-forte à d’autres opérations de maintien de la paix de l’ONU dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouveaux raids meurtriers israéliens à Gaza, sanctions occidentales contre l'Iran

Un Palestinien porte une cuisinière à gaz alors qu'il marche au milieu des débris d'un bâtiment détruit dans la ville de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 18 avril 2024. (AFP)
Un Palestinien porte une cuisinière à gaz alors qu'il marche au milieu des débris d'un bâtiment détruit dans la ville de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 18 avril 2024. (AFP)
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  • Ces dernières 24 heures, au moins 71 morts supplémentaires ont été recensés d'après le ministère de la Santé dans la bande de Gaza
  • Les déclarations alarmantes se sont multipliées après la menace d'Israël de répondre à la première attaque directe aux drones et missiles de l'Iran contre le territoire israélien

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a mené jeudi de nouveaux raids à Gaza qui ont tué des dizaines de Palestiniens dont des femmes et des enfants, a indiqué le Hamas, le jour où des puissances occidentales ont renforcé les sanctions contre l'Iran après son attaque contre Israël.

Les déclarations alarmantes se sont multipliées après la menace d'Israël de répondre à la première attaque directe aux drones et missiles de l'Iran contre le territoire israélien lancée le 13 avril en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël contre son consulat à Damas.

A Téhéran, un haut responsable des Gardiens de la révolution, le général Ahmad Haghtalab, a mis en garde Israël contre l'éventualité d'une attaque contre ses sites nucléaires, en affirmant que son pays était prêt à lancer en représailles de "puissants missiles" sur les "installations nucléaires de l'ennemi".

"Nous sommes au bord d'une guerre au Moyen-orient qui provoquera des ondes de choc dans le reste du monde", a prévenu le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell.

Le Moyen-Orient est au bord du "précipice" d'un "conflit régional généralisé", a renchéri le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres devant le Conseil de sécurité.

Alors que la région est déjà ébranlée par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza, M. Guterres a dénoncé l'"enfer humanitaire" créé par les opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien qui ont fait en plus de six mois 33.970 morts, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La campagne israélienne de bombardements aériens intensifs suivie d'une offensive terrestre, a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque d'une ampleur sans précédent et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

Avant l'aube, des frappes israéliennes ont ciblé la petite bande de terre assiégée par Israël depuis le 9 octobre et dont la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU.

Ces dernières 24 heures, au moins 71 morts supplémentaires ont été recensés d'après le ministère de la Santé dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste palestinien Hamas a pris le pouvoir en 2007.

"C'est horrible"

"Nous avons récupéré les restes de 12 personnes", a déclaré Abdeljabbar al-Arja, après avoir fouillé les décombres d'une maison touchée par une frappe à Rafah (sud) où s'entassent 1,5 million de personnes en majorité déplacées par la guerre.

"Il y avait des femmes et des enfants, on a trouvé des bras et des pieds. Ils ont tous été mis en pièces. C'est horrible", s'est-il exclamé.

Des bombardements ont aussi touché le camp Al-Mawasi, près de Rafah, devenu un camp aux milliers de tentes abritant des déplacés.

"Notre terre a été rasée, notre maison détruite (...) Nos espoirs et rêves ont été pulvérisés", a dit Shams Majid, 22 ans, un déplacé.

L'armée israélienne a dit avoir frappé des dizaines de "cibles" dans la bande de Gaza, dont des "terroristes, des postes d'observation et des structures militaires".

"Mort, destruction" 

M. Guterres a évoqué devant le Conseil de sécurité deux millions de Palestiniens endurant "la mort, la destruction, le déni d'aide humanitaire vitale". "Et tout cela se produit avec des limites importantes imposées par les autorités israéliennes sur la livraison d'aide à la population de Gaza, qui fait face à la faim généralisée."

Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et à la libération de tous les otages.

Les pourparlers sur une trêve à Gaza associée à une libération d'otages piétinent depuis des mois, les protagonistes s'accusant de les bloquer.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'UE. Il est décidé à lancer une offensive terrestre contre Rafah, présentée comme le dernier grand bastion du Hamas.

M. Netanyahu a récusé "les allégations sur une famine à Gaza" et affirmé qu'Israël faisait "tout son possible sur la question humanitaire".

Réponse différente

Le Premier ministre israélien lutte sur un autre front, contre la République islamique d'Iran, son ennemi juré.

En attaquant Israël, l'Iran a dit avoir agir en "légitime défense" après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

Les dirigeants iraniens ont ensuite souligné qu'ils ne cherchaient "pas une expansion des tensions" avec Israël.

Israël a dit avoir intercepté avec ses alliés la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles iraniens, et affirmé que l'attaque iranienne ne resterait pas "impunie".

D'après le diffuseur public israélien Kan, M. Netanyahu a décidé de ne pas mettre en oeuvre des plans de frappes de représailles rapides après avoir discuté avec le président américain Joe Biden, qui cherche à éviter une nouvelle confrontation.

"Il y aura bien une réponse mais elle sera différente de ce qui était initialement prévu", a indiqué un haut responsable à la chaîne.

Entretemps, les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, et le Royaume-Uni ont annoncé avoir renforcé leurs sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles". L'UE a aussi annoncé de nouvelles sanctions contre Téhéran.

"Nous faisons en sorte que l'Iran rende des comptes", a dit Joe Biden.