Le Contrat d'engagement jeune, dispositif pour ramener vers l'emploi les «invisibles»

Présentation du Contrat d’Engagement Jeune. (Ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion).
Présentation du Contrat d’Engagement Jeune. (Ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion).
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Publié le Dimanche 27 février 2022

Le Contrat d'engagement jeune, dispositif pour ramener vers l'emploi les «invisibles»

  • Le Contrat d'engagement jeune (CEJ) entre en vigueur mardi avec l'ambition de ramener vers la formation et l'emploi 400.000 jeunes par an
  • D'une durée de six mois à un an et ciblé sur les 16-25 ans, le CEJ prend le relais de la Garantie jeunes, lancée en 2013, dont il reprend la philosophie mais de manière plus ambitieuse

PARIS: Dernière réforme sociale du quinquennat, le Contrat d'engagement jeune (CEJ) entre en vigueur mardi avec l'ambition de ramener vers la formation et l'emploi 400.000 jeunes par an, peu qualifiés et souvent hors radar des institutions.

Selon l'Insee, le taux des 15-29 ans "ni en emploi, ni en études, ni en formation" (Neet en anglais) était de 12,2% au 4e trimestre 2021, soit près de 1,5 million.

Certes, avec la reprise et le plan "un jeune, une solution", ce chiffre a retrouvé son niveau d'avant-crise.

"Mais la part des Neet en France reste plus élevée que dans beaucoup de pays européens", a récemment rappelé Elisabeth Borne lors d'une rencontre sur le sujet au ministère du Travail. "Malgré la reprise, certains jeunes ne parviendront pas seuls à accéder à l'emploi et ont besoin d'un accompagnement. On ne peut pas continuer à donner à ces jeunes le sentiment qu'ils n'ont pas leur place", selon la ministre.

D'une durée de six mois à un an et ciblé sur les 16-25 ans, le CEJ prend le relais de la Garantie jeunes, lancée en 2013, dont il reprend la philosophie mais de manière plus ambitieuse.

Comme avec la Garantie jeunes, le bénéficiaire pourra toucher une allocation mensuelle maximale de 500 euros s'il respecte ses obligations.

Si la Garantie jeunes a permis, selon une étude de la Dares, une hausse de 10 points du taux d'emploi de ses bénéficiaires, la Cour des comptes a déploré "un degré d'intensité" de l'accompagnement qui "tend à baisser" après un premier mois d'ateliers collectifs en Mission locale.

Le CEJ prévoit lui un accompagnement de 15 à 20 heures par semaine de bout en bout, sous l'égide d'un conseiller référent.

"L'intensité est un paramètre clé. On ne lâche pas la main du jeune, le conseiller va prescrire, vérifier, mesurer les progrès", explique Jean-Benoit Dujol, directeur du projet au ministère.

Contrat d'engagement jeune, mode d'emploi

PARIS: Le Contrat d'engagement jeune (CEJ) prend le relais de la Garantie jeunes à partir du 1er mars: que prévoit ce dispositif d'accès ? Qui est concerné ? Combien coûte-t-il ? 

A qui s'adresse le contrat d'engagement ?

Le CEJ s'adresse aux jeunes de 16 à 25 ans (29 ans en cas de handicap) "qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas une formation et qui rencontrent des difficultés d'accès à l'emploi durable, appréciées au regard de la situation du jeune, notamment de la nature du contrat de travail et de sa quotité de travail", selon le décret le mettant en place. 

C'est un droit ouvert: l'entrée en CEJ se fera sur la seule appréciation du conseiller de la Mission locale ou de Pôle emploi, sans quotas.

L'objectif est d'aider 400.000 d'entre eux en 2022, deux fois plus que l'objectif de 200.000 bénéficiaires de la Garantie jeunes en 2021 déjà difficile à atteindre (130.000 entrées en Garantie jeunes avaient été réalisées fin octobre). 

Le CEJ représente un investissement de 2,6 milliards d'euros, dont 80% viennent des 5,4 milliards du plan "un jeune, une solution". Les effectifs de Pôle emploi ont été renforcés de 900 CDI et les Missions locales ont reçu une subvention complémentaire de 75 millions d'euros. 

Quelle plus-value ?

Comme la Garantie jeunes, le CEJ pourra durer jusqu'à 12 mois, prolongeable exceptionnellement jusqu'à 18 mois.

Mais, alors que la Garantie jeunes proposait un accompagnement intensif pendant les quatre à six premières semaines du parcours seulement, le CEJ doit mettre en oeuvre un accompagnement de bout en bout, avec 15 à 20 heures d'activité par semaine.

Ce plan d'action conclu entre le jeune et son conseiller référent doit prévoir "une mise en activité soutenue et régulière (notamment par des immersions en entreprise, des formations, des actions sociales) visant à orienter le jeune vers l'emploi ou l'alternance. 

Autre différence, le CEJ pourra être proposé par les agences de Pôle emploi et pas seulement les Missions locales. Pour éviter les ruptures de parcours, il se poursuivra lorsque le jeune entrera en formation, en Ecole de la deuxième chance, en service civique, etc…

Les majeurs détachés fiscalement ou rattachés à un foyer non imposable pourront bénéficier d'une allocation allant jusqu'à 500 euros. Les jeunes majeurs rattachés à un foyer imposable, de tranche I, pourront également toucher une allocation d'un montant de 300 euros. Pour les mineurs, ce sera 200 euros dans les deux cas.

Le jeune doit s'engager à participer à l'ensemble des actions prévues. Sinon il s'expose, dès le premier manquement, à des sanctions pouvant conduire à une suppression de son allocation et à une exclusion du dispositif.

Pour réduire le risque de décrochage, une application renforcera le lien entre le jeune et le conseiller qui pourra ainsi suivre la réalisations des actions. Le jeune aura accès à l'ensemble des services (offres d'emploi, de contrats d'alternance, de service civique, d'immersion professionnelle, etc). 

Mais la clé de la réussite dépendra de la capacité des Missions locales et, nouveauté, des agences Pôle emploi, à proposer des ateliers utiles au jeune.

A la Mission locale de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), "on s'est posé trois jours pour réfléchir et définir un socle d'ateliers de 10 semaines pour travailler en profondeur la confiance en soi et le projet professionnel", explique la responsable, Radia Mahfouf.

A l'agence Pôle emploi d'Istres (Bouches-du-Rhône), la conseillère Corinne Signes a identifié "tout ce qu'on pouvait proposer en interne ou en partenariat: savoir-être, valorisation de son image, immersion en entreprise, recherche d'emploi, aides au logement, à la santé..."

«Petite révolution»

La mise en place du CEJ sera une "petite révolution" à Pôle emploi qui n'a jamais réalisé "un accompagnement aussi intensif avec un conseiller pour 30 jeunes", selon son directeur général Jean Bassères. 

Grâce à 1.660 conseillers, l'objectif sera d'accompagner 50.000 jeunes sur 6 mois, soit 100.000 par an. Du côté des Missions locales, leur président Stéphane Valli prévoit "40.000 à 60.000" contrats signés dès mars.

"C'est un droit ouvert, il n'y pas de quotas. On fait confiance au conseiller pour apprécier si le CEJ est adapté au jeune devant lui", assure Elisabeth Borne.

Contrat d'engagement jeune: la mission locale de Sénart prend les devants

"Je ne peux postuler à rien, ils demandent tous le bac", se désole Rayan au forum pour l'emploi organisé par la mission locale de Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), qui expérimente déjà le Contrat d'engagement jeune.

Début février, Rayan, 20 ans, a intégré la Garantie jeune, un dispositif qui doit aider les 16-25 ans "décrocheurs" à trouver un emploi ou une formation, et qui sera remplacé au 1er mars par le Contrat d'engagement jeune (CEJ). 

Le jeune homme au survêtement gris et vert, cheveux bruns plaqués en arrière, a déjà travaillé dans la manutention ou comme livreur à vélo. Il aimerait trouver un poste "dans la vente d'équipements sportifs ou dans une salle de sport". 

Ce vendredi de mi-février, dans les locaux surchauffés de la mission locale, il n'a pas trouvé son bonheur mais Jessica Colotroc, une des conseillères, l'encourage à aller voir les entreprises présentes, "c'est toujours des contacts de pris pour plus tard", le remotive-t-elle.

Le CEJ promet un suivi plus personnalisé que le dispositif précédent. A Moissy-Cramayel, la mission locale a pris les devants. Depuis février, elle est entrée en "phase test", explique le responsable du dispositif Cédric Ruel, avec une organisation proche de celle attendue dans le CEJ. 

Lors du premier mois, les jeunes viennent presque tous les jours à la mission locale et participent à des ateliers collectifs. Une fois le premier mois passé, ils participent plus sporadiquement aux ateliers, selon leurs besoins et leurs problématiques (logement, démarches administratives, passage du permis...). 

"Avant, les ateliers étaient les mêmes pour tout le monde", précise Cédric Ruel. Les échanges avec le "conseiller référent" sont aussi plus fréquents. Ce suivi est une garantie pour s'assurer de l'assiduité des bénéficiaires, qui conditionne le versement de l'allocation (jusqu'à 500 euros par mois).

Cependant, la difficulté sera d'aller chercher ces jeunes en rupture et méfiants envers les institutions. Selon la Dares, 37% des Neet étaient en 2018 sans contact avec le service public de l'emploi ou tout autre organisme d'insertion. 

Pour Cécile Wateau, cadre du groupe d'entreprises d'insertion Vitamine T, "il faut beaucoup de bienveillance et aller leur parler deux, trois, dix fois pour qu'ils vous fassent confiance".

Mais, pour que le jeune évite les ruptures de parcours, les acteurs doivent travailler ensemble. "A Lille, un conseiller Mission locale va être à 50% dans nos locaux, ça va être un accélérateur de particules", se réjouit Mme Wateau. 

Cela suppose une intégration, à ce stade encore balbutiante, des systèmes d'information pour partager les informations sur les jeunes, notamment de la part de l'Education nationale, qui peine à transmettre en temps réel ses listes de décrocheurs. 


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".