Adhésion de l'Ukraine à l'UE: il y a «différentes opinions» parmi les Etats membres, selon Charles Michel

Le président du Conseil européen, Charles Michel. (AFP).
Le président du Conseil européen, Charles Michel. (AFP).
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Publié le Lundi 28 février 2022

Adhésion de l'Ukraine à l'UE: il y a «différentes opinions» parmi les Etats membres, selon Charles Michel

  • L'adhésion à l'Union européenne, réclamée à nouveau par l'Ukraine, nécessite un accord unanime des 27 pays membres et il y a «différentes opinions» parmi eux à ce sujet
  • La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est prononcée dimanche en faveur du principe d'élargir l'UE à l'Ukraine

BRUXELLES: L'adhésion à l'Union européenne, réclamée à nouveau lundi par l'Ukraine, nécessite un accord unanime des 27 pays membres et il y a "différentes opinions et sensibilités" parmi eux à ce sujet, a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel.

"L'adhésion est une demande exprimée de longue date par l'Ukraine. Mais il y a différentes opinions et sensibilités au sein de l'UE sur l'élargissement. L'Ukraine va transmettre une demande officielle, la Commission européenne devra exprimer un avis officiel et le Conseil se prononcera", a expliqué celui qui dirige l'instance représentant les Vingt-Sept.

Charles Michel a indiqué avoir été informé de l'intention de l'Ukraine d'envoyer une demande officielle d'adhésion et a précisé la procédure à suivre.

Il a annoncé son intention d'inviter le président Volodymyr Zelensky à participer "de façon régulière" aux sommets des dirigeants européens et a insisté sur la nécessité de renforcer l'accord d'association conclu entre l'Ukraine et l'UE.

Dans un message vidéo, le président ukrainien a exhorté lundi l'Union européenne à intégrer "sans délai" son pays qui combat depuis cinq jours une invasion russe.

"Je suis sûr que c'est juste. Je suis sûr que c'est possible", a soutenu M. Zelensky.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est prononcée dimanche en faveur du principe d'élargir l'UE à l'Ukraine. "Ils sont des nôtres et nous voulons qu'ils soient dans l'UE", a-t-elle déclaré dans un entretien à la chaîne Euronews.

Lundi, ses propos ont été précisés par son porte-parole, lors du point presse quotidien de l'exécutif européen à Bruxelles.

Mme von der Leyen "a exprimé son point de vue en tant que présidente de la Commission", mais "il y a un processus" et "ce n'est pas elle seule qui décide", a affirmé ce porte-parole, Eric Mamer. 

 

Pays qui ont rejoint l'UE ou l'espèrent depuis 30 ans

L'Union européenne, à laquelle l'Ukraine a réitéré lundi vouloir adhérer, a été rejointe par plus d'une quinzaine de pays ces 30 dernières années, tandis que d'autres sont dans son antichambre ou voudraient pouvoir en devenir membre. 

 Plusieurs élargissements et un départ 

L'Europe, créée en 1957 par six pays, a connu plusieurs élargissements, la plupart depuis 1995.

- 1995: l'Union est rejointe par l'Autriche, la Suède et la Finlande. Avec la Finlande, l'UE dispose ainsi pour la première fois d'une frontière avec la Russie.  

- 2004: dix nouvelles adhésions, dont plusieurs pays de l'ancien bloc de l'Est: Chypre, Hongrie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie. 

- 2007: Bulgarie et Roumanie.

- 2013: Croatie.

- 2020: après un référendum en 2016, le Royaume-Uni devient le premier Etat membre à quitter l'Union, qui compte désormais 27 membres.

Cinq candidats dans l'antichambre de l'UE 

Quatre pays des Balkans occidentaux sont officiellement candidats mais sont bloqués depuis des années dans l'antichambre de l'UE: la Macédoine du Nord (2005), le Monténégro (2010), la Serbie (2012) et l'Albanie (2014).  

"Nous partageons la même histoire (...) également le même destin", déclarait en octobre 2021 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, assurant que "l'UE n'est pas pleinement achevée sans les Balkans occidentaux". 

La Turquie, candidate depuis 1999, a démarré des négociations pour son adhésion en 2005. Mais depuis 2016, ses relations de l'UE se sont fortement dégradées notamment en raison de la répression implacable du président Erdogan après une tentative de coup d'Etat. En 2019, le Conseil de l'UE déclarait qu'elles étaient au "point mort".

Candidats potentiels

Deux autres anciennes républiques de la Fédération de Yougoslavie - le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine - sont considérées comme des candidats potentiels, mais ne remplissent pas encore les critères d'adhésion.

L'UE a par ailleurs lancé en 2009 un Partenariat oriental avec l'Ukraine, la Moldavie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et le Bélarus, proposant des relations économiques et politiques plus étroites en échange de réformes.

Certains de ces pays, l'Ukraine et la Géorgie, considèrent cet accord comme une première étape en vue d'une adhésion, mais les dirigeants européens n'ont jamais fait de promesses en ce sens.

En juin 2021, le Bélarus du président Loukachenko, allié de Moscou, a suspendu sa participation. 

Des négociations longues et compliquées 

Lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté l'UE à intégrer "sans délai" son pays mais le processus d'adhésion obéit à un processus complexe, qui prend en général plusieurs années. Si la Finlande a été intégrée en moins de quatre ans, les trois pays Baltes ont dû patienter près de neuf ans. 

Le pays doit d'abord se voir reconnaître le statut d'Etat candidat avant que ne s'ouvrent de longues négociations pour s'assurer qu'il respecte les critères d'adhésion d'ordre démocratique, économique et politique.

Parmi les principales conditions figurent des institutions stables garantissant la démocratie, le respect des droits de l'Homme et des minorités, et l'existence d'une économie de marché viable.

M. Zelensky a appelé à la création d'"une nouvelle procédure spéciale" pour accélérer l'entrée de l'Ukraine au sein de l'UE, en ajoutant: "Je suis sûr que c'est juste. Je suis sûr que c'est possible". 

 

«Manoeuvre»

Lors d'un entretien en visioconférence avec des journalistes, Charles Michel a par ailleurs dit craindre "une manoeuvre" de la part de la Russie, à propos de l'annonce de négociations avec l'Ukraine.

"Il est difficile d'accorder sa confiance à Vladimir Poutine", a-t-il fait valoir, "nous avons observé une addition de mensonges et de manipulations à la base de la guerre avec l'Ukraine".

"Mais il faut maintenir le fil diplomatique (...) Il faut faire pression sur Vladimir Poutine pour stopper une escalade dangereuse", a insisté Charles Michel.

Il a accusé le président russe de faire preuve "d'irresponsabilité en agitant la menace nucléaire". "Face à une telle situation, nous devons faire preuve de sang-froid. Nous allons continuer à dénoncer cette irresponsabilité".

Selon l'ex-Premier ministre belge, "Vladimir Poutine a échoué à diviser les Européens et à briser le lien transatlantique".

Dimanche, l'Union européenne a annoncé fermer l'ensemble de son espace aérien à tous les avions russes, bannir les médias d'Etat russes RT et Sputnik, et débloquer 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes à l'Ukraine.

Charles Michel a expliqué qu'il s'agissait de puiser dans la "Facilité européenne pour la paix" (FEP), un fonds hors du budget européen spécialement destiné à financer des achats militaires, en lien avec la politique étrangère et de sécurité commune.

Ces financements, a-t-il précisé, s'ajoutent aux mesures décidées de façon bilatérale par les Etats membres, comme la fourniture d'avions de combat que les Ukrainiens savent piloter.

"C'est un moment déterminant pour la défense européenne. Elle devient tangible, opérationnelle, à un moment charnière", a-t-il encore affirmé.


Un nouveau directeur pour le British Museum, secoué par une affaire de vols

Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
Des visiteurs admirent les marbres du Parthénon, également connus sous le nom de marbres d'Elgin, au British Museum de Londres le 9 janvier 2023. (AFP)
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  • Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak
  • Nicholas Cullinan a salué l'«honneur» que représente la direction de «l'un des plus grands musées du monde»

LONDRES: L'actuel directeur de la National Portrait Gallery de Londres, Nicholas Cullinan, a été nommé directeur du British Museum, a annoncé jeudi l'institution secouée par le scandale du vol de 2 000 pièces et le feuilleton au long cours des marbres du Parthénon.

Le précédent directeur Hartwig Fischer, de nationalité allemande et premier non Britannique à diriger le musée, avait démissionné fin août 2023 après la révélation des vols.

L'intérim était depuis assuré par l'ex-directeur du Victoria & Albert Museum Mark Jones.

Nicholas Cullinan, 46 ans, a été nommé après l'approbation unanime des administrateurs du musée et l'accord du Premier ministre Rishi Sunak.

A la tête de la National Portrait Gallery depuis 2015, il a mené à bien un réaménagement complet des collections et du musée, dont l'espace ouvert au public a augmenté d'un cinquième, selon le communiqué annonçant sa nomination.

L'historien de l'art a notamment été commissaire au Metropolitan Museum of Art de New York et à la Tate Modern de Londres. Il prendra ses fonctions au British Museum cet été.

Nicholas Cullinan a salué l'"honneur" que représente la direction de "l'un des plus grands musées du monde".

Il a évoqué "un nouveau chapitre" qui "englobera les transformations les plus importantes, architecturales et intellectuelles, qui se déroulent dans tout musée dans le monde, pour continuer à faire en sorte que le British Museum soit aussi engagé et collaboratif que possible".

Fondé en 1753, le British Museum abrite une collection de huit millions d'objets, parmi lesquels la pierre de Rosette ou les frises du Parthénon, acquises à l'époque coloniale et revendiquées par la Grèce.

L'institution, dont la visite est gratuite, représente l'attraction touristique la plus prisée du Royaume-Uni, avec 5,8 millions de visiteurs en 2023, en augmentation de 42% par rapport à l'année précédent, selon l'association du secteur.

La révélation du scandale de vols à grande échelle a conduit au renvoi d'un employé, qui a été arrêté par la police sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui à ce stade.

Depuis leur découverte, le British Museum a indiqué avoir récupéré un peu plus de 350 objets.

Le nouveau patron du musée devra également mettre en oeuvre une rénovation majeure, estimée à plus d'un milliard d'euros, rendue nécessaire par l'état vétuste de certaines galeries.


Sénégal: la prise du pouvoir approche pour l'opposant antisystème Diomaye Faye

Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
Le candidat de l'opposition sénégalaise à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye (Photo, AFP).
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  • L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%)
  • Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable

DAKAR: L'opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye pourrait être proclamé définitivement vainqueur de la présidentielle d'ici à la fin de la semaine, parachevant une ascension extraordinaire et express jusqu'au sommet de l'Etat.

Après des semaines de crise qui ont fait craindre un report de l'élection jusqu'à décembre ou une vacance du pouvoir, l'appareil s'emploie à rétablir à marche forcée la norme de transition réglée qui caractérise le pays et à rendre possible une passation conforme à la tradition entre le sortant Macky Sall et son successeur d'ici à la semaine prochaine.

L'organe chargé de proclamer les résultats finaux provisoires les a rendus publics mercredi alors qu'il avait jusqu'à vendredi pour le faire. L'opposant antisystème, M. Faye, qui était encore en prison il y a deux semaines, l'a emporté dès le premier tour dimanche avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%).

Au tour du Conseil constitutionnel maintenant d'examiner d'éventuels recours de candidats et de déclarer M. Faye définitivement vainqueur, ou d'annuler l'élection, hypothèse hautement invraisemblable.

Les candidats ont 72 heures pour saisir le Conseil, dit la Constitution. Mais le Conseil a décidé lui aussi de réduire les délais, probablement pour faire en sorte qu'une passation ait lieu avant le 2 avril, date officielle de fin du mandat de M. Sall.

Le Conseil a donné à tout contestataire jusqu'à jeudi minuit (vendredi 00H00 GMT) pour se manifester.

Il a invoqué "les circonstances exceptionnelles" ayant entraîné "la compression de tous les délais". Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars.

L'ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d'une passation avant l'expiration de son mandat.

Un transfert dans les temps importe dans un pays qui s'enorgueillit de ses pratiques démocratiques et qui est considéré comme l'un des plus stables en Afrique de l'Ouest secouée par les coups d'Etat.

En l'absence de contestation, "le Conseil proclame immédiatement les résultats définitifs du scrutin", dit la Constitution. En cas de recours, le Conseil a, théoriquement, cinq jours pour statuer.

Les adversaires de M. Faye ont reconnu sa victoire et aucun n'a jusqu'alors exprimé publiquement l'intention de soulever d'objection. Les résultats provisoires paraissent rendre la victoire de M. Faye irréfutable tout en confirmant la magnitude de ce qui s'apparente à un séisme politique.

«Dernier» Conseil 

Bassirou Diomaye Faye est le premier opposant à l'emporter dès le premier tour depuis l'Indépendance en 1960.

Jamais porté à une fonction élective nationale auparavant, il devrait devenir à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays de 18 millions d'habitants.

Son avènement pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il se présente comme l'homme de la "rupture" avec douze années de présidence Sall, du rétablissement d'une "souveraineté" bradée selon lui à l'étranger, et d'un "panafricanisme de gauche". Il fait voeu de combattre la corruption et l'injustice.

Face à l'éventualité d'une vacance de pouvoir, le président Sall a dit plusieurs fois qu'il serait parti le 2 avril, même si le Conseil constitutionnel a laissé la porte ouverte à une prolongation si nécessaire.

Le Conseil des ministres qu'il a présidé mercredi était le "dernier", selon le communiqué de ses services. Il a demandé au gouvernement de "prendre toutes les dispositions requises" pour préparer les dossiers de passation, en vue de "l’installation dans les meilleures conditions" du nouveau président, dit le communiqué.

Les trois dernières années de la présidence Sall ont été marquées par les retombées des crises globales, un farouche bras de fer avec l'opposition antisystème et les troubles intérieurs.

Le Sénégal a connu un nouvel accès de fièvre en février quand M. Sall a décrété l'ajournement de l'élection. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis 2021, et les lettres de créance démocratiques du Sénégal ont été examinées sous un autre jour.

M. Faye a lui-même été détenu des mois avant sa libération en pleine campagne électorale mi-mars.

Il a énoncé "la réconciliation nationale", la "refondation" des institutions et "l'allègement sensible du coût de la vie" comme ses "chantiers prioritaires". Il a pris soin de rassurer à l'étranger, attentif à ses promesses de reconsidérer ou renégocier les partenariats existants. Le Sénégal "restera le pays ami et l'allié sûr et fiable de tout partenaire qui s'engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive", a-t-il dit.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.