Présidentielle: les illusions perdues d'Eric Zemmour

Condamné à plusieurs reprises par le passé pour provocation à la haine, l'ancien polémiste de CNews n'a pas dévié de sa ligne radicale anti-immigration en se lançant en politique (Photo, AFP).
Condamné à plusieurs reprises par le passé pour provocation à la haine, l'ancien polémiste de CNews n'a pas dévié de sa ligne radicale anti-immigration en se lançant en politique (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Présidentielle: les illusions perdues d'Eric Zemmour

  • S'il a mobilisé ses troupes dans des meetings pleins à craquer, Eric Zemmour n'est pas parvenu à «renverser la table» ni à perturber le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine le Pen
  • A la Mutualité, dans le Ve arrondissement de Paris, les militants sont sonnés avant l'intervention du candidat d'extrême droite. Tanguy David, un jeune partisan, se dit «choqué, extrêmement déçu»

PARIS: Après avoir rêvé du second tour à l'automne dernier, Eric Zemmour est brutalement retombé sur terre dimanche soir, donné en quatrième position autour de 7% des voix, avec comme lot de consolation la débandade historique de la LR Valérie Pécresse.

A la Mutualité, dans le Ve arrondissement de Paris, les militants sont sonnés avant l'intervention du candidat d'extrême droite. Tanguy David, un jeune partisan déjà habitué des plateaux télés, se dit "choqué, extrêmement déçu".

Vieux routier de la "droite hors les murs", Paul-Marie Coûteaux se désole d'un score "rachitique" pour le candidat Reconquête!. "C'est la conséquence de l'inexpérience. Il y avait trop de jeunes, souvent les amis de Sarah (Knafo)", la compagne et stratège d'Eric Zemmour, glisse-t-il à l'AFP. 

Mais "LR est mort", poursuit-il pour se consoler, alors que Valérie Pécresse est huée.

S'il a mobilisé ses troupes dans des meetings pleins à craquer, Eric Zemmour n'est pas parvenu à "renverser la table" ni à perturber le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine le Pen.

Condamné à plusieurs reprises par le passé pour provocation à la haine, l'ancien polémiste de CNews n'a pas dévié de sa ligne radicale anti-immigration en se lançant en politique: c'est le seul candidat à avoir fait campagne sur la théorie complotiste du grand remplacement des populations européennes par des immigrés ou à dire que l'islam et l'islamisme, "c'est la même chose".

«Un bain de merde»

Une série de polémiques a rythmé son aventure présidentielle - un doigt d'honneur à une opposante à Marseille, des violences au meeting de Villepinte début décembre, des "Macron Assassin" au Trocadéro fin mars - l'empêchant de corriger une image dégradée dans les enquêtes d'opinion.

"Il n'y a pas eu de campagne. Ça a été l'hyperdiabolisation, il a été trempé dans un bain de merde", lance le sénateur marseillais Stéphane Ravier, transfuge du RN.

La guerre en Ukraine fut un tournant, avec une dégringolade sondagière depuis fin février. Les positions du candidat sur les réfugiés ukrainiens, qu'il préférait voir accueillis en Pologne plutôt qu'en France, ont suscité des divergences jusque dans son camp, notamment dans la frange catholique conservatrice issue de la Manif' pour tous, le mouvement opposé au mariage des couples homosexuels et à la PMA pour toutes les femmes.

En interne, certains ont aussi critiqué l’omniprésence de Sarah Knafo. "Elle a très clairement un poids énorme dans la campagne, mais ce n'est pas une commissaire politique", nuance un cadre.

Le camp Zemmour aura enchaîné les mises en scène symboliques et léchées, au Mont-Saint-Michel ou au Trocadéro et mis en avant les ralliements comme celui du LR Guillaume Peltier en janvier, du RN Nicolas Bay en février et de la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, à contretemps en mars.

Mais sans parvenir à renverser la tendance ni à attirer d'autres LR de poids, hormis Guillaume Peltier.

«Fatigue»

Démarrée très tôt, l'aventure s'est en outre terminée dans la "fatigue" et une certaine "fébrilité" lors des déplacements, concède un membre de l'équipe.

Au RN, on savoure. "Une présidentielle, ce n'est pas un fan club et ça ne se fait pas sur des coups", souligne Philippe Olivier, conseiller et beau-frère de Marine Le Pen.

La "Manif pour tous, ils marchent au canon. Ce sont des gens estimables, proprets", mais "c'est un milieu militant, pas représentatif de la France", lâche-t-il.

La réconciliation des deux camps ne sera pas une mince affaire, même si les militants promettent un "Tout sauf Macron" et que les enquêtes d'opinion suggèrent un report de près de 80% des électeurs de Reconquête! vers le RN au 2nd tour.

Mais les cadres qui ont quitté le navire de Marine Le Pen,"on ne leur pardonnera jamais. Ils peuvent taper à la porte, on a changé les serrures", glissait l'eurodéputé RN Jean-Lin Lacapelle fin mars.

Quel avenir pour le parti d'Eric Zemmour qui revendique plus de 120.000 adhérents ? Le jeune mouvement a rendez-vous dès juin pour des législatives délicates. Eric Zemmour a lâché du bout des lèvres une possible candidature, sans préciser où. 


Mayotte provoque des frictions entre extrêmes droites française et allemande

Marine Le Pen (au centre), candidate du Rassemblement national (RN) à l'élection présidentielle française de 2022, pose avec des sympathisants lors d'une visite de campagne sur la place Mamoudzou à Mayotte, le 18 décembre 2021. (Photo Ali Al-Daher AFP)
Marine Le Pen (au centre), candidate du Rassemblement national (RN) à l'élection présidentielle française de 2022, pose avec des sympathisants lors d'une visite de campagne sur la place Mamoudzou à Mayotte, le 18 décembre 2021. (Photo Ali Al-Daher AFP)
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  • Dans une question écrite au Bundestag cette semaine, l'AfD a appelé le gouvernement fédéral «à prendre position sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte aux Comores
  • «L’AfD ferait mieux de s'occuper des problèmes de l’Allemagne et je suis fâchée de cette situation», a déclaré la cheffe de file du Rassemblement national (RN)

MAMOUDZOU, France : La dirigeante d'extrême droite française Marine Le Pen, en visite à Mayotte samedi, s'est dite «fâchée» contre son allié allemand au Parlement européen, l'AfD, qui «ferait mieux de s'occuper des problèmes de l'Allemagne» au lieu de questionner l'appartenance à la France de cet archipel de l'océan Indien.

Dans une question écrite au Bundestag cette semaine, l'AfD (Alternative für Deutschland) a appelé le gouvernement fédéral «à prendre position sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte à l'Union des Comores».

«L’AfD ferait mieux de s'occuper des problèmes de l’Allemagne et je suis fâchée de cette situation», a déclaré la cheffe de file du Rassemblement national (RN). «Je vais leur expliquer la raison pour laquelle les Mahorais ont par trois fois déjà exprimé leur souhait d'être Français».

Lors de la proclamation de l'indépendance des Comores, Mayotte a choisi de rester en France par deux référendums en 1974 et 1976. Un troisième référendum en 2009 a fait de Mayotte un département.

Un porte-parole de l'Afd, Matthias Moosdorf, a expliqué à l'AFP que son parti n'avait «pas imaginé que le RN serait contrarié par cette question» et que cette question visait l'ambivalence, selon l'Afd, pratiquée par le gouvernement allemand sur les référendums d'autodétermination, ce dernier ne reconnaissant pas le résultat de celui organisé en Crimée en 2014.

«Ce parallèle avec la Crimée est particulièrement maladroit», a jugé Mme Le Pen qui compte donner à ses alliés «quelques leçons de géopolitique».

Les relations entre les deux partis, qui siègent dans le même groupe «Identité et démocratie» au Parlement européen sont tendues depuis la révélation d'un projet secret d'expulsion massive d'étrangers et de citoyens allemands réputés non-intégrés si l'AfD arrivait au pouvoir.

L'affaire avait provoqué des manifestations d'ampleur contre l'extrême droite dans toute l'Allemagne. Et Mme Le Pen avait déclaré être «en total désaccord» avec cette idée.

Par ailleurs, sur les relations avec les Comores dont sont issus nombre d'immigrants arrivant sur Mayotte, Mme Le Pen a appelé à «siffler la fin de la récréation», les accusant de «vouloir récupérer Mayotte par la démographie».

Elle a évoqué des mesures de rétorsion comme le gel des avoirs des dirigeants comoriens ou la suppression de visas.


Expulsion vers l'Algérie d'un imam officiant en France

Un agent de sécurité se tient à l'entrée de la Grande Mosquée dans le quartier d'Empalot à Toulouse, le 23 juin 2018, lors de son inauguration après 13 ans de rénovation. (Photo Eric Cabanis AFP)
Un agent de sécurité se tient à l'entrée de la Grande Mosquée dans le quartier d'Empalot à Toulouse, le 23 juin 2018, lors de son inauguration après 13 ans de rénovation. (Photo Eric Cabanis AFP)
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  • Mohamed Tataïat était arrivé en France en 1985 comme imam détaché algérien
  • Il a été expulsé vendredi soir vers l'Algérie, après sa condamnation définitive pour provocation à la haine et à la violence envers la communauté juive, ont annoncé les autorités

PARIS : L'imam de nationalité algérienne, Mohamed Tataïat, qui officiait à Toulouse dans le sud de la France, a été expulsé vendredi soir vers l'Algérie, après sa condamnation définitive pour provocation à la haine et à la violence envers la communauté juive, ont annoncé les autorités.

Dans un message posté sur le réseau social X, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a fait valoir qu'«une nouvelle fois, la loi immigration (avait permis) d'expulser dans son pays d'origine en moins de 24 heures un +imam+ de Toulouse, prêcheur de haine et condamné par la justice».

L'un des avocats de l'imam a dénoncé une «expulsion manu militari». «Il n'y avait pas d'urgence, il est sur le territoire français depuis 40 ans, il a des enfants, il travaille, il n'a pas fait parler de lui depuis sept ans, et là il se retrouve dans un avion en direction de l'Algérie», a réagi auprès de l'AFP Me Jean Iglesis.

Une audience pour examiner une requête en référé des avocats de l'imam à l'encontre de cet arrêté d'expulsion était prévue lundi au tribunal administratif de Paris, a ajouté Me Iglesis.

«Ce qui se passe est d'une certaine gravité (...) C'est une défiance à l'égard de la défense et de l'autorité judiciaire», a poursuivi le conseil de l'imam, affirmant notamment qu'il n'avait pas pu avoir accès à son client lorsqu'il était en instance d'expulsion à l'aéroport de Toulouse.

Mohamed Tataïat était arrivé en France en 1985 comme imam détaché algérien. Il avait rejoint Toulouse deux ans plus tard pour exercer au sein de la mosquée du quartier Empalot.

En juin 2018, le préfet du département de Haute-Garonne avait signalé des propos tenus lors d'un prêche le 15 décembre à la mosquée En Nour, caractérisant, selon lui, «une provocation à la haine et à la discrimination à l'égard des juifs».

Le 31 août 2022, l'imam avait été condamné par la cour d'appel de Toulouse à 4 mois de prison avec sursis pour ce prêche.

Le 19 décembre dernier, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de M. Tataïat, rendant ainsi sa condamnation définitive.

Le 5 dernier avril, le ministre de l'Intérieur avait signé son arrêté d'expulsion.


Consulat d'Iran à Paris: un homme interpellé après une alerte

La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
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  • En réalité, aucun explosif n'a été retrouvé «ni dans les locaux du consulat, ni dans le véhicule» du suspect, a annoncé la Préfecture de police de Paris, après l'interventionde la BRI (brigade de recherche et d'intervention)
  • «Selon les premiers éléments, il s'agit d'un homme né en 1963 en Iran», a poursuivi le parquet, ajoutant qu'il était sorti de lui-même du consulat

PARIS: Un homme a été interpellé vendredi après une alerte lancée par le consulat d'Iran à Paris. Un individu aurait été vu dans ses locaux "porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", selon l'intitution.
En réalité, aucun explosif n'a été retrouvé "ni dans les locaux du consulat, ni dans le véhicule" du suspect, a annoncé la Préfecture de police de Paris, après l'interventionde la BRI (brigade de recherche et d'intervention), une unité d'élite de la police
Le parquet de Paris a également affirmé à l'AFP qu'"aucune matière explosive" n'avait été retrouvée "à ce stade, ni sur lui, ni sur place".
"Selon les premiers éléments, il s'agit d'un homme né en 1963 en Iran", a poursuivi le parquet, ajoutant qu'il était sorti "de lui-même" du consulat et qu'il "aurait proféré des menaces de passage à l'acte violent".
"Les vérifications et comptes-rendus se poursuivent afin de préciser la situation judiciaire", selon la même source.
L'affaire avait débuté vers "11H00" avec le signalement d'un homme qui "aurait été aperçu par un seul témoin entrant dans le consulat, rue de Fresnel, porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", avait rapporté un peu auparavant la PP à l'AFP.
En début d'après-midi un périmètre de sécurité avait été mis en place tout autour du consulat, situé dans le 16e arrondissement de Paris près du Trocadéro.
Le trafic sur les lignes de métro 9 et 6 desservant la station Trocadéro, la plus proche du consulat d'Iran, a été interrompu, pour des raisons de sécurité, comme l'a annoncé la RATP sur X.
Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a mobilisé, outre la BRI, d'importantes forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Le préfet répondait à une "demande d'intervention" du consulat.
Le consulat et l'ambassade d'Iran partagent le même bâtiment, mais ont des entrées différentes: le 4 avenue d'Iena pour l'ambassade et le 16 rue Fresnel pour le consulat.
Après l'interpellation du suspect, le dispositif sécuritaire était toujours bien en place et une vingtaine de journalistes étaient présents, notamment des journalistes étrangers, selon le journaliste de l'AFP.
Deux camions de police bloquaient le croisement de la rue de la Manutention et de la rue Fresnel où se trouve le consulat d’Iran.
La France a relevé son dispositif Vigipirate en urgence attentat, son plus haut niveau, après l'attentat survenu en mars à Moscou dans une salle de spectacle.