Aux Etats-Unis, face à l'explosion des loyers, des locataires se battent

Des manifestants et des locataires menacés d'expulsion tiennent des pancartes alors qu'ils assistent à un rassemblement contre la société Greenbrook Partners, financée par des capitaux privés, accusée d'avoir augmenté les loyers de façon spectaculaire, à Brooklyn, New York, le 15 octobre 2021. (AFP)
Des manifestants et des locataires menacés d'expulsion tiennent des pancartes alors qu'ils assistent à un rassemblement contre la société Greenbrook Partners, financée par des capitaux privés, accusée d'avoir augmenté les loyers de façon spectaculaire, à Brooklyn, New York, le 15 octobre 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 08 mai 2022

Aux Etats-Unis, face à l'explosion des loyers, des locataires se battent

  • Le groupe Greenbrook a été l'un des acteurs mis à l'index lors d'un événement organisé en février par les démocrates du Sénat
  • Des experts du logement ont souligné que, sur les documents officiels de propriété, ces groupes changeaient souvent de sociétés-écrans ou de filiales ce qui entrave leur responsabilité vis-à-vis des locataires

NEW YORK : A chaque début de mois, Anh-Thu Nguyen et ses deux colocataires envoient leurs chèques de loyer pour leur appartement new-yorkais à leur propriétaire. Mais quelques jours plus tard, ces chèques leur reviennent par la poste.

Cet étrange rituel a commencé en mars 2021 avec le rachat de l'immeuble de Brooklyn où loge Anh-Thu Nguyen, par la société immobilière Greenbrook Partners qui a sommé les locataires de partir avant le 30 juin. 

Certains voisins ont déménagé, mais Anh-Tu Nguyen et les locataires de quatre autres appartements poursuivent en justice Greenbrook, l'une des nombreuses sociétés de logements locatifs soutenues par des investisseurs, qui ont fini par attirer l'attention du Congrès.

"Nous devons riposter", affirme Anh-Thu Nguyen qui a aidé les locataires d'autres immeubles de Greenbrook à s'organiser. Le groupe immobilier compte plus de 150 propriétés à Brooklyn et dans le Queens, la plupart achetées pendant la pandémie.

"C'est ma maison depuis plus de 13 ans. C'est une communauté merveilleuse, j'en fais activement partie et je veux rester ici. Et c'est aussi la bonne chose à faire", plaide-t-elle.

Anh-Thu Nguyen et d'autres locataires militants soutiennent ainsi un projet de loi de protection des locataires, en attente devant le Parlement de l'Etat de New York.

Maximiser les profits

Ce bras de fer intervient alors que la hausse des loyers s'ajoute à la poussée historique de l'inflation, accompagnée d'histoires cauchemardesques de propriétaires dans la partie non réglementée du marché locatif de New York, imposant des augmentations de 30% ou plus.

"Le marché a rebondi et cela a entraîné des hausses de loyers et des renouvellements de baux très lourds pour les locataires", a déclaré Charles McNally, directeur des affaires extérieures au Furman Center, un organisme de recherche sur les politiques urbaines de l'Université de New York.

Le groupe Greenbrook a été l'un des acteurs mis à l'index lors d'un événement organisé en février par les démocrates du Sénat. Mme Nguyen s'y est décrite comme une "locataire sous-optimale" aux yeux d'entreprises comme Greenbrook.

"Leur objectif est de maximiser les profits, pas la stabilité qui accompagne un locataire à long terme", a-t-elle déclaré devant un panel en racontant sa consternation d'avoir été sommée de quitter son appartement pendant l'épidémie de Covid-19. 

Des experts du logement ont souligné que, sur les documents officiels de propriété, ces groupes changeaient souvent de sociétés-écrans ou de filiales ce qui entrave leur responsabilité vis-à-vis des locataires.

Ils ont également accusé certaines de ces entreprises de cibler traditionnellement des zones d'habitation où la valeur des maisons a fortement augmenté. 

De leur côté, les avocats des sociétés de location affirment que les restrictions imposées aux propriétaires peuvent décourager les investissements nécessaires et que l'industrie est le bouc émissaire du problème de l'accès au logement, une question complexe impliquant de nombreux facteurs. 

Nombreux sont les reportages récents témoignant de ce genre d'évolution dans des villes de la "Sun Belt" (les Etats du Sud) comme Atlanta (Géorgie) ou Jacksonville (Floride) où ces investisseurs locatifs soutenus par Wall Street raflent le stock de logements disponibles, sans laisser de chance aux primo-accédants.

Dans l'une des mesures gouvernementales les plus concrètes prises contre un de ces promoteurs, l'Etat du Minnesota a poursuivi en février une société d'investissement new-yorkaise active dans la location de maisons unifamiliales.

Il l'a accusée de négligence et de violation de l'interdiction des expulsions pendant le Covid-19. L'entreprise et ses affiliés ont demandé au tribunal de rejeter l'affaire.

Expulsion «pour une bonne cause»

Pour leur part, les locataires de Greenbrook ont également obtenu le soutien d'éminents politiciens new-yorkais, notamment le chef de la majorité au Sénat Chuck Schumer et le sénateur d'Etat Jabari Brisport qui a dirigé un rassemblement le mois dernier lors duquel Greenbrook a été hué. 

"Battez-vous, battez-vous, battez-vous! Le logement est un droit humain", ont scandé les manifestants  en faveur de la législation sur les "expulsions pour une bonne cause", qui limiterait celles-ci aux cas où les locataires ne paient pas de loyer ou violent les règlements de façon flagrante.

Le projet de loi limiterait également les augmentations de loyer des appartements avec des baux basés sur les prix du marché.

La législation est contestée par de nombreux acteurs de l'immobilier, y compris Bryan Liff, qui a choisi de céder deux appartements plutôt que de courir le risque de devoir les louer avec une législation qui limiterait les expulsions.

"Je ne suis pas prêt à prendre le risque que l'Etat brade notre propriété", a déclaré cet ingénieur informaticien qui possède aussi un immeuble de huit appartements à Harlem.

La manifestation s'est tenue à Brooklyn devant la maison d'Aneta Molenda, une locataire elle aussi dans l'incertitude de garder son bail, après avoir combattu une augmentation de loyer de 50% imposée par Greenbrook.

"Je me sens incroyablement précaire dans ma situation de logement", a-t-elle témoigné à l'AFP.

Greenbrook Partners s'est refusé à tout commentaire et n'a pas répondu aux multiples questions de l'AFP. 


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Short Url
  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.