Libye: combats à Tripoli après un coup de force du gouvernement rival

M. Bachagha, investi par le Parlement en mars, entendait par ce coup de force inattendu prendre ses fonctions à Tripoli en dépit du refus de l'exécutif actuel, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, de céder le pouvoir avant la tenue d'élections. (AFP)
M. Bachagha, investi par le Parlement en mars, entendait par ce coup de force inattendu prendre ses fonctions à Tripoli en dépit du refus de l'exécutif actuel, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, de céder le pouvoir avant la tenue d'élections. (AFP)
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Publié le Mardi 17 mai 2022

Libye: combats à Tripoli après un coup de force du gouvernement rival

  • Les combats entre milices rivales ont débuté dans la nuit après l'arrivée à Tripoli du Premier ministre désigné par le Parlement, accompagné de plusieurs ministres
  • Dans un discours en soirée, M. Dbeibah a fustigé l'action de son rival, qu'il a qualifiée de «suicide politique» qui signe «l'acte de décès» du projet prôné par Bachagha et ses alliés

TRIPOLI: Le gouvernement de Tripoli a mis en échec mardi une tentative d'un Premier ministre rival soutenu par l'homme fort de l'Est Khalifa Haftar de s'emparer du pouvoir dans la capitale libyenne, au prix de plusieurs heures de combats entre groupes armés.


Ces affrontements, d'une ampleur sans précédent à Tripoli depuis l'échec en juin 2020 de la tentative du maréchal Haftar de conquérir militairement la capitale la force, sont symptomatiques du chaos auquel la Libye est en proie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.


Les combats entre milices rivales ont débuté dans la nuit après l'arrivée à Tripoli (ouest) du Premier ministre désigné par le Parlement siégeant dans l'est du pays, Fathi Bachagha, accompagné de plusieurs ministres, selon un correspondant de l'AFP sur place.


Après plusieurs heures d'échange de tirs, le service de presse de M. Bachagha a indiqué dans un communiqué que ce dernier et ses ministres avaient "quitté Tripoli pour préserver la sécurité (...) des citoyens". 


M. Bachagha, investi par le Parlement en mars, entendait par ce coup de force inattendu prendre ses fonctions à Tripoli en dépit du refus de l'exécutif actuel, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, de céder le pouvoir avant la tenue d'élections.  


Le scrutin initialement prévu en décembre a été reporté sine die.


Dans un discours en soirée, M. Dbeibah a fustigé l'action de son rival, qu'il a qualifiée de "suicide politique" qui signe "l'acte de décès" du projet prôné par Bachagha et ses alliés. 


"Le gouvernement continuera d'exercer ses fonctions en tant que seule entité à même de garantir la tenue d'élections", a ajouté M. Dbeibah, en rassurant les chancelleries sur "la situation sécuritaire stable à Tripoli".


Peu avant son discours, M. Dbeibah a limogé le chef du renseignement militaire Oussama Jouili, sans en avancer de raison pour cette éviction.

«Très grave»
Dans la région de Tripoli, les deux camps rivaux disposent du soutien de groupes armés encore très influents dans l'ouest du pays, mais aux allégeances mouvantes. "Al Nawasi", une importante milice de la capitale, a apporté son soutien à M. Bachagha.


Selon des médias libyens, le départ de M. Bachagha de la capitale a été décidé lors d'une médiation menée par une brigade de l'armée loyale au gouvernement de Tripoli.


Lors d'une conférence de presse à Syrte (centre), M. Bachagha s'est défendu de tout recours à la force, assurant avoir quitté la capitale "pour préserver les vies humaines".


Il a imputé la responsabilité des combats à son rival en l'accusant de faire appel à des milices et affirmé que l'un de ses partisans avait été tué dans les affrontements.


Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit s'est dit "très inquiet", appelant au respect du cessez-le-feu pour "éviter le déclenchement d'une nouvelle vague de violences" en Libye.


La conseillère spéciale du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Stephanie Williams, a appelé à la "retenue", en soulignant "sur la nécessité absolue de s'abstenir de toute action provocatrice".


Les Etats-Unis se sont dits "très préoccupés" par les affrontements armés à Tripoli.


Et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déploré une situation "devenue très grave ces dernières heures". "Tôt ou tard, quand il y a deux gouvernements, ils s'affrontent."


Après que les armes se sont tues, le gouvernement basé à Tripoli a déclaré qu'il allait "traquer" tous ceux impliqués dans cet "acte lâche".

Blocus pétrolier 
Depuis 2011, la Libye, vaste pays de sept millions d'habitants, est minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest et par l'insécurité. 


La production pétrolière, principale source de revenus du pays, est otage des divisions politiques, avec une vague de fermetures forcées de sites pétroliers ces dernières semaines.


Considérés comme proches du camp de l'Est, les groupes à l'origine des blocages réclament le transfert du pouvoir à M. Bachagha ainsi qu'une meilleure répartition des revenus pétroliers.


Entre 2014 et 2021, le pays s'était déjà retrouvé avec deux gouvernements rivaux dans l'Est et l'Ouest.


Mais cette fois-ci, M. Bachagha, lui-même un poids lourd de l'Ouest, a choisi de nouer des alliances avec des figures de l'Est, Khalifa Haftar et le président du Parlement basé à Tobrouk, Aguila Saleh, au nom de la "réconciliation nationale".


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
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  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com