Gérer les stocks, le nouveau casse-tête des entreprises américaines

Des traders travaillent sur le parquet de la Bourse de New York pendant les échanges de l'après-midi, le 29 mai 2013 à New York. (Mario Tama/Getty Images/AFP)
Des traders travaillent sur le parquet de la Bourse de New York pendant les échanges de l'après-midi, le 29 mai 2013 à New York. (Mario Tama/Getty Images/AFP)
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Publié le Dimanche 05 juin 2022

Gérer les stocks, le nouveau casse-tête des entreprises américaines

  • Les consommateurs américains, confinés chez eux par la pandémie et aidés financièrement par le gouvernement, se sont mis à acheter beaucoup plus de biens dès 2020
  • La chaîne d'approvisionnement n'a pas suivi et les entreprises ont pendant des mois dû gérer la pénurie de certains articles ou la congestion dans les ports

NEW YORK : Des livraisons qui arrivent en retard, des produits qui ne trouvent plus preneurs, une incertitude grandissante sur l'économie: pour les entreprises américaines, petites ou grandes, gérer les stocks après deux ans de consommation complètement chamboulée par la pandémie est devenu un exercice délicat.

"On a bien trop d'inventaires en ce moment", constate Ginny Pasqualone de Sparkledots, une petite société qui fabrique des vêtements pour enfants.

"Il est important d'avoir une large sélection de marchandises pour répondre aux besoins" des commerçants, explique-t-elle à l'AFP.

Mais ces derniers s'inquiètent de voir leurs propres clients "ne plus venir dans leurs magasins car ils doivent consacrer plus d'argent à l'alimentation ou l'essence". Certains "redoutent de ne pas pouvoir survivre à une nouvelle récession" et ne commandent plus autant.

Sparkledots a suffisamment d'espace pour entreposer les marchandises mais tant qu'elles ne sont pas vendues, "je ne peux pas embaucher ou me rendre à un nouveau salon professionnel", remarque l'entrepreneuse qui emploie 18 salariés. "Cela sape notre croissance".

De grandes chaînes de magasins comme Walmart, Target ou Macy's, ont récemment reconnu avoir mal estimé les changements d'habitudes de leurs clients et se retrouvent avec des surplus de produits électroménagers, de vêtements décontractés ou de vélos.

Sans précédent

Certains distributeurs de cycles "ont acheté tout ce qu'ils pouvaient comme si la demande pour les vélos allait rester à un niveau sans précédent", observe Wayne Sosin de Worksman Cycles, une société basée à New York qui s'est fait un nom avec ses tricycles à chariot. Mais "il était évident que (cela) ne pouvait pas durer".

Ceci dit, ajoute M. Sosin, la demande pour certains modèles comme les vélos électriques "demeure solide", et avec une chaîne d'approvisionnement toujours fragile, "il reste difficile de trouver certaines pièces".

Les consommateurs américains, confinés chez eux par la pandémie et aidés financièrement par le gouvernement, se sont mis à acheter beaucoup plus de biens dès 2020.

La chaîne d'approvisionnement n'a pas suivi et les entreprises ont pendant des mois dû gérer la pénurie de certains articles ou la congestion dans les ports.

"Elles ont, d'une part, dû s'adapter à l'idée qu'elles ne pouvaient plus compter sur un approvisionnement immédiat leur permettant d'avoir des stocks limités", remarque Phil Levy, économiste pour la société de transports Flexport.

Elles ont parallèlement dû se demander "dans quelle mesure la forte augmentation de la demande pour les biens était permanente", ajoute-t-il.

Les entreprises font généralement leurs prévisions en se basant sur les tendances passées, rappelle-t-il. Mais "on n'a pas de données sur le comportement des consommateurs lors des cinq dernières pandémies".

Plus de promotions

La chaîne de supermarchés Target, par exemple, avait bien prévu que la demande pour les articles de maison et les vêtements allait ralentir à la faveur de dépenses pour les services.

Mais "on n'avait pas anticipé la magnitude du revirement", a reconnu son patron, Brian Cornell, lors d'une conférence téléphonique fin mai.

Résultat: le groupe s'est retrouvé avec bien plus d'électroménagers, de télés et de meubles de jardin que prévu.

Les grands magasins Macy's n'avaient, eux, pas bien évalué la chute de 20% des ventes de vêtements décontractés, de sport ou de linge de maison entre fin 2020 et début 2021, a admis le patron, Jeffrey Gennette, lors de la publication des derniers résultats.

"Simultanément, les contraintes dans la chaîne d'approvisionnement se sont détendues, et on a reçu plus de marchandises que prévu", a-t-il remarqué.

Pour gérer ces surplus, les stratégies divergent.

Plutôt que d'entasser les articles dans les magasins, Target a cherché des espaces de stockage temporaires. Des articles plus sensibles aux tendances ont été abandonnés.

D'autres misent sur les réductions, à l'instar de la chaîne de magasins de vêtements Urban Outfitters dont le patron, Richard Hayne, anticipait fin mai "une augmentation des opérations promotionnelles non seulement au deuxième trimestre, mais tout au long de l'année".

L'évolution de la consommation "reste imprévisible", estime Brian Yarbrough, spécialiste de la distribution pour la société Edward Jones.

Avec le retour aux voyages et aux sorties, et avec l'inflation qui s'installe, les habitudes ont changé. Mais les Américains continuent pour l'instant à dépenser, remarque-t-il.

Et pour les entreprises qui veulent déjà s'assurer d'avoir des articles dans les rayons à l'automne, le temps de transport maritime entre l'Asie et les Etats-Unis va-t-il s'améliorer ou empirer? Va-t-il être aggravé par une possible grève des dockers du port de Los Angeles? "On ne sait tout simplement pas", note Phil Levy.


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
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  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.


Alistithmar Capital et Ezdihar Real Estate s'associent pour lancer un fonds de développement immobilier de 293 millions de dollars

Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
Khalid bin Abdulaziz Al-Rayes , PDG d'Investment Capital, et Abdul Mohsen bin Fawaz Al Hokair, PDG d'Izdihar Real Estate Development Co. (Fournie)
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  • 'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs immobiliers
  • e partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs

RIYADH : La société saoudienne Alistithmar Capital s'associe à Ezdihar Real Estate Development Co pour créer un fonds immobilier de 1,1 milliard de SR (293 millions de dollars), ce qui profitera au paysage commercial et de bureaux de Riyad.

Dans un communiqué, Alistithmar Capital, la filiale d'investissement de la Saudi Investment Bank, a annoncé que l'objectif est de stimuler la croissance du capital des investisseurs en obtenant des droits d'usufruit sur une parcelle de 103 000 m² dans les locaux de l'Université du Roi Saoud sur la route Prince Turki Al-Awwal à Riyad, afin de développer le terrain en un complexe de bureaux commerciaux générant des revenus.

Le PDG de la société, Khalid Al-Rayes, a déclaré que le partenariat avec Ezdihar vise à poursuivre des objectifs communs dans le domaine de l'immobilier et à offrir aux investisseurs des opportunités adaptées à leurs objectifs et à l'évolution du paysage immobilier.

Il a ajouté que son organisation se consacre à offrir des perspectives d'investissement de haute qualité aux investisseurs immobiliers grâce à des fonds méticuleusement structurés et adaptés aux exigences de chaque projet. Cette approche garantit des avantages maximaux et des retours sur investissement optimaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com