Stade de France: un rapport gouvernemental pointe les dysfonctionnements, Borne veut « tirer toutes les leçons»

Sur cette photo prise le 28 mai 2022, les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match de football final de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris. (AFP)
Sur cette photo prise le 28 mai 2022, les supporters de Liverpool se tiennent à l'extérieur, incapables d'entrer à temps, ce qui a retardé le match de football final de l'UEFA Champions League entre Liverpool et le Real Madrid au Stade de France à Saint-Denis, au nord de Paris. (AFP)
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Publié le Samedi 11 juin 2022

Stade de France: un rapport gouvernemental pointe les dysfonctionnements, Borne veut « tirer toutes les leçons»

  • A deux ans des JO, le rapport recommande la mise en place d'une instance de pilotage nationale pour des événements sportifs internationaux d’intérêt majeur
  • Évoquant une «embolie» et une «rupture» du dispositif de contrôle et de sécurité, le rapport juge que «les organisateurs et la police ont subi» la situation de crise et pointe des «problèmes d'exécution»

PARIS : Une "atteinte à l'image de la France": un premier rapport gouvernemental pointe vendredi les dysfonctionnements au sein de la police comme chez les organisateurs ayant mené au fiasco de la finale de Ligue des champions au Stade de France, dont Elisabeth Borne entend "tirer toutes les leçons".

Après les scènes de chaos du 28 mai, le délégué interministériel aux JO et aux grands évènements, Michel Cadot, déplore dans ce rapport remis dans la matinée à la Première ministre des "interrogations de la part d'observateurs extérieurs sur la capacité de notre pays à livrer et à réussir les grands événements sportifs dont nous aurons prochainement la responsabilité".

A 777 jours du coup d'envoi des JO à Paris, Elisabeth Borne a chargé le ministre de l'Intérieur et la ministre des Sports de "mettre en œuvre sans délai" les recommandations de ce rapport, a indiqué Matignon dans un communiqué.

Elle a par ailleurs dit vouloir "tirer toutes les leçons de ce qui s'est passé", en marge d'une visite dans le Calvados où elle est candidate aux législatives.

Le préfet Cadot plaide en priorité pour la mise en place d'une instance de pilotage nationale pour tous les événements sportifs internationaux d'intérêt majeur, sur le modèle de celui déjà en place pour les JO-2024.

Le document de 30 pages revient par ailleurs sur le déroulé de la soirée, de la préparation "en 3 mois au lieu de 18", à l'arrivée mal "signalisée" des supporters en transports, jusqu'à l’embolie aux "points de pré-filtrages", combinée à un phénomène de "délinquance d'opportunité" aux abords du stade.

Spectateurs sans billets qui escaladent les grilles, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes, d'autres victimes de vols ou d'agressions: des scènes de chaos avaient précédé et suivi le match Real Madrid-Liverpool, dont l'organisation avait été confiée à la France en remplacement de Saint-Pétersbourg après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Le parquet de Bobigny a annoncé vendredi avoir ouvert une enquête pour "vols, vols aggravés et violences aggravées" pour traiter les plaintes formulées par les supporters étrangers victimes d'infractions.

«Afflux mal maîtrisé»

Pour le délégué interministériel, l'élément déclencheur de la crise reste l'"afflux mal maitrisé du public excédentaire, sans billets ou avec des faux billets, dans des proportions inédites".

Mais M. Cadot appelle à "relativiser" la version du ministre de l'Intérieur qui avait évoqué dans un premier temps jusqu'à 40.000 supporters anglais sans billet valide aux abords du stade.

Le rapport conclut que "les organisateurs et la police ont subi" pendant toute la soirée la situation de crise et pointe des "problèmes d'exécution" dans le dispositif du maintien de l'ordre.

Il est clairement fait allusion, au manque "d'agilité" et d'adaptation du dispositif de 1.300 membres des forces de l'ordre alors que la situation devenait de plus en plus problématique, notamment sur la gestion des flux de spectateurs perturbée par la grève du RER B.

Vidéosurveillance

Dans un contexte franco-britannique très tendu, la polémique a pris un nouveau tour après l'annonce jeudi par la Fédération française de football (FFF) que les images de vidéosurveillance du Stade de France avaient été détruites au bout de sept jours, faute d'une réquisition de la justice.

"On essaie de voir s'il est possible de restaurer les images" de l'opérateur du Stade de France, a précisé vendredi Elisabeth Borne.

La préfecture de police a, elle, indiqué disposer toujours des siennes. La police chargée d’enquêter sur le volet des faux billets a envoyé une réquisition au Stade de France pour les récupérer, a appris vendredi l'AFP de source policière.

"S'il advenait que l'on découvre que volontairement, il n'a pas été collecté, conservé ces images, alors là évidemment les choses prendraient une autre ampleur, beaucoup plus grave", a réagi sur BFMTV François-Noël Buffet, président LR de la Commission des lois du Sénat, assurant que "les choses ne s'arrêteront pas".

Les images de vidéosurveillance prises par la RATP le jour de la finale ont elles été automatiquement écrasées au bout de 72 heures en l'absence de "réquisition judiciaire", alors que la SNCF a conservé les siennes, ont indiqué les entreprises.

Elles seront auditionnées la semaine prochaine par le Sénat.


Tollé autour de l'interdiction d'une réunion de la droite nationaliste à Bruxelles

Des militants antifascistes manifestent devant le lieu où s'est tenue la conférence nationale sur le conservatisme "NatCon" réunissant des politiciens de droite dure, le 16 avril 2024 à Bruxelles, avant que les autorités n'ordonnent sa fermeture, après qu'elle ait été prise pour cible par des manifestants en ligne. (Photo Simon Wohlfahrt AFP)
Des militants antifascistes manifestent devant le lieu où s'est tenue la conférence nationale sur le conservatisme "NatCon" réunissant des politiciens de droite dure, le 16 avril 2024 à Bruxelles, avant que les autorités n'ordonnent sa fermeture, après qu'elle ait été prise pour cible par des manifestants en ligne. (Photo Simon Wohlfahrt AFP)
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  • Vers 15H30 locales (13H30 GMT), Eric Zemmour a été confronté à un cordon de police lorsqu'il a voulu accéder à la salle, à Saint-Josse
  • «On est vraiment dans le registre du communisme à l'ancienne, en gros si tu n'es pas d'accord avec moi tu dois être interdit», a fustigé l'une des principales têtes d'affiche de la réunion, Nigel Farage, champion du Brexit

BRUXELLES, Belgique : Les autorités bruxelloises ont ordonné mardi l'interruption d'une réunion controversée de représentants de la droite nationaliste, parmi lesquels Eric Zemmour et Nigel Farage, une décision dénoncée comme une atteinte à la liberté d'expression par plusieurs chefs de gouvernement européens.

«L'autonomie communale est une pierre angulaire de notre démocratie mais ne peut jamais l'emporter sur la Constitution belge, qui garantit la liberté d'expression et de réunion pacifique depuis 1830», a souligné le chef du gouvernement belge Alexander De Croo sur le réseau X.

Le dirigeant libéral flamand a jugé «inacceptable» la décision du bourgmestre de la commune bruxelloise de Saint-Josse, l'élu socialiste Emir Kir, d'interdire au bout de quelques heures cette réunion ouverte mardi matin.

Même tonalité chez le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a qualifié la décision d'«extrêmement inquiétante».

«Cela nous laisse incrédules et consternés», a déclaré de son côté l'Italienne Giorgia Meloni, cheffe d'un gouvernement ultra-conservateur.

«On est vraiment dans le registre du communisme à l'ancienne, en gros si tu n'es pas d'accord avec moi tu dois être interdit», a fustigé pour sa part l'une des principales têtes d'affiche de la réunion, Nigel Farage, champion du Brexit.

Le Britannique comptait parmi les orateurs de la matinée, au moment où la police bruxelloise a notifié aux organisateurs de la «National Conservatism Conference» (NatCon) son interdiction en raison d'un risque de trouble à l'ordre public.

Il faut «garantir la sécurité publique» et «l'extrême-droite n'est pas la bienvenue», a justifié Emir Kir sur sa page Facebook, alors que des militants antifascistes promettaient de manifester en fin de journée sur les lieux de la conférence.

A quelques semaines des élections européennes, plusieurs centaines de responsables nationalistes et conservateurs eurosceptiques, dont de nombreux eurodéputés, participaient à la «NatCon» au premier des deux jours prévus pour les débats, selon des journalistes de l'AFP.

Vers 15H30 locales (13H30 GMT), Eric Zemmour a été confronté à un cordon de police lorsqu'il a voulu accéder à la salle, à Saint-Josse.

Le polémiste français, entouré de caméras, a quitté les lieux après avoir qualifié l'Europe et Bruxelles de «fossoyeurs» de la liberté d'expression.

La police pourrait rester déployée sur place jusqu'à mercredi pour empêcher tout accès au bâtiment, les organisateurs n'excluant pas que la conférence puisse se poursuivre ailleurs pour son deuxième jour.

- «Invités à partir» -

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban était la tête d'affiche annoncée pour mercredi, alors qu'il doit aussi participer à Bruxelles à un sommet des dirigeants de l'UE.

Mardi, il a dénoncé des méthodes dignes à ses yeux de l'époque soviétique.

«La dernière fois qu'ils ont voulu me faire taire en envoyant la police, c'était en 1988 avec les Communistes», a écrit Viktor Orban sur X.

La «NatCon» s'était déjà heurtée ces derniers jours à deux annulations dans deux autres communes bruxelloises.

Mardi, l'arrêté d'interdiction du maire de Saint-Josse n'a pas été assorti d'une évacuation des lieux, et certains des participants étaient toujours sur place en fin de journée.

«Il y a un dialogue, on les a déjà invités plusieurs fois à partir, on ne sait pas ce qu'ils souhaitent faire», a déclaré à l'AFP une porte-parole de la police locale.

A moins de deux mois du renouvellement du Parlement européen (par un vote dans les 27 pays membres prévu entre le 6 et le 9 juin), ce rassemblement nationaliste et eurosceptique intervient sur fond d'influence grandissante de cette famille politique dans de nombreux Etats européens.

Ces forces se partagent, au Parlement, en deux groupes politiques; d'un côté, les Conservateurs et réformistes européens (ECR) et de l'autre, Identité et démocratie (ID).

Certains experts prédisent que l'un d'eux pourrait, au lendemain du 9 juin, ravir la place de 3ème force politique du Parlement de Strasbourg derrière la droite pro-européenne (PPE) et les socialistes.


Un soutien mais pas inconditionnel, la délicate diplomatie de Paris vis-à-vis d'Israël

Le chef de l'armée, le général de corps d'armée Herzi Halevi (C), participe à une évaluation de la situation avec les membres du Forum de l'état-major général sur la base militaire de Kirya le 14 avril 2024(AFP)
Le chef de l'armée, le général de corps d'armée Herzi Halevi (C), participe à une évaluation de la situation avec les membres du Forum de l'état-major général sur la base militaire de Kirya le 14 avril 2024(AFP)
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  • En restant vague sur l'ampleur de son soutien à Israël contre l'Iran, la France a signalé sa volonté de ne pas apparaître comme un allié inconditionnel d'Israël, à la fois pour peser au Proche-Orient et ménager son opinion publique, décryptent des analyst
  • Le président Emmanuel Macron a, lui, confirmé lundi que la France avait procédé à "des interceptions" de missiles et drones iraniens, justifiant cette intervention par la présence d'une base aérienne française en Jordanie

PARIS : En restant vague sur l'ampleur de son soutien à Israël contre l'Iran, la France a signalé sa volonté de ne pas apparaître comme un allié inconditionnel d'Israël, à la fois pour peser au Proche-Orient et ménager son opinion publique, décryptent des analystes.

C'est le porte-parole de l'armée israélienne qui, dès dimanche, a fait savoir que la France était parmi les alliés d'Israël ayant contribué à neutraliser l'attaque iranienne survenue dans la nuit de samedi à dimanche. Ce que Londres et Washington ont rapidement reconnu.

Le président Emmanuel Macron a, lui, confirmé lundi que la France avait procédé à "des interceptions" de missiles et drones iraniens, justifiant cette intervention par la présence d'une base aérienne française en Jordanie dont l'espace aérien a été violé par les tirs iraniens.

Questionné dimanche sur le fait que les militaires français avaient bien défendu Israël, et sur un éventuel soutien de Paris à ce pays s'il ripostait contre l'Iran, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait, lui, botté en touche, insistant sur la volonté française de "désescalade".

Car la France, critiquée par moult pays arabes pour son soutien jugé trop appuyé à Israël après les attentats du 7 octobre - le président Macron avait notamment appelé à former une coalition internationale contre le Hamas -  s'efforce, depuis, d'apparaître équilibrée afin de maintenir ses aspirations à jouer un rôle de garant de la stabilité au Proche-Orient, affirment des analystes à l'AFP.

Paris fut ainsi le premier pays occidental à envoyer un bateau hôpital pour soigner des civils gazaouis au large de l'Egypte. La France procéda également très tôt, dès début janvier, à des largages d'aide sur Gaza.

- 'Gages' -

Elle n'a toutefois jamais condamné la frappe attribuée à Israël contre un consulat iranien en Syrie le 1er avril, qui a motivé l'attaque iranienne sur le sol israélien en réponse.

"Au fond, la position de la France est de soutenir Israël tout en donnant des gages aux pays arabes (...) pour essayer de maintenir ses liens avec la région", résume Agnès Levallois de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

Le 8 avril, Emmanuel Macron publiait une tribune commune avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II appelant à un cessez-le feu "immédiat" et une libération de "tous les otages" à Gaza, mettant aussi en garde Israël contre les "conséquences dangereuses" d'une offensive à Rafah.

Accusée "par les pays arabes et par certains politiques en France de soutenir Israël", "le souci du président Macron est de maintenir une position qu'il estime équilibrée", souligne Denis Bauchard, ancien directeur pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères.

- 'Nuance' -

Emmanuel Macron "ne possède pas une approche constante en matière de politique étrangère", estime de son côté Hasni Abidi, du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève, pour qui la position du chef de l'Etat français est "évolutive", "en fonction des circonstances".

Cette fois, le président a adopté une approche en deux temps.

Il a d'abord affirmé son soutien à Israël, se rangeant dans le camp occidental et mettant en avant une France disposée à défendre ses alliés avec en toile de fond "un message adressé aux États du Golfe, la Jordanie et l'Egypte, clients (en matière d'armements) traditionnels de la France", explique Hasni Abidi.

Puis il a fait montre de "nuance" et de "recul" pour aussi "se ménager une marge de manœuvre utile à la perception de son opinion interne et aux intérêts particuliers de la France", poursuit-il.

Car la diplomatie française au Proche-Orient est devenue particulièrement clivante depuis l'attaque sanglante du groupe islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre et la guerre d'Israël à Gaza qui a provoqué une situation humanitaire catastrophique.

Le 5 avril, une centaine de parlementaires de gauche avaient écrit à Emmanuel Macron pour lui demander "d'arrêter immédiatement toutes ventes d'armes (...) au gouvernement d'extrême droite de Netanyahu".

Lundi, des députés français de gauche radicale ont adressé un courrier au ministre des Armées Sébastien Lecornu pour lui demander des éclaircissements sur "le bien-fondé" de Paris à intercepter les missiles et drones iraniens.


Mayotte: nouvelle opération contre l'insécurité et l'immigration irrégulière

Un gendarme monte la garde lors d'une opération de sécurité dans le bidonville de Koungou, sur l'île de Mayotte, le 16 février 2024. (AFP)
Un gendarme monte la garde lors d'une opération de sécurité dans le bidonville de Koungou, sur l'île de Mayotte, le 16 février 2024. (AFP)
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  • Quelque 1 700 gendarmes, policiers et militaires doivent être engagés pour cette opération, baptisée «Mayotte place nette» et qui doit durer 11 semaines
  • Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération

PARIS: Une nouvelle opération contre l'insécurité, l'immigration irrégulière et l'habitat insalubre a été lancée mardi à Mayotte, archipel français de l'océan Indien, un an après le début d'une première intervention baptisée "Wuambushu", a annoncé le ministère français des Outre-mer.

Quelque 1.700 gendarmes, policiers et militaires doivent être engagés pour cette opération, baptisée "Mayotte place nette" et qui doit durer 11 semaines.

Dans le 101e département français -et le plus pauvre- une "centaine de renforts spécialisés (…), notamment des policiers aux frontières et des officiers de police judiciaire (...) vont nous aider à mener ce travail de précision", a souligné le ministère à l'AFP.

"On a 60 individus particulièrement recherchés et un objectif de 1.300 bangas (cases) à détruire, soit deux fois plus que ce qu’a permis de faire Wuambushu 1", a-t-il ajouté.

Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération.

En temps normal, 1.600 gendarmes et policiers sont déjà en poste sur ce territoire de 350.000 habitants, selon le ministère.

"Mayotte Place Nette" prend la suite de l’opération Wuambushu lancée au printemps 2023, qui visait déjà à lutter contre l'immigration illégale -largement venue des Comores voisines-, la délinquance et à détruire les cases insalubres organisées en bidonvilles, de plus en plus nombreux sur l’île.

Handicapée par des débuts chaotiques, Wuambushu n’avait pas eu les résultats escomptés.

Ces derniers jours ont été marqués par une recrudescence des violences à Mayotte, où les caillassages des automobilistes sont quotidiens, tout comme les affrontements entre bandes de jeunes de villages rivaux.

L'entreprise gestionnaire du réseau de transport scolaire a notamment évoqué un "record" de caillassages la semaine dernière.