WASHINGTON: Le Sri Lanka a fait des "paris stupides" en s'endettant auprès de la Chine, a affirmé mercredi le chef de la CIA pour expliquer, en partie, la crise actuelle sur l'île, affirmant qu'elle devait servir d'avertissement aux autres pays tentés par un tel rapprochement avec Pékin.
"Les Chinois ont beaucoup d'influence et ils peuvent rendre leurs investissements très attractifs", a estimé le patron de l'agence américaine de renseignement, Bill Burns, lors du Forum sur la sécurité d'Aspen, dans le Colorado.
Les autres pays devraient observer la situation "d'un pays comme le Sri Lanka aujourd'hui, fortement endetté envers la Chine, et qui a fait des paris vraiment stupides sur son avenir économique, subissant de ce fait des conséquences à la fois économiques et politiques catastrophiques", a-t-il analysé.
Bill Burns a ajouté que la crise au Sri Lanka devait servir de leçon, "non pas seulement au Moyen-Orient ou en Asie du Sud, mais autour du monde, sur le fait de garder les yeux ouverts à propos de ce genre de transactions".
La Chine a fortement investi au Sri Lanka, stratégiquement placé dans l'océan Indien juste au large de l'Inde, souvent considérée comme une rivale de Pékin. Elle a également collaboré étroitement avec le désormais ex-président Gotabaya Rajapaksa.
Ce dernier a démissionné la semaine dernière après avoir fui son pays ravagé par une crise économique qui provoque des pénuries d'aliments, de médicaments et de carburants.
Le Sri Lanka a fortement emprunté à la Chine pour des projets d'infrastructures, qui pour certains se sont avérés très onéreux et sans réelle utilité publique.
En 2017, le pays s'est retrouvé dans l'incapacité de rembourser un prêt d'1,4 milliard de dollars pour la construction d'un port dans le sud du Sri Lanka, et a été forcé céder le bail du site à une entreprise chinoise pour 99 ans.
Près du port se situe également l'aéroport Rajapaksa, construit grâce à un prêt de 200 millions de dollars de la Chine, mais dont la faible utilisation ne l'a pas permis à une époque d'être assez rentable pour couvrir sa facture d'électricité.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a aussi publiquement pointé du doigt le blocus de la Chine sur les céréales ukrainiennes comme un facteur contributif à la crise au Sri Lanka, soulignant la hausse importante des prix de l'alimentation.