Ukraine: La centrale de Zaporijjia déconnectée, mise en garde de Washington

La centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine (Photo, AFP).
La centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 26 août 2022

Ukraine: La centrale de Zaporijjia déconnectée, mise en garde de Washington

  • Les Etats-Unis mettant en garde la Russie contre un détournement de l'énergie
  • Vladimir Poutine a signé le même jour un décret ordonnant d'augmenter de 10% le nombre des militaires que compte l'armée

KIEV: La centrale nucléaire de Zaporijjia, en zone occupée dans le sud de l'Ukraine, a été "déconnectée" jeudi du réseau ukrainien, selon Kiev, les Etats-Unis mettant en garde la Russie contre un détournement de l'énergie produite qui serait "inacceptable".

Le président russe Vladimir Poutine a signé le même jour un décret ordonnant d'augmenter de 10% (+ 137.000 soldats) le nombre des militaires que compte l'armée, en pleine offensive contre l'Ukraine et sur fond de tensions croissantes avec les pays occidentaux.

Au centre de toutes les inquiétudes en raison de bombardements dont s'accusent mutuellement Russes et Ukrainiens, la centrale de Zaporijjia s'est trouvée "totalement déconnectée" du réseau après des dommages sur les lignes électriques causés par des incendies, a annoncé la compagnie d'Etat ukrainienne Energoatom.

Elle a précisé que les installations nucléaires restaient alimentées par la centrale thermique voisine.

Toute tentative russe de détourner l'énergie nucléaire ukrainienne serait inacceptable prévient Washington

"L'électricité qu'elle produit appartient de droit à l'Ukraine et toute tentative de déconnecter la centrale du réseau ukrainien pour rediriger (l'électricité) vers les régions occupées est inacceptable", a déclaré à la presse Vedant Patel, porte-parole du département d'Etat.

"Aucun pays ne devrait transformer une centrale nucléaire en champ de bataille, et nous nous opposons à toute action de la Russie visant à détourner l'énergie de la centrale ou s'en servir comme d'une arme", a-t-il ajouté.

Aux portes d'une catastrophe

"La Russie a mis les Ukrainiens, tout comme l'ensemble des Européens, aux portes d'une catastrophe nucléaire", a déclaré dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

"Les Ukrainiens doivent savoir que nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter un scénario catastrophe. Mais cela ne dépend pas que de nous", a-t-il fait valoir.

M. Zelensky a estimé que "la réaction de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) devrait être beaucoup plus rapide qu'elle ne l'est".

L'AIEA a dit avoir été "informée par l'Ukraine" de cette perte de connexion. "Mais (la centrale) est actuellement en marche", a-t-elle souligné, confirmant qu'elle "reste connectée" à partir de "la centrale thermique voisine qui peut fournir de l'électricité de secours".

"L'électricité qu'elle produit appartient de droit à l'Ukraine et toute tentative de déconnecter la centrale du réseau ukrainien pour rediriger (l'électricité) vers les régions occupées est inacceptable", a-t-elle martelé.

De son côté, le président américain Joe Biden s'est entretenu avec son homologue ukrainien pour lui renouveler son soutien à l'occasion de la fête nationale ukrainienne du 24 août.

"C'est un anniversaire doux-amer, mais j'ai dit clairement que les Etats-Unis continueraient à soutenir l'Ukraine et son peuple dans leur lutte pour leur souveraineté", a écrit M. Biden dans un tweet.

L'Ukraine a dénoncé jeudi le bombardement russe d'une gare qui a provoqué la veille selon elle la mort d'au moins 25 civils, Moscou affirmant de son côté avoir visé un train militaire et tué plus de 200 soldats.

Perpétrée le jour de la fête nationale ukrainienne, qui coïncidait avec le sixième mois de l'offensive déclenchée par la Russie le 24 février contre l'Ukraine, cette frappe sur la gare de Tchapliné, dans la région de Dnipropetrovsk (centre), a été dénoncée par le président Zelensky devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

"Nous allons faire en sorte que les agresseurs paient pour tout ce qu'ils ont fait. Et nous allons les chasser de notre terre", avait lancé mercredi soir M. Zelensky par vidéoconférence.

Après le Britannique Boris Johnson la veille, il a reçu jeudi à Kiev le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio.

Le bilan exact du bombardement restait à confirmer jeudi. Oleg Nikolenko, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a fait état sur Twitter de "25 civils tués à la suite d'un tir de missile" sur la gare, dénonçant le "terrorisme de Moscou".

Le parquet général ukrainien a de son côté indiqué que "10 civils avaient été tués, dont deux enfants de six et 11 ans, et 10 autres blessés, dont deux enfants" à la gare de Tchapliné et dans ses environs, laissant ouverte la possibilité que les autres victimes ne soient pas des civils.

Un train militaire

La Russie affirme quant à elle avoir frappé "un train militaire" en partance pour "les zones de combat" de l'est de l'Ukraine, l'objectif stratégique prioritaire de Moscou.

Un missile Iskander "a directement touché un train militaire dans la gare de Tchapliné (...), éliminant plus de 200 militaires de la réserve des forces armées ukrainiennes" ainsi que des équipements, a déclaré le ministère russe de la Défense.

Les opérations de recherche des survivants se poursuivaient jeudi à Tchapliné, a souligné le gouverneur de Dnipropetrovsk, Valentin Reznitchenko.

"On pensait depuis longtemps qu'il allait y avoir un bombardement. Mais on ne pensait pas qu'ils allaient bombarder des civils", se désole Anatoliï, la soixantaine, devant sa maison dévastée.

Selon l'état-major de l'armée ukrainienne, celle-ci "a repoussé une attaque près de Dolyna et de Dmytrivka", dans la région de Donetsk (est).

"L'occupant a essayé d'avancer près de Kodema (est) et Bakhmout (est), lançant des assauts, subissant des pertes, puis battant en retraite", a-t-il ajouté.

Depuis le retrait des troupes russes des environs de Kiev fin mars, l'essentiel des affrontements s'est concentré dans l'est, où elles ont progressé très lentement avant que le front ne se fige, et dans le sud, où les Ukrainiens disent mener une contre-offensive, également très lente.

La Russie continue cependant de frapper régulièrement d'autres régions avec des missiles de longue portée, même si la capitale et ses environs sont rarement touchés.


Pedro Sánchez pense à démissionner après l'ouverture d'une enquête contre son épouse

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
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  • Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia
  • Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a annoncé mercredi, dans une lettre publiée sur X, "réfléchir" à une éventuelle démission après l'annonce de l'ouverture d'une enquête contre son épouse pour trafic d'influence et corruption.

"J'ai besoin de m'arrêter et de réfléchir" afin de décider "si je dois continuer à être à la tête du gouvernement ou si je dois renoncer à cet honneur", a-t-il écrit, indiquant qu'il annoncerait sa décision lundi devant la presse et suspendait ses activités d'ici là.

Cette enquête préliminaire contre Begoña Gómez a été ouverte le 16 avril après une plainte de l'association "Manos limpias" (Mains propres), un collectif considéré comme proche de l'extrême droite, a annoncé dans un court communiqué le tribunal supérieur de justice de Madrid.

Elle est placée sous le sceau du "secret de l'instruction", a ajouté le tribunal.

Dans sa lettre, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, dénonce une plainte basée sur des faits "inexistants" et une campagne de "harcèlement" menée par des médias "ultraconservateurs" et soutenue, selon lui, par l'opposition de droite et d'extrême droite contre son épouse.

"Je ne suis pas naïf", dit-il, "je suis conscient du fait qu'ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu'elle a fait quelque chose d'illégal, car ils savent bien que cela n'est pas vrai, mais parce qu'elle est mon épouse".

Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, à un moment où cette dernière était en pourparlers avec le gouvernement pour obtenir des aides face à la lourde chute du trafic aérien provoquée par la pandémie de Covid.

À l'époque, Begoña Gomez dirigeait IE Africa Center, une fondation liée à l’école de commerce madrilène IE University, poste qu'elle a quitté en 2022.

Plan de sauvetage d'Air Europa

Selon El Confidencial, IE Africa Center avait "signé un accord de parrainage avec Globalia en 2020" et Begoña Gomez aurait participé à "une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo à l'époque où Globalia négociait son plan de sauvetage de plusieurs millions d'euros avec le gouvernement" de Pedro Sánchez.

Ce plan a permis à Air Europa de toucher 475 millions d'euros en novembre 2020, issus d'un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la crise sanitaire.

La compagnie espagnole a été la première entreprise à bénéficier de ce fonds. Des dizaines d'autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea...).

L'opposition de droite a appelé mercredi le Premier ministre à "donner des explications aux Espagnols", par la voix d'Ester Muñoz, membre de la direction du Parti Populaire (PP, droite). "Tout finira par se savoir", a prévenu un porte-parole du parti, Borja Semper.

Pratiques trumpistes

Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques.

Il y a "une stratégie qui consiste à lancer des accusations sans aucun fondement, sans aucune information véridique, sans aucune preuve, juste pour blesser, juste pour salir" et "diffamer", a dénoncé le président du groupe socialiste à la Chambre des députés, Patxi Lopez.

Le PP "utilise une fausse accusation d'une organisation d'extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies" envers le Premier ministre, a insisté la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero. "Nous ne permettrons pas à ces pratiques trumpistes de miner la démocratie espagnole", a-t-elle ajouté.

Manos limpias, collectif fondé en 1995, a été à l'origine ces dernières années de plusieurs poursuites judiciaires et s'est portée partie civile dans de nombreux procès pour des affaires de corruption.

Le collectif est considéré comme proche de l'extrême droite, en raison notamment de la personnalité de son fondateur Miguel Bernad, ancien responsable du parti Frente Nacional, dissous en 1993.

Accusé d'être impliqué dans un réseau d'extorsion de fonds, ce dernier avait été condamné à quatre ans de prison en juillet 2021, mais a été finalement relaxé en appel le mois dernier, faute de preuve selon le tribunal.

 


Australie : sept adolescents arrêtés dans une opération antiterroriste

Des gens tiennent des bougies lors de la veillée communautaire aux chandelles, reconnaissant les victimes d'une attaque mortelle à l'arme blanche au centre commercial Bondi Junction Westfield, à Sydney (Photo, Reuters).
Des gens tiennent des bougies lors de la veillée communautaire aux chandelles, reconnaissant les victimes d'une attaque mortelle à l'arme blanche au centre commercial Bondi Junction Westfield, à Sydney (Photo, Reuters).
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  • Ces descentes de police dans 13 lieux différents de Sydney ont mobilisé plus de 400 membres des forces de l'ordre
  • Les sept personnes arrêtées sont des mineurs âgés de 15 à 17 ans, a précisé la police

SYDNEY: La police australienne a annoncé avoir arrêté mercredi sept adolescents membres d'un réseau, posant "un risque et une menace inacceptables" pour la population, lors d'une série de perquisitions antiterroristes.

Ces descentes de police dans 13 lieux différents de Sydney ont mobilisé plus de 400 membres des forces de l'ordre et découlent d'une enquête déclenchée par l'attaque au couteau contre un religieux menée par un adolescent de 16 ans, la semaine dernière dans une église de la même ville.

Les jeunes arrêtés mercredi adhéraient à une "idéologie extrémiste motivée par des considérations religieuses" et faisaient partie d'un "réseau plus large", selon la police, qui n'a pas spécifié de quelle idéologie il était question.

Dave Hudson, haut responsable de la police de Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré "probable" que le groupe préparait un attentat, bien qu'aucune cible précise n'ait été identifiée.

"Leur comportement, pendant leur placement sous surveillance, nous a amenés à penser que, s'ils devaient commettre un acte, nous ne serions pas en mesure de l'empêcher", a-t-il déclaré à la presse.

"Pendant l'enquête, nous avons pensé qu'il était probable qu'une attaque se produise."

Les sept personnes arrêtées sont des mineurs âgés de 15 à 17 ans, a précisé la police.

«Idéologie extrémiste»

"Le terrorisme et la radicalisation des jeunes en ligne constituent un problème permanent pour nous", a déclaré M. Hudson.

Les membres du réseau "partageaient une idéologie extrémiste violente commune", a simplement indiqué Krissy Barrett, un spécialiste de la lutte contre le terrorisme de la police fédérale australienne.

La semaine dernière, Mar Mari Emmanuel, évêque d'une église chrétienne assyrienne de Sydney, a été frappé de plusieurs coups de couteau à la tête et à la poitrine par un jeune homme de 16 ans au cours d'un sermon diffusé en direct. Il a été hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger.

Son agresseur a été arrêté et inculpé d'"acte terroriste". La liberté sous caution lui a été refusée et il encourt la prison à vie s'il est déclaré coupable.

A la suite de cette attaque, la police a déclenché l'ouverture d'une enquête par une équipe associant les forces de police fédérales, celles de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud et les services de renseignement.

Cette attaque a aussi déclenché une émeute parmi les fidèles de l'église de l'ouest de Sydney.

Des centaines de fidèles et de membres de la communauté se sont précipités près de l'église la nuit de l'attaque. Certains ont lancé des pierres et d'autres projectiles qui ont blessé une cinquantaine de policiers.

La situation est restée tendue dans ce quartier qui abrite la petite communauté chrétienne assyrienne de Sydney, dont beaucoup ont fui les persécutions et la guerre en Irak et en Syrie.

Le religieux qui disposait d'une large audience sur internet, de près de 200.000 personnes, s'est fait connaître en critiquant l'islam et les vaccins contre le Covid-19.


Blinken en Chine pour faire pression sur Pékin tout en préservant la stabilité

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) et l'ambassadeur américain en Chine Nicholas Burns se promènent dans les jardins Yu à Shanghai, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) et l'ambassadeur américain en Chine Nicholas Burns se promènent dans les jardins Yu à Shanghai, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le chef de la diplomatie américaine a commencé son déplacement par Shanghai
  • Cette étape, destinée à faire état des liens chaleureux entre Américains et Chinois, est la première à Shanghai d'un secrétaire d'Etat américain depuis 2010

SHANGHAI: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé en Chine mercredi pour sa deuxième visite en moins d'un an, avec pour mission d'augmenter la pression sur Pékin concernant différents dossiers, comme son soutien à la Russie, tout en cherchant une plus grande stabilité.

Le chef de la diplomatie américaine a commencé son déplacement par Shanghai, a constaté l'AFP. Il doit y assister à un match de basket entre deux équipes comptant des joueurs américains dans leurs rangs.

Cette étape, destinée à faire état des liens chaleureux entre Américains et Chinois, est la première à Shanghai d'un secrétaire d'Etat américain depuis 2010.

M. Blinken aura vendredi à Pékin des entretiens avec les dirigeants chinois au cours desquels il devrait plaider pour la retenue au moment où un nouveau président s'apprête à être investi à Taïwan.

Préoccupations 

Il devrait aussi faire part des préoccupations américaines sur les pratiques commerciales de la Chine, que Washington juge anticoncurrentielles, une question essentielle pour le président Joe Biden en cette année électorale.

Antony Blinken est aussi en Chine pour apaiser les tensions entre les deux plus grandes économies du monde, qui se sont nettement atténuées depuis sa visite de juin.

Elle avait été suivie d'une rencontre entre Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping à San Francisco en novembre qui avait débouché sur une reprise des contacts entre les deux armées et une coopération dans la lutte contre la fabrication du fentanyl, une drogue de synthèse faisant des ravages aux Etats-Unis.

Les relations sino-américaines se trouvent à un "stade différent de celui où nous étions il y a un an, lorsque les relations bilatérales étaient à un niveau historiquement bas", a souligné un haut responsable américain avant la visite d'Antony Blinken.

"Nous pensons également (...) qu'une gestion responsable de la concurrence ne signifie pas que nous devions renoncer à prendre des mesures pour protéger les intérêts nationaux des Etats-Unis", a-t-il déclaré.

 

- Pressions contre le soutien à Moscou -

 

La volonté du gouvernement de Joe Biden de collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Si les Chinois ne fournissent pas directement d'armes à la Russie, Washington les a accusés ces dernières semaines de livrer du matériel et des technologies à double usage à ce pays qui facilitent son effort de réarmement, le plus important depuis l'époque soviétique.

"Si la Chine veut avoir d'un côté des relations amicales avec l'Europe et d'autres pays, elle ne peut pas alimenter d'un autre côté ce qui est la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre froide", a déclaré M. Blinken vendredi à l'issue d'une réunion du G7 en Italie.

Le gouvernement américain avait qualifié de succès l'accord conclu avec Xi Jinping sur le fentanyl. Selon un haut responsable du département d'Etat, la Chine semble avoir pris de premières mesures, que M. Blinken lui demandera d'approfondir.

"Des mesures répressives plus régulières (...) enverraient un signal fort" de son engagement, a-t-il noté.

Taïwan figure parmi les questions délicates susceptibles d'être soulevées.

Le Congrès américain a donné son feu vert mardi à une enveloppe d'assistance militaire de 95 milliards de dollars à destination d'alliés de Washington tels que Taipei.

La Chine a averti en réponse que le soutien militaire américain apporté à cette île ne faisait qu'accroître le "risque de conflit", agitant la menace de "mesures résolues et efficaces pour protéger sa souveraineté, sa sécurité et son intégrité territoriale".

 

- TikTok -

 

Une autre source de friction est la loi votée par le Congrès américain mardi exigeant que l'application TikTok soit cédée par sa société mère chinoise ByteDance, sous peine d'être exclue du marché américain.

Interrogé, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, s'est contenté mercredi de renvoyer à "la position de principe de la Chine" dans ce dossier.

En mars, la Chine avait invité Washington à "respecter les règles de l'économie de marché" et fait savoir qu'elle prendrait "toutes les mesures nécessaires pour préserver ses droits et intérêts légitimes".

Joe Biden affrontera dans quelques mois pour l'élection présidentielle Donald Trump, qui s'était fait le champion d'une ligne dure à l'égard de Pékin.

Yun Sun, une chercheuse du Stimson Center dans la capitale américaine, observe que les dirigeants chinois sont dans l'attente avant ce scrutin.

"Les Chinois comprennent qu'il est peu probable que l'administration Biden apporte de bonnes nouvelles sur le plan commercial, car cela ne correspond pas au programme électoral", a-t-elle dit.

Pour les dirigeants chinois, cette année, "la priorité est de maintenir la stabilité des relations", a poursuivi Yun Sun.

"Tant qu'il n'y aura pas de clarté sur la prochaine administration, je ne pense pas qu'ils voient de meilleure stratégie", a-t-elle ajouté.