Refus d'obtempérer: Un homme tué à Nice et une femme tuée à Rennes par des tirs policiers

Sur 14 240 refus d'obtempérer comptabilisés l'année dernière par la police nationale, 157 cas concernent des «usages d'armes à feu sur des véhicules en mouvement», selon des chiffres de la police (Photo, AFP).
Sur 14 240 refus d'obtempérer comptabilisés l'année dernière par la police nationale, 157 cas concernent des «usages d'armes à feu sur des véhicules en mouvement», selon des chiffres de la police (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 08 septembre 2022

Refus d'obtempérer: Un homme tué à Nice et une femme tuée à Rennes par des tirs policiers

  • Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Nice: une pour tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique, la seconde pour homicide involontaire par le policier auteur du tir
  • Quelques heures plus tôt une femme de 22 ans avait été tuée et un homme de 26 ans blessé à Rennes (nord-ouest) par un tir policier, dans le cadre d'une opération anti-drogue

NICE: Un homme tué à Nice, après une femme décédée à Rennes: en moins de 24 heures, deux personnes ont été tuées par des tirs policiers, lors de deux refus d'obtempérer, à l'issue d'un banal contrôle routier dans un cas, d'une opération antidrogue dans l'autre.

Sur la côte d'Azur, c'est le conducteur d'un véhicule volé, de nationalité tunisienne, qui a perdu la vie, après avoir été repéré, vers 16h30, par une brigade de sécurité routière, en train de "zigzaguer dangereusement" sur la voie Mathis, la voie rapide qui contourne Nice, selon la Direction départementale de la sécurité publique.

Les policiers ont fait signe au conducteur de les suivre mais le véhicule a accéléré et pris une voie de sortie. "Coincé dans le flux de la circulation", le véhicule en fuite aurait alors fait demi-tour pour se retrouver face à la voiture de police, qu'il aurait percutée "à plusieurs reprises", toujours selon la DDSP.

Un des fonctionnaires de police, descendu sur la chaussée, a alors tiré "une fois", selon une autre source policière. Le conducteur, malgré des tentatives de réanimation, est décédé sur place.

Le conducteur "est un Tunisien d'une trentaine d'années, installé dans notre région depuis un an", a indiqué Anthony Borré, 1er adjoint au maire de Nice. "Il circulait sans permis à bord d'un véhicule volé immatriculé dans le Var", a ajouté l'élu.

Le passager du véhicule, lui aussi d'une trentaine d'années, dont la nationalité n'a pas été précisée, a été interpellé.

Les deux policiers, légèrement blessés dans le choc entre les deux véhicules, ont été transportés à l'hôpital.

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Nice, a précisé à l'AFP la procureure adjointe Maud Marty: une première, confiée à la Sûreté départementale, pour tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique : une seconde, par l'IGPN, la police des polices, pour homicide involontaire par le policier auteur du tir.

Dans un tweet, le maire de Nice a dit apporter son "soutien total aux agents" de la police nationale des Alpes-Maritimes, "face à un conducteur qui leur a foncé dessus délibérément". Selon Christian Estrosi, "les refus d'obtempérer sont un délit et se multiplient" et des policiers municipaux niçois auraient ainsi été confrontés "à deux refus d'obtempérer particulièrement violents" lors de ces dernières 24 heures.

Tuée par ricochet

Cette nouvelle affaire est intervenue quelques heures à peine après qu'une femme de 22 ans a été tuée et un homme de 26 ans blessé à Rennes, là aussi par le tir unique d'un policier, lors d'une interception menée dans le cadre d'une opération anti-drogue.

Vers 01h00 du matin mercredi, un policier aurait fait usage "à une reprise" de son arme de service, alors que des collègues de la police judiciaire de Rennes et de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) de Nantes procédaient à l'interception d'un véhicule "dans le cadre d'une enquête pour infraction à la législation sur les stupéfiants", a indiqué le procureur de Rennes Philippe Astruc.

Le conducteur, connu pour trafic de drogue selon la police, a été touché au bras. Interpellé et placé en garde à vue, l'homme a été brièvement examiné à l'hôpital pour sa blessure et en était déjà sorti mercredi matin.

Touchée par ricochet, sa passagère est par contre décédée, malgré l'intervention des secours à 02h15, sur une bretelle de sortie de la rocade de Rennes.

Domiciliée à Rouen la jeune femme, compagne du conducteur était inconnue des services judiciaires.

Selon Yoann Leandri, secrétaire régional adjoint zone ouest du syndicat Unsa Police, "le délinquant est venu délibérément percuter le dispositif de police en se servant du véhicule à très grande vitesse comme une arme par destination".

"Une quantité de stupéfiants de 111 grammes de cocaïne a été retrouvée à proximité des lieux", dans un sachet qu'un policier a vu "être projeté depuis le véhicule" à la suite d'une première intervention d’un policier invitant, l’arme au poing, le conducteur à descendre de son véhicule, a précisé M. Astruc.

Outre la procédure initiale pour trafic de stupéfiants, deux enquêtes ont été ouvertes sur ce dossier: une par l'IGPN, pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, une autre par la police judiciaire de Rennes, pour tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique.

Sur 14.240 refus d'obtempérer comptabilisés l'année dernière par la police nationale, 157 cas concernent des "usages d'armes à feu sur des véhicules en mouvement", selon des chiffres de la police.


L'Assemblée condamne le «massacre» d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris

Des gens regardent les chaussures des manifestants abandonnées après que la police française, sous les ordres du chef de la police parisienne, Maurice Papon, a attaqué une manifestation pacifique rassemblant entre 20 000 et 30 000 partisans du Front de Libération Nationale (Photo, AFP).
Des gens regardent les chaussures des manifestants abandonnées après que la police française, sous les ordres du chef de la police parisienne, Maurice Papon, a attaqué une manifestation pacifique rassemblant entre 20 000 et 30 000 partisans du Front de Libération Nationale (Photo, AFP).
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  • Le vote des députés intervient quelques semaines après l'annonce par l'Elysée d'une visite d'Etat du président algérien, Abdelmadjid Tebboune
  • La proposition de résolution portée par l'écologiste Sabrina Sebaihi et la députée Renaissance Julie Delpech a été approuvée dans un hémicycle clairsemé par 67 députés

PARIS: Un "vote pour l'histoire". L'Assemblée a approuvé jeudi une proposition de résolution condamnant le "massacre" du 17 octobre 1961 à Paris, au cours duquel entre une trentaine et plus de 200 manifestants algériens sont morts selon les historiens.

Le texte, qui a une portée avant tout symbolique, "condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961". Il "souhaite" en outre "l’inscription d’une journée de commémoration (de ce) massacre" à "l'agenda des journées nationales et cérémonies officielles".

La proposition de résolution portée par l'écologiste Sabrina Sebaihi et la députée Renaissance Julie Delpech a été approuvée dans un hémicycle clairsemé par 67 députés, essentiellement issus de la gauche et de Renaissance. Onze ont voté contre, tous membre du Rassemblement national.

A l'origine du texte, Mme Sebaihi a salué par avance un "vote pour l'histoire", représentant la "première étape" du "travail pour la reconnaissance de ce crime colonial, pour la reconnaissance de ce crime d'Etat".

Le terme - "crime d'Etat" - ne figure pas dans la proposition de résolution, issue d'un minutieux travail d'écriture avec le parti présidentiel et l'Elysée pour parvenir à un texte consensuel, sur un sujet toujours hautement inflammable en France comme en Algérie.

La proposition a été "ciselée mot par mot", afin d'être en "cohérence" avec les positions de la France, avait expliqué à l'AFP l'ancien député Renaissance Philippe Guillemard, qui avait travaillé sur ce texte avec Mme Sebaihi avant de passer le relai à Mme Delpech.

Le vote des députés intervient quelques semaines après l'annonce par l'Elysée d'une visite d'Etat du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, "fin septembre-début octobre".

Des corps «jetés dans la Seine»

La ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales Dominique Faure a évoqué dans son discours une manifestation "réprimée dans la violence par les services agissant sous l'autorité du préfet de police de l'époque, Maurice Papon", au cours de laquelle "outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines (de personnes) furent tuées, leurs corps jetés dans la Seine".

"Ayons aujourd'hui à cette tribune une pensée pour ces victimes et leurs familles frappées de plein fouet par l'engrenage de la violence", a-t-elle dit, sous les yeux de représentants des collectifs qui plaident depuis plusieurs années pour cette reconnaissance.

Elle a rappelé le travail de mémoire déjà accompli pour reconnaître le massacre. En 2012, le président François Hollande avait rendu "hommage aux victimes" d'une "sanglante répression" s'étant abattue sur ces femmes et hommes manifestant pour "le droit à l'indépendance".

Son successeur Emmanuel Macron a déclaré en octobre 2021 que "les crimes commis le 17 octobre 1961 sous l'autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République".

Mme Faure a cependant émis des réserves quant à l'instauration d'une journée de commémoration, soulignant que trois dates existent déjà pour "commémorer ce qui s'est passé pendant la guerre d'Algérie".

"Beaucoup reste à faire pour écrire cette histoire, mais c'est à mon sens la seule façon de bâtir une réconciliation sincère et durable. Je pense important de laisser l'histoire faire ce travail avant d'envisager une nouvelle journée commémorative spécifique pour les victimes du 17 octobre 61", a-t-elle dit.

Des réserves partagées par les groupes MoDem et Horizons, membres de la majorité, pour qui le "travail historique doit continuer", et qui avaient laissé la liberté de vote à leurs représentants.

L'ensemble des prises de parole ont traduit la volonté des députés de rendre hommage aux victimes du 17 octobre et de reconnaître la responsabilité des autorités dans le massacre, à l'exception notoire de celle du député RN Frank Giletti, qui a fustigé des "accusations unilatérales" et une "repentance à outrance", s'appuyant sur des "mensonges".

"En proposant cette résolution, vous placez vos pas dans ceux d'Emmanuel Macron, lui qui n'a eu de cesse de s'agenouiller devant le gouvernement algérien, lui qui s'attelle à mortifier son propre pays par des repentances continues devenues insoutenables", a-t-il dénoncé. "Scandaleux", a répliqué une voix dans l'hémicycle. Aucun député LR ne s'est exprimé.


JO-2024: dans les transports parisiens, la fracture sociale se fera aussi sentir

Des navetteurs attendent sur un quai de la station de métro Saint-Lazare à Paris le 10 novembre 2022, lors d'une grève. (AFP)
Des navetteurs attendent sur un quai de la station de métro Saint-Lazare à Paris le 10 novembre 2022, lors d'une grève. (AFP)
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  • Pour les usagers du quotidien, les situations sont cependant très contrastées dans la région capitale
  • De nombreuses lignes seront surchargées, voire carrément déconseillées certains jours, au risque de devoir attendre plus de 15 minutes sur des quais bondés avant de monter dans la rame

PARIS: Prendre son vélo, marcher, télétravailler ou carrément partir de Paris: les habitants de la région parisienne sont prévenus, il faudra adapter ses usages pour soulager les transports pendant les Jeux olympiques. Ces injonctions ne s'adressent pourtant qu'aux plus privilégiés, nombre d'usagers n'ayant pas le luxe de ces options.

"Il ne faut pas avoir peur de faire un peu de marche, c'est bon pour la santé". La phrase de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, a soulevé quelques sourcils lundi lors de la présentation du plan de transport détaillé des Jeux olympiques.

A gauche, des élus de la région ont pointé du doigt une forme de déconnexion par rapport aux habitants de la lointaine banlieue, obligés de venir travailler à Paris.

Du côté Mme Pécresse, on défend une parole de bon sens, puisque "un tiers des visiteurs des Jeux auront entre 25 et 35 ans, donc on espère qu'entre 25 et 35 ans, on peut de temps en temps prolonger le trajet à pied".

Pour les usagers du quotidien, les situations sont cependant très contrastées dans la région capitale. De nombreuses lignes seront surchargées, voire carrément déconseillées certains jours, au risque de devoir attendre plus de 15 minutes sur des quais bondés avant de monter dans la rame.

Capharnaüm

La ligne 10 du métro, qui traverse les beaux quartiers parisiens et achève sa course dans ceux chics de Boulogne-Billancourt, est de celle-là. Avec la 9, elle n'est pas dimensionnée pour desservir Roland-Garros et le Parc des Princes simultanément, où se dérouleront des épreuves de tennis, boxe et football.

"J'appréhende beaucoup parce que ça va être un cirque indescriptible", anticipe Arthur Poly, enseignant-chercheur de 36 ans en attente de son métro à la station Motte-Picquet-Grenelle, dans le 15e arrondissement de Paris.

Il sera contraint de travailler pendant la période de compétition (26 juillet au 11 août). Sa solution pour éviter le "capharnaüm" annoncé? "Plutôt la marche, je peux avoir des horaires que je décide, donc je peux me permettre de prendre du temps et marcher, ce qui me fera du bien", concède cet habitant du 5e arrondissement.

Marie-Claude, retraitée de 73 ans et usagère régulière de la 10, se rendra dans sa maison de vacances. Quant à Coline, qui travaille dans la cyber-sécurité, "c'est le télétravail qui nous est recommandé", assure-t-elle. "Il faudra peut-être en faire un peu plus que d'habitude", mais elle se réserve la possibilité d'aller travailler en dehors de Paris, "si j'en ai marre d'être chez moi".

Supporter et subir

Plus au nord, l'ambiance change radicalement sur la 13, éternelle ligne malade et surchargée du réseau. Elle dessert des quartiers populaires de Seine-Saint-Denis, au nord de Paris, et surtout, le Stade de France, qui se remplira et se videra jusqu'à trois fois par jour pendant les JO. Là aussi les travailleurs du quotidien sont invités à éviter de l'emprunter.

"Quitter Paris pendant les JO? Mais pour aller où?", s'étonne Christian Boukassa lorsqu'on lui pose la question sur le quai de la station La Fourche. Cet ouvrier du bâtiment de 43 ans habite en lointaine banlieue, et met 45 minutes tous les jours pour se rendre sur son chantier, à Saint-Denis.

Ni télétravail, ni marche à pied ou vélo ne sont envisageables, sans parler d'une hypothétique résidence secondaire. Pour éviter les désagréments, "je vais taper sur mon GPS et changer d'itinéraire", suppose-t-il.

"Déjà sans les JO, la ligne 13 est bondée", se résigne Nafi Olouchy, 62 ans et infirmière à l'hôpital. Elle non plus n'a d'autre choix que de travailler pendant les Jeux, car les fonctionnaires de l'hôpital publics sont fortement incités à ne pas poser leurs congés sur cette période. "Je vais devoir supporter et subir le trafic pendant la période des JO, et tous mes collègues aussi d'ailleurs", précise-t-elle.

Yaya Fofana, préparateur de colis habitant Saint-Ouen, est résigné: "ça va être compliqué", glisse-t-il. Pour autant, ce sera "une grande fête", veut-il retenir. "Moi j'adore les Jeux olympiques", lance-t-il avant de s'insérer difficilement avec son fils en poussette dans une rame bondée.


Voile à l'école: plainte et vague d'indignation après le départ d'un proviseur menacé de mort

Les élèves arrivent au lycée Maurice Ravel à Paris, le 1er septembre 2015, pour la rentrée. PHOTO AFP / KENZO TRIBOUILLARD (Photo par KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
Les élèves arrivent au lycée Maurice Ravel à Paris, le 1er septembre 2015, pour la rentrée. PHOTO AFP / KENZO TRIBOUILLARD (Photo par KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
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  • Le proviseur «a tout simplement fait son travail» en demandant «à une jeune femme d'appliquer la loi, c'est-à-dire de retirer son voile dans l'établissement scolaire», a souligné Attal
  • Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été arrêté et doit être jugé le 23 avril à Paris pour avoir menacé de mort le chef d'établissement sur internet

PARIS: L'annonce du départ du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, menacé de mort après une altercation avec une élève pour qu'elle enlève son voile, a suscité une vague d'indignation, jusqu'au Premier ministre qui a annoncé mercredi une plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre la jeune femme.

"L'Etat, l'institution, sera toujours aux côtés de ses agents, de ceux qui sont en première ligne face à ces atteintes à la laïcité, face à ces tentatives d'entrisme islamiste dans nos établissements scolaires", a affirmé Gabriel Attal sur TF1, après avoir reçu dans l'après-midi le proviseur avec sa ministre de l'Education Nicole Belloubet.

"J'ai décidé que l'Etat allait porter plainte contre cette jeune femme pour dénonciation calomnieuse", a-t-il déclaré. "Il ne faut rien laisser passer", selon le Premier ministre qui a rappelé les morts de Dominique Bernard et Samuel Paty, deux enseignants tués dans des attentats islamistes.

Le proviseur "a tout simplement fait son travail" en demandant "à une jeune femme d'appliquer la loi, c'est-à-dire de retirer son voile dans l'établissement scolaire", a encore souligné Gabriel Attal, en vertu de la loi interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l'école de 2004.