Rentrée parlementaire: les enjeux pour chaque force politique

Lors des journées parlementaires Renaissance mi-septembre, la Première ministre Elisabeth Borne avait réclamé de «l'ordre» dans la majorité pour que «la polyphonie ne devienne jamais de la cacophonie» (Photo, AFP).
Lors des journées parlementaires Renaissance mi-septembre, la Première ministre Elisabeth Borne avait réclamé de «l'ordre» dans la majorité pour que «la polyphonie ne devienne jamais de la cacophonie» (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 octobre 2022

Rentrée parlementaire: les enjeux pour chaque force politique

  • Faute de majorité absolue, les macronistes ont besoin d'avancer unis s'ils veulent éviter les accidents de votes
  • Des tiraillements avaient déjà eu lieu fin juillet avec les élus Horizons, parti d'Edouard Philippe, lors de leur soutien à un amendement de l'opposition sur les collectivités

PARIS: Afficher son unité, se présenter en alternative crédible ou tourner la page d'un mois de septembre raté: les forces politiques de l'Assemblée abordent la rentrée dans l'hémicycle avec des défis bien différents.

Majorité: serrer les rangs et avancer

Faute de majorité absolue, les macronistes ont besoin d'avancer unis s'ils veulent éviter les accidents de votes et faire passer des textes. Une réunion rassemblant les trois groupes de la majorité (Renaissance, MoDem, Horizons) aura lieu mardi matin pour afficher leur cohésion.

Lors des journées parlementaires Renaissance mi-septembre, la Première ministre Elisabeth Borne avait réclamé de "l'ordre" dans la majorité pour que "la polyphonie ne devienne jamais de la cacophonie".

Des tiraillements avaient déjà eu lieu fin juillet avec les élus Horizons, parti d'Edouard Philippe, lors de leur soutien à un amendement de l'opposition sur les collectivités.

Et en septembre, c'est le MoDem de François Bayrou qui a mené la fronde contre les velléités de réformer les retraites dès l'automne via des amendements au budget de la Sécurité sociale, ainsi que la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance), également défavorable à cette option.

Des sorties qui ont agacé plusieurs cadres macronistes.

RN: radicalité et quête de respectabilité

Emmenés par Marine Le Pen, les 89 députés RN ont jusqu'alors joué plutôt profil bas, votant durant l'été certaines mesures du paquet pouvoir d'achat, dans une stratégie assumée de notabilisation.

Leur porte-parole Laurent Jacobelli laisse entendre que le groupe va hausser le ton cet automne contre "la casse sociale" ou "les vannes de l'immigration encore plus ouvertes".

Le parti d'extrême droite cherche à trouver l'équilibre entre quête de respectabilité et radicalité anti-immigration, au coeur de son projet.

"On n'est pas dans le système" mais "on est dans les institutions" et "maintenant on a la responsabilité d'être l'alternance", affirme le secrétaire général du groupe Renaud Labaye. "Il y a un côté optimiste, aujourd'hui, ca y est, l'alternance c'est nous".

Nupes: oublier septembre

La coalition de gauche Nupes sort d'une séquence difficile avec la mise en retrait successive d'Adrien Quatennens (LFI) pour des violences conjugales et de l'écologiste Julien Bayou pour des accusations de "violences psychologiques" contre son ex-compagne.

La gauche espère pourtant marquer des points dans cette période d'inflation ou de futur bras de fer sur les retraites, avec un appel à manifester contre la vie chère le 16 octobre.

"Nous avons de grosses batailles à mener", dès lundi contre la réforme de l'assurance chômage, insiste la présidente du groupe LFI Mathilde Panot, qui présente la Nupes comme la "seule alternative au monde de malheur d'Emmanuel Macron".

Au sein de l'alliance de gauche (LFI, PS, EELV, PCF), la stratégie de conflictualité revendiquée par les insoumis fait débat.

"Il faut qu'on sorte des clashs et des buzzs. On ne peut pas seulement être dans un rôle tribunitien, l'alliance doit servir à obtenir des bougers, des avancées. C'est un défi que l'on a", plaide un député communiste.

LR: arbitrer sans s'effacer

Du fait de la majorité relative des macronistes, les 62 députés LR ont endossé un rôle d'arbitre cet été à l'Assemblée pour obtenir des mesures comme la ristourne carburant de trente centimes d'euros par litre, puis voter le paquet pouvoir d'achat.

"On n'a peut-être pas assez bien communiqué sur ce que nous avons obtenu", regrette toutefois une élue du groupe.

Sorti considérablement affaibli de la présidentielle après les 4,78% de Valérie Pécresse, LR est sur une ligne de crête entre ce rôle pivot qu'il peut jouer à l'Assemblée et la volonté de s'opposer franchement à Emmanuel Macron, notamment sur les sujets régaliens.

Les élus LR ont prévenu qu'ils voteraient contre le budget 2023, obligeant le gouvernement à se préparer à dégainer l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer le texte sans vote.

Les élus de droite demandent pour autant à l'exécutif un débat "le plus complet possible", afin de peser.

Et le patron des députés LR Olivier Marleix s'est agacé de la menace de dissolution de l'Assemblée brandie par Emmanuel Macron si le gouvernement venait à être censuré. "C'est une déclaration de défiance envers l'Assemblée nationale tout entière", a-t-il dénoncé.


Loger les Français et réduire la bétonisation, c'est possible, selon deux ONG

l est possible de limiter l'étalement urbain et résorber le mal-logement en même temps, à condition de repenser profondément le modèle d'aménagement du territoire. (AFP).
l est possible de limiter l'étalement urbain et résorber le mal-logement en même temps, à condition de repenser profondément le modèle d'aménagement du territoire. (AFP).
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  • Il est possible de limiter l'étalement urbain et résorber le mal-logement en même temps, à condition de repenser profondément le modèle d'aménagement du territoire
  • L'artificialisation des sols, qui a des effets délétères sur la biodiversité, l'environnement et le climat, est due pour près des deux tiers à la construction de logements

PARIS: Il est possible de limiter l'étalement urbain et résorber le mal-logement en même temps, à condition de repenser profondément le modèle d'aménagement du territoire, préviennent les fondations Abbé Pierre et pour la Nature et l'Homme dans un rapport publié mardi.

L'objectif "zéro artificialisation nette" (ZAN), inscrit dans la loi, oblige la France à diviser par deux, tous les dix ans, son rythme de grignotage des espaces naturels par la ville, et à avoir stoppé le phénomène en 2050.

L'artificialisation des sols, qui a des effets délétères sur la biodiversité, l'environnement et le climat, est due pour près des deux tiers à la construction de logements, qui prennent plus d'espace en France qu'ailleurs du fait d'un modèle d'aménagement du territoire ayant favorisé la maison individuelle.

Ce modèle a pu en outre aggraver le mal-logement, notent les fondations, beaucoup de maisons en lotissement ayant été construites à bas coût, avec des conséquences sur leur qualité et leur isolation, et donc sur les finances de leurs occupants.

Les auteurs soulignent également le coût de ce modèle pour les collectivités, l'étalement urbain entraînant des besoins importants en voirie et réseaux d'électricité, gaz et eau, coûteux à construire et à entretenir.

Néanmoins, pour résorber le mal-logement, il faudrait construire 400.000 nouveaux logements par an, selon la Fondation Abbé Pierre, dont 150.000 logements sociaux - contre 373.000 et 82.000, respectivement, en 2023.

Pour concilier cet objectif avec la sobriété foncière, il faudra davantage densifier, en construisant plus de logements à l'hectare dans les zones pavillonnaires, en surélevant les bâtiments existants ou en développant l'habitat "léger", notent les auteurs du rapport, et pour cela, les collectivités devront disposer de financements accrus.

Pour la construction neuve, il faudra privilégier davantage l'habitat collectif (immeubles), moins consommateur d'espaces, en particulier le logement social, affirment les deux ONG, qui préconisent d'augmenter le financement des HLM.

Elles réclament également de renforcer l'encadrement des loyers et d'encadrer les prix du foncier, tout en luttant contre les logements vacants ou la rétention foncière avec de fortes augmentations de taxes.

Elles suggèrent aussi des mesures pour réduire la part des résidences secondaires dans le parc de logements, et pour limiter le phénomène des meublés touristiques.


Sciences Po: «nous serons intraitables» sur l'antisémitisme, promet la présidente de la Fondation

Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris (Photo, AFP).
Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris (Photo, AFP).
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  • Selon la direction, une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a «été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre»
  • Mercredi en Conseil des ministres, le président Emmanuel Macron avait dénoncé comme «inqualifiables et parfaitement intolérables» les propos rapportés lors de la mobilisation pro-palestinienne à Sciences-Po

PARIS: Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, instance de gouvernance de Sciences Po Paris, a assuré lundi que l'institution serait "intraitable" si des actes antisémites étaient avérés au sein de l'école, et a fait part de "son inquiétude" face à un "raidissement du climat".

Elle faisait référence à des incidents survenus dans le cadre d'une "journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine". Les faits allégués, dont les versions divergent, se sont produits le 12 mars lors de l'occupation d'un amphithéâtre par environ 300 militants pro-palestiniens.

Selon la direction, une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a "été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre", et "des propos accusatoires ont été prononcés (à la tribune, NLDR) à l'encontre" de l'association. L'UEJF a dénoncé des propos antisémites.

"Il s'est passé des choses absolument condamnables, en ce sens qu’on ne peut pas empêcher un cours. Il y a 300 associations à Sciences Po, elles doivent demander l'autorisation de se réunir. En l'occurrence, l'amphi Boutmy (amphithéâtre principal de Sciences Po, ndlr) a été occupé par des étudiants, et quelle que soit la cause de ces étudiants, c’est une première erreur", a estimé Laurence Bertrand Dorléac sur France Inter.

Faits condamnables 

"D'autre part, des signalements ont été faits, qui concernent des faits qui sont là aussi condamnables. Si une étudiante a été empêchée d'entrer dans cet amphi au motif qu'elle appartient à une organisation de jeunes étudiants juifs de France, c’est absolument condamnable", a ajouté la présidente de la Fondation nationale des sciences politiques, en charge des grandes orientations stratégiques et de la gestion de Sciences Po.

"Dès le lendemain, une enquête administrative a été décidée. Les premières auditions auront lieu dès ce (lundi) matin. Et d'autre part, un article 40 a été déposé, c'est-à-dire un signalement au procureur de la République", a-t-elle dit. "Ces enquêtes diront ce qui s'est passé exactement. S'il y a eu des actes d'ordre antisémite, nous serons intraitables".

"Je suis très attentive à tous les actes antisémites qui peuvent se produire. Je constate effectivement un raidissement du climat et il est normal que je m'en soucie", a indiqué Mme Bertrand Dorléac.

Mais "attention à ne pas opposer les communautés entre elles et les étudiants entre eux", a-t-elle ajouté, estimant que Sciences-Po "fait l'objet d'un intérêt peut-être disons déraisonnable".

Mercredi en Conseil des ministres, le président Emmanuel Macron avait dénoncé comme "inqualifiables et parfaitement intolérables" les propos rapportés lors de la mobilisation pro-palestinienne à Sciences-Po Paris le 12 mars.


Les responsables syndicaux appellent à renoncer à la réforme de l'assurance-chômage

Secrétaire générale du syndicat CGT (Confédération générale du travail), Sophie Binet (Photo, AFP).
Secrétaire générale du syndicat CGT (Confédération générale du travail), Sophie Binet (Photo, AFP).
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  • Depuis plusieurs mois, l'exécutif multiplie les avertissements sur un possible nouveau durcissement des règles
  • Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, répète notamment qu'il faut réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi

PARIS: Les responsables des cinq grandes centrales syndicales ont appelé lundi le gouvernement à renoncer à une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, estimant qu'il faut "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs", dans une tribune publiée dans Le Monde.

"Alors que la négociation assurance-chômage s’est terminée depuis moins de trois mois, le gouvernement a déjà annoncé une nouvelle réforme pour en durcir les effets. Ce serait la cinquième depuis 2017", dénoncent Sophie Binet (CGT), Cyril Chabanier (CFTC), François Hommeril (CFE-CGC), Marylise Léon (CFDT) et Frédéric Souillot (FO) dans cette tribune.

"A l’heure où la simplification est à la mode, force est de constater que ce principe ne vaut pas pour les demandeurs d’emploi, dont les droits sont de plus en plus illisibles", poursuivent-ils.

Depuis plusieurs mois, l'exécutif multiplie les avertissements sur un possible nouveau durcissement des règles.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, répète notamment qu'il faut réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi, arguant que les réformes de structures sont nécessaires pour atteindre le plein-emploi.

"Les multiples réformes combinées ont fait plonger le montant moyen des allocations de 17% par rapport à 2019 et la durée d’indemnisation de 25%", soulignent les responsables syndicaux, qui appellent "solennellement le gouvernement à renoncer à cette réforme budgétaire qui rognera à nouveau les droits à l’assurance-chômage et supprimera l’ASS", l'Allocation spécifique de solidarité.

Stigmatisation populiste des chômeurs

"Il faut cesser la stigmatisation populiste des chômeurs. Au contraire, pour relancer l’économie et la demande intérieure, il faut que les entreprises partagent mieux la richesse créée", estiment-ils, jugeant qu'"il faut enfin investir dans la formation, les compétences et les qualifications".