Naissance à Prague de la Communauté politique européenne, «unie» face à Moscou

Des participants posent pour une photo de famille alors qu'ils assistent au Sommet européen à Prague, en République tchèque, le 6 octobre 2022. Les dirigeants de plus de 40 pays se réunissent afin de lancer la "Communauté politique européenne". (AFP).
Des participants posent pour une photo de famille alors qu'ils assistent au Sommet européen à Prague, en République tchèque, le 6 octobre 2022. Les dirigeants de plus de 40 pays se réunissent afin de lancer la "Communauté politique européenne". (AFP).
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Publié le Vendredi 07 octobre 2022

Naissance à Prague de la Communauté politique européenne, «unie» face à Moscou

  • La 'CPE' (Communauté politique européenne) est un rassemblement beaucoup plus large que l'Union européenne avec 17 pays invités en plus des 27 membres du bloc
  • «Le continent européen entier est réuni ici à l'exception de deux pays: la Russie et le Bélarus. Cela montre à quel point ces deux pays sont isolés», a martelé le Premier ministre belge Alexander De Croo

PRAGUE: La "Communauté politique européenne" est née: 44 dirigeants du continent se sont retrouvés jeudi à Prague dans un format inédit qui a mis en lumière l'isolement croissant de Vladimir Poutine sept mois après le début de l'offensive russe en Ukraine.

"C'est une très vieille idée qui est peut-être en train de devenir une réalité", s'est félicité le président français Emmanuel Macron qui avait lancé le projet en mai.

Il a rappelé que la "CPE" était un rassemblement beaucoup plus large que l'Union européenne, avec 17 pays invités en plus des 27 membres du bloc.

Soucieux d'inscrire l'initiative dans la durée, les chefs d'Etat se sont donnés rendez-vous au printemps 2023 en Moldavie.

L'Espagne puis le Royaume-Uni seront les pays hôtes suivants, afin de respecter une alternance entre pays membres de l'UE et pays non-membres.

Lors de la conférence de presse finale, M. Macron s'est félicité de "l’unité de 44 pays européens" qui ont "très clairement dit leur condamnation de l'agression russe (...) et leur soutien à l’Ukraine".

La "photo de famille", prise dans l'imposant château de Prague qui domine la vieille ville, visait d'ailleurs à marquer les esprits et afficher la solidarité au moment où l'Europe redoute, à l'approche de l'hiver, une crise énergétique sans précédent en raison de la guerre en Ukraine.

Quelques heures plus tôt, le président ukrainien Volodymyr Zelensky était intervenu en visio-conférence, demandant de "punir l'agresseur" russe et "d'empêcher ses chars "d'aller à Varsovie ou Prague".

Quand la désinformation pro-russe clone des médias européens

Imiter à la quasi perfection les sites de médias reconnus et y poster des articles relayant les récits du Kremlin sur la guerre en Ukraine: une importante campagne de désinformation s'est déployée en Europe, visant notamment l'opinion allemande.

A première vue, la page internet estampillée du logo rouge du journal Bild ressemblait à s'y méprendre au site du principal tabloïd d'Allemagne.

On pouvait notamment y lire, en août, qu'un garçon était mort dans un accident de vélo à Berlin après que l'éclairage public a été éteint la nuit, dans une Allemagne obligée d'économiser l'énergie en raison de la réduction drastique des livraisons de gaz russe.

Mais un travail d'investigation, notamment mené par la cellule de vérification de l'AFP, a pu démontrer que cette information était fausse et s'inscrivait dans le cadre d'une vaste campagne de désinformation pro-russe menée en imitant les sites de médias européens.

Fin septembre, Meta, la maison mère de Facebook, l'a qualifiée d'"opération d'origine russe la plus importante et la plus complexe depuis le début de la guerre en Ukraine", agissant avec "une combinaison vraiment inhabituelle de sophistication et de force brute".

Meta a enquêté sur le réseau, alerté par des journalistes d'investigation sur l'authenticité des sites.

Parmi quelque 60 sites de médias concernés, les journaux allemands, comme Spiegel et Bild, étaient particulièrement visés, aux cotés d'autres comme le quotidien anglais The Guardian, l'agence italienne ANSA ou le quotidien français 20 minutes.

«Assurément un faux»

L'ONG belge EU DisinfoLab, spécialisée dans l'analyse de la désinformation, a aussi publié une enquête sur le fonctionnement de ce réseau qu'elle a baptisé "Doppelganger" (sosie en allemand).

Ses objectifs, selon EU DisinfoLab : "dépeindre l'Ukraine comme un Etat défaillant, corrompu et nazi" et "promouvoir les récits du Kremlin sur la guerre en Ukraine".

Le réseau, actif depuis mai, visait également à répandre la peur parmi les Européens "sur la façon dont les sanctions contre la Russie vont ruiner leur vie", selon EU DisinfoLab.

C'était le sens du faux article se réclamant de Bild.

L'équipe de fact-checking de l'AFP a pu démontrer que le récit sur l'accident de vélo, prétendument survenu dans une rue sombre, était faux.

"Aucun jeune n'est mort dans un accident de la circulation depuis le début de l'année", a affirmé à l'AFP une porte-parole de la police de Berlin.

Dans la capitale allemande, l'éclairage public est sous la responsabilité de l'Agence pour l'environnement, la mobilité urbaine, la protection des consommateurs et l'action climatique. Un porte-parole de l'agence a déclaré que l'article était "assurément un faux".

Le maintien de l'éclairage des rues pour assurer la sécurité du trafic est une obligation légale à Berlin et "est strictement respectée", a ajouté cette source.

Et un porte-parole de Bild a confirmé que l'article était faux, ajoutant: "Malheureusement, cela arrive régulièrement".

Hébergeur russe 

Une série d'autres faux articles ont été publiés en Allemagne, notamment sur une école de Brême (nord) qui aurait été frappée par une explosion alors qu'elle cherchait à économiser du gaz (sur un site imité du Spiegel) ou sur des chauffeurs routiers bloquant les routes pour protester contre les politiques de l'Union européenne (sur un site imité du média T-online).

Toujours en imitant Bild, un faux site avait aussi publié un récit selon lequel des réfugiés ukrainiens auraient mis le feu à une maison après avoir tenté de brûler un drapeau russe.

Le dispositif est chaque fois identique: une fois le récit mis en ligne sur le faux site, avec un nom de domaine quasi similaire, des publicités payantes ou de faux comptes de médias sociaux les relaient, notamment sur Facebook, Instagram, Telegram et Twitter.

L'enquête de EU DisinfoLab n'a pas permis "une attribution formelle" des faux mais des éléments indiquent l'implication d'acteurs basés en Russie.

Ainsi, certains des noms de domaine ont été achetés par l'intermédiaire de l'hébergeur russe Nic.Ru, et certaines vidéos ont été produites sur des ordinateurs dont les paramètres étaient en langue russe.

Le fuseau horaire, GMT+8, d'un ordinateur suggère que le faux contenu pourrait avoir été produit dans la région russe d'Irkoutsk et certains des articles ressemblent à ceux qui sont apparus sur le site d'information russe RRN World, selon EU DisinfoLab.

Rapprochement Macron/Truss

En dépit de ce baptême réussi, la nouvelle structure suscite encore de nombreuses interrogations sur ses contours, son rôle exact et sa véritable portée concrète.

Derrière le nouvel acronyme CPE, on trouve des des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l'UE: Norvège, Ukraine, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Moldavie, Serbie, Azerbaïdjan...

Quel dénominateur commun entre des candidats déclarés (et impatients) à l'adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui a choisi il y a six ans de quitter l'UE avec fracas?

La CPE s'inscrira-t-elle dans la durée ou rejoindra-t-elle la longue liste des projets sans lendemain sur le continent, à l'image de la Confédération européenne proposée en 1989 par François Mitterrand?

Ne risque-t-elle pas, enfin, de devenir une antichambre dans laquelle les candidats à l'adhésion seront contraints de patienter éternellement?

Plusieurs dirigeants présents à Prague ont martelé qu'il s'agissait d'un complément et non d'une alternative au processus d'adhésion à l'UE.

Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, s'est félicité que 44 dirigeants se rassemblent "pour voir comment construire une nouvelle structure de sécurité en Europe".

"Cela doit se faire sans la Russie, non pas parce que nous ne voulons pas que la Russie fasse partie de l'Europe, mais parce que la Russie de Poutine s'est mise elle-même en dehors de la communauté européenne".

Six ans après le vote en faveur du Brexit, les moindres faits et gestes de la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss, ont été scrutés avec attention.

Interrogée sur la nature de ses relations avec Emmanuel Macron avant une rencontre bilatérale avec ce dernier, Mme Truss a affirmé que c'était "un ami".

Fin août, lors d'une réunion électorale du parti conservateur, elle avait refusé de trancher sur la question de savoir s'il était "ami ou ennemi".

Evoquant la tonalité de ces échanges, M. Macron a dit espérer "une nouvelle phase" dans les relations entre les deux pays."

"C'est le début du jour d'après. Notre volonté est clairement de dialoguer, d'avoir des projets concrets et de travailler ensemble pour l'unité de notre continent, particulièrement en cette période très troublée".


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.


Pedro Sánchez pense à démissionner après l'ouverture d'une enquête contre son épouse

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son épouse Begona Gomez assistent au rassemblement de clôture de la campagne à Getafe, dans la banlieue de Madrid, le 21 juillet 2023. (Photo, AFP)
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  • Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia
  • Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a annoncé mercredi, dans une lettre publiée sur X, "réfléchir" à une éventuelle démission après l'annonce de l'ouverture d'une enquête contre son épouse pour trafic d'influence et corruption.

"J'ai besoin de m'arrêter et de réfléchir" afin de décider "si je dois continuer à être à la tête du gouvernement ou si je dois renoncer à cet honneur", a-t-il écrit, indiquant qu'il annoncerait sa décision lundi devant la presse et suspendait ses activités d'ici là.

Cette enquête préliminaire contre Begoña Gómez a été ouverte le 16 avril après une plainte de l'association "Manos limpias" (Mains propres), un collectif considéré comme proche de l'extrême droite, a annoncé dans un court communiqué le tribunal supérieur de justice de Madrid.

Elle est placée sous le sceau du "secret de l'instruction", a ajouté le tribunal.

Dans sa lettre, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, dénonce une plainte basée sur des faits "inexistants" et une campagne de "harcèlement" menée par des médias "ultraconservateurs" et soutenue, selon lui, par l'opposition de droite et d'extrême droite contre son épouse.

"Je ne suis pas naïf", dit-il, "je suis conscient du fait qu'ils portent plainte contre Begoña, non pas parce qu'elle a fait quelque chose d'illégal, car ils savent bien que cela n'est pas vrai, mais parce qu'elle est mon épouse".

Selon le média en ligne El Confidencial, qui a révélé l'information, cette enquête porte en particulier sur les liens de Begoña Gómez avec avec le groupe espagnol de tourisme Globalia, propriétaire de la compagnie aérienne Air Europa, à un moment où cette dernière était en pourparlers avec le gouvernement pour obtenir des aides face à la lourde chute du trafic aérien provoquée par la pandémie de Covid.

À l'époque, Begoña Gomez dirigeait IE Africa Center, une fondation liée à l’école de commerce madrilène IE University, poste qu'elle a quitté en 2022.

Plan de sauvetage d'Air Europa

Selon El Confidencial, IE Africa Center avait "signé un accord de parrainage avec Globalia en 2020" et Begoña Gomez aurait participé à "une réunion privée avec son PDG Javier Hidalgo à l'époque où Globalia négociait son plan de sauvetage de plusieurs millions d'euros avec le gouvernement" de Pedro Sánchez.

Ce plan a permis à Air Europa de toucher 475 millions d'euros en novembre 2020, issus d'un fonds de 10 milliards destiné à soutenir les entreprises stratégiques en difficulté à cause de la crise sanitaire.

La compagnie espagnole a été la première entreprise à bénéficier de ce fonds. Des dizaines d'autres ont suivi, dont plusieurs de ses concurrents (Iberia, Vueling, Volotea...).

L'opposition de droite a appelé mercredi le Premier ministre à "donner des explications aux Espagnols", par la voix d'Ester Muñoz, membre de la direction du Parti Populaire (PP, droite). "Tout finira par se savoir", a prévenu un porte-parole du parti, Borja Semper.

Pratiques trumpistes

Plusieurs des proches du Premier ministre sont montés au créneau mercredi, accusant la droite de manipuler la justice à des fins politiques.

Il y a "une stratégie qui consiste à lancer des accusations sans aucun fondement, sans aucune information véridique, sans aucune preuve, juste pour blesser, juste pour salir" et "diffamer", a dénoncé le président du groupe socialiste à la Chambre des députés, Patxi Lopez.

Le PP "utilise une fausse accusation d'une organisation d'extrême droite pour diffamer et lancer des calomnies" envers le Premier ministre, a insisté la numéro deux du gouvernement, Maria Jesus Montero. "Nous ne permettrons pas à ces pratiques trumpistes de miner la démocratie espagnole", a-t-elle ajouté.

Manos limpias, collectif fondé en 1995, a été à l'origine ces dernières années de plusieurs poursuites judiciaires et s'est portée partie civile dans de nombreux procès pour des affaires de corruption.

Le collectif est considéré comme proche de l'extrême droite, en raison notamment de la personnalité de son fondateur Miguel Bernad, ancien responsable du parti Frente Nacional, dissous en 1993.

Accusé d'être impliqué dans un réseau d'extorsion de fonds, ce dernier avait été condamné à quatre ans de prison en juillet 2021, mais a été finalement relaxé en appel le mois dernier, faute de preuve selon le tribunal.