"Joe l'endormi réveille l'Amérique", salue la presse internationale

Une femme tient un masque de Joe Biden alors que les gens défilent à Los Angeles pour célébrer la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle de 2020. (Apu GOMES / AFP)
Une femme tient un masque de Joe Biden alors que les gens défilent à Los Angeles pour célébrer la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle de 2020. (Apu GOMES / AFP)
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Publié le Dimanche 08 novembre 2020

"Joe l'endormi réveille l'Amérique", salue la presse internationale

  • La presse internationale accueille dimanche avec soulagement la victoire annoncée de Joe Biden et note la "sortie sans dignité" de Donald Trump
  • "Quelle libération, quel soulagement : les voix sont comptées, les jours de Donald Trump aussi. Joe Biden hérite d’une charge lourde comme aucun autre de ses prédécesseurs : il doit unir l’Amérique"

PARIS: "On n'a pas fini de trembler pour la démocratie": la presse internationale accueille dimanche avec soulagement la victoire annoncée de Joe Biden et note la "sortie sans dignité" de Donald Trump, mais s'inquiète de la tâche écrasante qui attend le nouveau président et sa colistière Kamala Harris.

"Une nouvelle aube pour l'Amérique", affirme le journal britannique The Independent, soulignant la réussite de Mme Harris, première femme à accéder à la vice-présidence.

"Joe l'endormi réveille l'Amérique", raille le Sunday Times en référence au surnom péjoratif dont Donald Trump affublait son rival pendant la campagne.

Le Sunday Telegraph reprend pour sa part directement les mots de M. Biden: "Il est temps que l'Amérique guérisse".

"Quelle libération, quel soulagement : les voix sont comptées, les jours de Donald Trump aussi. Joe Biden hérite d’une charge lourde comme aucun autre de ses prédécesseurs : il doit unir l’Amérique", note également le quotidien allemand de gauche Süddeutsche Zeitung.

"Au cours de ses presque cinq décennies de vie publique, peu de gens pensaient que Biden pouvait y arriver. Ses trois tentatives de conquérir la Maison Blanche ont été largement jugées peu crédibles", souligne la chaîne publique australienne ABC.

"Mais Biden a toujours semblé avoir foi en lui-même. Et maintenant il est le nouveau président des Etats-Unis", conclut ABC.

La "fin de quatre ans de règne erratique"

Joe Biden "met fin à quatre ans de règne erratique de Donald Trump", écrit le grand journal du dimanche sud-africain The Sunday Times.

La tâche qui attend le ticket démocrate s'annonce néanmoins écrasante, note l'hebdomadaire allemand Die Zeit (centre).

"Joe Biden va devoir trouver rapidement des réponses aux menaces qui planent sur l’économie et au danger aigu de la pandémie. Qu’il puisse, à lui seul, réconcilier le pays est improbable. Que Donald Trump accepte la défaite est impensable. On n’a pas encore fini de trembler pour la démocratie", prévient-il.

Le plus grand quotidien suédois Dagens Nyheter (libéral) estime lui aussi que la victoire de M. Biden est "douce-amère".

"Biden va avoir du mal à guérir l'Amérique" et sa promesse de ramener le pays à la normalité s'annonce comme une "mission impossible".

Reste que le candidat a réussi à reconquérir les électeurs populaires de la "ceinture de la rouille" dans le Nord-Est, qui avaient auparavant voté Trump et aidé le parti à en conquérir de nouveaux dans le Sud-Ouest, ce qui "pourrait modifier la géographie électorale des Etats-Unis dans un avenir prévisible", souligne-t-il encore.

Le journal conservateur Svenska Dagbladet relève également que "l'élection est terminée mais (que) le conflit perdure".

"tâche monumentale"

"La moitié du pays, du moins la moitié de ceux qui ont voté, pourrait avoir un sentiment durable que quelque chose ne va pas après des mois de batailles et d'appels à remettre en cause l'élection; que le système électoral est truqué et qu'on ne peut pas s'y fier; que ça ne sert à rien de voter; que la démocratie américaine ne marche pas de toute façon; que la seule personne en qui ils peuvent avoir confiance est le type qui dit qu'on lui a volé l'élection".

"Biden affronte la tâche monumentale de rebâtir la confiance sur la scène mondiale", souligne le Japan Times.

Au Moyen-Orient, comme le site pro-gouvernemental saoudien Okaz, les journaux s'interrogent sur les répercussions de ce changement de casting à la Maison-Blanche sur la région et surtout les relations avec l'Iran, bête noire à la fois de Ryad et de Donald Trump.

Le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat rappelle que le mandat du président en exercice avait largement favorisé l'axe Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte et Bahreïn, face à l'Iran.

En Iran, les journaux affichent une position contrastée. Pour les médias conservateurs, le changement de locataire à la Maison Blanche, n'est que de façade. 

"L'Amérique a changé son masque"

"L'Amérique a changé son masque", affirme Khorasan, "L'ennemi démasqué est parti, l'ennemi masqué arrive", renchérit Resalat. Les titres proches des milieux réformistes comme Aftab-e Yazd y voient un "nouveau chapitre pour l'Amérique". 

"Votre succès est notre succès" écrit l'éditorialiste du journal centriste Yediot Aharonot en Israël, confiant que le nouveau locataire de la Maison-Blanche restera favorable à Israël, même s'il rouvre un dialogue avec l'Iran.

De nombreux médias reviennent par ailleurs sur le parcours exceptionnel de Mme Harris, qui pour le journal australien Sydney Morning Herald a "mis en miettes le plafond de verre".

"Son identité noire lui a permis de parler de façon personnelle au cours d'une année de remise en question de la brutalité policière et du racisme systémique. En tant que femme jamais élue au plus haut poste d'un gouvernement américain, elle donne de l'espoir aux femmes qui ont été abattues par la défaite d'Hillary Clinton il y a quatre ans", conclut le quotidien.

Mme Harris est "une femme forte, symbole du renouveau et redoutée par Trump", renchérit le journal espagnol de centre-droit El Mundo.

Trump "sans dignité"

Le tabloïd allemand Bild, tout en saluant la victoire de Biden, choisit aussi de souligner la "sortie sans dignité" de Donald Trump, qui refuse de reconnaître sa défaite et promet de continuer à se battre.  

Le quotidien australien Daily Telegraph, propriété du magnat Rupert Murdoch, relève aussi qu'il "ne va tout simplement pas accepter l'humiliation d'être apparemment battu par un rival qu'il percevait comme faiblard et à peine digne d'être combattu".

"Il a préparé le terrain pendant des mois à des réclamations de fraude électorale et il ne va pas renoncer à cette stratégie maintenant, souligne-t-il.

Au Caire, le quotidien gouvernemental al-Akhbar croit à des "violations" lors des élections et affirme qu’"il est temps que  les Etats-Unis cessent de nous donner des leçons de démocratie". 

Le journal brésilien Folha de Sao Paulo note que la défaite de Trump constitue une "punition pour les attaques à l'encontre de la civilisation" et met en garde contre la "leçon" que cela représente pour son homologue brésilien Jair Bolsonaro.

"Le reflet de nos propres failles"

Le journal français L'Est Républicain voit également dans les fractures américaines "un reflet grossissant de nos propres failles".

"Les fractures américaines ressemblent à celles que l'on a eues, en France, tout le loisir d'ausculter durant la crise des Gilets jaunes. Si l'exemple américain peut nous servir, tâchons exceptionnellement de ne pas l'imiter".

En Grande-Bretagne, le quotidien régional Ayrshire Daily News, implanté dans une région qui accueille l'un des nombreux clubs de golf de Trump, choisit pour sa part une approche purement locale de l'information: "Le propriétaire du club de golf de South Ayrshire perd l'élection 2020", titre-t-il.


Pont effondré à Baltimore: les corps de deux des six ouvriers retrouvés

Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
Le pont Francis Scott Key, effondré, se trouve au sommet du porte-conteneurs Dali à Baltimore, dans le Maryland, le 27 mars 2024. (AFP)
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  • Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala
  • En raison de la quantité de béton et de débris, «les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité» vers «ce que nous pensons être les véhicules piégés», dit la police

BALTIMORE: Les corps sans vie de deux des six ouvriers recherchés ont été repêchés mercredi des eaux glacées du port de Baltimore, sur la côte Est américaine, ont annoncé les autorités, au lendemain de l'effondrement spectaculaire d'un pont percuté par un porte-conteneurs.

"Des plongeurs ont localisé un pick-up rouge à environ 7.6 mètres de profondeur", a annoncé lors d'un point presse, la police du Maryland, l'Etat où se situe Baltimore. "Deux victimes du drame étaient prisonnières du véhicule".

Les corps repêchés ont été identifiés comme ceux de deux hommes âgés de 35 et 26 ans, originaires du Mexique et du Guatemala, qui faisaient partie de l'équipe d'ouvriers présente sur la chaussée du pont Francis Scott Key au moment de l'accident.

Les corps de quatre de leurs collègues, tous présumés morts, n'ont eux pas encore été retrouvés, ont ajouté les autorités.

Mais, en raison notamment de la quantité de béton et de débris, "les plongeurs ne sont plus en mesure de se frayer un chemin en sécurité" vers "ce que nous pensons être les véhicules piégés", a déclaré Roland Butler, de la police du Maryland.

Les secours vont donc chercher à retirer la structure de l'eau pour faciliter l'accès aux plongeurs, a-t-il précisé.

Les autorités avaient averti mardi soir qu'elles ne pensaient pas pouvoir "retrouver ces individus encore en vie", alors que deux membres de leur équipe avaient été secourus peu après le drame.

Les victimes, originaires d'Amérique latine selon la presse américaine, réparaient des nids de poule sur le pont lorsqu'il s'est écroulé dans le fleuve Patapsco.

«Pas conçu pour résister»

L'agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a fourni mercredi une chronologie détaillée de la tragédie, basée sur l'analyse préliminaire de l'enregistreur de données du porte-conteneurs.

Long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, le Dali, battant pavillon singapourien, a quitté le quai du port de Baltimore mardi à 0H39 (04H39 GMT) à destination de l'Asie, a indiqué Marcel Muise, enquêteur du NTSB, lors d'une conférence de presse.

À 1H24 locales, des alarmes ont commencé à retentir à bord du navire, signalant des problèmes de propulsion. Le pilote a rapidement informé les autorités portuaires par radio que le navire se dirigeait vers le pont, et a demandé l'intervention de remorqueurs.

L'appel à l'aide a été également reçu par deux équipes de l'autorité locale des transports qui se trouvaient sur le pont en raison des travaux. Ces dernières ont alors fermé toutes les voies de circulation, sauvant ainsi probablement des vies.

Puis, à 1H29, l'enregistreur du navire a enregistré des "sons correspondant à la collision".

Le pont, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est alors effondré tel un château de cartes, des pans entiers de la structure se retrouvant sur le bateau.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs dévier de son cap, heurter une pile du pont inauguré en 1977 puis s'écrouler.

Pour le ministre américain des Transports Pete Buttigieg, "ce type de pont (...) n'a tout simplement pas été conçu pour résister à un choc direct contre pilier de soutien essentiel".

L'équipage avait tenté en vain de ralentir la course du navire en jetant l'ancre.

L'enquête préliminaire montre qu'il s'agit d'un accident, selon les autorités.

«Coût de la reconstruction»

Le président Joe Biden s'est engagé à ce que "l'Etat fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction" du pont, qui porte le nom de l'auteur des paroles de l'hymne national américain, en admettant que cela prendrait du temps.

"Nous serons aux côtés des habitants de Baltimore aussi longtemps qu'il le faudra", a-t-il encore assuré mercredi soir sur le réseau social X.

Car l'enjeu est aussi économique: ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l'économie de la côte Est des Etats-Unis.

Pour l'heure, le transport maritime y est "suspendu jusqu'à nouvel ordre", selon les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d'activité et génère plus de 15.000 emplois.

Le Dali est "stable" et ne représente pas de danger pour l'environnement et le public, en dépit de la présence à bord de 5,6 milliards de litres de diesel et de quelques conteneurs de matières dangereuses, a assuré mercredi Peter Gautier, responsable des gardes-côtes.

Deux conteneurs, sur un total de 4,700, sont tombés à l'eau.

Le navire est exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu'il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu'une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée selon elles.


Mer de Chine méridionale: nouvel échange acerbe entre Manille et Pékin

Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
Cette photo prise le 5 mars 2024 montre un navire des garde-côtes chinois dans la mer de Chine méridionale contestée. (AFP)
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  • Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire
  • Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins

MANILLE: La Chine et les Philippines ont échangé jeudi de nouvelles accusations après de nouveaux accrochages en mer de Chine méridionale, où les deux pays ont des revendications concurrentes.

Samedi, trois soldats philippins ont été blessés lors d'un accrochage avec les garde-côtes chinois, qui ont bloqué leur navire et l'ont endommagé à l'aide de puissants canons à eau au large d'un des récifs disputés, l'atoll Second Thomas.

"Nous ne cherchons pas à entrer en conflit avec quelque nation que ce soit, en particulier avec les nations qui prétendent être nos amies, mais nous ne nous laisserons pas réduire au silence, à la soumission ou à l'asservissement", a déclaré jeudi dans un communiqué le président philippin Ferdinand Marcos.


Le nombre de migrants ayant traversé la Manche à un niveau record depuis janvier

Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
Le navire des forces frontalières britanniques « Defender », transportant des migrants récupérés en mer alors qu'ils tentaient de traverser la Manche depuis la France, revient à la marina de Douvres, dans le sud-est de l'Angleterre, le 17 janvier 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4 644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre
  • En 2023, près de 30 000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche

LONDRES: Plus de 4.600 migrants ont rejoint l'Angleterre par la Manche illégalement à bord de canots depuis le 1er janvier, un record pour les trois premiers mois de l'année malgré les promesses du gouvernement conservateur de mettre fin à ces dangereuses traversées.

Selon des chiffres publiés mercredi par le ministère britannique de l'Intérieur, 4.644 personnes, toutes nationalités confondues, ont effectué cette périlleuse traversée au premier trimestre, soit une augmentation de 23% par rapport à la même période l'année dernière (3.700).

Le dernier record avait été établi en 2022 avec 4.548 traversées entre début janvier et fin mars.

Rien que mardi, 338 personnes ont gagné les côtes anglaises dans ces embarcations, le plus souvent des canots pneumatiques chargés de dizaines de passagers.

Depuis le début de l'année, au moins sept migrants, dont une fillette de sept ans et un adolescent de 14 ans, sont morts en mer et sur un canal en tentant de rejoindre l'Angleterre.

"Il y a une prise de risque de plus en plus grande" et "l'année qui vient n'augure rien de bon", avait averti début mars l'association française d'aide aux migrants Utopia 56, selon laquelle le rythme de décès depuis le début de l'année atteint un niveau inédit depuis trois ans.

Depuis son arrivée à Downing Street il y a un an et demi, le Premier ministre Rishi Sunak a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière l'une de ses priorités, martelant vouloir "stopper les bateaux".

Projet de loi contreversé

En 2023, près de 30.000 migrants ont au total traversé illégalement la Manche, un chiffre en forte baisse par rapport au record atteint en 2022 (45.000), que le gouvernement met en avant dans son bilan.

Toute progression des arrivées sur le sol britannique risque de fragiliser les conservateurs à quelques mois des élections législatives, pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement en tête dans les sondages.

Le projet de loi controversé du gouvernement pour expulser les migrants au Rwanda se heurte par ailleurs à la résistance de la chambre haute du Parlement, celle des Lords, qui souhaite adoucir ce texte.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour dissuader les ressortissants vietnamiens, de plus en plus nombreux, à tenter de traverser la Manche.