Manifestation en Chine dans la plus grande usine d'iPhone du monde

Cette photo d'archive prise le 6 mai 2022 montre un homme passant devant le siège de Foxconn dans le district de Tucheng, New Taipei City. (Photo, AFP)
Cette photo d'archive prise le 6 mai 2022 montre un homme passant devant le siège de Foxconn dans le district de Tucheng, New Taipei City. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 23 novembre 2022

Manifestation en Chine dans la plus grande usine d'iPhone du monde

  • Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, montrent une foule d'ouvriers défilant sur le site. Ils font face à des personnes en combinaisons intégrales de protection blanches et des policiers anti-émeute
  • Foxconn a reconnu que les travailleurs s'étaient plaints des salaires et des conditions de travail dans l'usine, mais a nié avoir hébergé de nouvelles recrues avec du personnel positif au coronavirus

PÉKIN: Des centaines d'employés ont manifesté mercredi leur colère en Chine contre leurs conditions de vie et de rémunération dans la plus grande usine d'iPhone au monde, propriété du taïwanais Foxconn et soumise à un confinement anti-Covid.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, montrent une foule d'ouvriers défilant sur le site. Ils font face à des personnes en combinaisons intégrales de protection blanches et des policiers anti-émeute.

Foxconn a confirmé mercredi que des "violences" avaient bien eu lieu dans le complexe abritant l'usine, qui se trouve à Zhengzhou, capitale de la province du Henan (centre de la Chine).

Il s'agit d'un immense site industriel, surnommé "iPhone city", qui emploie généralement quelque 200.000 personnes, dont la plupart résident sur place dans des dortoirs.

Confrontée depuis octobre à une hausse du nombre de personnes testées positives au coronavirus, l'usine est confinée. Certains employés avaient pris la fuite il y a quelques semaines, entraînant une pénurie de main d'oeuvre.

Une vidéo transmise à l'AFP et prise par un ouvrier montre une personne inerte sur le sol, à côté d'un homme dont la veste est tâchée de sang et la tête entourée d'un bandage.

Sur d'autres images, des dizaines de personnes en combinaisons intégrales de protection brandissent des matraques en poursuivant des ouvriers. L'un des employés est mis à terre avant de recevoir un coup de pied à la tête.

L'ouvrier qui a transmis ces vidéos à l'AFP estime qu'environ 20 personnes ont été blessées dans ces affrontements. Il a demandé à rester anonyme afin d'éviter d'éventuelles représailles.

«Chaotiques»

Selon lui, des employés s'étaient dans un premier temps vu promettre une prime de 3.000 yuans (406 euros), en plus de leur salaire, en échange de la promesse de travailler au moins 30 jours dans l'usine.

Mais, toujours d'après cet ouvrier, la prime aurait été brusquement ramenée à seulement 30 yuans, ce qui aurait provoqué les manifestations, a-t-il déclaré à l'AFP.

De nombreux travailleurs sont également mécontents des conditions de vie "chaotiques", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il n'avait personnellement "rien reçu à manger" de la part de l'entreprise depuis mardi.

Des ouvriers testés négatifs au coronavirus ont été forcés de travailler aux côtés de collègues testés positifs et qui n'avaient pas été placés en quarantaine, a également assuré l'ouvrier.

Foxconn a reconnu que les travailleurs s'étaient plaints des salaires et des conditions de travail dans l'usine, mais a nié avoir hébergé de nouvelles recrues avec du personnel positif au coronavirus.

"En ce qui concerne les violences, l'entreprise continuera à communiquer avec les employés et les autorités pour éviter que des incidents similaires se reproduisent", a assuré le groupe taïwanais dans un communiqué.

Apple n'avait pas répondu mercredi dans l'immédiat à une demande de commentaire de l'AFP.

La Chine poursuit inlassablement sa politique sanitaire zéro Covid, qui implique de stricts confinements, des quarantaines pour les personnes testées positives et des tests PCR quasi-quotidiens, suscitant une grogne croissante de la population.

Censure

Etudiants et ouvriers sont parfois confinés de nombreuses semaines sur les campus ou les sites de production.

Sur d'autres images transmises mercredi et dont l'authenticité a été vérifiée par l'AFP, un homme apparaît avec le visage ensanglanté. Hors-champ, on entend un autre dire: "Ils frappent des gens, ils frappent des gens. Ont-ils une conscience?"

Et dans une vidéo diffusée en direct, de nuit, des dizaines d'ouvriers crient "Défendons nos droits!" devant des rangées de policiers.

Le mot-clé #EmeutesFoxconn semblait censuré mercredi sur les réseaux sociaux chinois et la presse locale passait l'affaire sous silence.

Foxconn est un grand groupe qui assemble des produits électroniques pour de nombreuses marques internationales.

Après la flambée épidémique sur le site de Zhengzhou, le groupe taïwanais avait décidé de confiner la zone, avec les ouvriers à l'intérieur.

Mais des centaines de travailleurs paniqués avaient pris la fuite, certains se plaignant de la désorganisation régnant sur place.

Pour maintenir l'usine à flot, l'entreprise avait notamment promis d'importantes primes aux employés restants.

Le géant américain Apple, dont l'iPhone est le produit phare, avait admis début novembre que le confinement du site avait "temporairement affecté" la production de l'usine, un coup dur avant les fêtes de fin d'année.

Foxconn est le principal employeur du secteur privé en Chine, avec plus d'un million d'employés à travers le pays.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"


Espagne : l'homme clé d'un scandale de corruption garde le silence devant le Sénat

Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020
  • Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros

MADRID: L'homme de confiance d'un ex-ministre espagnol, très proche du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, a invoqué lundi son droit au silence devant une commission d'enquête mise en place par le Sénat qui l'entendait dans une affaire de corruption embarrassante pour l'exécutif.

Mis en cause pour son rôle dans un scandale lié à des achats de masques pour des administrations publiques durant la pandémie de Covid-19, Koldo Garcia était invité à s'exprimer pour la première fois publiquement sur cette affaire par cette commission du Sénat, dominé par le Parti populaire (PP, droite), principale formation d'opposition.

Bombardé de questions, cet homme à la stature imposante a invoqué son "droit à ne pas témoigner" en raison de la procédure ouverte par la justice sur ce scandale. "Par bon sens, je pense que je dois attendre" de "témoigner devant" le juge avant d'évoquer l'affaire, a-t-il expliqué.

M. Garcia a toutefois assuré avoir la conscience "très" tranquille. Visiblement agacé, il a dénoncé le traitement réservé à l'affaire par les journaux. "Médiatiquement, on m'a déjà crucifié vivant", a-t-il jugé.

Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020.

Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros.

L'affaire est très sensible politiquement, car Koldo García était l'homme de confiance de José Luis Ábalos, ministre des Transports de 2018 à 2021 et membre important du premier cercle de Pedro Sánchez - l'un des rares à lui être resté fidèle après son éviction en 2016 de la tête du parti socialiste à la suite de résultats électoraux désastreux.

Mi-mars, le chef de file du PP, Alberto Núñez Feijóo, avait accusé le Premier ministre d'avoir été "au courant" et d'avoir "couvert" l'affaire. "Nous sommes face à une très grave affaire potentielle de corruption qui touche votre gouvernement, votre parti et probablement vous-même", avait-il ajouté.

Le Parti socialiste, qui a promis d'enquêter sur cette affaire avec "une transparence absolue", a exclu M. Ábalos de ses rangs, tandis que le gouvernement a limogé un haut fonctionnaire du ministère des Transports qui avait géré l'achat des masques.

Comme le Sénat, la Chambre des députés, où les socialistes et leurs alliés sont majoritaires, a voté la création d'une commission d'enquête sur les affaires de corruption autour de contrats d'achat de matériel sanitaire, mais élargie à plusieurs autres affaires dont l'une implique le compagnon d'Isabel Díaz Ayuso, le présidente de la région de Madrid et une figure du PP.

 

 


Expulsion de migrants au Rwanda: Londres «prêt» à appliquer son projet avant un vote au Parlement

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré qu'il ne détaillerait pas les détails opérationnels exacts du plan, mais a déclaré que le gouvernement avait fait des préparatifs spécifiques (Photo, AP).
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a déclaré qu'il ne détaillerait pas les détails opérationnels exacts du plan, mais a déclaré que le gouvernement avait fait des préparatifs spécifiques (Photo, AP).
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  • M. Sunak a pointé du doigt l'opposition de la chambre haute du Parlement, où les conservateurs n'ont pas la majorité, et qui tente depuis des semaines d'adoucir le texte
  • Conçu depuis deux ans par le gouvernement conservateur au pouvoir, et présenté comme une mesure phare de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine

LONDRES: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a assuré lundi que tout était "prêt" pour expulser des demandeurs d'asile vers le Rwanda "quoi qu'il arrive", une fois que le projet de loi controversé en ce sens sera voté au Parlement.

"Ces vols décolleront, quoi qu'il arrive", a affirmé le Premier ministre lors d'une conférence de presse destinée à présenter les moyens déployés par le gouvernement pour organiser ces expulsions, en amont d'une journée cruciale au Parlement durant laquelle le projet de loi pourrait être voté.

"Le premier vol partira dans dix à douze semaines", a assuré Rishi Sunak, soit "plus tard que ce que nous aurions souhaité". Le gouvernement avait jusqu'ici affiché sa volonté de voir ces vols débuter au printemps.

M. Sunak a pointé du doigt l'opposition de la chambre haute du Parlement, où les conservateurs n'ont pas la majorité, et qui tente depuis des semaines d'adoucir le texte.

Conçu depuis deux ans par le gouvernement conservateur au pouvoir, et présenté comme une mesure phare de sa politique de lutte contre l'immigration clandestine, ce projet vise à envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile entrés illégalement au Royaume-Uni.

Enjeu électoral 

L'enjeu est également électoral pour le parti conservateur et Rishi Sunak, à quelques mois des prochaines élections législatives, pour lesquelles l'opposition travailliste est donnée largement en tête.

Adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, le projet de loi vise à répondre aux conclusions de la Cour suprême qui a jugé le projet initial illégal en novembre dernier. Il définit notamment le Rwanda comme un pays tiers sûr.

"Dès que la loi sera votée, nous commencerons le processus d'expulsion des (migrants) identifiés pour le premier vol", a insisté Rishi Sunak.

Le gouvernement a mobilisé des centaines de personnels, notamment des juges, pour traiter rapidement les éventuels recours de migrants illégaux, et débloqué 2.200 places en détention pour eux en attentant que leurs cas soient étudiés, a-t-il précisé.

Des "avions charter" ont été réservés pour effectuer ces expulsions, a ajouté le Premier ministre.

Le projet britannique est vivement critiqué jusqu'à l'ONU, dont le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk, a estimé qu'il va "à l'encontre des principes fondamentaux des droits humains".