Algérie: l'opacité demeure après un mois d'absence du président Tebboune

Âgé de 75 ans, Abdelmadjid Tebboune a été admis le 28 octobre dans « l'un des plus grands établissements  spécialisés d'Allemagne », sans précision de lieu (Photo, AFP)
Âgé de 75 ans, Abdelmadjid Tebboune a été admis le 28 octobre dans « l'un des plus grands établissements  spécialisés d'Allemagne », sans précision de lieu (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 29 novembre 2020

Algérie: l'opacité demeure après un mois d'absence du président Tebboune

  • «Cette longue absence pour maladie, doublée d’un +protocole+ d’information langue de bois, indique que le président est vraiment malade»
  • Le président par intérim du Sénat, Salah Goudjil, un ancien combattant de la guerre d'indépendance âgé de 89 ans, assurera l'intérim

ALGER : Un mois après le transfert en urgence d'Abdelmadjid Tebboune en Allemagne pour y être soigné du coronavirus, l'opacité demeure sur l'état de santé du président algérien, alimentant rumeurs et interrogations sur la direction de ce pays du Maghreb.

Âgé de 75 ans, M. Tebboune a été admis le 28 octobre dans « l'un des plus grands établissements  spécialisés d'Allemagne », sans précision de lieu.

En fait, il est absent depuis au moins cinq semaines. Car il s'est mis « volontairement à l'isolement » dès le 24 octobre -- date de son dernier tweet -- après avoir été en contact avec des hauts responsables de la présidence et du gouvernement contaminés, puis admis dans une unité de soins spécialisés de l’hôpital militaire de Ain Naâdja à Alger. « Son état de santé n'inspire aucune inquiétude », avait alors assuré la présidence.

« Cette longue absence pour maladie, doublée d’un +protocole+ d’information langue de bois, indique que le président est vraiment malade », observe le politologue algérien Mohamed Hennad.

« Mais si cette absence prolongée pose problème, ce n’est pas à cause de la maladie elle-même, c'est parce que le pouvoir, manquant de culture de l’État et de bon sens, se complique l’existence pour rien car la vérité finit toujours par éclater », relève M. Hennad.

Le spectre de Bouteflika

L'absence de M. Tebboune a réveillé le spectre de la vacance du pouvoir lors des hospitalisations à l'étranger d'Abdelaziz Bouteflika après son grave accident vasculaire cérébral en 2013.

A la suite de cet épisode, c'est son frère Saïd qui a dirigé le pays et tenté avec le clan présidentiel d'imposer un 5e mandat de M. Bouteflika, poussant les Algériens à descendre massivement dans la rue en février 2019. M. Bouteflika démissionnera le 2 avril 2019 sous la double pression de l'armée et du soulèvement populaire, inédit et pacifique, du Hirak.

Depuis son départ -- pour Cologne et à bord d'un avion médicalisé français, selon des médias algériens --, six communiqués, sommaires et parfois contradictoires, ont été distillés par la présidence.

Ainsi, après avoir annoncé le 28 octobre qu'il était hospitalisé en Allemagne pour des « examens médicaux approfondis », la présidence a expliqué le lendemain qu'il recevait « le traitement adéquat et [que] son état de santé » était « stable et pas préoccupant », sans jamais préciser de quoi souffre M. Tebboune, un gros fumeur.

Ce n'est que le 3 novembre qu'un communiqué lapidaire a annoncé qu'il était infecté par le Covid-19. Cinq jours plus tard, la présidence a indiquait que le chef de l'Etat était « en passe d'achever son traitement ». Puis le 15 novembre, un autre communiqué précisait qu'il avait achevé son traitement et subissait « des examens médicaux ».

Depuis, c'est le silence officiel, hormis une dépêche de l'agence officielle APS le 20 novembre faisant état d'une lettre de la chancelière allemande, Angela Merkel, « dans laquelle elle se réjouit qu’il se soit remis de son infection au coronavirus ».

Interrogé, un porte-parole du gouvernement allemand a répondu que « la chancelière allemande a(vait) envoyé un message écrit de prompt rétablissement au président algérien Tebboune », sans autre détail.

Article 102

Cette communication pour le moins parcellaire et l'absence d'images du président ne cessent d'alimenter rumeurs et spéculations en tout genre en Algérie, au moment où ce pays subit une recrudescence de la pandémie.

L'incertitude sur l'état du président Tebboune -- censé promulguer la nouvelle Constitution après le référendum du 1er novembre et ratifier la loi de Finances 2021 -- pousse certaines voix à réclamer l'application de l'Article 102 de la Loi fondamentale, relatif à la vacance du pouvoir, afin d'éviter une crise constitutionnelle.

« L’Article 102 facilite bien les choses dans la mesure où le constat de vacance de pouvoir se fait en deux temps: l'état d'empêchement temporaire (du président), d'une durée maximale de 45 jours, puis sa démission de plein droit au-delà de cette durée », explique M. Hennad.

Dans ce cas, le président par intérim du Sénat, Salah Goudjil, un ancien combattant de la guerre d'indépendance âgé de 89 ans, assurera l'intérim en attendant l'élection d'un nouveau chef d'Etat.

Dans une déclaration à la presse jeudi, M. Goudjil a souhaité « un prompt rétablissement au président Tebboune ».

Dans un entrefilet publié samedi et intitulé « La présidence nous écrit », le quotidien francophone El Watan évoque « une grande confusion qui s'est développée à propos de l’état de santé du président Abdelmadjid Tebboune », et affirme, en citant « une source digne de foi », que ce dernier serait complètement guéri.

« Il serait encore retenu en Allemagne pour des séances de remise en forme et il sera de retour au pays dans quelques jours », assure le quotidien.


L'Iran assure aux Etats-Unis ne pas vouloir «une expansion des tensions » avec Israël

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré que son pays avait « essayé de dire clairement aux États-Unis » que l’Iran « ne cherchait pas une expansion des tensions dans la région ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré que son pays avait « essayé de dire clairement aux États-Unis » que l’Iran « ne cherchait pas une expansion des tensions dans la région ».
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  • «Ce qui peut accroître les tensions dans la région, c'est le comportement du régime sioniste», a dit Hossein Ami-Abdollahian à son arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à New York pour une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
  • A New York, M. Amir-Abdollahian a prévu de s'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et avec d'autres ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion du Conseil de sécurité

TÉHÉRAN: Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré que son pays avait fait passer plusieurs "messages" aux Etats-Unis pour assurer que l'Iran ne cherchait "pas une expansion des tensions" au Moyen-Orient avec Israël, a indiqué jeudi son ministère.

"Ce qui peut accroître les tensions dans la région, c'est le comportement du régime sioniste", a dit Hossein Ami-Abdollahian à son arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à New York pour une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Israël a indiqué mercredi qu'il se réservait "le droit de se protéger" face à l'Iran à la suite de l'attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche par Téhéran contre son territoire avec des drones et des missiles.

M. Ami-Abdollahian a insisté sur le fait que "des messages avaient été envoyés avant et après l'opération" aux Etats-Unis, essentiellement par l'intermédiaire de l'ambassade suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays. Ces échanges visaient "à établir une compréhension correcte de l'action de l'Iran", selon lui.

"Nous avons dit clairement aux Américains que la décision (...) de répondre au régime" israélien, à la suite de la frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, était "définitive", a dit le ministre.

"Nous avons essayé de dire clairement aux Etats-Unis dans ces messages que nous ne sommes pas à la recherche d'une expansion des tensions dans la région", a-t-il ajouté.

A New York, M. Amir-Abdollahian a prévu de s'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et avec d'autres ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion du Conseil de sécurité qui doit débattre d'une demande des Palestiniens de devenir un membre à part entière des Nations unies.


"Sortir de la destruction et de la mort" : des Gazaouis à la plage comme avant la guerre

Des enfants palestiniens jouent sur une plage à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
Des enfants palestiniens jouent sur une plage à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
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  • Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien,
  • "Les enfants étaient heureux", assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. "C'était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l'atmosphère de la guerre, même s'ils entendent tout le temps des explosions et les avions"

Deir El-Balah (Territoires Palestiniens) : Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien, qui par centaines se sont baignés dans les eaux encore fraîches de la Méditerranée pour se laver des affres de la guerre.

"Aujourd'hui, c'était l'occasion pour nous d'aller à la mer. A cause de la forte chaleur, la tente est comme un four, et l'air est comme le feu", raconte à l'AFP Mahmoud Al-Khatib, 28 ans, qui a dû fuir la ville de Gaza, au nord, avec sa femme et ses enfants.

En attendant le jour où ils pourront rentrer chez eux, ils vivent dans un camp, sous des tentes chauffées à blanc par le soleil d'avril et un mercure qui a atteint les 34°C mercredi à Deir el-Balah.

"Les enfants étaient heureux", assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. "C'était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l'atmosphère de la guerre, même s'ils entendent tout le temps des explosions et les avions".

Un photographe de l'AFP a saisi ces instants de calme et de joie simple, une denrée rare dans le petit territoire palestinien ravagé par six mois de frappes aériennes incessantes et de combats acharnés entre Israël et le Hamas.

Des hommes étendus sur le sable, les regards au large, devisent à quelques pas d'enfants bravant les vagues ou barbotant sur l'estran. Un petit groupe de femmes et de jeunes filles en tunique longue et hijab posent pour la photo.

Un cheval, un chien s'ébrouent dans l'eau. Des gamins piaffent d'aise, juchés sur un chameau.

Des adolescents tapent dans le ballon, d'autres volleyent, de plus jeunes sautillent sur un improbable trampoline.

Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, femmes et enfants sont les premières victimes de l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, qui a fait près de 39.000 morts, majoritairement des civils.

Originaire d'un quartier du nord de Gaza, Oum Ramadan, son mari Younis Abou Ramadan, leurs enfants et petits-enfants vivent eux aussi sous des tentes, "comme dans une boîte de sardines", résume-t-elle.

"Nous avons passé la journée à la plage", raconte Younis Abou Ramadan. "Nous avons essayé d'oublier ce que nous vivons, mais c'est difficile".

L'offensive militaire israélienne a été déclenchée par les attaques sanglantes et sans précédent perpétrées le 7 octobre par des commandos infiltrés du Hamas dans le sud d'Israël qui ont fait 1.170 morts, en majorité des civils, d'après un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens.

Leur massacre commis, les assaillants ont enlevé 250 personnes. Dans le cadre d'une trêve d'une semaine fin novembre, une centaine d'otages, dont 80 Israéliens ou binationaux, ont été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens.

Israël estime que 129 otages restent captifs dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts.


Les rois de Jordanie et de Bahreïn discutent de coopération arabe régionale

Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, à Aqaba. (Petra)
Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, à Aqaba. (Petra)
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  • La réunion a mis en lumière l’importance du prochain sommet de la Ligue arabe, qui devrait être inauguré à Manama, le 16 mai
  • Le roi Hamad a félicité la Jordanie pour son rôle au niveau de la promotion de la paix dans la région et son soutien aux causes arabes et islamiques, en particulier la question palestinienne

AMMAN: Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, se sont rencontrés, mercredi, à Aqaba, pour discuter de la solidarité et de la coordination arabes, rapporte l’Agence de presse jordanienne.

La réunion a mis en lumière l’importance du prochain sommet de la Ligue arabe, qui devrait être inauguré à Manama, la capitale du royaume de Bahreïn, le 16 mai, à la lumière des défis auxquels la région fait désormais face.

Le roi Abdallah a salué les efforts déployés par Bahreïn pour organiser l’événement.

Lors de la réunion, à laquelle a également participé le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdallah, les dirigeants ont insisté sur les liens étroits entre la Jordanie et Bahreïn et ont exprimé leur engagement à poursuivre la coopération et l’intégration économique.

Le roi Hamad a félicité la Jordanie pour son rôle au niveau de la promotion de la paix dans la région et son soutien aux causes arabes et islamiques, en particulier la question palestinienne.

Les dirigeants ont souligné la nécessité urgente d’une intervention internationale pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza, et ils ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils, garantir l’acheminement de l’aide humanitaire et empêcher une escalade du conflit.

Ils se sont également fermement opposés à toute action susceptible d’élargir le conflit, notamment l’offensive terrestre israélienne à Rafah ou le déplacement des Palestiniens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com