Can Dündar, journaliste et opposant turc en exil, condamné à 27 ans de prison

Can Dundar, journaliste turc et ancien rédacteur en chef du quotidien turc Cumhuriyet, condamné le 23 décembre 2020 à plus de 27 ans de prison pour aide à un groupe terroriste et espionnage (Photo, AFP).
Can Dundar, journaliste turc et ancien rédacteur en chef du quotidien turc Cumhuriyet, condamné le 23 décembre 2020 à plus de 27 ans de prison pour aide à un groupe terroriste et espionnage (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 24 décembre 2020

Can Dündar, journaliste et opposant turc en exil, condamné à 27 ans de prison

  • Erdogan avait confirmé lors d'une visite à Berlin en septembre 2018 vouloir l'extradition du journaliste, l'accusant d'être un «agent»
  • «Que peut-on penser d'un système judiciaire qui condamne des journalistes à d'aussi lourdes peines simplement pour avoir fait leur travail?»

ISTANBUL: Un tribunal turc a condamné mercredi à plus de 27 ans de prison le journaliste d'opposition exilé Can Dündar, devenu la bête noire du président Recep Tayyip Erdogan après avoir révélé des livraisons d'armes d'Ankara à des groupes islamistes en Syrie.

M. Dündar, qui vit en exil en Allemagne, a été reconnu coupable d'aide à un groupe terroriste et d'espionnage pour avoir publié en 2015 une enquête sur ces livraisons d'armes par les services secrets turcs, dans le quotidien d'opposition Cumhuriyet dont il était le rédacteur en chef.

En mai 2016, M. Dündar, 59 ans, avait été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d'Etat dans cette affaire qui avait provoqué la colère de M. Erdogan, dont le pays soutient des groupes de l'opposition syrienne contre le régime du président Bachar al-Assad.

Mais ce verdict avait été annulé en 2018 par une haute cour qui a ordonné un nouveau procès contre M. Dündar pour des accusations d'espionnage comportant une peine plus lourde.

Dans les attendus du verdict rendu mercredi, le tribunal a précisé que M. Dündar a été condamné à 18 ans et six mois de prison pour «divulgation d'informations confidentielles et espionnage» en lien avec la publication de l'enquête sur les livraisons d'armes, et à huit ans et neuf mois de prison pour «aide à une organisation terroriste», en l'occurrence le réseau du prédicateur Fethullah Gülen.

M. Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis, est accusé par Ankara d'avoir orchestré le putsch avorté contre le président Erdogan en juillet 2016. 

«Vendetta» 

M. Dündar s'était réfugié en Allemagne en 2016 après sa première condamnation.

«C'est une décision politique et une vendetta qui n'a rien à voir avec le droit», a réagi M. Dündar. «Le but est aussi de décourager les journalistes de publier ce genre d'informations».

«Erdogan a promis de me faire payer le prix et il essaye maintenant de le faire. On assiste à la déchéance de la justice en Turquie», a-t-il ajouté.

M. Erdogan avait confirmé lors d'une visite à Berlin en septembre 2018 vouloir l'extradition du journaliste, l'accusant d'être un «agent» ayant divulgué des «secrets d'Etat».

En février 2016, M. Erdogan s'en était violemment pris à la Cour constitutionnelle, plus haute autorité judiciaire du pays, après qu'elle a ordonné la libération de M. Dündar pendant la durée de son procès, après plus de 90 jours en détention provisoire.

«C’est une décision insensée et ignoble qui confirme que le régime du président Erdogan ne sait pas s'arrêter dans sa fuite en avant autoritaire», a réagi au verdict Pauline Adès-Mével, rédactrice en chef de RSF. Elle considère que le cas de M. Dundar «illustre au plus haut point l’acharnement judiciaire que subissent les journalistes en Turquie».

«Que peut-on penser d'un système judiciaire qui condamne des journalistes à d'aussi lourdes peines simplement pour avoir fait leur travail?», s'est interrogé de son côté le secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes Ricardo Gutiérrez.

Mais le directeur des communications à la présidence turque Fahrettin Altun, a affirmé que «présenter Can Dündar comme un journaliste et sa condamnation comme une atteinte à la libre expression est une insulte aux vrais journalistes».

Pendant son procès, M. Dündar avait échappé à une attaque à l'arme à feu devant le tribunal d'Istanbul. L'auteur des tirs avait été condamné à dix mois de prison.

Outre la peine de prison annoncée mercredi, la justice turque avait ordonné en octobre la saisie des biens de M. Dündar et le gel de ses comptes bancaires.

Cumhuriyet, le plus ancien quotidien en Turquie, n'appartient pas à un grand groupe d'affaires, mais à une fondation indépendante, ce qui en fait une cible facile pour les autorités.

Ainsi, un tribunal turc a maintenu en novembre 2019 les condamnations, prononcées en 2018, de 12 ex-collaborateurs et dirigeants du journal à des peines allant jusqu'à plus de huit ans de prison pour avoir «aidé des groupes terroristes», à savoir le réseau du prédicateur Gülen et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Outre l'épreuve judiciaire, Cumhuriyet a traversé une difficile transition en 2018 avec un changement brusque de l'équipe dirigeante qui s'est accompagné du départ des journalistes jugés.

La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG pour ses atteintes à la liberté de la presse. 

Ce pays occupe la 154e place sur 180 au classement de Reporters sans frontières (RSF).


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
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  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com