Eric Dupond-Moretti bientôt visé par une enquête pour conflits d’intérêts

Depuis sa nomination au gouvernement en juillet, accueillie par les syndicats comme une «déclaration de guerre à la magistrature», le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti est confronté à des accusations de conflits d'intérêts qu'il récuse (Photo, AFP).
Depuis sa nomination au gouvernement en juillet, accueillie par les syndicats comme une «déclaration de guerre à la magistrature», le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti est confronté à des accusations de conflits d'intérêts qu'il récuse (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 09 janvier 2021

Eric Dupond-Moretti bientôt visé par une enquête pour conflits d’intérêts

  • Une de ces plaintes reproche au ministre d'avoir ouvert une autre enquête administrative à l'encontre du juge Edouard Levrault qui avait dénoncé, après la fin de ses fonctions comme juge d'instruction à Monaco, avoir subi des pressions
  • «L'ouverture d'information judiciaire était nécessaire, il faut qu'une enquête ait lieu, il y a manifestement un problème»

PARIS: La Cour de justice de la République (CJR) va enquêter sur le garde des Sceaux Eric Dupond-Morettivisé par des plaintes de l'association Anticor et de trois syndicats de magistrats qui l'accusent de conflits d'intérêts liés à ses anciennes activités d’avocats.

Le procureur général près la Cour de cassation, François Molins, a annoncé vendredi dans un communiqué qu'il ouvrirait bientôt une information judiciaire pour «prises illégales d'intérêt», confiée à la commission d'instruction de la CJR, qui agit comme juge d'instruction dans cette affaire impliquant un ministre.

Depuis sa nomination au gouvernement en juillet, accueillie par les syndicats comme une «déclaration de guerre à la magistrature», le ministre de la Justice est confronté à des accusations de conflits d'intérêts qu'il récuse.

Deux plaintes et trois signalements ont en particulier été adressés depuis fin septembre à la CJR, seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour les actions menées dans l'exercice de leur fonction. 

Au cœur des accusations, les poursuites administratives ordonnées par Eric Dupond-Moretti contre trois magistrats du parquet national financier (PNF) qui avaient participé à une enquête préliminaire visant à identifier la taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient sur écoute. 

Pendant ces investigations, des facturations téléphoniques détaillées de plusieurs avocats, dont celle du futur ministre, avaient été examinées.

Une de ces plaintes reproche également au ministre d'avoir ouvert une autre enquête administrative à l'encontre du juge Edouard Levrault qui avait dénoncé, après la fin de ses fonctions comme juge d'instruction à Monaco, avoir subi des pressions.

Avant de devenir ministre, Eric Dupond-Moretti avait été l'avocat d'un des policiers mis en examen par ce magistrat et avait critiqué les méthodes du juge.

Après examen, la commission des requêtes de la CJR, composée de hauts magistrats et qui fait office de filtre, a jugé recevables les plaintes d'Anticor et de l'Union syndicale des magistrats, du Syndicat de la magistrature et d'Unité magistrats SNM FO, selon le communiqué du procureur général.

«Première étape» 

Ce dernier est désormais tenu d'ouvrir une information judiciaire.

La commission a en revanche jugé irrecevables deux signalements de l'ancien maire-adjoint de Grenoble Raymond Avrillier et du député LFI Ugo Bernalicis, estimant que ceux-ci n'avaient pas été «lésés par le délit imputé au ministre».

Elle a par ailleurs estimé que le décret du 23 octobre, qui prévoit que les dossiers impliquant des parties dont M. Dupond-Moretti a été l'avocat ou dans lesquelles il a été impliqué soient gérés par le Premier ministre Jean Castex, était «sans incidence» sur les plaintes examinées par la CJR «dès lors qu'il était postérieur aux faits dénoncés».

Interrogé jeudi soir sur France 2 sur la plainte des syndicats de magistrats, le garde des Sceaux avait indiqué : «Je ne sais pas quel sort lui sera réservé, mais sachez bien que le moment venu, je m'expliquerai, vous pourrez compter sur moi pour dire tout ce que j'ai à dire».

L'entourage du ministre n'a pas souhaité faire plus de commentaires.

«L'ouverture d'information judiciaire était nécessaire, il faut qu'une enquête ait lieu, il y a manifestement un problème», a réagi pour sa part Me Jérôme Karsenti, avocat d'Anticor.

«On attend la suite, savoir si ça va prospérer au fond», a indiqué Céline Parisot, la présidente de l'USM. «Il s'agit d'une première étape (...) notre requête est jugée suffisamment sérieuse pour aboutir à une enquête. On attend la suite et que la CJR nous dise ce qu'il en est en droit», a déclaré son homologue du SM, Katia Dubreuil.

Selon la magistrate, la plainte des syndicats a été déposée après de multiples démarches auprès du Premier ministre, du président de la République et du ministre de la Justice lui-même pour que «cesse» cette situation de conflit d'intérêts. Ces démarches n'avaient «abouti à rien», a-t-elle souligné.

Plusieurs autres ministres ou ex-ministres d'Emmanuel Macron, parmi lesquels Edouard Philippe, Agnès Buzyn, Olivier Véran, sont déjà visés depuis le 7 juillet par une autre information judiciaire confiée à la commission d'instruction de la CJR, cette fois concernant la gestion de la crise du coronavirus.


Périmètre de sécurité autour du consulat d'Iran à Paris, intervention policière imminente

La BRI a été mobilisée. (Photo d'illustration, AFP)
La BRI a été mobilisée. (Photo d'illustration, AFP)
Short Url
  • "Un témoin a aperçu un homme y entrant porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", a-t-on appris auprès de la préfecture de police
  • Le préfet de police, Laurent Nuñez, a mobilisé la BRI, une unité d'élite de la police

PARIS : Un périmètre de sécurité a été mis en place vendredi autour du consulat d'Iran à Paris et une intervention policière était imminente après qu'"un témoin a aperçu un homme y entrant porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", a-t-on appris auprès de la préfecture de police.

"Le préfet de police, Laurent Nuñez, a mobilisé la BRI", une unité d'élite de la police, a-t-on ajouté de même source, en précisant que le consulat avait fait une "demande d'intervention".

 

 

 


France: décès d'une adolescente en marge d'une attaque au couteau devant une école

Des élèves et des parents se rassemblent devant une école parmi les forces de police de la ville de Souffelweyersheim, dans l'est de la France, après que deux filles ont été blessées lors d'une attaque au couteau devant l'école le 18 avril 2024. (Photo, AFP)
Des élèves et des parents se rassemblent devant une école parmi les forces de police de la ville de Souffelweyersheim, dans l'est de la France, après que deux filles ont été blessées lors d'une attaque au couteau devant l'école le 18 avril 2024. (Photo, AFP)
Short Url
  • Jeudi après-midi, une alerte avait été lancée par le directeur de l'école primaire de la commune après que deux écolières eurent été attaquées au couteau à l'extérieur de l'établissement
  • Vendredi matin, plusieurs policiers étaient en faction devant l'établissement, où les surveillants faisaient entrer les collégiens

SOUFFELWEYERSHEIM: Une adolescente de 14 ans a été victime d'un arrêt cardiaque lors du confinement de son collège consécutif à une attaque au couteau jeudi dans une école attenante dans un village au nord de Strasbourg (est de la France).

La jeune fille "avait été secourue par des enseignants qui très vite ont appelé les services de pompiers" dans la commune de Souffelweyersheim, en Alsace, mais "elle est décédée en fin d'après-midi", a expliqué vendredi à l'AFP le recteur d'académie, Olivier Faron.

"C'est avec une infinie tristesse que j'ai appris le décès d'une jeune collégienne, victime d'un arrêt cardiaque lors de la mise en sûreté en marge de l'attaque au couteau à proximité de son établissement", a réagi auprès de l'AFP la ministre française de l'Education nationale, Nicole Belloubet.

"La perte d'une jeune vie, pleine de promesses et d'avenir, est une tragédie qui me bouleverse, qui nous bouleverse. Dans la douleur, toute l'Education nationale est auprès des siens".

Jeudi après-midi, une alerte avait été lancée par le directeur de l'école primaire de la commune après que deux écolières eurent été attaquées au couteau à l'extérieur de l'établissement par un individu présentant des antécédents psychiatriques.

Outre l'école, le collège, distant de quelques dizaines de mètres, a également été confiné.

"Nous avons mis en place la procédure de confinement. Les enseignants l'ont fait de manière extrêmement précise et rigoureuse et malheureusement cette collégienne a connu un épisode de stress très fort qui a abouti à cet arrêt cardiaque", a indiqué le recteur.

Vendredi matin, plusieurs policiers étaient en faction devant l'établissement, où les surveillants faisaient entrer les collégiens.

"Aucune solution parfaite" 

"(Mon fils) est autonome, il fait le trajet tout seul à vélo normalement, mais là, faire le trajet ce matin lui faisait peur. On est juste venu récupérer ses affaires et je vais le garder avec moi aujourd'hui. Il a eu du mal à s'endormir hier soir", a expliqué à l'AFP Deborah Wendling, mère d'un élève du collège.

"Le confinement a été mené presque plus sous forme de jeu à l'école primaire, mais ici ça a été peut être un peu trop direct", a-t-elle ajouté. "Lui pensait qu'il y avait une personne armée dans le collège. Ils entendaient des portes claquer, mais en fait c'était juste les autres classes qui se confinaient aussi".

Lorsque l'alerte a été donnée, les classes ont fermé leurs portes et les élèves se sont dissimulés sous les tables. L'auteur de l'attaque au couteau n'est entré dans aucun établissement.

"Des investigations devront être menées afin de déterminer dans quelles conditions cet arrêt (cardiaque) est intervenu", a déclaré jeudi la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi.

"Il n'y a aucune solution parfaite et nous analyserons en profondeur ce qui s'est passé. S'il y a des enseignements à tirer, nous les tirerons. Mais les enseignants ont vraiment fait le nécessaire", a commenté le recteur.

Motivation de l'assaillant inconnue 

"Nous sommes atterrés, sans voix", a déclaré Georges Schuler, maire de Reichstett, commune de résidence de la collégienne. "Je ne peux pas vous dire si cette jeune fille présentait une pathologie cardiaque ou pas".

La présence de la gendarmerie aux abords des établissements scolaires a été renforcée, selon la préfecture du Bas-Rhin.

Les deux fillettes visées lors de l'attaque présentent des "blessures physiques légères" et ont rapidement quitté l'hôpital, selon le parquet de Strasbourg.

L'assaillant, âgé de 30 ans, a été interpellé.

Une enquête pour "tentatives d'homicides volontaires sur mineures de 15 ans (et rébellion)" a été ouverte.

"Les motivations du principal suspect demeurent inconnues à ce stade", a précisé le parquet, évoquant des "fragilités psychiatriques".

 

 


Darmanin empoigné vivement en Guadeloupe par un homme placé en garde à vue

Le ministre français de l'intérieur et de l'outre-mer, Gérald Darmanin, arrive pour parler à la presse lors d'une visite consacrée aux mesures de sécurité avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques avec la Brigade fluviale de la police française à Paris le 9 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
Le ministre français de l'intérieur et de l'outre-mer, Gérald Darmanin, arrive pour parler à la presse lors d'une visite consacrée aux mesures de sécurité avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques avec la Brigade fluviale de la police française à Paris le 9 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
Short Url
  • Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l'Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux la chaîne Guadeloupe 1ère
  • Un homme «d'une vingtaine d'années» selon la source proche de l'enquête, s'est approché du ministre demandant à lui parler

POINTE-A-PITRE: Gérald Darmanin a été empoigné vivement mais pas blessé jeudi près de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) dans les locaux de la chaîne Guadeloupe 1ère par un jeune homme, aussitôt interpellé et placé en garde à vue, a-t-on appris d'une source proche de l'enquête et de deux témoins de la scène.

Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l'Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux de cette télévision, à Baie-Mahault, au terme de son déplacement en Guadeloupe au cours duquel il a annoncé l'instauration d'un couvre-feu à partir de 20H00 pour les mineurs à Pointe-à-Pitre, ville qualifiée de "coupe-gorge" par son maire.

Un homme "d'une vingtaine d'années" selon la source proche de l'enquête, s'est approché du ministre demandant à lui parler, ont relaté à l'AFP deux témoins qui ont souhaité garder l'anonymat.

Le ministre lui a alors tendu la main et c'est alors que l'homme l'a empoigné vivement par le bras et les épaules avant d'être maitrisé par les hommes de la sécurité du ministre, a décrit un des deux témoins.

L'homme a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Baie-Mahault, a déclaré à l'AFP la source proche du dossier, ajoutant qu'une enquête avait été ouverte pour "violence sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion".

"Il a voulu s’échapper et ne s'est pas laissé faire" et s'est montré "non coopératif" lors de sa garde à vue. Les tests habituels n'ont pas pu être effectués et le jeune homme a été "hospitalisé aux urgences psychiatriques" du CHU de Pointe-à-Pitre, vendredi soir, selon la même source.

Le ministre n'a pas été blessé. Il a ensuite enregistré comme prévu son interview.

"J'en ai discuté avec le ministre qui m'a dit que ce n'était pas trop grave et j'espère que ça finira bien pour le jeune", a dit à l'AFP Ary Chalus, le président de la région Guadeloupe.

Interrogé sur cet épisode, le député socialiste Christian Baptiste a pour sa part répondu: "Je ne sais pas les conditions dans lesquelles cela s'est passé, mais on ne peut pas accepter l'inacceptable, qu'un ministre puisse se faire agresser, et on peut s'interroger sur le service de sécurité".

M. Darmanin, lui, n'a pas souhaité s'exprimer sur cet incident.