L'ONU affirme être «extrêmement inquiète» du sort des Érythréens en Éthiopie

«Je continue de recevoir de nombreux comptes rendus fiables et des témoignages de première main de l'insécurité latente et des accusations d'abus graves et douloureux des droits de l'Homme», souligne Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (Photo, AFP).
«Je continue de recevoir de nombreux comptes rendus fiables et des témoignages de première main de l'insécurité latente et des accusations d'abus graves et douloureux des droits de l'Homme», souligne Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 janvier 2021

L'ONU affirme être «extrêmement inquiète» du sort des Érythréens en Éthiopie

  • Ni l'ONU ni d'autres organisations d'aide n'ont eu accès à deux camps de réfugiés depuis le déclenchement de l'opération militaire contre la région début novembre
  • Il évoque notamment des assassinats, des enlèvements et le renvoi forcé de réfugiés en Erythrée

GENEVE: Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés s'est dit «extrêmement inquiet» jeudi du sort des Erythréens réfugiés en Ethiopie, victimes collatérales du conflit qui oppose le gouvernement fédéral à la région dissidente du Tigré.

«Je suis extrêmement inquiet pour la sécurité et le bien-être des réfugiés érythréens», écrit Filippo Grandi dans un communiqué, soulignant que, malgré des demandes répétées, ni l'ONU ni d'autres organisations d'aide n'ont eu accès à deux camps de réfugiés depuis le déclenchement de l'opération militaire contre la région début novembre.

Selon les chiffres de l'ONU, il y avait en Ethiopie quelque 96 000 réfugiés érythréens qui ont fui le régime autocratique du président Issaias, quand le conflit a éclaté.

La présence de troupes érythréennes dans la région avait fait craindre de possibles exactions des troupes d'Asmara contre ces réfugiés, y compris des retours forcés dans leur pays.

Mi-décembre, Washington avait jugé «crédibles» et «graves» les informations sur la présence de troupes érythréennes au Tigré. L'ambassadeur éthiopien aux Etats-Unis, Fitsum Arega, avait dans la foulée dénoncé un «mensonge».

Mais un haut gradé de l'armée éthiopienne, le général Belay Seyoum avait confirmé début janvier que des troupes de l'Erythrée étaient bien entrées dans la région du Tigré au cours de l'opération militaire lancée par Addis Abeba.

Des habitants du Tigré ont également évoqué la présence de troupes érythréennes sur leur sol, les accusant d'exactions et de pillages.

M. Grandi s'est dit particulièrement inquiet pour le sort des réfugiés des camps de Shimelba et Hitsats.

«Ils se retrouvent sans aucune aide depuis de nombreuses semaines et qui plus est - et c'est extrêmement inquiétant - je continue de recevoir de nombreux comptes rendus fiables et des témoignages de première main de l'insécurité latente et des accusations d'abus graves et douloureux des droits de l'Homme», a-t-il martelé, dans ce communiqué au ton très grave.

Il évoque notamment des assassinats, des enlèvements et le renvoi forcé de réfugiés en Erythrée.

Il dénonce aussi des incursions militaires dans les camps, confirmées aussi bien par des comptes rendus que des images satellitaires montrant des foyers d'incendie et d'autres traces de destruction dans les deux camps.

«Ce sont des indications concrètes de violations majeures des lois internationales», a-t-il souligné.

M. Grandi a néanmoins indiqué que quelques avancées ont été atteintes récemment avec les autorités, y compris le transport et la distribution de nourriture pour les 25 000 réfugiés érythréens dans les camps de Mai Aini et Adi Harush, au Tigré.

Une équipe a réussi a rétablir l'alimentation en eau et des soins médicaux de base, a précisé M. Filippo, qui se dit près à travailler avec les autorités éthiopiennes «pour trouver des solutions».

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé le 4 novembre l'armée fédérale contre les autorités de la région du Tigré, qui défiaient son autorité depuis plusieurs mois.

Il a annoncé le 28 novembre la fin des hostilités avec la prise de la capitale régionale, Mekele, mais l'ONU a encore récemment fait état de «combats localisés et de la poursuite de l'insécurité» dans plusieurs zones de la région.


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
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  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.