Les milices pro-iraniennes contraignent les leaders de la contestation irakienne à se cacher

Un manifestant irakien qui porte le masque du personnage créé par DC Comics Joker prend la pose lors d’une manifestation antigouvernementale dans la capitale Bagdad, le 23 novembre 2019 (AFP/Photo d’archives)
Un manifestant irakien qui porte le masque du personnage créé par DC Comics Joker prend la pose lors d’une manifestation antigouvernementale dans la capitale Bagdad, le 23 novembre 2019 (AFP/Photo d’archives)
Sur cette capture d’écran d’une vidéo de l’AFPTV prise le 27 août  2020, le militant irakien Ihab al-Wazni, tué le 9  mai dernier, incite les protestataires à descendre dans la rue pour exiger la fin des effusions de sang (AFP/Photo d’archives)
Sur cette capture d’écran d’une vidéo de l’AFPTV prise le 27 août  2020, le militant irakien Ihab al-Wazni, tué le 9  mai dernier, incite les protestataires à descendre dans la rue pour exiger la fin des effusions de sang (AFP/Photo d’archives)
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Publié le Mercredi 12 mai 2021

Les milices pro-iraniennes contraignent les leaders de la contestation irakienne à se cacher

  • Le 9  mai, Ihab al-Wazni, l’un des coordinateurs des manifestations dans la ville sainte chiite de Karbala, a été tué devant son domicile par des hommes à moto
  • Beaucoup de personnes ont perdu la vie dans les rues pendant les rassemblements et d’autres ont été prises pour cibles sur le pas de leur porte, loin des manifestations

ERBIL/BOGOTA: L’année dernière, Mustafa Makki Karim, 24 ans, a fui Bagdad pour la région semi-autonome du Kurdistan irakien, où règne une sécurité relative, après avoir reçu des menaces de mort de la part de groupes pro-iraniens en raison de sa participation au mouvement de protestation contre la corruption et l’incompétence du gouvernement qui a éclaté au mois d’octobre 2019. 

Lors du mouvement d’agitation populaire qui s’en est suivi, le jeune militant s’est vu affubler du surnom de «Joker» en raison du masque de clown qu’il portait pour dissimuler son identité, alors que lui et sa «division blindée de Tahrir» défendaient leur campement de place de la Victoire, à Bagdad. 

«J’ai quitté ma vie, ma famille, mes amis, mon avenir pour mon pays et pour les âmes des gens que nous avons perdus», déclare Karim à Arab News, en sûreté dans son studio de la ville d’Erbil. Il a reçu de la grenaille dans la jambe et a perdu un œil après que les troupes irakiennes ont tiré sur la foule. 

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Des manifestants irakiens agitent des drapeaux nationaux lors d’une manifestation antigouvernementale sur la place Tahrir de Bagdad, le 6 décembre 2019 (AFP/Photo d’archives)

Aujourd’hui, Karim et d’autres individus qui vivent la même situation ont été contraints de se cacher afin de se remettre des blessures subies lors d’affrontements avec les forces de sécurité et des voyous de la milice. Ils ne cessent de s’inquiéter pour leurs camarades qui ont fait le choix de de rester. 

Leurs craintes ne sont pas infondées. Le 9 mai, Ihab al-Wazni, l’un des coordinateurs des manifestations dans la ville sainte chiite de Karbala, a été tué devant son domicile par des hommes à moto. Opposant virulent à la corruption et à l’influence de l’Iran en Irak, Al-Wazni était une figure phare de la campagne de protestation. 

Le mois d’octobre 2019 a marqué le début du plus grand mouvement social populaire de l’histoire moderne de l’Irak. Écœurés par une élite dirigeante corrompue, considérée comme étant aux ordres des puissances étrangères, des jeunes Irakiens – devenus adultes après la chute du dictateur Saddam Hussein – ont défilé par centaines de milliers dans les villes du pays, exigeant le renversement de l’ordre établi après 2003. 

C’est un véritable défi qu’ils ont lancé au pouvoir sur la place Tahrir de Bagdad, à l’occasion de batailles rangées entre manifestants et forces de sécurité qui se sont déroulées sur les ponts adjacents menant à la zone verte fortifiée; c’est de cette enclave que les responsables gouvernementaux et les diplomates étrangers ont pu, non sans inquiétude, observer la scène. 

Environ six cents personnes ont été tuées pour avoir participé à ce mouvement de protestation: beaucoup ont perdu la vie dans les rues pendant les rassemblements et d’autres ont été prises pour cibles sur le pas de leur porte, loin des manifestations. 

Selon Amnesty International, l’observateur mondial des droits humains, des centaines de personnes ont été tuées par des balles réelles, par des cartouches de gaz lacrymogène militarisé ou par d’autres armes jugées inappropriées à la maîtrise d’une foule de civils. De nombreux soldats et policiers ont été blessés par des jets de pierres ou par des bombes incendiaires lancées par des manifestants. 

«J’ai commencé à participer aux protestations pour en finir avec cette classe politique corrompue, explique Karim à Arab News. Ma vie a été totalement transformée par les manifestations. J’étais étudiant à l’université. J’ai célébré la remise des diplômes sur la place Tahrir. J’avais pris l’habitude d’aller de Tahrir jusqu’à mon université pour passer mes examens, avant de retourner aux manifestations.» 

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Dans la ville de Nassiriya, au sud de l’Irak, un manifestant irakien, drapé dans le drapeau national de son pays, observe des pneus qui s’embrasent le 12 février 2020, lors des manifestations antigouvernementales (AFP/Photo d’archives) 

Ce masque de clown emblématique fut popularisé par le thriller américain Joker, sorti en 2019, avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre. Au fil des manifestations qui se sont produites à travers le monde, il est devenu un symbole de rébellion contre des élites indifférentes et méprisantes. 

Les médias pro-iraniens en Irak ont même qualifié les jeunes manifestants de « gangs de Joker» et ils les ont accusés de recevoir un soutien américain dans le but de renverser l’État irakien. En réalité, des branches phares du régime iranien ont lâché leurs sbires paramilitaires sur les manifestants afin de maintenir leur emprise sur l’Irak. 

«J’avais pris l’habitude de cacher mon identité. Pendant plusieurs mois, personne n’a su que j’étais le Joker; mais mon oncle a révélé mon identité aux miliciens. Il faisait partie de Saraya al-Salam», raconte Karim, qui fait référence aux Brigades de la paix, héritières de l’Armée du Mahdi, l’ancienne milice dirigée par le religieux chiite Moqtada al-Sadr. 

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Des manifestations ont éclaté au mois d’octobre 2019 à Bagdad, la capitale irakienne, et dans sa partie sud à majorité chiite, pour dénoncer la corruption gouvernementale ainsi que la pénurie d’emplois (AFP/Photo d’archives) 

«Soudainement, je devins un homme recherché dans tous les points de contrôle et une action en justice fut lancée contre moi par Asaïb Ahl al-Haq», ajoute-t-il, faisant allusion à une milice soutenue par l’Iran et connue pour avoir déployé des combattants en Syrie afin de soutenir le régime d’Al-Assad. 

«Mon frère, mon cousin et moi avions nos photos et nos noms placardés partout dans les rues. Ils y ont été placés par Asaïb Ahl al-Haq. Notre maison a été la cible de tirs.» 

 

Irak: en un clin d'œil

  • 30: le nombre d’activistes décédés depuis le mois d’octobre 2019. 
  • 12,83%: le taux de chômage. 
  • 25,17%: le taux de chômage des jeunes. 

Source: Statista 

Plutôt que de reculer, Karim enleva son masque. «J’ai pris la décision de révéler mon identité à la télévision. Je leur ai dit qui j’étais et ce que je faisais. Avec d’autres, nous étions en première ligne pour faire barrage aux forces qui voulaient pénétrer par effraction sur la place Tahrir.» 

Après de premières victoires, notamment la démission du Premier ministre de l’époque, Adel Abdel-Mehdi, et après avoir acquis une sympathie internationale massive, le mouvement a commencé à se fragmenter. 

La pandémie de coronavirus (Covid-19) a porté le coup de grâce à ce mouvement dépourvu de leadership clair, divisé sur la stratégie à mettre en place et apeuré par la police ainsi que par les assassinats politiques. 

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Ahmed Latif Taher est un jeune Irakien qui fut contraint de fuir vers la région du Kurdistan après avoir reçu des menaces de la part des milices pro-iraniennes en raison de sa participation au mouvement de protestation (Photo d’Arab Nexws/Kareem Botane) 

Lors du premier anniversaire de la «révolution Tishreen», au mois d’octobre 2020, Karim et d’autres militants restés sur place ont tenté de redynamiser un mouvement en déclin. Mais leurs tentatives pour marcher sur la zone verte ont été déjouées par les forces de sécurité qui ont repris Tahrir. 

Après l’écrasement de leur rébellion par les forces pro-iraniennes et face à une élite déterminée à conserver le pouvoir à tout prix, ceux qui avaient critiqué les milices et s’étaient opposés à leur toute-puissance devinrent la cible de représailles. 

Alors que les tueurs assassinaient les leaders de la contestation un par un, Karim savait qu’il devait fuir. Même sa famille a été contrainte de déménager dans une autre ville afin d’éviter une punition collective. 

«Les milices ont appelé à ma mort. Je ne peux pas retourner dans des villes irakiennes en dehors du Kurdistan», indique-t-il. «Je n’ai pas d’avenir ici, en Irak. Toutes les milices me poursuivent, en particulier les Kataeb Hezbollah [le Hezbollah irakien, NDLR] et Asaïb Ahl al-Haq, qui veulent me tuer.» 

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L’année dernière, Mustafa Makki Karim, 24 ans, a fui Bagdad pour trouver dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien une sécurité relative. Il a été menacé de mort par des groupes pro-iraniens en raison de sa participation aux manifestations antigouvernementales. Il réside désormais à Erbil, où il regarde des photos sur lesquelles il arbore le masque de Joker, souvenir des journées remplies d’espoir de la place Tahrir (Photo d’Arab News/Kareem Botane) 

Ces menaces sont bien réelles. Thaer Karim al-Tayeb, d’Al-Diwaniya, une ville située juste à l’est de la ville sainte irakienne de Nadjaf, a été mortellement blessé par une voiture piégée en raison du rôle qu’il a joué dans le mouvement. 

«Il rêvait d’obtenir un emploi au ministère du Pétrole et de se marier avec sa petite amie, raconte Malik, le frère d’Al-Tayeb. Mais les milices l’ont assassiné. Le 14 décembre 2019, elles ont placé un engin explosif dans sa voiture.» 

«Il a été hospitalisé pendant neuf jours avant de mourir. Nous ne connaissons pas l’auteur de l’assassinat; nous n’avons aucun indice sur les coupables. J’ai même rencontré le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et le gouverneur de Diwaniya, ainsi que les chefs de la sécurité: cela n’a donné aucun résultat, mais seulement des fausses promesses. En plus, j’ai reçu des menaces.» 

Rendre justice à Al-Tayeb semblait clairement un objectif impossible à atteindre. «Après la mort de mon frère, un homme au visage masqué s’est approché de moi à moto. Il m’a dit que je devais arrêter les recherches sur la mort de mon frère», raconte Malik. 

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Thaer Karim al-Tayeb, d’Al-Diwaniya, une ville située juste à l’est de la ville sainte irakienne de Nadjaf, a été mortellement blessé par une voiture piégée le 14 décembre 2019 en raison du rôle qu’il a joué dans le mouvement. Son frère réclame toujours justice (Photo d’Arab News/Kareem Botane) 

Rares sont ceux qui doutent qu’un lien existe entre les services de renseignement iraniens et la campagne de répression et d’intimidation, qui utilise les tactiques habituellement déployées par Téhéran contre les manifestants lorsqu’ils osent se rebeller. 

«Les milices et les pays qui les soutiennent veulent semer le chaos dans le pays», dénonce Ahmed Latif Taher, un autre jeune Irakien contraint de fuir vers la région du Kurdistan. «Nous savons que le gouvernement et les milices, c’est la même chose», ajoute-t-il. 

Toutefois, il déclare que le fait de combattre frontalement les milices pro-iraniennes s’avérerait désastreux. Il souhaite plutôt que la communauté internationale maintienne la pression sur le régime iranien afin qu’il cesse ses activités extraterritoriales en Irak et ailleurs dans la région. 

«Nous ne voulons pas d’une révolution armée qui détruirait le pays de toute façon. Cela ferait de lui une autre Syrie, et nous ne voulons pas cela», affirme Taher. «Ils ont suffisamment d’armes pour exterminer les gens. Ils tueraient pour rester au pouvoir. Nous avons besoin d’une intervention de l’ONU qui fasse pression sur l’Iran afin qu’il renonce à son emprise sur la région.» 

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Mustafa Makki Karim, âgé de 23 ans, grimé en Joker, le personnage de bande dessinée et de film créé par DC Comics, prend la pose lors d’une manifestation antigouvernementale dans la capitale Bagdad, au mois de novembre 2019. Il porte un bouclier antiémeute improvisé sur lequel figure un texte écrit en arabe, qui signifie: «Tahrir Shield Division» («division du bouclier de Tahrir») (AFP/Photo d’archives) 

Alors que l’Irak se trouve en proie à une nouvelle vague de Covid-19 et que le pays souffre d’une économie et d’une infrastructure anéanties par des décennies de guerre et de mauvaise gestion, les griefs des manifestants restent sans réponse. 

«Je ne regrette en rien ma participation aux manifestations», confie Karim, qui fait défiler sur son téléphone les photos de la place Tahrir où se tient son alter ego masqué, revêtu d’un gilet pare-balles. 

«Les manifestations ont généré en Irak une plus grande prise de conscience. Jour après jour, nous incitons les gens à nous rejoindre, même ceux qui travaillent pour les milices.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Bombardements israéliens et combats avec le Hamas dans la bande de Gaza

L'armée israélienne est sur le point d'évacuer les civils palestiniens de Rafah et d'attaquer les bastions du Hamas dans la ville du sud de la bande de Gaza, a déclaré mercredi un haut responsable israélien de la défense, malgré les avertissements internationaux de catastrophe humanitaire. (AFP)
L'armée israélienne est sur le point d'évacuer les civils palestiniens de Rafah et d'attaquer les bastions du Hamas dans la ville du sud de la bande de Gaza, a déclaré mercredi un haut responsable israélien de la défense, malgré les avertissements internationaux de catastrophe humanitaire. (AFP)
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  • Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo montrant un des otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du 7 octobre du Hamas sur le sol israélien
  • Les groupes humanitaires préviennent que toute invasion aggraverait les conditions déjà catastrophiques pour les civils

TERRITOIRES PALESTINIENS : Israël a bombardé jeudi plusieurs secteurs de la bande de Gaza, comme la ville de Rafah où l'armée se prépare à une opération terrestre dans sa guerre contre le Hamas, malgré les mises en garde de la communauté internationale, en particulier l'allié américain.

Le mouvement islamiste palestinien a diffusé mercredi une vidéo montrant un des otages enlevés lors de l'attaque sans précédent du 7 octobre du Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

L'armée israélienne a indiqué jeudi matin que ses avions avaient frappé la veille "30 cibles du Hamas" dans la bande de Gaza, notamment des bâtiments où étaient stockées des armes, et tué plusieurs combattants du mouvement islamiste.

Un avion a "éliminé une cellule de snipers" dans le secteur du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, a-t-elle ajouté.

Des combats entre les forces israéliennes et des combattants palestiniens ont eu lieu au nord de ce camp, selon des témoins.

Des correspondants de l’AFP et des témoins ont fait état par ailleurs de tirs d’artillerie et de frappes aériennes sur le quartier de Zeitoun, dans le sud de la ville de Gaza, dans la nuit. Des frappes aériennes ont aussi touché la ville de Rafah, dans l'extrême sud du territoire.

"C'est allé trop loin" 

Des habitants de cette ville tentaient jeudi matin de récupérer des objets dans les décombres des bâtiments détruits.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", lance Samir Daban, au milieu des gravats.

De nombreuses capitales étrangères parmi lesquelles Washington s'inquiètent notamment des préparatifs en cours pour une offensive terrestre sur Rafah.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, assure depuis des semaines que cette ville, où se trouvent un million et demi de personnes dont une majorité de déplacés, est le dernier bastion du Hamas.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a indiqué mercredi qu'Israël avançait dans cette opération, affirmant que "quatre bataillons" du Hamas se trouvaient encore à Rafah.

Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils de Rafah vers la ville proche de Khan Younès, notamment, où il prévoit d'installer des abris et des centres de distribution de nourriture.

L'évacuation des civils gazaouis durerait deux à trois semaines et serait menée notamment en coordination avec les Etats-Unis, l'Egypte et d'autres pays arabes, selon ces responsables.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Washington veut des réponses

La Maison Blanche a exigé mercredi des "réponses" des autorités israéliennes après la découverte de fosses communes dans les deux principaux hôpitaux de la bande de Gaza, dont celui de Nasser à Khan Younès.

La Défense civile de Gaza a affirmé avoir exhumé depuis samedi 340 corps de personnes tuées et enterrées selon elle par les forces israéliennes dans des fosses communes dans l'hôpital Nasser.

L'armée israélienne a parlé d'allégations "sans fondement", disant avoir déterré, puis ré-enterré, des corps parce qu'elle était à la recherche de cadavres d'otages.

Un des objectifs affichés de M. Netanyahu dans la guerre à Gaza est de ramener les otages, dont les familles et proches se rassemblent régulièrement pour tenter de faire pression sur leur gouvernement pour obtenir leur libération.

Le Hamas a diffusé mercredi, sur sa chaîne Telegram, une vidéo d'un otage, enlevé lors du festival de musique Nova.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, Hersh Goldberg-Polin, un Israélo-américain de 23 ans, y accuse le Premier ministre israélien et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

"Ramenez-les" 

Mercredi soir à Jérusalem, des dizaines de manifestants se sont réunis devant la résidence de M. Netanyahu avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Ramenez-les à la maison".

Alors que la bande de Gaza est confrontée à une situation humanitaire dramatique, sa population risquant la famine, selon l'ONU, l'armée jordanienne a annoncé jeudi que des avions américains, allemand, britannique jordanien et égyptien avaient largué de l'aide en parachute au-dessus du nord de la bande de Gaza, opérations qui ont lieu depuis des semaines.

La guerre à Gaza a exacerbé les violences dans la région, notamment à la frontière libano-israélienne, où Israël et le puissant mouvement Hezbollah, allié du Hamas, échangent des tirs quotidiens depuis le 7 octobre.

L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir frappé dans le sud du Liban 40 cibles du Hezbollah et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur. Une source du mouvement pro-iranien a rejeté jeudi de "fausses" allégations.

L'agence officielle libanaise et une source du Hezbollah ont fait état par ailleurs d'une frappe au drone jeudi matin contre un camion dans l'est du Liban, faisant un blessé, imputant l'attaque à Israël.

 


Maroc-Algérie: la CAF attribue la victoire à l'équipe marocaine

Après la décision de la CAF en faveur de l'équipe marocaine, le président de la Fédération algérienne a annoncé qu'il entendait porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport (Photo, X).
Après la décision de la CAF en faveur de l'équipe marocaine, le président de la Fédération algérienne a annoncé qu'il entendait porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport (Photo, X).
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  • Ce vaste territoire, ancienne colonie espagnole, est contrôlé à environ 80% par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front polisario, soutenus par l'Algérie
  • La fédération marocaine de football a de son côté confirmé, dans un communiqué, avoir été informée de la décision de la CAF.

 

LE CAIRE: La Confédération africaine de football a attribué au RS Berkane une victoire 3-0, par forfait, aux dépens de l'équipe algérienne USM Alger, en demi-finale aller de la Coupe de la CAF annulée dimanche, à cause d'un différend sur le maillot porté par les Marocains.

La CAF, dont le siège est basé au Caire, a décidé "de sanctionner l'USM Alger par un forfait de 0-3 pour le match contre le RS Berkane", selon une lettre envoyée par l'instance à la fédération algérienne, que l'AFP a pu consulter.

La fédération marocaine de football a de son côté confirmé, dans un communiqué, avoir été informée de la décision de la CAF.

"Le match retour entre le RS Berkane et l'USM Alger" prévu "au stade municipal de Berkane à 20H00 (heure locale) le 28 avril 2024 est maintenu", selon la même source.

Selon des médias algériens, des douaniers avaient confisqué les maillots de l'équipe de Berkane à son arrivée en Algérie au motif qu'y figurait une carte du Maroc incluant le Sahara occidental.

Ce vaste territoire, ancienne colonie espagnole, est contrôlé à environ 80% par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front polisario, soutenus par l'Algérie. L'Algérie a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec son grand rival régional notamment à cause de ce dossier.

Recours rejeté 

Samedi, à la veille du match, la CAF avait souligné que le RS Berkane jouait avec ce maillot floqué de la même carte depuis le début du tournoi. Et le lendemain, quelques heures avant la rencontre, elle avait rejeté un recours en appel de la Fédération algérienne, selon un communiqué, obtenu par l'AFP.

Le président de la Fédération algérienne de football Wafi Sadi avait alors annoncé la mise à disposition de l'équipe marocaine de "maillots de haute qualité", dépourvus de la carte du Maroc.

Mais le directeur sportif de l'USM Alger, Toufik Korichi, a fait savoir, sur la radio algérienne, que le match n'allait finalement pas être joué, à cause du refus du club de Berkane d'entrer sur le terrain avec d'autres maillots que ceux saisis à Alger.

Après la décision de la CAF en faveur de l'équipe marocaine, le président de la Fédération algérienne a annoncé qu'il entendait porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport.

 


Un rapport de Sky News témoigne de la responsabilité d’Israël dans un charnier à Gaza

Les images satellite ont confirmé que les dégâts se sont produits alors que les forces israéliennes occupaient le complexe entre le 15 et le 22 février. (AFP)
Les images satellite ont confirmé que les dégâts se sont produits alors que les forces israéliennes occupaient le complexe entre le 15 et le 22 février. (AFP)
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  • Les autorités locales ont rapporté avoir découvert deux cent quatre-vingt-trois corps dans la fosse commune située dans la cour de l’hôpital Nasser après le retrait des Forces de défense israéliennes de la zone
  • L’armée israélienne a qualifié d’«infondées» les allégations selon lesquelles des corps auraient été enterrés à cet endroit, mais elle a confirmé qu’elle avait «examiné» certains corps

LONDRES: Une enquête menée par Sky News suggère qu’Israël est probablement responsable du charnier découvert dans un hôpital de Khan Younès, dans le sud de Gaza, ce week-end. 

Les autorités locales ont rapporté avoir découvert deux cent quatre-vingt-trois corps dans la fosse commune située dans la cour de l’hôpital Nasser après le retrait des Forces de défense israéliennes de la zone le 7 avril. 

L’armée israélienne a qualifié d’«infondées» les allégations selon lesquelles des corps auraient été enterrés à cet endroit, mais elle a confirmé qu’elle avait «examiné» certains corps au cours d’une opération de deux semaines à l’hôpital. 

L’analyse des images satellite et des réseaux sociaux indique que les Palestiniens ont enterré leurs morts dans des fosses communes pendant le siège de l’hôpital Nasser par Israël et que Tsahal a détruit ces tombes au bulldozer après en avoir pris le contrôle. 

Avant que l’armée israélienne ne prenne le contrôle de l’hôpital lors de son opération de grande envergure au mois de février, le personnel avait été contraint d’enterrer des centaines de corps dans des tombes de fortune près du bâtiment principal de l’hôpital en raison de l’impossibilité d’accéder aux cimetières voisins. 

L’armée israélienne a commencé à exhumer et à examiner les corps enterrés dans l’enceinte, sur la base de sources de renseignements indiquant la présence de certains corps d’otages israéliens. 

L’armée a déclaré que l’examen «s’est déroulé dans le respect, tout en préservant la dignité des défunts». 

«Les corps examinés, qui n’étaient pas ceux d’otages israéliens, ont été remis à leur place», a ajouté l’armée israélienne. 

Cependant, l’équipe de données et d’analyse médico-légale de Sky News a découvert des preuves indiquant d’importants dégâts sur les sites causés par l’examen de l’armée. 

Des images mises en ligne quelques jours après le départ de l’armée israélienne de l’hôpital Nasser montrent d’importantes destructions dans le coin sud-est du complexe, où certaines fosses communes avaient été creusées. 

Une autre vidéo a révélé que les opérations au bulldozer dans la zone ont déterré un bras, partiellement enfoui dans un monticule de terre. 

Les images satellite ont confirmé que les dégâts se sont produits alors que les forces israéliennes occupaient le complexe entre le 15 et le 22 février. 

Le responsable des droits de l’homme de l’ONU a exprimé son horreur face à cette découverte et il a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les allégations selon lesquelles certains corps avaient les mains liées et avaient été déshabillés. 

Plus tôt la semaine dernière, d’autres charniers ont été découverts à Al-Chifa, le plus grand établissement médical de l’enclave côtière. 

Cette découverte a conduit le gouvernement dirigé par le Hamas à accuser Israël de creuser les tombes «pour cacher ses crimes». 

Depuis le début du conflit, avec des représailles contre les combattants du Hamas qui ont tué et kidnappé mille deux cents Israéliens, Tel-Aviv a initié une opération sanglante à grande échelle dans la bande de Gaza qui a entraîné la mort de plus de trente-quatre mille personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com