Al-Houthi est né dans la province septentrionale de Saada, près de la frontière entre le Yémen et l'Arabie saoudite. Bien qu'aucun document officiel ne permette de connaître exactement sa date de naissance, on pense qu'il est né à la fin des années 1970 ou au début des années 1980.
Son père, Badreddine Al-Houthi, était un érudit religieux de la secte minoritaire zaïdite du Yémen, une minorité chiite dont les croyances diffèrent de celles des chiites qui dominent en Iran et en Irak.
Al-Houthi est le plus jeune des huit frères et on pense qu'il a vécu une partie de sa vie avec sa famille à Qom, en Iran - cependant, Arab News n’a pas pu corroborer ces informations de manière indépendante.
Il n'existe pas de documents officiels permettant de savoir s'il a reçu une éducation formelle au Yémen. Son père l’aurait instruit dès son plus jeune âge.
La milice houthie, connue sous le nom d’Ansar Allah, est fondée par le frère aîné d’Al-Houthi, Hussein, au début des années 90, qui lui donne le nom de « Jeunesse croyante. »
Hussein, ancien membre du parlement ainsi que chef militaire et religieux, renforce le pouvoir des Houthis pour promouvoir les intérêts des chiites zaïdites au Yémen.
Les zaïdites ont gouverné le Yémen pendant des siècles jusqu'en 1962, lorsqu'une révolution soutenue par l'Égypte renverse le roi (que les Yéménites appellent l’imam dirigeant) et établit un gouvernement nationaliste arabe dont Sanaa devient la capitale.
Le slogan des Houthis, « Dieu est grand, mort à l'Amérique, mort à Israël, maudits soient les Juifs et victoire à l'islam », est adopté par la milice après la guerre en Irak de 2003, selon le groupe de réflexion Brookings Institution basé à Washington.
Al-Houthi devient chef de la milice en 2005 après la mort de son père et de son frère. Il partage l'idéologie de son frère Hussein, qui aurait été inspiré par la révolution iranienne et considérait les États-Unis et Israël comme les principaux ennemis des musulmans. Pour lui, les zaïdites yéménites doivent être les chefs de file de la révolution à venir au Yémen. De nombreux Yéménites pensent que les Houthis se battent pour restaurer un État similaire à celui qui existait avant 1962.
On sait peu de choses sur Al-Houthi, qui apparaît rarement en public bien qu'il soit le chef de la milice. La plupart de ses discours sont prononcés sur les chaînes de télévision Houthi et Al-Masirah et parfois sur la chaîne Al-Manar du Hezbollah. Il refuse d’accorder des interviews aux médias car il craint pour sa sécurité. On pense qu'il passe fréquemment d’un lieu sûr à un autre à Saada, le bastion des Houthis.
En pleine tourmente politique dans le sillage du soulèvement de 2011 au Yémen, Al-Houthi et ses partisans envahissent la capitale en septembre 2014 et renversent le gouvernement internationalement reconnu et démocratiquement élu du pays. Cela conduit à une escalade des tensions entre le gouvernement et les Houthis, menant à l’intervention de la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite pour ramener le gouvernement légitime au pouvoir.
On pense que l’Iran soutient Al-Houthi dans sa lutte pour rester au pouvoir. En plus d'envoyer des armes avancées, Téhéran laisse entendre qu'il faudrait envoyer des conseillers militaires aux Houthis. Des enquêtes ont également révélé que les missiles Houthis utilisés pour attaquer l'Arabie saoudite étaient fournis par l'Iran. Un responsable américain a notamment déclaré que les caractères persans trouvés sur les missiles appartenaient à l'Iran.
Depuis leur implantation dans le nord du Yémen, les Houthis et leurs fidèles ont enfreint les lois internationales et commis 27 607 violations contre des civils, selon le centre des droits de l’homme du Yémen.
En 2015, Al-Houthi ordonne aux rebelles de faire marche vers le sud dans le but d’occuper la totalité du pays et de capturer le président en fuite, Abed Rabbo Mansour Hadi.
Au cours de ce processus, les Houthis assiègent Taïz et attaquent des zones civiles avec des obus de mortier et des tireurs d'élite, tuant des dizaines de civils. À Aden, des dizaines de personnes essayant de fuir de violents combats sont tuées lorsque leur bateau est touché par des obus tirés par des miliciens houthis alors que celui-ci quittait le district d'Al-Tawahi.
Parmi les autres crimes commis par les houthis, mentionnons environ 1 million de mines, qui ont fait des centaines de morts parmi les civils, selon le Projet saoudien de déminage (MASAM) au Yémen.
Les États-Unis et l'ONU imposent des sanctions à Al-Houthi le 14 avril 2015 pour avoir menacé la stabilité du Yémen. Le 8 juin, l'UE impose un embargo sur les armes et de nouvelles sanctions contre le dirigeant houthi.
Outre leurs slogans anti-américains et antisémites, l’intolérance des Houthis a conduit à la détention de nombreux ressortissants étrangers, ainsi que des Yéménites. En 2018, Human Rights Watch condamne la milice pour « avoir fréquemment capturé des otages et commis d'autres abus graves contre des détenus. »