Il est connu comme le «Ben Laden bouddhiste», en référence à Oussama ben Laden, numéro un d'Al-Qaïda jusqu’à sa mort.
À l'âge de quatorze ans, Wirathu quitte l'école et se fait bonze dans un monastère de la région. Il devient célèbre en 2001 lorsqu'il s'implique dans le mouvement nationaliste 969, décrit par les médias internationaux comme islamophobe.
C'est à ce moment-là qu'il commence à répandre la haine contre la minorité musulmane du pays à majorité bouddhiste, exhortant ses coreligionnaires à boycotter tous les magasins musulmans.
Wirathu est emprisonné par la junte militaire en 2003 pour une durée de vingt-cinq ans pour avoir distribué des tracts anti-musulmans et prêché l’expulsion des musulmans de l’État de Rakhine au Myanmar.
Il est cependant libéré en 2012 dans le cadre d'une amnistie et commence à sillonner le Myanmar, répandant la haine contre les musulmans à travers ses sermons.
En septembre 2012, Wirathu dirige un rassemblement de moines à Mandalay pour promouvoir le projet controversé de Thein Sein, alors président, d’expulser les Rohingyas, minorité musulmane du pays.
Un mois après le rassemblement, la violence s’intensifie à Rakhine, chassant des milliers de Rohingyas de leurs maisons dans la brutalité.
En juillet 2013, il fait la une du magazine Time qui le décrit comme « le visage du terrorisme bouddhiste. »
Dans un sermon de 2013, Wirathu déclare: « On peut être plein de bonté et d'amour, mais on ne doit pas dormir à côté d'un chien enragé. Je qualifie les qualifie [les musulmans] de fauteurs de troubles parce que ce sont des fauteurs de troubles. Je suis fier qu’on me qualifie de bouddhiste radical. Si nous sommes faibles, notre pays deviendra musulman. »
Sein soutient Wirathu, le décrivant comme un «fils de Bouddha» et une «personne noble» qui se dévoue à la paix.
En septembre 2014, Wirathu assiste à une conférence à Colombo organisée par Bodu Bala Sena (BBS), organisation nationaliste bouddhiste cinghalaise basée à Colombo. Il y annonce que le mouvement 969 travaillera avec le BBS.
La même année, des moines nationalistes du Myanmar crééent l'Association pour la protection de la race et de la religion (Ma Ba Tha).
Wirathu fait partie du noyau de ce groupe, qui soulève l'enthousiasme et gagne de nombreux membres à travers le pays.
Ma Ba Tha a fait pression – avec succès – pour que des lois rendent le mariage inter-religieux plus difficile.
En janvier 2015, alors qu'il prend la parole en public, Wirathu traite Yanghee Lee, rapporteure spéciale des Nations Unies, de « salope » et de « pute ».
Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à l’époque, a déclaré que les propos de Wirathu constituaient une « incitation à la haine ».
En 2017, tout juste avant la répression militaire des Rohingyas qui a déplacé de force environ 750 000 d'entre eux vers le Bangladesh voisin, la haute autorité bouddhiste du Myanmar interdit à Wirathu de prêcher en public pendant un an.
Elle interdit également Ma Ba Tha, mais ce dernier change simplement de nom et poursuit ses activités.
Wirathu continue cependant de parcourir le pays pour propager sa rhétorique anti-musulmane, notamment à Rakhine, qui compte une importante minorité musulmane.
Immédiatement après le début de la campagne de nettoyage ethnique le 25 août 2017, il apparaît dans les médias d'État lors d'une tournée dans le nord de Rakhine, épicentre de la violence contre les Rohingyas.
Wirathu soutient la répression militaire contre les Rohingyas et, en janvier 2018, Facebook le censure pour ses commentaires sectaires et pour avoir attisé la haine contre les musulmans à travers ses sermons.
En 2018, alors qu'il prêchait dans la ville de Yangon, il déclare que le jour où des responsables birmans seront traduits devant la Cour pénale internationale, qui procède en ce moment-même à un «examen préliminaire» de l'expulsion des Rohingyas, sera «le jour où Wirathu tiendra une arme à feu. »
Bien que ce genre d'extrémisme contredise le bouddhisme, Wirathu le justifie en disant qu’une situation extrême demande des mesures extrêmes.
En avril 2019, les autorités thaïlandaises ont interdit à Wirathu d'entrer sur leur territoire et le mois suivant, un tribunal du Myanmar a émis un mandat d'arrêt contre lui.
Il est accusé d’avoir proféré des propos incendiaires envers Aung San Suu Kyi, dirigeante de facto du gouvernement, l’accusant d’entraver le nettoyage ethnique des Rohingyas soutenu par les militaires. L'accusation portée contre lui est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans.
La police ne l'a pas encore arrêté car il est en fuite. Les autorités se préparent à le traduire en justice par contumace.