Ashin Wirathu

Nationalité:

Birmane

Lieu de Résidence:

Monastère Masoyein, Mandalay, Myanmar

Statut juridique:

En mai 2019, les autorités birmanes ont émis un mandat d'arrêt contre Wirathu pour des propos contre le gouvernement; Il est actuellent en fuite et les autorités se préparent à le traduire en justice par contumace

Occupation:

Moine bouddhiste

Médias:

Facebook et YouTube

Bio

Le moine bouddhiste Ashin Wirathu, né le 10 juillet 1968 dans la ville de Mandalay, au Myanmar, est qualifié par les médias internationaux d'extrémiste et d'ultranationaliste.

Il est connu comme le «Ben Laden bouddhiste», en référence à Oussama ben Laden, numéro un d'Al-Qaïda jusqu’à sa mort.

À l'âge de quatorze ans, Wirathu quitte l'école et se fait bonze dans un monastère de la région. Il devient célèbre en 2001 lorsqu'il s'implique dans le mouvement nationaliste 969, décrit par les médias internationaux comme islamophobe.

C'est à ce moment-là qu'il commence à répandre la haine contre la minorité musulmane du pays à majorité bouddhiste, exhortant ses coreligionnaires à boycotter tous les magasins musulmans.

Wirathu est emprisonné par la junte militaire en 2003 pour une durée de vingt-cinq ans pour avoir distribué des tracts anti-musulmans et prêché l’expulsion des musulmans de l’État de Rakhine au Myanmar.

Il est cependant libéré en 2012 dans le cadre d'une amnistie et commence à sillonner le Myanmar, répandant la haine contre les musulmans à travers ses sermons.

En septembre 2012, Wirathu dirige un rassemblement de moines à Mandalay pour promouvoir le projet controversé de Thein Sein, alors président, d’expulser les Rohingyas, minorité musulmane du pays.

Un mois après le rassemblement, la violence s’intensifie à Rakhine, chassant des milliers de Rohingyas de leurs maisons dans la brutalité.

En juillet 2013, il fait la une du magazine Time qui le décrit comme « le visage du terrorisme bouddhiste. »

Dans un sermon de 2013, Wirathu déclare: « On peut être plein de bonté et d'amour, mais on ne doit pas dormir à côté d'un chien enragé. Je qualifie les qualifie [les musulmans] de fauteurs de troubles parce que ce sont des fauteurs de troubles. Je suis fier qu’on me qualifie de bouddhiste radical. Si nous sommes faibles, notre pays deviendra musulman. »

Sein soutient Wirathu, le décrivant comme un «fils de Bouddha» et une «personne noble» qui se dévoue à la paix.

En septembre 2014, Wirathu assiste à une conférence à Colombo organisée par Bodu Bala Sena (BBS), organisation nationaliste bouddhiste cinghalaise basée à Colombo. Il y annonce que le mouvement 969 travaillera avec le BBS.

La même année, des moines nationalistes du Myanmar crééent l'Association pour la protection de la race et de la religion (Ma Ba Tha).

Wirathu fait partie du noyau de ce groupe, qui soulève l'enthousiasme et gagne de nombreux membres à travers le pays.

Ma Ba Tha a fait pression – avec succès – pour que des lois rendent le mariage inter-religieux plus difficile.

En janvier 2015, alors qu'il prend la parole en public, Wirathu traite Yanghee Lee, rapporteure spéciale des Nations Unies, de « salope » et de « pute ».

Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à l’époque, a déclaré que les propos de Wirathu constituaient une « incitation à la haine ».

En 2017, tout juste avant la répression militaire des Rohingyas qui a déplacé de force environ 750 000 d'entre eux vers le Bangladesh voisin, la haute autorité bouddhiste du Myanmar interdit à Wirathu de prêcher en public pendant un an.

Elle interdit également Ma Ba Tha, mais ce dernier change simplement de nom et poursuit ses activités.

Wirathu continue cependant de parcourir le pays pour propager sa rhétorique anti-musulmane, notamment à Rakhine, qui compte une importante minorité musulmane.

Immédiatement après le début de la campagne de nettoyage ethnique le 25 août 2017, il apparaît dans les médias d'État lors d'une tournée dans le nord de Rakhine, épicentre de la violence contre les Rohingyas.

Wirathu soutient la répression militaire contre les Rohingyas et, en janvier 2018, Facebook le censure pour ses commentaires sectaires et pour avoir attisé la haine contre les musulmans à travers ses sermons.

En 2018, alors qu'il prêchait dans la ville de Yangon, il déclare que le jour où des responsables birmans seront traduits devant la Cour pénale internationale, qui procède en ce moment-même à un «examen préliminaire» de l'expulsion des Rohingyas, sera «le jour où Wirathu tiendra une arme à feu. »

Bien que ce genre d'extrémisme contredise le bouddhisme, Wirathu le justifie en disant qu’une situation extrême demande des mesures extrêmes.

En avril 2019, les autorités thaïlandaises ont interdit à Wirathu d'entrer sur leur territoire et le mois suivant, un tribunal du Myanmar a émis un mandat d'arrêt contre lui.

Il est accusé d’avoir proféré des propos incendiaires envers Aung San Suu Kyi, dirigeante de facto du gouvernement, l’accusant d’entraver le nettoyage ethnique des Rohingyas soutenu par les militaires. L'accusation portée contre lui est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans.

La police ne l'a pas encore arrêté car il est en fuite. Les autorités se préparent à le traduire en justice par contumace.

Vidéo

Les documents qui suivent contiennent des informations qui peuvent être considérées comme étant inappropriées ; Arab News n’approuve pas ce contenu mais croit fermement qu’il est important d’être conscient de son influence destructrice.

Photos

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Analyse

Ashin Wirathu, le Ben Laden bouddhiste

Shehab Sumon, Dhaka

Le moine bouddhiste Ashin Wirathu, né le 10 juillet 1968 dans la ville de Mandalay au Myanmar, est qualifié par les médias internationaux d'extrémiste et d'ultra-nationaliste.

Il est connu comme le «Ben Laden bouddhiste», en référence à Oussama ben Laden, numéro un d’ d'Al-Qaïda jusqu’à sa mort.

Wirathu acquiert une certaine renommée dès 2001 par son implication dans le mouvement nationaliste 969, décrit par les médias internationaux comme islamophobe.

C'est alors qu'il commence à répandre la haine contre les Rohinghyas, la minorité musulmane du pays à majorité bouddhiste, et exhorte ses coreligionnaires à boycotter tous les magasins musulmans.

Wirathu est condamné à une peine d’emprisonnement de vingt-cinq par la junte militaire en 2003 pour avoir distribué des tracts anti-musulmans et prôné l’expulsion des musulmans de l’État de Rakhine au Myanmar.

Il est cependant libéré en 2012 dans le cadre d'une amnistie et sillonne le Myanmar en répandant la haine contre les musulmans à travers ses sermons.

En septembre de la même année, Wirathu dirige un rassemblement de moines à Mandalay pour promouvoir le projet controversé de Thein Sein, alors président, visant à expulser les Rohingyas du pays .

Un mois après ce rassemblement, la violence s'intensifie à Rakhine, où des milliers de Rohingyas sont chassés de chez eux dans la brutalité.

En juillet 2013, il fait la une du magazine Time qui le décrit comme «le visage du terrorisme bouddhiste».

En 2017, il appuie la persécution des Rohingyas orchestrée par l'armée à Rakhine.

En mai 2019, les autorités birmanes émettent un mandat d'arrêt contre Wirathu pour des discours contre le gouvernement et notamment sa dirigeante de facto, Aung San Suu Kyi, l'accusant d'entraver le nettoyage ethnique des Rohingyas. Il est toujours en exil et les autorités se préparent à le traduire en justice par contumace.

Munshi Faiz Ahmed, président de l’Institut bangladais d’études internationales et stratégiques, a déclaré à Arab News: «L’armée du Myanmar avait besoin d’un média de masse pour propager son idéologie parmi les bouddhistes du pays. Au Myanmar, les moines ont plus d'influence sur les bouddhistes que les hommes politiques. C’est pourquoi l’armée, bien que puissante, a recruté Wirathu pour servir son objectif, car le moine extrémiste a des adeptes fanatiques. »

Ahmed, qui a été l'ambassadeur du Bangladesh en Chine, le décrit comme un «chaînon entre deux forces perverses».

Il explique : « D'un côté, Wirathu, ambitieux, voulait gagner plus de partisans, et de l'autre, l'armée voulait consolider son pouvoir. Les généraux de l'armée ont donc commencé à soutenir le moine extrémiste dans sa propagande de haine contre les Rohingyas.

Ahmed ajoute: «Les extrémistes comme Wirathu utilisent toujours la religion pour semer le trouble dans la société. Il est devenu plus puissant car les pratiques démocratiques sont presque absentes de la vie politique du Myanmar.

Le professeur Delwar Hossain, expert en politique de l’Asie du sud et professeur de relations internationales à l’université de Dhaka, considère la montée de Wirathu comme un « problème historique ».

Il explique que la première constitution du Myanmar, écrite en 1948, était fondamentalement démocratique et libérale, et reconnaissait les droits de 135 groupes ethniques, dont les Rohingyas.

« Les problèmes ont commencé lorsque la junte militaire a pris le pouvoir en 1961 et a rejeté la constitution».

«Le Myanmar est gouverné par l'armée depuis 1961 et l'esprit du nationalisme bouddhiste se propage dans le pays depuis de nombreuses décennies. Wirathu est le visage le plus récent de ce nationalisme bouddhiste. »

Hossain explique que la propagation de la haine contre les musulmans au Myanmar représente une  «entente mutuelle » entre le gouvernement et les groupes extrémistes.

« Le Myanmar est en train de passer d'un gouvernement militaire à un gouvernement politique. Des élections générales se sont tenues en 2012 et 2016 et le prochain scrutin est prévu en novembre 2020.

Dans cette transition, les moines influents du pays veulent peser sur la scène politique», explique Hossain.

Selon lui, « la faiblesse de la société civile » au Myanmar est l'une des causes principales de l’ascension de moines extrémistes tels que Wirathu.

« Pendant de nombreuses années, le pays a été principalement dirigé par un système autocratique qui a créé chez le peuple une acceptation des croyances ultranationalistes », selon Hossain.

Selon le professeur Amanullah Ferdous, observateur politique et éminent spécialiste en sciences sociales, Wirathu n’est « ni plus ni moins qu’un pantin » des autorités du Myanmar. « Il reçoit ses instructions des forces influentes du pays qui le dirigent et le guident. »

« Wirathu est soutenu par l’armée birmane et le parti au pouvoir d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie. Il a également des relations avec la Chine.

Selon Ferdous, Wirathu a acquis son influence à Mandalay, à Rakhine et dans les régions adjacentes grâce à ses propos sectaires contre les musulmans.

D’après le spécialiste, les autorités du Myanmar ont utilisé la rhétorique haineuse de Wirathu pour « orchestrer le nettoyage ethnique des Rohingyas. »