Awad Al-Qarni

Nationalité:

Saoudienne

Lieu de Résidence:

Abha, Arabie Saoudite

Statut juridique:

Arrêté en septembre 2017 pour terrorisme

Occupation:

Religieux, universitaire, auteur

Médias:

Twitter (2 millions d'abonnés), sermons dans les mosquées, conférences, interviews télévisées

Bio

Awad Al-Qarni, religieux extrémiste saoudien, se sert pendant des années d’interviews télévisées pour diffuser théories du complot et discours extrémistes contre la modernité.

Né en 1957 dans le village de Balqarn, dans la province d'Asir, dans le sud-ouest de l'Arabie saoudite, l'ancien professeur de l'Université islamique Imam Muhammad ibn Saud est arrêté en septembre 2017 avec ses confrères prédicateurs extrémistes Salman Al-Odah et Ali Al-Omari.

Al-Qarni accède à large public avant même l'émergence des médias sociaux, ayant transmis ses idées à travers ses prêches dans les mosquées et à les activités extrascolaires destinés aux jeunes de la ville d'Abha.

Il pense que la guerre contre le terrorisme est « forgée de toutes pièces » par l'Occident pour coloniser la région et détruire son mode de vie.

Dans son livre de 1998, intitulé Modernisme dans l'équilibre de l'islam: perspectives islamiques dans la littérature de la modernité, Al-Qarni défend la thèse selon laquelle les œuvres littéraires modernes pousserait l'humanité à croire aux mensonges qui visent à détruire les enseignements de l’islam – ce qui pourrait mieux s’appliquer à ses mensonges et ceux des religieux qui partagent ses idées.

Pendant des années, il est critiqué dans la presse locale, sur les réseaux sociaux et par des universitaires pour ses opinions radicales et son interprétation extrémiste de la religion.

« Le modernisme, dit-il, a rongé la nation et […] cherche à […] se révolter contre la morale, les valeurs et les croyances ». Ce à quoi il ajoute que « le modernisme est une idée subversive » et « une invasion contre laquelle il faut lutter ». Pendant des années, Al-Qarni recrute de jeunes hommes et les envoie dans des zones de guerre, estimant qu’il est important de diffuser le message de Dieu par tous les moyens.

Dans une interview sur la chaîne de télévision Al-Majd, il affirme que la guerre contre le terrorisme est un outil que l'Occident a créé « pour établir une nouvelle ère de colonialisme, de domination, d’exploitation et d’asservissement des peuples autant qu’il le peut ; ça ne fait aucun doute. »

En mars 2017, Al-Qarni est condamné à une amende de 100 000 riyals saoudiens (27 000 dollars) et frappé d’interdiction de publier par le tribunal pénal spécialisé de Riyad, qui traite les dossiers de terrorisme.

Il est condamné pour diffusion sur Twitter de contenu qui « pourrait mettre en péril l'ordre public et agiter l'opinion publique ».

Pourtant, ses opinions politiques sur les questions étatiques se font plus saillantes et provocatrices. Son arrestation en septembre 2017 intervient après la découverte qu'il avait reçu, avec Al-Ouda, une somme d'au moins 20 millions de dollars du gouvernement qatari.

Des preuves qu’Al-Qarni finançait les Frères musulmans et d’autres groupes djihadistes extrémistes dans la péninsule du Sinaï en Égypte ont également été présentées.

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Les documents qui suivent contiennent des informations qui peuvent être considérées comme étant inappropriées ; Arab News n’approuve pas ce contenu mais croit fermement qu’il est important d’être conscient de son influence destructrice.

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Analyse

Awad Al-Qarni, le maître de la manipulation religieuse

Arab News

  • Détracteur de la modernité, ce critique acharné de la culture occidentale a jeté les bases qui ont fait basculer des jeunes hommes dans l’extrémisme violent

Des années durant, Awad Al-Qarni, le prédicateur fondamentaliste sur lequel nous nous penchons cette semaine, se sert d’interviews télévisées pour diffuser des théories du complot et lancer des diatribes contre la modernité.

Ses opinions radicales et son interprétation dogmatique de la religion ont été critiquées dans la presse locale, sur les réseaux sociaux et par les universitaires, mais cela n'a pas ébranlé ses nombreuses convictions, parmi lesquelles celle qui veut que la lutte contre le terrorisme aurait été « inventée » par l'Occident pour coloniser l’Orient et détruire son mode de vie.

 Né en 1957 dans le gouvernorat de Balqarn, dans la région d'Asir, dans le sud-ouest de l'Arabie saoudite, Al-Qarni devient professeur à l'Université islamique Imam Muhammad bin Saud. Bien avant l’avènement des réseaux sociaux, il réussit à désorienter un grand nombre d'adeptes avec ses discours aux accents politiques, ses prêches dans les mosquées, et ses activités extrascolaires destinées aux jeunes de la ville d'Abha.

« L’Occident a beau dire qu’il veut la paix depuis la fondation de la Société des Nations, puis de l'ONU, du Conseil de sécurité et des organisations partout dans le monde, l'humanité n'a jamais autant souffert de la guerre, de la destruction, du colonialisme, de l’asservissement, de la spoliation des richesses, de l'interventionnisme, du contrôle des compétences et des richesses des nations et des peuples, du renversement de leurs régimes et de leurs gouvernements, que sous la domination de l'Occident et du temps du Conseil de sécurité », déclare Al-Qarni au présentateur de l’émission « Al-Malaf » sur la chaîne de télévision satellitaire Al-Majd en janvier 2017. Pour appuyer l’idée que la « sécurité » au Conseil de sécurité de l'ONU serait trompeuse, il précise au présentateur que ce mot est à mettre entre parenthèses.

Selon Al-Qarni « nous vivons le plus grand mensonge jamais connu. De nombreux dirigeants du tiers-monde l’ont compris et en parlent. Beaucoup l’ont compris mais peu l’ont condamné comme l’ont fait [Nelson] Mandela, [Fidel] Castro, Ahmadu Bello au Nigeria, et le roi Faisal. Par conséquent, ils ont été assassinés, fait l’objet de tentatives d’assassinat, mis en prison, ou ont été forcés de prendre la fuite. »

 Il affirme également que la « guerre contre le terrorisme » est « l’un des outils dont se sert l’Occident pour établir une nouvelle ère de colonialisme, de domination, d’exploitation et d’asservissement des peuples autant qu’il le peut ; ça ne fait aucun doute. »

Qainan Al-Ghamdi, analyste politique saoudien, explique que les arguments d'Al-Qarni reflètent la pensée des Frères musulmans, dont les partisans croient que « l'Occident ne cessera de se mêler des affaires du Moyen-Orient que lorsqu'il sera détruit par le terrorisme. »

« Ils sont certains que toute campagne contre le terrorisme représente une menace pour leurs projets » a déclaré Al-Ghamdi à Arab News. C'est pourquoi, selon lui, ces prédicateurs fondamentalistes ont incité des jeunes hommes à se rendre dans les zones de guerre du Moyen-Orient.

« Ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir, que ce soit la persuasion ou les propositions de soutien financier, pour pousser les jeunes hommes à se rendre dans les zones de guerre et à se faire tuer. Ils pensent que, grâce à cette tactique, la région finira par leur revenir uniquement [aux partisans des Frères musulmans], ce qui leur permettra d’atteindre leur objectif, qui est de s'emparer du pouvoir politique. »

L'opposition virulente d'Al-Qarni à la campagne antiterroriste ne surprend guère au vu de ses positions sur la culture et la pensée occidentales, qu’il juge être racistes, affirmant qu'elles sont fondées sur le rejet ou l'asservissement de l'autre.

« Ils ont beau essayer [de le nier], cela coule dans leurs veines, affirme-t-il. Il est indéniable qu’un certain nombre de penseurs, de philosophes, de réformateurs et certaines couches sociales ont essayé de se comporter avec humanité… Mais le courant dominant de la pensée et de la culture occidentales, représenté ou appuyé par des hommes politiques, est raciste et exclut toute pensée discordante. Et leur façon de traiter les Indiens rouges [les Premières Nations], les peuples autochtones d'Australie et de Nouvelle-Zélande [les aborigènes], les peuples africains et musulmans est claire. »

Dans son livre de 1998 intitulé Le modernisme dans l'équilibre de l’islam : les perspectives islamiques dans le modernisme littéraire, Al-Qarni identifie la modernité comme une menace imminente pesant sur les musulmans. « L'une des idées qui a rongé la nation… est une doctrine intellectuelle qui cherche à détruire tout ce qui a été transmis par les générations passées, à éliminer tout ce qui est ancien et à se révolter contre la morale, les valeurs et les croyances. »

Cette doctrine, explique-t-il, est appelée « "modernisme" par ses prédicateurs et ses serviteurs. »

Selon Al-Qarni, le « modernisme » est une idée qui crée des dommages considérables et irréparables et doit donc être combattue.

« Le modernisme est une idée subversive. Les modernistes présentent une vision destructrice de la vie des gens qui en touche tous ses aspects. Le terme "modernisme" est une invasion contre laquelle il faut lutter. Le fondement du modernisme est la raison et la rationalité qui rejettent tout ce que l'esprit ne perçoit pas » écrit-il.

Ainsi, selon lui, les œuvres littéraires modernes pourraient amener l'humanité à croire aux mensonges qui visent à détruire les enseignements de l’islam.

Trois ans après la publication de son ouvrage contre la modernité, al-Qaïda mène le 11 septembre 2001 des attentats terroristes coordonnés contre les États-Unis qui font près de 3 000 morts et 6 000 blessés, et causent des dégâts estimés à 10 milliards de dollars. Al-Qarni déclare que l’événement est « forgé de toutes pièces ». L'Occident exploiterait le terrorisme dans les pays musulmans pour servir ses propres intérêts.

Dans une autre interview accordée à Al-Majd TV, Al-Qarni déclare que l'Occident veut que le terrorisme continue, notamment parce qu '« il ne menace pas » les pays occidentaux.

« Il est dans l’intérêt de l’Occident que [le terrorisme] continue. Ce terrorisme ne constitue pas une menace existentielle pour l’Occident et ses pays. 3 000 Américains ont été tués dans une certaine opération. Toutes les preuves accumulées prouvent que l'opération était préméditée, inventée et calculée » déclare-t-il.

Al-Qarni affirme qu’il n’est pas l’auteur de cette thèse. « C’est Noam Chomsky qui le dit et récemment un institut d’ingénierie occidental a déclaré que les tours [jumelles] s’étaient effondrées du fait d’une explosion contrôlée, avance-t-il en attribuant à tort la théorie du complot au linguiste et critique social américain. En un mot, il est dans l’intérêt de l’Occident que le terrorisme se poursuive dans les pays islamiques afin qu’il puisse l’exploiter et l’utiliser. »

Al-Ghamdi estime que de telles opinions ne sont pas surprenantes étant donné qu'Al-Qarni ne pense pas que la violence extrémiste commise par des musulmans, que ce soit en Arabie saoudite ou ailleurs, constitue réellement du terrorisme.

« Al-Qarni pense que les attaques terroristes au Royaume sont un moyen de revendiquer leur "droit" de prendre le contrôle du pays. Leur objectif est de prendre le pouvoir » a-t-il déclaré à Arab News.

Al-Ghamdi ajoute que l'antipathie d'Al-Qarni envers le système juridique du Royaume, parmi d’autres institutions, est ancrée dans la philosophie politique des Frères musulmans.

« Même s'ils ne le disent pas publiquement, les partisans des Frères ne reconnaissent pas la justice saoudienne. Leurs idées déviantes et leurs opinions haineuses contrastent fortement avec les lois et réglementations équitables et impartiales de notre pays. »

En mars 2017, Al-Qarni est condamné à une amende de 100 000 riyals saoudiens (27 000 dollars) et frappé d’interdiction de publier par le tribunal pénal spécialisé de Riyad, qui traite les dossiers de terrorisme.

Il est condamné pour diffusion sur Twitter de contenu susceptible de « mettre en danger l'ordre public et d’agiter l'opinion publique ».

Cependant, ses propos politiques se font encore plus outranciers et provocateurs.

En septembre 2017, Al-Qarni est arrêté à la suite de révélations qu’il aurait reçu, avec Al-Ouda, une somme d'au moins 20 millions de dollars du gouvernement qatari. Les prédicateurs Salman Al-Ouda et Ali Al-Omari sont également arrêtés.

Des preuves qu’Al-Qarni finançait les Frères musulmans et d’autres groupes djihadistes extrémistes dans la péninsule du Sinaï en Égypte ont également été présentées.