Ces propos, c’est Baruch Marzel, militant et homme politique d’extrême droite israélien et habitué des déclarations extrémistes, qui les tient pendant la campagne électorale en Israël en 2019.
Marzel promeut les idées du rabbin radical Meir Kahane, chef du parti interdit Kach et aujourd’hui décédé.
Kahane militait pour un Israël sans Arabes et avait fini par être exclu de la politique israélienne. Malgré son assassinat en 1990, ses convictions extrémistes perdurent.
Bien que Kahane reste inégalé dans sa médiatisation et sa capacité à communiquer efficacement sa politique raciste et religieuse extrémiste, les idées et les croyances qui sous-tendent son mouvement font toujours partie intégrante de la vie publique israélienne.
L'un de ses successeurs idéologiques les plus efficaces vit dans la petite enclave de colons israéliens située dans la ville palestinienne d'Hébron.
C’est en effet depuis cette ville que Marzel assure la pérennité du racisme de Kahane et de ses divisions, à la fois à Hébron et de manière plus générale dans la politique israélienne.
Marzel est né à Boston. Sa famille s’installe en Israël quand il est encore en bas âge. Il rejoint la Jewish Defense League, le groupe de militants de rue parfois violents fondé par Kahane, à l'âge de 13 ans.
Marzel affirme avoir participé à l'invasion israélienne du Liban en 1982 et abattu plusieurs soldats syriens non armés qu'il avait fait prisonniers.
Il dit qu’il l’a fait après avoir été blessé par un commando syrien captif qui avait lâché une grenade et explique qu’il pensait qu’il allait peut-être mourir et voulait se venger. Marzel adopte le même esprit de confrontation dans son activisme politique.
« C’est une guerre religieuse, et ils estiment qu’ils doivent nous détruire, nous tuer. Et nous pensons que les gens qui pensent devoir nous tuer ne peuvent pas rester ici. C’est contre notre religion. C’est ce sur quoi nous travaillons, pour les chasser d’ici », déclare-t-il.
Marzel connaît Kahane depuis son plus jeune âge ; le rabbin assiste à la Bar Mitzvah du jeune Marzel et le bénit. Ils travaillent côte à côte jusqu'à l'assassinat de Kahane.
En 1984, Kahane remporte un siège à la Knesset et fait de Marzel son assistant parlementaire.
Marzel, réputé pour son hostilité ouverte, harcèle les membres de la gauche et palestiniens de la Knesset. A la mort de son mentor, Marzel est élu chef du secrétariat de Kach et se présente à la Knesset.
Il sort de l’ombre de Kahane et devient une figure de proue du radicalisme juif à Hébron, où il mène des attaques contre ses résidents arabes. Il est emprisonné à plusieurs reprises pour ses actes de violence et d'intimidation.
Pas un jour ne s’écoule qui ne soit marqué par l'hostilité et les affrontements entre la petite population israélienne d'Hébron et ses habitants palestiniens.
Mais c’est en 1994 qu’Hébron vit son jour le plus sombre. Goldstein ouvre le feu sur les fidèles musulmans de la mosquée d’Abraham pendant le Ramadan. Alors que les morts et les blessés gisent au sol, les survivants s’attaquent à lui et le battent à mort.
Marzel connaît bien Goldstein par le biais de ses activités de militant à Hébron. En 2000, il organise une fête sur sa tombe pendant la fête juive de Pourim. « Nous avons décidé de faire une grande fête le jour où il a été assassiné par des Arabes » déclare-t-il à la BBC.
« Sans soutenir ce que Baruch Goldstein a fait, parce que je ne soutiens pas quelque chose qui n'est pas légal, mais je dois essayer de le comprendre, Baruch Goldstein était l'une des personnes les plus pures du monde, c’était un saint, c’était un tsadik (juste), déclare Marzel. Après ce qu'il a fait, le terrorisme s'est arrêté à Hébron pendant quatre ans. Pas un juif n’a été blessé en quatre ans. »
Aujourd’hui encore, comme il le fait depuis longtemps, Marzel encourage et prend part à des agressions contre les résidents palestiniens d'Hébron et accueille chez lui pour le déjeuner les troupes israéliennes stationnées dans la région.
Mais son activisme ne se limite pas à Hébron. Aux côtés de Ben-Zion Gopstein, de Michael Ben-Ari et d’Itamar Ben-Gvir, Marzel fonde le mouvement ségrégationniste Lehava, dont il devient porte-parole.
L'organisation d'extrême droite juive s'oppose à presque toute relation personnelle entre Juifs et non-Juifs.
Ses membres ne se contente pas de manifester ou de faire des piquets de grève devant les mariages entre Juifs et Arabes. En 2014, des membres de Lehava déclenchent un incendie criminel contre une école bilingue arabo-juive.
Marzel est toujours actif en politique. Il est membre d'Otzma Yehudit, qui veut que les Arabes quittent Israël.
La volonté du Premier ministre Benjamin Netanyahu de travailler avec de tels partis indique que leur influence ne peut être sous-estimée.
Netanyahu subit même les critiques de l'AIPAC, le plus grand lobby pro-israélien aux États-Unis, pour l’alliance électorale qu'il conclut avec Otzma Yehudit.
Marzel ne ménage pas ses efforts pour que le kahanisme perdure dans la prochaine génération. « Dieu merci, sur (mes) neuf enfants, sept ont eu des problèmes avec la police pour de bonnes causes », se targue-t-il. « Je leur enseigne à devenir des combattants, et je suis fier qu’ils se battent ... Ils se sont battus avec des Arabes. »
Que ce soit avec ses propres enfants, d'autres colons juifs à Hébron ou des militants d'extrême droite à travers Israël, Marzel continuera de radicaliser la politique israélienne et fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher la coexistence entre Juifs et Arabes.