Né dans la ville saoudienne de Buraidah, où il grandit, il se fait d’abord remarquer dans les années 1980 par ses conférences dans l'institut de la région où il enseigne, avant de prendre un tournant radical à la fin des années 1980 et de devenir l’une des voix du mouvement du Réveil islamique (Al-Sahwa).
En 1994, le gouvernement saoudien met fin au mouvement qui adopte une approche plus extrémiste de l'islam et répand une idéologie favorisant le terrorisme parmi les jeunes de la région qui s’opposent à la présence de forces militaires étrangères sur le sol saoudien lors de l'opération Tempête du désert en 1991.
Pendant des années, al-Odah et les autres dirigeants du mouvement prêchent des idées antisémites et anti-occidentales.
En 1993, une commission mixte dirigée par le Cheikh Abdul Aziz bin Baz, grand mufti, juge que les discours de Salman al-Odah représentent un danger pour la société saoudienne. Il reçoit l'ordre d'assister à une séance de rééducation et a interdiction de prêcher ou d’enseigner.
Cependant, il fait fi de cette injonction et continue de prêcher le mépris pour la présence de soldats américains ; il est condamné à cinq ans de prison en 1994.
Parmi les chefs d’accusation figure notamment la diffusion de discours d’incitation à la haine mettant en péril le caractère sacré et la stabilité religieuse de la société saoudienne.
Après sa libération en 1999, al-Odah semble être un homme qui a changé, suggérant sur les plateaux-télé qu’il s’est totalement détourné de ses idées réactionnaires et très controversées.
Les attentats du 11 septembre sont la première occasion de mettre ces professions de foi à l’épreuve. S’il ne condamne pas les attentats directement, il déclare dans une émission de télévision, le jour du sixième anniversaire des attentats : « Mon frère Oussama, combien de sang a été versé ? Combien d'innocents, d'enfants, de vieillards et de femmes ont été tués… au nom d'Al-Qaïda? Serez-vous satisfait de rencontrer le Dieu Tout-Puissant en portant sur votre dos le fardeau de ces centaines de milliers ou de millions de victimes ?
Alors qu'al-Odah considérait autrefois la télévision comme néfaste, il commence à se constituer un socle solide de supporters à travers ses apparitions sur plusieurs chaînes arabes, telles que Al Jazeera au Qatar et Al Majd en Arabie Saoudite.
Il anime même sa propre émission, « Al-Hayat Kalima » (« La vie est un mot »), sur la chaîne saoudienne MBC. L’émission est déprogrammée en 2011.
Avec le développement des plateformes de réseaux sociaux, al-Odah parvient à toucher un public beaucoup plus large et se fait progressivement une place sur YouTube, Twitter, Snapchat, Facebook et Telegram pour parler directement à ses abonnés. Ses messages sur ces plateformes portent sur la philanthropie, la religion et les questions sociales.
Dans de nombreux entretiens télévisés, il fait preuve de désinvolture, refusant d'admettre des actes répréhensibles tout en échappant aux remises en cause grâce à sa facilité à manier le verbe. Salman al-Odah nie avoir publié certaines fatwas (opinions religieuses) controversées, bien que les preuves soient indéniables puisque ces fatwas sont diffusées et disponibles en arabe sur son site internet.
Salman al-Odah est accusé d’être affilié à des groupes considérés comme des organisations terroristes, notamment les Frères musulmans et l'Union internationale des érudits islamiques, dont il est membre du conseil d'administration.
L’Union est répertoriée comme organisation terroriste par plusieurs pays arabes en novembre 2017 pour son soutien et son financement d'actes terroristes dans le monde, en particulier en Occident. Elle a été fondée en 2004 au Qatar sous la direction de Yusuf Al-Qaradawi, qui a notamment déclaré que tuer des Juifs serait « justifié. »
Dans une interview accordée à Asharq Al-Awsat en 2010, al-Qaradawi décrit al-Ouda comme « l'un de mes amis les plus proches. »
En mai 2017, al-Odah est inscrit sur une liste noire de six prédicateurs interdits de séjour au Danemark pendant deux ans pour avoir prêché contre les valeurs fondamentales de la société danoise. La liste comprenait également le nom du pasteur chrétien Terry Jones.
En septembre 2017, al-Odah est détenu en Arabie saoudite. Trente-sept chefs d'accusation liés au terrorisme pèsent contre lui.
Son fils, Abdullah Alaoudh (il épelle son nom différemment de celui de son père), collaborateur au Washington Post et du New York Times, critique vivement l’arrestation de son père. Dans un éditorial du New York Times, Alaoudh remet en cause la légitimité de l’arrestation de son père et défend son approche plus subtile de l’islam.
« Pendant près de vingt ans, il [al-Odah] a mené une campagne énergique contre le terrorisme en Arabie saoudite, écrit Alaoudh. Il a appelé à renouveler le discours religieux et milite pour un islam modéré ». Cependant, Alaoudh passe sur le fait que de nombreux détracteurs estiment que la prédication de son père et ses incitations à la haine ont eu un effet dévastateur sur la jeunesse musulmane. Il omet également de souligner les déclarations contradictoires de son père sur des sujets aussi importants que les non-musulmans, les valeurs occidentales et le droit de tuer.
De nombreux commentateurs estiment que les idées d'al-Odah, présentées ci-dessous et figurant sur son site web et ses comptes de réseaux sociaux, sont bien plus extrémistes que modérées.