Salman al-Odah

Nationalité:

Saoudienne

Lieu de Résidence:

Riyad, Arabie saoudite

Statut juridique:

Interdit de séjour au Danemark en 2017, détenu en Arabie saoudite depuis septembre 2017

Occupation:

Religieux, membre du conseil d'administration de l'Union internationale des savants islamiques

Médias:

Fondateur de islamtoday.net; enregistrements audio « L'industrie de la mort » et « Venez au Jihad » disponibles sur son site internet, www.salmanalodah.com; divers réseaux sociaux qui comptent au total plus de 30 millions d'abonnés

Bio

Le prédicateur controversé Salman al-Odah, qui a jadis qualifié Oussama Ben Laden de « frère », influence les jeunes Saoudiens et musulmans depuis des décennies.

Al-Odah joue sur son apparence pieuse et son ton calme mais ses détracteurs l’accusent d’utiliser ces traits de caractère pour inciter au terrorisme et à l'intolérance.

Né dans la ville saoudienne de Buraidah, où il grandit, il se fait d’abord remarquer dans les années 1980 par ses conférences dans l'institut de la région où il enseigne, avant de prendre un tournant radical à la fin des années 1980 et de devenir l’une des voix du mouvement du Réveil islamique (Al-Sahwa).

En 1994, le gouvernement saoudien met fin au mouvement qui adopte une approche plus extrémiste de l'islam et répand une idéologie favorisant le terrorisme parmi les jeunes de la région qui s’opposent à la présence de forces militaires étrangères sur le sol saoudien lors de l'opération Tempête du désert en 1991.

Pendant des années, al-Odah et les autres dirigeants du mouvement prêchent des idées antisémites et anti-occidentales.

En 1993, une commission mixte dirigée par le Cheikh Abdul Aziz bin Baz, grand mufti, juge que les discours de Salman al-Odah représentent un danger pour la société saoudienne. Il reçoit l'ordre d'assister à une séance de rééducation et a interdiction de prêcher ou d’enseigner.

Cependant, il fait fi de cette injonction et continue de prêcher le mépris pour la présence de soldats américains ; il est condamné à cinq ans de prison en 1994.

Parmi les chefs d’accusation figure notamment la diffusion de discours d’incitation à la haine mettant en péril le caractère sacré et la stabilité religieuse de la société saoudienne.

Après sa libération en 1999, al-Odah semble être un homme qui a changé, suggérant sur les plateaux-télé qu’il s’est totalement détourné de ses idées réactionnaires et très controversées.

Les attentats du 11 septembre sont la première occasion de mettre ces professions de foi à l’épreuve. S’il ne condamne pas les attentats directement, il déclare dans une émission de télévision, le jour du sixième anniversaire des attentats : « Mon frère Oussama, combien de sang a été versé ? Combien d'innocents, d'enfants, de vieillards et de femmes ont été tués… au nom d'Al-Qaïda? Serez-vous satisfait de rencontrer le Dieu Tout-Puissant en portant sur votre dos le fardeau de ces centaines de milliers ou de millions de victimes ?

Alors qu'al-Odah considérait autrefois la télévision comme néfaste, il commence à se constituer un socle solide de supporters à travers ses apparitions sur plusieurs chaînes arabes, telles que Al Jazeera au Qatar et Al Majd en Arabie Saoudite.

Il anime même sa propre émission, « Al-Hayat Kalima » (« La vie est un mot »), sur la chaîne saoudienne MBC. L’émission est déprogrammée en 2011.

Avec le développement des plateformes de réseaux sociaux, al-Odah parvient à toucher un public beaucoup plus large et se fait progressivement une place sur YouTube, Twitter, Snapchat, Facebook et Telegram pour parler directement à ses abonnés. Ses messages sur ces plateformes portent sur la philanthropie, la religion et les questions sociales.

Dans de nombreux entretiens télévisés, il fait preuve de désinvolture, refusant d'admettre des actes répréhensibles tout en échappant aux remises en cause grâce à sa facilité à manier le verbe. Salman al-Odah nie avoir publié certaines fatwas (opinions religieuses) controversées, bien que les preuves soient indéniables puisque ces fatwas sont diffusées et disponibles en arabe sur son site internet.

Salman al-Odah est accusé d’être affilié à des groupes considérés comme des organisations terroristes, notamment les Frères musulmans et l'Union internationale des érudits islamiques, dont il est membre du conseil d'administration. 

L’Union est répertoriée comme organisation terroriste par plusieurs pays arabes en novembre 2017 pour son soutien et son financement d'actes terroristes dans le monde, en particulier en Occident. Elle a été fondée en 2004 au Qatar sous la direction de Yusuf Al-Qaradawi, qui a notamment déclaré que tuer des Juifs serait « justifié. »

Dans une interview accordée à Asharq Al-Awsat en 2010, al-Qaradawi décrit al-Ouda comme « l'un de mes amis les plus proches. »

En mai 2017, al-Odah est inscrit sur une liste noire de six prédicateurs interdits de séjour au Danemark pendant deux ans pour avoir prêché contre les valeurs fondamentales de la société danoise. La liste comprenait également le nom du pasteur chrétien Terry Jones.

En septembre 2017, al-Odah est détenu en Arabie saoudite. Trente-sept chefs d'accusation liés au terrorisme pèsent contre lui. 

Son fils, Abdullah Alaoudh (il épelle son nom différemment de celui de son père), collaborateur au Washington Post et du New York Times, critique vivement l’arrestation de son père. Dans un éditorial du New York Times, Alaoudh remet en cause la légitimité de l’arrestation de son père et défend son approche plus subtile de l’islam.

« Pendant près de vingt ans, il [al-Odah] a mené une campagne énergique contre le terrorisme en Arabie saoudite, écrit Alaoudh. Il a appelé à renouveler le discours religieux et milite pour un islam modéré ». Cependant, Alaoudh passe sur le fait que de nombreux détracteurs estiment que la prédication de son père et ses incitations à la haine ont eu un effet dévastateur sur la jeunesse musulmane. Il omet également de souligner les déclarations contradictoires de son père sur des sujets aussi importants que les non-musulmans, les valeurs occidentales et le droit de tuer.

De nombreux commentateurs estiment que les idées d'al-Odah, présentées ci-dessous et figurant sur son site web et ses comptes de réseaux sociaux, sont bien plus extrémistes que modérées.

Sur le jihad et le terrorisme

Al-Odah est tristement célèbre pour ses sermons du début des années 1990 intitulés «Venez au le Jihad » et « L'industrie de la mort. »

Diffusés sur des cassettes audio qui se passent alors sous le manteau dans toute l'Arabie saoudite et au-delà, les sermons appellent ses partisans à mener le jihad en Afghanistan, en Irak et dans d'autres pays musulmans occupés par des forces étrangères.

Bien qu’après sa libération en 1999, il réfute lors d’interviews télévisées sur MBC des affirmations selon lesquelles il inciterait au jihad, les enregistrements sont toujours disponibles sur son site internet.

«Venez au jihad », diffusé après la guerre afghano-soviétique, commence par ces mots : « Le titre de cette conférence, mes amis, est ʺVenez au jihadʺ… Êtes-vous prêts ? Maintenant que vous connaissez le titre, êtes-vous prêts pour le jihad ? Ceci un appel au jihad. Si vous êtes un militaire et que vous avez des talents que d’autres n’ont pas, allez-y [en Afghanistan]. Si vous êtes un prédicateur et que votre présence n’est pas nécessaire ici, et que vous dites que vous voulez y appeler à l’islam et y répandre le savoir juste, c’est bien aussi. »

Salman al-Odah a tenté d’enjoliver le concept dangereux et mal compris du jihad et du martyre, déclarant que l’héroïsme des martyrs serait récompensé par soixante-douze vierges.

Dans « L'industrie de la mort », il affirme : « Dieu lui pardonne dès la première goutte de sang et il entrevoit son siège au paradis, paré du vêtement de la foi, marié à soixante-douze vierges. Allez-vous-en, ô gens de matérialisme, gens de la luxure ; tirez plaisir de votre corps et de vos activités ; délectez-vous de vos moments transitoires. Le vrai martyr trouvera soixante-douze vierges qui l'attendent. [Elles sont si transparentes] que l’on peut voir la moelle osseuse de leurs jambes à travers leur chair. »

Toujours dans ce même discours, le prédicateur prend la défense de religieux musulmans tristement célèbres tels qu’Omar Abdul Rahman, le « cheikh aveugle» aujourd’hui décédé, qui fut le dirigeant d'Al-Jamaa Al-Islamiya et a été reconnu coupable de complot aux États-Unis après l'attentat à la bombe de 1993 contre le World Trade Center à New York.

S’abstenant de commenter en soi cet acte de violence atroce, al-Odah préfère pointer du doigt la manière cruelle et injuste dont les Américains ont arrêté Abdul Rahman, affirmant que ce dernier a été faussement accusé.

« Qu’est-ce qui fait que le monde entier, avec ses gouvernements et ses Nations Unies… fait la guerre aux soi-disant extrémistes islamiques et les dépeint comme les instigateurs de chaque événement, de chaque crime, de chaque bombardement, de chaque assassinat, de chaque explosion et tisse une voile d'illusion autour d'eux, à tel point qu’on voit un vieil homme aveugle et malade comme le cheikh Omar Abdul Rahman présenté par les médias internationaux comme une pieuvre dont les tentacules s’étirent derrière [sic] chaque incident, chaque explosion, chaque groupe qui lutte ou qui se bat, chaque faction et chaque mouvement islamique ? »

Le 22 août 2001, moins d'un mois avant les attentats du 11 septembre, al-Odah publie sur son site internet une fatwa faisant l'éloge des Talibans.

« Je pense que les talibans ont un impact important sur le maintien de la sécurité en Afghanistan et l'unification de son territoire, à l'exception de la zone qui est sous le régime de l'opposition dans le nord, et c'est une grande réussite » déclare-t-il.

À propos de l’Occident

L’essor des réseaux sociaux permet à Salman al-Odah d’utiliser diverses plateformes pour promouvoir son image d’homme nouveau en enseignant à ses adeptes le vrai sens de la tolérance. Il prend souvent pour thèmes l'amour, l'empathie ou encore la reconnaissance.

On est bien loin de ces thèmes dans un récent discours, publié sur son site internet le 12 février 2017 et intitulé « Quel après-Irak ? »

Tranchant radicalement avec l’image pacifique qu'il cherche à se donner, il explique aux auditeurs que la haine pour l'Amérique est une forme de jihad.

« Nous devons éduquer les enfants, les personnes âgées et les jeunes pour boycotter des produits américains, la haine de l’Amérique et le rejet de tout ce qui est américain », préconise-t-il.

« Nous devons exprimer cela par des mots et des gestes à travers des canaux de communication qui sont diffusés, par exemple, la radio ou les satellites, les sites internet, les articles et les rassemblements… C'est un type de résistance et de jihad et nous devrions les propager et instruire les gens à ce sujet. »

Sur les autres religions

Dans l'une de ses fatwas, publiée pour la première fois en 1992 sur son site internet, al-Odah parle d'inimitié entre musulmans, chrétiens et juifs.

« La nation musulmane n’a pas encore atteint le point d’une confrontation claire avec l’ennemi croisé chrétien ou les Juifs, et je pense que cette confrontation viendra bientôt, comme l’ont indiqué de nombreux événements » présage-t-il.

« Les chrétiens ne peuvent tolérer la présence d’une personne d’origine musulmane, ou s’appelant Mohammed, Abdullah, Hussein ou des noms similaires, et il doit être éliminé. »

Sur les femmes

Dans l'une de ses anciennes fatwas, publiée sur son site internet en 2017, al-Odah interdit aux femmes de porter des pantalons en public car il estime qu’ils laissent voir la taille des parties érotiques du corps féminin, provoquant « dissipation et agitation. » Il ne leur accorde le droit de porter un pantalon que devant leur époux.

La participation des femmes dans le domaine sportif est abordée dans un discours intitulé « Problèmes de femmes » et publié sur le site internet d'al-Odah en 2017.

« Inviter les jeunes filles à contribuer au journalisme sportif est un prélude à leur participation sur le terrain », prévient-il. Propos pour le moins éloignés des messages qu’il publie quotidiennement sur différentes plateformes de réseaux sociaux, dans lesquels il encourage ses abonnés à accueillir le changement.

Dans le même discours, il dépeint le simple fait de regarder un événement sportif comme une menace pour la dignité d’une femme qui pourrait la conduire au péché.

« Il est déraisonnable, chers pères, d'acheter un téléviseur, de le mettre à la disposition de la famille et de ne pas savoir ce qu’on en fait par la suite, explique-t-il. Le moins qu’on puisse vous dire, c’est que cet appareil montre des événements sportifs. Il est possible que l'un des joueurs, qui apparaît d'une manière qui expose la plus grande partie de son corps, puisse attirer l'attention des filles et être une source de tentation et d'attirance. »

Selon les commentateurs, al-Odah se distingue par sa capacité à se mouvoir comme un caméléon pour éviter la censure, au gré de ce qui lui semble judicieux. Il passe pour être un religieux empreint de spiritualité, qui n’élève jamais la voix et séduit les jeunes générations sur les réseaux sociaux mais dissimule ses opinions extrémistes sous des faux-fuyants ou en désavouant ses sermons passés, affirmant qu’il a depuis évolué. Il ne fait cependant aucun doute qu'il promeut ses opinions extrémistes sur son propre site internet et est affilié à de nombreuses organisations terroristes.

Vidéo

Les documents qui suivent contiennent des informations qui peuvent être considérées comme étant inappropriées ; Arab News n’approuve pas ce contenu mais croit fermement qu’il est important d’être conscient de son influence destructrice.

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Analyse

Salman al-Odah : le prédicateur caméléon

Arab News

  • Le Saoudien controversé est connu pour déguiser ou nier ses prises de position extrémistes, même lorsqu’elles figurent sur son propre site internet

Dans ce numéro des « Prédicateurs de haine », Arab News se penche sur le cas de Salman al-Odah. Le prédicateur controversé, qui a jadis qualifié le dirigeant d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden de « frère », influence les jeunes Saoudiens et musulmans d’autres pays depuis des décennies.

Salman al-Odah est tristement célèbre pour ses sermons datant des années 1990, « Venez au jihad » et « L'industrie de la mort ». Diffusés sur des cassettes audio qui se passent alors sous le manteau dans toute l'Arabie saoudite et au-delà, les sermons appellent ses partisans à mener le jihad en Afghanistan, en Irak et dans d'autres pays musulmans occupés par des forces étrangères.

Bien qu’après sa libération en 1999, il réfute lors d’interviews télévisées sur MBC des affirmations selon lesquelles il inciterait au jihad, les enregistrements sont toujours disponibles sur son site internet.

Al-Odah joue sur son apparence pieuse et son ton calme, mais ses détracteurs l’accusent d’utiliser ces traits de caractère pour inciter au terrorisme et à l'intolérance.

Né dans la ville saoudienne de Buraidah, où il grandit, il se fait d’abord remarquer dans les années 80 par ses conférences dans l'institut de la région où il enseigne. Il prend ensuite un tournant radical à la fin des années 80 et devient l’une des voix du mouvement du Réveil islamique (Al-Sahwa).

En 1994, le gouvernement saoudien met fin au mouvement qui adopte une approche plus extrémiste de l'islam et répand une idéologie favorisant le terrorisme parmi les jeunes de la région qui s’opposent à la présence de forces militaires étrangères sur le sol saoudien lors de l'opération Tempête du désert en 1991, opération qui libère le Koweït de l’occupation irakienne.

Pendant des années, al-Odah et les autres dirigeants du mouvement prêchent des idées antisémites et anti-occidentales.

En 1993, une commission mixte dirigée par le Cheikh Abdul Aziz bin Baz, grand mufti, juge que les discours de Salman al-Ouda représentent un danger pour la société saoudienne. Ce dernier reçoit l'ordre d'assister à une séance de rééducation et a interdiction de prêcher ou d’enseigner.

Cependant, il fait fi de cette injonction et continue de prêcher son mépris pour la présence de soldats américains ; il est condamné à cinq ans de prison en 1994.

Parmi les chefs d’accusation figure notamment la diffusion de discours d’incitation à la haine mettant en péril le caractère sacré et la stabilité religieuse de la société saoudienne. Après sa libération en 1999, al-Odah semble être un homme nouveau, suggérant sur les plateaux-télé qu’il s’est totalement détourné de ses idées réactionnaires et très controversées.

Les attentats du 11 septembre sont la première occasion de mettre ces professions de foi à l’épreuve. S’il ne condamne pas les attentats directement, il déclare dans une émission de télévision, le jour du sixième anniversaire des attentats : « Mon frère Oussama, combien de sang a été versé ? Combien d'innocents, d'enfants, de vieillards et de femmes ont été tués… au nom d'Al-Qaïda? Serez-vous satisfait de rencontrer le Dieu Tout-Puissant en portant sur votre dos le fardeau de ces centaines de milliers ou de millions de victimes ? »

Alors que le prédicateur considérait autrefois la télévision comme néfaste, il commence à se constituer un socle solide de supporters à travers ses apparitions sur plusieurs chaînes arabes, telles que Al Jazeera au Qatar et Al Majd en Arabie Saoudite. Il anime même sa propre émission, « Al-Hayat Kalima » (« La vie est un mot »), sur la chaîne saoudienne MBC. L’émission est déprogrammée en 2011.

Avec le développement des plateformes de réseaux sociaux, al-Odah parvient à toucher un public beaucoup plus large et se fait progressivement une place sur YouTube, Twitter, Snapchat, Facebook et Telegram pour s’adresser directement à ses abonnés. Ses messages sur ces plateformes portent sur la philanthropie, la religion et les questions sociales.

«  Il a acquis une plus grande notoriété avec ses apparitions sur les chaînes satellitaires et les médias et avec la démocratisation d'internet », explique à Arab News Hani Nasira, auteur et journaliste égyptien spécialisé dans les mouvements idéologiques.

Dans de nombreux entretiens télévisés, il fait preuve de désinvolture, refusant d'admettre des actes répréhensibles tout en échappant aux remises en cause grâce à sa facilité à manier le verbe. Salman al-Odah nie avoir publié certaines fatwas (opinions religieuses) controversées, bien que les preuves soient indéniables puisque ces fatwas sont diffusées et disponibles en arabe sur son site internet.

Dans l'une de ces fatwas, publiée sur son site en 2017, il interdit aux femmes de porter des pantalons en public car, selon lui, ils laissent voir la taille des parties érotiques du corps féminin, provoquant « dissipation et agitation. »

Al-Odah est accusé d’être affilié à des groupes considérés comme des organisations terroristes, notamment les Frères musulmans et l'Union internationale des érudits islamiques, dont il est membre du conseil d'administration.

L’Union est répertoriée comme organisation terroriste par plusieurs pays arabes en novembre 2017 pour son soutien et son financement d'actes terroristes dans le monde, en particulier en Occident. Elle a été fondée en 2004 au Qatar sous la direction de Yusuf Al-Qaradawi, dont Arab News a fait le portrait dans sa série sur « les Prédicateurs de haine » et qui crée la polémique avec ses prises de position, notamment sa déclaration selon laquelle tuer des Juifs serait « justifié ». Dans une interview accordée à Asharq Al-Awsat en 2010, al-Qaradawi décrit al-Odah comme « l'un de mes amis les plus proches. »

En mai 2017, al-Odah est inscrit sur une liste noire de six prédicateurs interdits de séjour au Danemark pendant deux ans pour avoir prêché contre les valeurs fondamentales de la société danoise. La liste comprend également le pasteur chrétien Terry Jones, un des « Prédicateurs de haine » dont Arab News a également présenté le portrait.

En septembre 2017, Salman al-Odah est détenu en Arabie saoudite. Trente-sept chefs d'accusation liés au terrorisme pèsent contre lui. Son fils, Abdullah Alaoudh (il épelle son nom différemment de celui de son père), collaborateur au Washington Post et du New York Times, critique vivement l’arrestation de son père. Dans un éditorial du New York Times, Alaoudh remet en cause la légitimité de l’arrestation de son père et défend son approche plus subtile de l’islam.

« Pendant près de vingt ans, il [al-Odah] a mené une campagne énergique contre le terrorisme en Arabie saoudite, écrit Alaoudh. Il a appelé à renouveler le discours religieux et milite pour un islam modéré. »

Cependant, Alaoudh passe sur le fait que de nombreux détracteurs estiment que la prédication de son père et ses incitations à la haine ont eu un effet dévastateur sur la jeunesse musulmane. Il omet également de souligner les déclarations contradictoires de son père sur des sujets aussi importants que les non-musulmans, les valeurs occidentales et le droit de tuer.

Selon les commentateurs, al-Odah s’est fait une réputation de caméléon qui sait éviter la censure, qui passe pour être un religieux empreint de spiritualité qui n’élève jamais la voix et séduit les jeunes générations sur les réseaux sociaux, mais dissimule ses opinions extrémistes sous des faux-fuyants ou en désavouant ses sermons passés, affirmant qu’il a depuis évolué.

Ces dénégations sont cependant contredites par les idées extrémistes qu’il avance sur son propre site internet. Il en est de même pour ce qui concerne sn affiliation à de nombreuses organisations terroristes. Pour Hani Nasira, cette tendance à retourner sa veste « en fonction du temps et du contexte » est courante chez « de nombreux religieux et prédicateurs, en particulier ceux […] qui briguent le pouvoir, l’influence et l’autorité religieuse.  »