Il commence plus tard à diriger les prières du Ramadan dans sa région et rejoint l'Institut d'études religieuses de la ville égyptienne de Tanta, obtenant son diplôme neuf ans plus tard.
Il rencontre le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, lorsque ce dernier prononce un discours dans son établissement scolaire.
Les écrits d’Al-Banna ont influencé et façonné la pensée politique et religieuse d’Al-Qaradawi.
Les Frères musulmans ont été jugés dangereux par l'Égypte dès les années 1940 et de nombreux pays les ont plus tard désignés comme une organisation terroriste.
Dans sa jeunesse, Al-Qaradawi assiste aux réunions et conférences des Frères et rejoint leur section jeunesse à l'âge de quatorze ans après sa rencontre avec Al-Banna.
Al-Qaradawi poursuit ensuite ses études à l'Université d’Al-Azhar, où il étudie la théologie islamique, et obtient son diplôme en 1953.
Il est emprisonné sous le règne du roi Farouq en 1949, puis à trois reprises sous Gamal Abdel Nasser, pour avoir fomenté une tentative d'assassinat ratée contre le président en 1954, pour avoir prêché contre la présence britannique en Egypte et pour ses activités grandissantes dans le domaine de l’islam politique.
Après sa remise en liberté, Al-Qaradawi poursuit ses études et obtient sa maîtrise en études coraniques en 1960 à l’université d’Al-Azhar.
Les Frères sont contraints à la clandestinité dans les années 1960, peu de temps après que Qaradawi a obtenu son diplôme, ce qui le pousse à s’exiler au Qatar en 1961.
Lorsqu’il travaille au Qatar, il se rapproche du dirigeant d'alors, le cheikh Khalifa Al-Thani, et obtient un passeport qatari.
Depuis son pays d’adoption, Al-Qaradawi diffuse ouvertement ses positions politiques incendiaires dans la région et élargi le nombre d’adeptes des Frères musulmans au Qatar, soutenu en ce sens par Doha.
Sa mission affichée est de redonner à l'Islam son autorité en libérant le monde musulman de l'hégémonie occidentale.
Après la destitution de Cheikh Khalifa par son fils, le Cheikh Hamad, lors d'un coup d'État, pacifique en 1995, Al-Qaradawi gagne en importance.
Le religieux justifie le coup d'État, affirmant qu’il est « nécessaire » pour la nation, et renforce par la suite ses liens avec le Cheikh Hamad.
En 1996, la chaîne d'information publique Al Jazeera diffuse «Ach-Char’ia wa’l Hayat», l’une de ses émissions en direct les plus regardées.
Ce rôle de présentateur permet à Al-Qaradawi de répéter ses idées radicales à un auditoire qu’on estime à plus de 40 millions.
Il produit des écrits prolifiques sur l'islam et la jurisprudence islamique (fiqh), tout en établissant des relations étroites avec les organisations islamiques du monde entier.
Par la publication de son livre « Fiqh Al-Jihad » en 2009, il mène une campagne mondiale pour réaffirmer sa vision du djihad dans le monde musulman.
Il a publie des fatwas (édits religieux) extrêmes et violentes qui justifient les attentats suicides, la violence contre tous les Juifs et le meurtre de soldats américains, d'apostats et d'homosexuels.
Des millions de personnes dans le monde arabe suivent Al-Qaradawi à la télévision depuis des années. Il sait exploiter l’avènement des réseaux sociaux pour toucher un public mondial, il accroît sa renommée en occupant des fonctions dans diverses organisations islamiques et en animant ses propres émissions, à partir des années 1970 à la radio qatarie puis à la télévision.
Il apparaît fréquemment sur Al-Hayat TV, BBC Arabic, Palestine Authority TV, Al-Faraeen TV et Al-Hiwar TV.
En 2004, Al-Qaradawi crée à Doha l'Union internationale des savants musulmans, désignée comme organisation terroriste par divers pays arabes. Il fonde plusieurs autres organisations pour diffuser son idéologie extrémiste.
Alors que le printemps arabe prend de l'ampleur et crée une vacance de pouvoir, Al-Qaradawi exprime son soutien au renversement des gouvernements syrien, libyen, tunisien et égyptien.
D'une voix tonitruante sur «Ach-Char’ia wa’l Hayat» en 2013, il taxe les pays musulmans de faiblesse, appelant les peuples à renverser leurs gouvernements et à lancer une guerre contre tous ceux qui s'opposent aux Frères musulmans.
Il qualifie ces personnes de «khawarij» (ennemis de l'islam), au rang desquels il fait figurer ceux qui participent à la révolte de juin 2013 contre le président égyptien d'alors, Mohammed Morsi, issu des rangs des Frères musulmans.
Al-Qaradawi publie des fatwas appelant les Égyptiens à boycotter les élections de 2014 qui portent Abdel Fattah El-Sissi au pouvoir. Le religieux appelle la nation à « résister aux oppresseurs » et à soutenir un État musulman.
Il est condamné à mort par contumace en 2015 par le gouvernement égyptien pour son implication dans une évasion de prison en 2011, lors du soulèvement qui a évincé le président de l'époque, Hosni Moubarak.
En janvier 2018, un tribunal militaire égyptien condamne Al-Qaradawi, toujours par contumace, à la prison à vie pour incitation au meurtre, diffusion d’informations mensongères et destruction de biens publics en relation avec la mort d'un policier en 2015.
Depuis que Cheikh Hamad a remis le pouvoir à son fils, le Cheikh Tamim, en 2013, Al-Qaradawi est resté proche de ce dernier tout en continuant de gagner en notoriété mondiale.