Pas de répit dans la guerre à Gaza malgré un appel du Conseil de sécurité à un cessez-le-feu

La guerre a tué plus de 32 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza (Photo, AFP).
La guerre a tué plus de 32 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 mars 2024

Pas de répit dans la guerre à Gaza malgré un appel du Conseil de sécurité à un cessez-le-feu

  • Tôt mardi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 70 morts dans des frappes aériennes nocturnes israéliennes
  • Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de sept Palestiniens noyés en tentant de récupérer en mer de l'aide parachutée par avion

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'armée israélienne a de nouveau bombardé la bande de Gaza faisant ces dernières heures des dizaines de morts malgré un appel du Conseil de sécurité de l'ONU à un cessez-le-feu "immédiat" dans le territoire palestinien dévasté par la guerre et au bord de la famine.

Au sixième mois du conflit déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, les sirènes d'alerte aux roquettes tirées depuis la bande de Gaza ont retenti dans le sud d'Israël, a indiqué l'armée israélienne sans faire état de victimes.

Tôt mardi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 70 morts dans des frappes aériennes nocturnes israéliennes, dont 13 dans près et dans Rafah, la ville à la pointe sud du territoire palestinien assiégé où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, la majorité des déplacés.

"Nous avons entendu une énorme explosion. Les décombres sont tombés sur nous. Il y avait des morceaux de corps dans les arbres. Il y a eu 22 ou 23 martyrs, tous des déplacés venus de Gaza", a déclaré Houssam Qazaat, un déplacé, au milieu des destructions à Rafah.

Nouveau signe d'une situation humanitaire désespérée dans la bande de Gaza dont la plupart des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de sept Palestiniens noyés en tentant de récupérer en mer de l'aide parachutée par avion à la population du petit territoire.

Israël a juré de détruire le Hamas et se dit déterminé à poursuivre son offensive d'envergure dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 32.333 morts majoritairement des civils selon un dernier bilan du ministère de la santé du Hamas.

Et ce malgré les pressions et les inquiétudes internationales y compris de son allié américain.

Lundi, et pour la première fois depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu, avec 14 voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis qui avaient jusqu'alors bloqué trois textes de résolution mentionnant un "cessez-le-feu".

Le texte "exige un cessez-le-feu immédiat pour le ramadan", le mois de jeûne musulman qui a débuté il y a deux semaines, et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" enlevés le jour de l'attaque du 7 octobre.

Israël furieux 

Ne pas appliquer cette résolution serait "impardonnable", a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans la foulée du vote salué par les grandes capitales.

Furieux contre les Etats-Unis, Israël a annulé la visite d'une délégation attendue à Washington, en déclarant que l'abstention américaine "nuisait" à la fois à son effort de guerre et à ses efforts pour libérer les otages.

"Nous n'avons pas le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", a déclaré son ministre de la Défense Yoav Gallant, en visite aux Etats-Unis, insistant sur la nécessité de "vaincre" le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a salué l'appel à un cessez-le-feu et accusé aussi Israël d'avoir provoqué "l'échec" des pourparlers à Doha impliquant les médiateurs internationaux -Qatar, Egypte, Etats-Unis- pour une trêve accompagnée d'une libérations des otages.

Son chef, Ismaïl Haniyeh, est arrivé mardi en Iran, allié du mouvement palestinien et ennemi juré d'Israël.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

Son armée a lancé une campagne de bombardements intenses suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre durant laquelle elle a progressé du nord au sud du territoire, aux portes de Rafah.

M. Netanyahu est déterminé à mener une offensive terrestre à Rafah, malgré les craintes de la communauté internationale y compris les Etats-Unis pour la population civile.

«Pour une boîte de thon»

Alors que moins d'un tiers des hôpitaux de la bande de Gaza sont opérationnels, et ce partiellement, d'après l'ONU, trois hôpitaux, où se cachent des membres du Hamas selon Israël, sont visés par des opérations de l'armée.

Dans et autour du complexe hospitalier d'al-Chifa à Gaza (nord), plus de 170 combattants palestiniens ont été tués depuis le 18 mars selon l'armée. A Khan Younès (sud), les soldats encerclent l'hôpital Nasser selon le Hamas et d'autres opèrent aux abords de celui d'al-Amal.

La situation humanitaire est particulièrement catastrophique dans le nord de la bande de Gaza assiégée par Israël depuis le 9 octobre et déjà soumise depuis 2007 à un blocus israélien total.

A Jabaliya, des habitants, dont beaucoup de femmes et d'enfants, font quotidiennement la queue pour remplir des bidons d'eau qu'ils emportent dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras et attendent de recevoir la nourriture aux points de distribution.

Israël contrôle strictement l'entrée par voie terrestre des aides qui arrivent au compte-gouttes depuis l'Egypte. Ce qui a poussé des gouvernements étrangers à larguer, par parachutage, des colis alimentaires sur  Gaza.

"Des gens meurent pour une boîte de thon", s'emporte Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l'unique boîte de thon qu'il a pu récupérer.

Non loin, un autre homme dit risquer sa vie pour une boîte de haricots "qui sera partagée avec 18 personnes".


Gaza: l'opération militaire israélienne à Rafah, un «recul» pour les négociations sur une trêve

S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
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  • «Nous sommes presque dans une impasse», a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar
  • L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah

DOHA: L'opération militaire d'Israël à Rafah a "fait reculer" les négociations avec le Hamas palestinien, a déploré mardi le Premier ministre du Qatar, médiateur dans les discussions pour une trêve dans la bande de Gaza, soulignant que les pourparlers étaient "presque dans une impasse".

"Au cours des dernières semaines en particulier, nous avions constaté un certain élan, mais malheureusement, les choses n'ont pas évolué dans la bonne direction, et en ce moment, nous sommes presque dans une impasse", a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar.

"Bien sûr, ce qui s'est passé à Rafah nous a fait reculer", a-t-il ajouté.

Le Qatar, qui accueille le bureau politique du Hamas à Doha depuis 2012, est engagé -- aux côtés de l'Egypte et des Etats-Unis -- dans une médiation discrète depuis plusieurs mois entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée.

Des frappes ont aussi visé Rafah, où près de 1,4 million de Palestiniens s'entassent. Si la grande majorité de cette population avait trouvé refuge à Rafah pour tenter d'échapper aux frappes et aux combats des derniers mois, une partie d'entre eux désormais fuit désormais cette ville adossée à la frontière fermée de l'Egypte.

"Il n'y a aucune clarté sur la manière d'arrêter la guerre du côté israélien. Je ne pense pas qu'ils envisagent cela comme une option (...), même quand nous parlons d'un accord et de l'éventualité d'un cessez-le-feu," a encore dit le Premier ministre du Qatar.

Israël signale "par ses déclarations qu'il restera là-bas (à Gaza, NDLR), qu'il poursuivra la guerre. Et il n'y a aucune clarté sur ce à quoi Gaza ressemblera après cela", a-t-il ajouté.


Premier employé international de l'ONU tué à Gaza, lors d'une attaque 

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  • Le secrétaire général est "profondément attristé d'apprendre la mort d'un membre du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (DSS) et les blessures d'un autre lorsque que leur véhicule de l'ONU a été frappé
  • Il n'a à ce stade pas précisé la nationalité de l'employé décédé et du blessé, et n'a pu donner de détails sur les circonstances

NATIONS-UNIES: Un membre des services de sécurité de l'ONU a été tué lundi lors d'une attaque contre son véhicule à Gaza, a indiqué un porte-parole, précisant qu'il s'agissait du premier employé international des Nations unies tué dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre.

Le secrétaire général est "profondément attristé d'apprendre la mort d'un membre du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (DSS) et les blessures d'un autre lorsque que leur véhicule de l'ONU a été frappé, alors qu'ils se rendaient à l'hôpital européen de Rafah ce (lundi) matin", a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint d'Antonio Guterres.

Il s'agit de "la première victime internationale" de l'ONU depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre, a-t-il précisé, rappelant que quelque 190 employés palestiniens de l'ONU y ont été tués, principalement du personnel de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Le secrétaire général "condamne toutes les attaques contre le personnel de l'ONU et appelle à une enquête complète", a-t-il ajouté.

Il n'a à ce stade pas précisé la nationalité de l'employé décédé et du blessé, et n'a pu donner de détails sur les circonstances.

"Je n'ai pas tous les détails" mais "je crois qu'il s'agissait d'un convoi en mouvement, et que le véhicule du DSS a été touché", a-t-il indiqué, précisant que tous les véhicules étaient identifiés comme appartenant à l'ONU.

Le DSS assure notamment la sécurité des agences et programmes de l'ONU dans plus de 130 pays.


Gaza: Netanyahu assure qu'environ la moitié des morts sont des combattants du Hamas

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas"
  • Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas", assurant que le bilan global était inférieur à celui annoncé par le mouvement islamiste.

"Même si nous sommes confrontés à un ennemi particulièrement cynique, nous avons réussi à maintenir le ratio civils/combattants tués" à "environ un pour un", a déclaré M. Netanyahu au podcast Call Me Back, lors d'une interview réalisée dimanche.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

Mi-avril, le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk, avait souligné que les enfants "payent de façon disproportionnée le prix ultime de cette guerre".

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, plus de 35.000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont péri depuis le début de l'offensive israélienne consécutive à l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël.

Le ministère ne précise pas combien de combattants figurent dans ce bilan.

M. Netanyahu a aussi insisté dans ce podcast sur le fait que le bilan des morts dans la bande de Gaza était en réalité d'environ 30.000 personnes. Environ "14.000 combattants ont été tués et probablement environ 16.000 civils ont été tués", a-t-il affirmé.

Un des objectifs affiché de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza est d'"anéantir" le Hamas, dont l'attaque le 7 octobre a entraîné la mort plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 considérées mortes, selon l'armée.

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait".

Il prend pour preuve les tracts et messages vocaux envoyés à des dizaines de milliers de familles des quartiers de l'est de Rafah, pour les enjoindre d'évacuer avant des bombardements et "opérations ciblées" dans la zone.

Israël affirme que la ville abrite les derniers bataillons du Hamas et martèle son intention d'y mener une opération terrestre d'ampleur. Mais, selon l'ONU, la ville abrite aussi 1,4 million de civils --habitants et Gazaouis déplacés par les combats dans le reste de Gaza--, faisant craindre un carnage.

Depuis une semaine, Israël défie l'opposition de la communauté internationale, notamment celle de son principal allié Washington, et des chars et des troupes mènent des opérations de plus en profondément dans l'est de Rafah, appuyés par des frappes aériennes.

Cela a provoqué l'exode de près de 360.000 personnes de l'est de Rafah, selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui a averti qu'"aucun endroit n'est sûr" dans la bande de Gaza, largement dévastée par sept mois de guerre.