Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie a recours à l'arme chimique en Ukraine

Joe Biden échange avec les dirigeantsde pays et organisations alliés, à Bruxelles (Photo, Reuters).
Joe Biden échange avec les dirigeantsde pays et organisations alliés, à Bruxelles (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 25 mars 2022

Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie a recours à l'arme chimique en Ukraine

  • «Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation», a déclaré Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles
  • Les Etats-Unis ont annoncé être prêts «à accueillir jusqu'à 100 000 Ukrainiens et autres personnes fuyant l'agression de la Russie»

BRUXELLES: Le président américain Joe Biden a promis jeudi pour la première fois une « réponse » de l'Otan dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l'arme chimique, un risque jugé bien réel lors de sommets de l'alliance et du G7 réunis à Bruxelles après un mois d'une guerre meurtrière et dévastatrice lancée par Vladimir Poutine. 

Au même moment, l'assemblée générale des Nations unies votait à New York à une majorité écrasante de 140 voix « pour », 38 abstentions et cinq « contre » dont la Russie, la Syrie et la Corée du Nord, une motion exigeant l'arrêt immédiat de l'offensive russe. 

Sur le terrain, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov affirmait que sa milice paramilitaire, qui combat aux côtés de l'armée russe, avait pris la mairie de la ville assiégée et bombardée de Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine. Une information impossible à confirmer de source indépendante. 

Cette ville portuaire sur la mer d'Azov, lourdement bombardée et où des témoins ont décrit des cadavres jonchant les rues, serait le cas échéant la première agglomération significative à être prise par la Russie, après une offensive d'un mois qui a vu l'armée russe à la peine face à la résistance acharnée des Ukrainiens, armés par l'Otan. 

Dans cette situation, les Occidentaux ont jugé très crédible le risque d'une attaque chimique, contre lequel le président ukrainien Volodymyr Zelensky les a mis en garde jeudi dans une intervention vidéo depuis Kiev, où il est retranché. 

« Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation », a déclaré M. Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles. 

« L'Otan n'a jamais, jamais été plus unie qu'elle ne l'est aujourd'hui. Poutine obtient exactement le contraire de ce qu'il voulait en envahissant l'Ukraine », a-t-il assuré, mettant aussi en garde à nouveau la Chine contre tout soutien à Moscou qui pourrait mettre en jeu « son avenir économique ». 

Interrogé sur d'éventuelles « lignes rouges » définies par l'Otan et susceptible de déclencher une intervention, le président français Emmanuel Macron a préféré rester « très prudent sur ce sujet ». 

Dans le cas de l'Ukraine, « je pense que l'ambiguïté stratégique et la discrétion sont plus efficaces », a répondu le chef de l'Etat. 

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a indiqué à ce stade que les alliés avaient  « convenu de fournir des équipements pour aider l'Ukraine à se protéger contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires ». 

Les dirigeants de l'Otan ont également approuvé la création de quatre nouveaux groupements tactiques en Roumanie, en Hongrie, en Bulgarie et en Slovaquie, et le renforcement des quatre déjà constitués en Pologne et dans les trois pays Baltes. 

Plus de 100 000 militaires américains sont actuellement présents en Europe et plus de 40 000 soldats sont sous commandement direct de l'Otan dans la partie orientale de l'Alliance. « C'est du jamais vu », a souligné M. Stoltenberg. 

Sanctions sur l'or russe  

Dans un premier message vidéo jeudi aux dirigeants de l'Otan, le président ukrainien les avait exhortés à fournir à l'Ukraine « une aide militaire sans restriction ». 

Les Etats-Unis « ont entamé des consultations (avec leurs alliés) pour fournir des missiles anti-navire à l'Ukraine », a indiqué une haute responsable américaine, soulignant toutefois que ce scénario présentait des « défis techniques ». 

La Suède et l'Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l'Ukraine de respectivement 5 000 et 2 000 nouvelles armes antichar. Les forces ukrainiennes ont déjà reçu 1 000 armes antichar et 500 lance-missiles sol-air de type Stinger pris dans les réserves de la Bundeswehr, l'armée allemande. 

Sur le front économique, les pays du G7 et de l'Union européenne vont sanctionner toute transaction impliquant les réserves d'or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d'isolement financières prises par les Occidentaux, a annoncé la Maison Blanche. 

« Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d'utiliser son or pour soutenir sa devise », le rouble, a expliqué un haut responsable américain. 

Washington a aussi annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l'industrie de défense. 

Biden espère que la Chine n'aide pas la Russie

Le président américain Joe Biden a exprimé jeudi « l'espoir » que la Chine n'aide pas la Russie à amortir l'impact des sanctions occidentales, estimant que l'avenir économique du géant asiatique « était davantage lié à l'Occident » qu'à son voisin russe. 

« Je pense que la Chine comprend que son avenir économique dépendra bien davantage de ses relations avec l'Occident qu'avec la Russie. Et j'ai bon espoir qu'elle ne va pas s'engager » pour aider Moscou à atténuer les sanctions imposées après l'invasion de l'Ukraine, a indiqué M. Biden.

Accusations de « crimes de guerre »  

Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux Etats-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l'institution elle-même ainsi que 48 « grandes entreprises publiques » du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison Blanche. 

Le gouvernement britannique avait déjà annoncé une nouvelle série de sanctions visant 59 personnalités et entreprises russes et six entités biélorusses. 

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait accusé mercredi soir la Russie d'avoir « commis des crimes de guerre en Ukraine ». 

« Nous avons vu de nombreux rapports crédibles d'attaques aveugles et d'attaques visant délibérément des civils, ainsi que d'autres atrocités », a-t-il déclaré dans un communiqué, en soulignant qu'il reviendrait aux tribunaux de déterminer les responsabilités. 

Les pays du G7 ont eux aussi assuré jeudi qu'ils « ne ménageraient pas leur efforts » pour que Vladimir Poutine « rende des comptes » pour l'invasion de l'Ukraine. 

Sur le terrain, au moins cinq personnes sont mortes, dont deux enfants, et huit autres ont été blessées dans des frappes russes dans la région de Lougansk, dans l'Est, a indiqué le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï. 

Le gouverneur a ajouté que le bilan risquait de « s'avérer bien supérieur ». « L'aviation russe a commencé à larguer des bombes au phosphore sur Roubijné », a-t-il accusé. 

Dans son message à l'Otan, le président ukrainien a relayé ces accusations: « Ce matin (...) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau ». 

Les Etats-Unis prêts à accueillir 100 000 Ukrainiens

Les Etats-Unis ont annoncé être prêts « à accueillir jusqu'à 100 000 Ukrainiens et autres personnes fuyant l'agression de la Russie », selon un communiqué de la Maison Blanche publié alors que le président Joe Biden participe à plusieurs réunions internationales à Bruxelles. 

Washington va par ailleurs débloquer « plus d'1 milliard de dollars en financements supplémentaires » pour renforcer l'aide humanitaire en Ukraine mais aussi pour faire face aux « impacts graves » du conflit ailleurs dans le monde, notamment à « l'augmentation nette de l'insécurité alimentaire », selon la même source. 

« L'enfer » de Marioupol  

La municipalité de Marioupol a lancé un appel à l'aide sur Telegram, demandant de sauver la population « de l'enfer ». 

« De plus en plus de morts de faim. De plus en plus de gens sans nourriture. Et toutes les tentatives de lancer une grande opération humanitaire pour sauver la population de Marioupol sont bloquées par la partie russe. Parce que les occupants ne s'intéressent pas aux gens et à ce qu'ils deviennent. Seulement pour une image de propagande avec la déportation forcée vers la Russie », a écrit la mairie de la ville assiégée. 

Les Ukrainiens accusent en effet les Russes de « déporter » des habitants de Marioupol vers la Russie. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a évoqué 6 000 habitants emmenés vers des « camps de filtration russes ».  

Ces accusations étaient invérifiables dans l'immédiat, mais le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé que « 8 500 habitants de Marioupol ont pu être évacués sans aucune participation de la partie ukrainienne le 23 mars », selon l'agence Interfax. 

Au moins six civils ont été tués et 15 autres blessés jeudi dans un bombardement russe à Kharkiv, deuxième ville du pays (nord-est) selon le gouverneur régional Oleg Syniegoubov. 

Risque de pénuries alimentaires

Sur le front économique, les Occidentaux se sont concertés jeudi pour répondre aux risques de pénuries alimentaires mondiales à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de blé.

"Les pénuries alimentaires vont se concrétiser", a mis en garde le président américain Joe Biden à Bruxelles après les sommets du G7 et de l'Otan, assurant que les Etats-Unis comme le Canada, gros producteurs de céréales, allaient augmenter leurs exportations en conséquence.

Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole, a aussi annoncé jeudi une augmentation d'environ 5% de ses exportations de pétrole pour répondre "aux demandes d'aide" de ses "alliés, aux prises avec des pénuries" en raison du conflit en Ukraine.

Le bombardement, effectué avec des « armes de longue portée », a touché un bureau de poste près duquel des habitants locaux recevaient de l'aide humanitaire, a-t-il précisé sur Telegram, dénonçant un nouveau « crime des occupants russes ».  

Quelque 4,3 millions d'enfants - soit plus de la moitié de la population enfantine ukrainienne - ont dû quitter leur foyer pour fuir l'insécurité et les combats déclenchés par l'invasion de l'armée russe le 24 février, a indiqué l'Unicef jeudi. 

Selon Washington, l'offensive de l'armée russe piétine cependant, notamment dans les environs de Kiev. 

« Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l'est et au nord-est de Kiev », déclarait mercredi un haut responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat.  

Des dizaines de personnes ont fui jeudi les combats autour de Kiev dans une zone que l'Ukraine affirme avoir reprise à la Russie, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

D'intenses échanges d'artillerie lourde pouvaient être entendus depuis la banlieue d'Irpin, au nord-ouest de la capitale, et l'on pouvait voir des colonnes de fumée s'élever dans le ciel, selon ces journalistes. 

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, avait affirmé mercredi que « la presque totalité d'Irpin était déjà sous contrôle des soldats ukrainiens ». 

La marine ukrainienne a aussi affirmé jeudi avoir détruit un navire russe de transport de troupes russes ancré dans le port de Berdiansk, ville proche de Marioupol sur la mer d'Azov. 

Russes et Ukrainiens ont par ailleurs procédé jeudi à des échanges de prisonniers, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Facebook. 


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.

 


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.