Vols au British Museum: l’ironie d'une collection alimentée par la colonisation

Des bronzes du Bénin aux marbres d'Elgin, le British Museum de Londres regorge de vestiges de l'expansionnisme impérial, malgré les demandes de restitution formulées par les pays lésés (Photo, Shutterstock).
Des bronzes du Bénin aux marbres d'Elgin, le British Museum de Londres regorge de vestiges de l'expansionnisme impérial, malgré les demandes de restitution formulées par les pays lésés (Photo, Shutterstock).
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Publié le Mercredi 30 août 2023

Vols au British Museum: l’ironie d'une collection alimentée par la colonisation

  • Les critiques affirment que l'héritage du British Museum repose entièrement sur le vol
  • Des bronzes du Bénin aux marbres d'Elgin, les collections du musée regorgent de vestiges du pillage impérial

IRBIL/LE CAIRE/LONDRES: Le British Museum de Londres, l'un des plus grands exposants d'objets historiques et culturels au monde, est au cœur d'une controverse concernant le vol d'objets de valeur de ses collections et le fait que les responsables du musée n'aient pas mené d'enquête appropriée, ce qui a contraint son directeur à démissionner.

L'ironie du fait que le British Museum soit victime d'un vol n'a pas échappé aux pays du monde entier qui accusent depuis longtemps l'institution d'exposer – et de refuser de restituer – une vaste quantité de trésors pillés au cours de plusieurs siècles d'expansion impériale britannique.

La controverse a une fois de plus soulevé des questions pertinentes sur le droit du musée de posséder et d'exposer en exclusivité des objets provenant de diverses civilisations anciennes et de pays du monde entier, alors qu'il ne peut garantir leur préservation ou leur protection.

Zahi Hawass, l'archéologue égyptien le plus renommé et ancien ministre d'État chargé des antiquités, a déclaré à Arab News : «Ce qui s'est passé au British Museum est un crime à tout point de vue.

«La présence d'antiquités égyptiennes dans les musées américains, européens ou ailleurs dans le monde ne signifie pas que ces antiquités leur appartiennent», a-t-il ajouté.

Selon lui, ces objets seraient bien mieux protégés, soigneusement catalogués et correctement restitués dans leur lieu d'origine.

Jusqu'à 2 000 objets, allant de bijoux en or à des pierres précieuses et semi-précieuses rares datant du XVe siècle avant J.-C. au XIXe siècle, ont été volés dans les réserves du British Museum pendant plusieurs années, en raison d'un manque de catalogage ou d'enregistrement adéquat.

Le directeur du musée, Hartwig Fischer, a déclaré qu'il démissionnerait après avoir admis qu'il n'avait pas enquêté sur les vols. Toutefois, sa démission n'a guère apaisé les inquiétudes des pays propriétaires d’objets précieux entre les mains du musée.

«Le vol d'objets au British Museum et l'enquête qui en découle sur son ancien directeur sont considérés comme un crime contre le monde entier», a ajouté Hawass.

Ces dernières années, l'ancien homme politique a fait d'importantes découvertes archéologiques dans toute l'Égypte, notamment une découverte majeure dans la nécropole de Saqqara en octobre 2020.

Il a déclaré : «Parce qu'il est déraisonnable de voler ainsi des antiquités dans un musée, je demande à l'Égypte d'émettre une demande populaire selon laquelle ce musée ne mérite pas d'exposer des antiquités égyptiennes.

«Ces objets appartiennent à l'Égypte, et l'Égypte doit protéger ses biens contre le vol ou les opérations de restauration inappropriées», a-t-il ajouté.

«Nous affirmons que la présence de la pierre de Rosette au British Museum est une grave erreur, car cette pierre est l'icône des antiquités égyptiennes et sa place doit être en Égypte», a-t-il jugé.

«Je demande également à l'Unesco et au ministère du Tourisme et des Antiquités d'organiser une conférence internationale pour étudier la possibilité de retirer nos antiquités du British Museum», a insisté Hawass.

Un porte-parole du British Museum a déclaré à Arab News qu'il n'avait «reçu aucune demande officielle du gouvernement égyptien pour rapatrier la pierre de Rosette».

Le porte-parole a déclaré : «Le British Museum travaille avec des partenaires du monde entier, notamment avec des collègues en Égypte, sur des projets, des expositions et des recherches, et nous entretenons une relation de collaboration de longue date avec le ministère égyptien des Antiquités.»

Zahi Hawass, l'archéologue égyptien le plus renommé et ancien ministre d'État chargé des antiquités, a déclaré à Arab News : «Ce qui s'est passé au British Museum est un crime à tout point de vue.» (Photo, AFP).

Le musée a reconnu les sensibilités entourant la restitution d'objets «dont s'occupent» l'institution et d'autres institutions similaires dans le monde, a ajouté le porte-parole.

«Le British Museum comprend et reconnaît l'importance des questions liées au retour des objets et travaille avec les communautés, les collègues et les musées du monde entier pour partager la collection aussi largement que possible.

«Le débat sur la restitution soulève des questions importantes et nuancées sur les objets et les collections qui sont conservés dans de nombreux pays à travers le monde.

«Le British Museum reconnaît pleinement l'histoire complexe des objets de la collection et notre responsabilité de sensibiliser le public à leur histoire interconnectée dans le monde moderne», a expliqué le porte-parole.

En ce qui concerne les vols récents, le président du musée, George Osborne, ancien ministre britannique des Finances, a été cité par Reuters comme niant toute idée de dissimulation, le musée ayant rejeté un avertissement il y a deux ans.

Dans un communiqué de presse publié le 16 août, il a déclaré que les membres du Conseil d’administration du musée «ont pris des mesures décisives pour faire face à la situation» et «ont mis en place un examen indépendant de ce qui s'est passé et des leçons à en tirer, et ont utilisé tous les pouvoirs disciplinaires à notre disposition pour traiter avec la personne que nous estimons responsable».

La controverse a une fois de plus soulevé des questions pertinentes sur le droit du musée de posséder et d'exposer en exclusivité de tels objets provenant de diverses civilisations anciennes et de pays du monde entier, alors qu'il ne peut garantir leur préservation ou leur protection (Photo, Shutterstock).

Osborne a admis la possibilité d'une «pensée de groupe potentielle» au sein de l'institution, qui ne pouvait même pas concevoir qu'un initié pille sa vaste et inestimable collection. Il a également admis que les vols avaient «certainement porté atteinte» à la réputation du musée en tant que lieu de confiance pour le stockage et l'exposition de nombreux vestiges de grande valeur.

Son aveu peut sembler être un euphémisme. Après tout, le musée a justifié la possession de sa vaste collection par le fait qu'elle est plus sûre entre ses mains que dans de nombreuses régions d'origine, en particulier les régions d'Afrique et du Moyen-Orient déchirées par des conflits.

Cette justification a parfois semblé être validée ces dernières années, du moins en apparence. Par exemple, lorsque Daech s'est déchaîné en Irak et en Syrie entre 2014 et 2019, il a intentionnellement détruit de nombreux objets du musée de Mossoul et en a vendu d'autres qu'il avait pillés sur ces sites au marché noir pour financer ses activités terroristes.

L'Irak a depuis reconstruit le musée de Mossoul après la libération de la ville en juillet 2017 et a récemment rouvert le musée national de Bagdad, qui avait été tristement célèbre pour avoir été pillé en 2003.

En mai, le président irakien, Abdel Latif Rachid, a annoncé la récupération de 6 000 objets, datant de plusieurs phases des civilisations irakiennes, qui avaient été prêtés au British Museum dans les années 1920 pour être étudiés, mais qui n'ont jamais été restitués.

Bronzes du Bénin (Photo, British Museum).

Des cas similaires de destruction se sont produits ailleurs. En 2012, Al-Qaïda a envahi l'ancienne ville de Tombouctou au Mali et a intentionnellement détruit ses manuscrits vieux de plusieurs siècles. L'Unesco a qualifié ces destructions intentionnelles de sites et d'objets du patrimoine mondial de «nettoyage culturel».

Lorsqu'il était maire de Londres en 2015, l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a invoqué ce nettoyage culturel pour justifier, entre autres, le retrait des marbres d'Elgin du Parthénon en Grèce il y a deux siècles, qui se trouvent encore aujourd'hui au British Museum.

Sa référence aux marbres d'Elgin, en particulier, est bizarre puisque Daech a envahi de grandes parties du Moyen-Orient, et non de la Grèce.

Les sculptures ont été retirées du mur du Parthénon à Athènes au début du XIXe siècle, lorsque la Grèce était sous le contrôle de l'Empire ottoman, par le septième comte d'Elgin, collectionneur d'antiquités et diplomate britannique.

Après leur retrait, dans des circonstances juridiques et éthiques douteuses, le gouvernement britannique a acheté les objets et les a dûment remis au British Museum en 1816.

Leur retrait continue d'irriter la Grèce et les Grecs. Lorsque le nouveau musée de l'Acropole d'Athènes a ouvert ses portes à la fin des années 2000, il présentait une exposition décrivant l'emplacement des marbres d'Elgin si la Grande-Bretagne décidait un jour de les retourner. Cette exposition montrait bien comment leur retrait continuait à défigurer un site du patrimoine mondial.

Hartwig Fischer, directeur du musée, a démissionné (Photo, Shutterstock).

Des affirmations comme celles de Johnson justifiant que le Royaume-Uni les conserve plus de deux siècles plus tard sonnent sans doute creux après les récentes révélations de vol.

«Nous voulons dire au British Museum qu'il ne peut plus dire que le patrimoine culturel grec est mieux protégé au British Museum», a déclaré Despina Koutsoumba, directrice de l'Association des archéologues grecs, à la BBC.

Dans une récente interview accordée au journal grec To Vima, la ministre grecque de la Culture, Lina Mendoni, a déclaré que les questions de sécurité soulevées par les objets disparus «renforcent la demande permanente et juste de notre pays pour la restitution définitive» des marbres d'Elgin.

«La perte, le vol et la détérioration d'objets des collections d'un musée est un événement extrêmement grave et particulièrement triste. En effet, lorsque cela se produit de l'intérieur, au-delà de toute responsabilité morale et pénale, une question majeure se pose quant à la crédibilité de l'organisation muséale elle-même», a-t-elle ajouté.

Bouclier Gweagal (Photo, British Museum).

La restitution d'objets provenant de musées britanniques n'est pas sans précédent. Les bronzes du Bénin – des milliers d'objets pillés dans des collections européennes – sont en cours de rapatriement au Nigeria, après avoir été pris par les forces britanniques lors de la mise à sac de Benin City en 1897.

Le British Museum abrite également plusieurs autres objets contestés, notamment des objets aborigènes d'Australie, la collection Maqdala d'Éthiopie, Hoa Hakananai'a de l'île de Pâques et le cylindre de Cyrus de l'empire perse.

Le dernier shah d'Iran a vanté le cylindre comme une preuve de la progression de la Perse, le décrivant invariablement comme la première déclaration des droits ou la première charte des droits de l'homme, des milliers d'années avant celle de l'Amérique.

Dans une allusion claire au British Museum, il a déclaré un jour à un journaliste britannique : «Vous avez le vrai parchemin dans votre musée. Vous nous l'avez pris.»

Les événements de la semaine dernière et les révélations de négligences pouvant remonter à de nombreuses années font que le moment est idéal pour réévaluer objectivement le bien-fondé de rassembler sous un même toit un si grand nombre de trésors et d'objets historiques du monde entier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: Netanyahu assure qu'environ la moitié des morts sont des combattants du Hamas

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas"
  • Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas", assurant que le bilan global était inférieur à celui annoncé par le mouvement islamiste.

"Même si nous sommes confrontés à un ennemi particulièrement cynique, nous avons réussi à maintenir le ratio civils/combattants tués" à "environ un pour un", a déclaré M. Netanyahu au podcast Call Me Back, lors d'une interview réalisée dimanche.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

Mi-avril, le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk, avait souligné que les enfants "payent de façon disproportionnée le prix ultime de cette guerre".

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, plus de 35.000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont péri depuis le début de l'offensive israélienne consécutive à l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël.

Le ministère ne précise pas combien de combattants figurent dans ce bilan.

M. Netanyahu a aussi insisté dans ce podcast sur le fait que le bilan des morts dans la bande de Gaza était en réalité d'environ 30.000 personnes. Environ "14.000 combattants ont été tués et probablement environ 16.000 civils ont été tués", a-t-il affirmé.

Un des objectifs affiché de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza est d'"anéantir" le Hamas, dont l'attaque le 7 octobre a entraîné la mort plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 considérées mortes, selon l'armée.

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait".

Il prend pour preuve les tracts et messages vocaux envoyés à des dizaines de milliers de familles des quartiers de l'est de Rafah, pour les enjoindre d'évacuer avant des bombardements et "opérations ciblées" dans la zone.

Israël affirme que la ville abrite les derniers bataillons du Hamas et martèle son intention d'y mener une opération terrestre d'ampleur. Mais, selon l'ONU, la ville abrite aussi 1,4 million de civils --habitants et Gazaouis déplacés par les combats dans le reste de Gaza--, faisant craindre un carnage.

Depuis une semaine, Israël défie l'opposition de la communauté internationale, notamment celle de son principal allié Washington, et des chars et des troupes mènent des opérations de plus en profondément dans l'est de Rafah, appuyés par des frappes aériennes.

Cela a provoqué l'exode de près de 360.000 personnes de l'est de Rafah, selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui a averti qu'"aucun endroit n'est sûr" dans la bande de Gaza, largement dévastée par sept mois de guerre.


Frappes et combats à travers Gaza, fuite massive de Rafah

Dans les premières heures de la journée mardi, des témoins et des correspondants de l'AFP ont fait état de frappes aériennes dans différents secteurs de Gaza, la défense civile palestinienne dénombrant au moins huit morts dans un bombardement sur un immeuble du camp de Nousseirat (centre). (AFP).
Dans les premières heures de la journée mardi, des témoins et des correspondants de l'AFP ont fait état de frappes aériennes dans différents secteurs de Gaza, la défense civile palestinienne dénombrant au moins huit morts dans un bombardement sur un immeuble du camp de Nousseirat (centre). (AFP).
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  • A pied, en voitures ou en camionnettes, des Palestiniens ont continué lundi de fuir des secteurs de Rafah, après avoir démonté leurs tentes et emmené leurs affaires
  • "Les boulangeries sont fermées, tous les magasins sont fermés. Nous n'avons ni eau, ni nourriture, rien"

RAFAH: L'armée israélienne a multiplié tôt mardi les frappes aériennes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre, les civils palestiniens continuant de fuir les violences, principalement à Rafah menacée d'une offensive majeure d'Israël.

En pleine guerre déclenchée par une attaque sans précédent sur le sol israélien du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre, les Israéliens ont marqué le Jour du Souvenir en hommage aux soldats morts en service et aux victimes d'attentats, avant de célébrer le 76e anniversaire de la création de leur Etat.

Dans les premières heures de la journée mardi, des témoins et des correspondants de l'AFP ont fait état de frappes aériennes dans différents secteurs de Gaza, la défense civile palestinienne dénombrant au moins huit morts dans un bombardement sur un immeuble du camp de Nousseirat (centre).

Des frappes ont aussi visé le secteur de Rafah (sud), où près de 1,4 million de Palestiniens s'entassent. Si la grande majorité de cette population avait trouvé refuge à Rafah pour tenter d'échapper aux frappes et aux combats des derniers mois, une partie d'entre eux désormais fuit désormais cette ville adossée à la frontière fermée de l'Egypte.

Le 7 mai, l'armée israélienne a pénétré avec ses chars dans le secteur est de Rafah et pris le point de passage éponyme. Elle a aussi lancé des ordres d'évacuation aux civils dont près de 360.000 sont partis selon l'ONU.

A pied, en voitures ou en camionnettes, des Palestiniens ont continué lundi de fuir des secteurs de Rafah, après avoir démonté leurs tentes et emmené leurs affaires.

D'autres habitants, restés à Rafah, sont désespérés. "Depuis ce matin, je cherche des miches de pain pour nourrir mes enfants, en vain. Mes enfants sont à la rue et je ne sais pas où les emmener. Rafah est une ville fantôme", raconte Mostafa Dib.

"Les boulangeries sont fermées, tous les magasins sont fermés. Nous n'avons ni eau, ni nourriture, rien", souligne un autre habitant, Ahmed al-Tawil.

Anéantir ou défaire

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Pour anéantir le Hamas, M. Netanyahu juge essentielle une opération à Rafah qu'il considère comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste, malgré les craintes de la communauté internationale pour la population civile.

Les Etats-Unis, premier allié d'Israël, s'opposent d'ailleurs à une telle opération, des responsables américains remettant même en cause ces derniers jours la possibilité d'éliminer complètement le mouvement.

"Nous continuons à travailler avec Israël sur une meilleure façon d'assurer la défaite du Hamas partout à Gaza, y compris à Rafah" plutôt "que de voir Israël s'enliser dans une campagne de contre-insurrection qui n'en finit pas", a souligné lundi le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

Bombardements «partout »

Des combats font rage depuis plusieurs jours à Jabaliya et Gaza-Ville (nord), où l'armée a affirmé que le Hamas "tentait de reconstituer ses capacités militaires".

Là aussi, des ordres d'évacuation de l'armée ont poussé les Palestiniens à fuir, alors que l'ONU affirme qu'"aucun endroit n'est sûr dans la bande de Gaza".

"On bouge d'un endroit à l'autre mais les bombardements continuent partout", raconte à l'AFP Mahmoud al-Barsh, un Palestinien arrivé de Jabaliya à Gaza-Ville, ravagée après plus de sept mois de frappes et de combats.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël on mené une attaque qui a fait plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.

En riposte, l'armée israélienne a lancé des bombardements suivis d'une offensive terrestre, qui ont provoqué une catastrophe humanitaire avec un lourd bilan: 35.091 morts en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Mais selon Benjamin Netanyahu, le bilan des morts dans la bande de Gaza est en réalité d'environ 30.000 personnes, soit environ "14.000 combattants" et "probablement environ 16.000 civils", a-t-il affirmé au podcast Call Me Back.

« Pas de génocide » 

Confronté à un mouvement de contestation propalestinien sur nombre de campus, l'administration Biden ne considère pas qu'Israël se livre à un "génocide" à Gaza mais appelle à "en faire plus pour assurer la protection des civils", a indiqué la Maison Blanche.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, le système de soins à Gaza était sur le point de "s'effondrer" faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux et les ambulances.

Le ministère de la Santé du Hamas a averti que le système de soins à Gaza était sur le point de "s'effondrer" faute de carburant pour faire fonctionner les générateurs des hôpitaux et les ambulances.

L'acheminement des aides à Gaza est quasiment bloqué selon l'ONU depuis qu'Israël a fermé la semaine dernière le passage de Rafah, crucial pour l'entrée des convois humanitaires.

Lundi, un membre des services de sécurité de l'ONU a péri dans une attaque contre son véhicule en route vers un hôpital de Rafah, le premier employé international de l'organisation tué à Gaza depuis le 7 octobre.


Migrants syriens: le chef du Hezbollah appelle le Liban à faire pression sur l'Europe

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  • Le Liban, englué dans une profonde crise économique depuis 2019 et qui dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus important ratio par habitant au monde, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale à les rapatrier
  • Certains hommes politiques libanais tiennent pour responsables les Syriens de l'aggravation de la situation de leur pays, et la pression monte à l'approche d'une conférence annuelle sur la Syrie à Bruxelles le 27 mai

BEYROUTH: Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a exhorté lundi les autorités libanaises à "ouvrir la mer" aux bateaux de migrants pour faire pression sur l'Europe, accusée au Liban de vouloir maintenir les déplacés syriens dans le pays.

Dans une allocution télévisée, M. Nasrallah a appelé à "une décision nationale" afin d'"ouvrir la mer" pour "quiconque veut partir pour l'Europe, pour Chypre", pays de l'Union européenne le plus proche des côtes du Moyen-Orient. Il a toutefois assuré ne pas vouloir "forcer les Syriens déplacés à embarquer sur des bateaux" et "partir".

Le Liban, englué dans une profonde crise économique depuis 2019 et qui dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus important ratio par habitant au monde, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale à les rapatrier.

Certains hommes politiques libanais tiennent pour responsables les Syriens de l'aggravation de la situation de leur pays, et la pression monte à l'approche d'une conférence annuelle sur la Syrie à Bruxelles le 27 mai.

Début mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros, notamment pour lutter contre l'immigration clandestine, une décision critiquée par de nombreux Libanais qui estiment qu'elle vise à maintenir les Syriens au Liban.

Actuellement, ces derniers "sont interdits (de départ) et se tournent donc vers la contrebande et les bateaux pneumatiques, et il y a des noyades en mer, parce que l'armée libanaise applique une décision politique visant à les empêcher d'émigrer", a dit lundi le chef du puissant mouvement islamiste libanais Hezbollah.

M. Nasrallah a également exhorté le Parlement libanais à faire pression sur l'Union européenne et Washington pour qu'ils lèvent les sanctions contre la Syrie qui, selon Damas, bloquent les efforts d'aide et de reconstruction.

Le Liban doit dire à l'Occident que "+nous devons tous nous coordonner avec le gouvernement syrien pour renvoyer les personnes déplacées en Syrie et leur apporter de l'aide sur place+", a-t-il ajouté.

Ces déclarations interviennent la veille de la reprise des "retours volontaires" de Syriens depuis le Liban, un an et demi après que ces retours ont été interrompus.

Les défenseurs des droits humains mettent en avant le risque de possibles arrestations arbitraires et actes de torture à leur retour.

La guerre en Syrie, déclenchée en 2011 après la répression par le pouvoir des manifestations prodémocratie, a fait plus d'un demi-million de morts et des millions de déplacés.