Les forcenés, une «tendance lourde» aggravée par la crise sanitaire

Des membres du Raid, unité spéciale de la police française s'apprêtent à intervenir à Emerainville, en banlieue parisienne, le 30 mai 2021, lors d'une opération visant à arrêter un homme soupçonné d'avoir tué une femme et blessé son voisin. (Photo / AFP)
Des membres du Raid, unité spéciale de la police française s'apprêtent à intervenir à Emerainville, en banlieue parisienne, le 30 mai 2021, lors d'une opération visant à arrêter un homme soupçonné d'avoir tué une femme et blessé son voisin. (Photo / AFP)
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Publié le Mercredi 02 juin 2021

Les forcenés, une «tendance lourde» aggravée par la crise sanitaire

  • «C'est une vraie série», selon le général Réty, pour qui «la Covid est un facteur aggravant»
  • La crise sanitaire, avec ses restrictions de déplacement et ses conséquences socio-économiques, pourrait expliquer cette recrudescence

PARIS: Les Plantiers, La Chapelle-sur-Erdre, Le Lardin Saint-Lazare et Emerainville. En l'espace de quinze jours, quatre forcenés ont illustré chacun à leur manière "une tendance lourde" de passage à la violence où la crise sanitaire a été "un facteur aggravant", selon les spécialistes.

Benoît juge la "situation préoccupante". Âgé de 58 ans, le chef des négociateurs du Raid, l'unité d'élite de la police spécialisée dans les interventions lors d'événements graves, relève "autant de cas de forcenés au premier trimestre que durant toute l'année 2020".

Le GIGN, l'unité d'élite de la gendarmerie mobilisée dans les Cévennes et en Dordogne jusqu'à lundi, note que ses "interventions concernant des forcenés ont été multipliées par deux par rapport à la même période de 2020 (27 contre 23)", explique son patron, le général Ghislain Réty.

Tous deux évoquent l'automne 2020 comme point de départ d'une tendance haussière. "C'est une vraie série", selon le général Réty, pour qui "la Covid est un facteur aggravant".

Pour Sophie Baron-Laforêt, psychiatre et ex-présidente de l'Association française de criminologie, la crise sanitaire, avec ses restrictions de déplacement et ses conséquences socio-économiques, peut en effet expliquer cette recrudescence: "pour bon nombre de personnes fragiles, ne plus faire de projets peut amener à des formes de radicalité".

"Les confinements sont venus aiguiser les relations interpersonnelles. Elles peuvent alors se cristalliser, et pas du bon côté. Face à une situation conjugale à laquelle on ne peut plus faire face, on peut opter pour une solution extrême" ajoute-t-elle.

«Décompenser»

Terry Dupin, "le forcené de Dordogne", s'en est ainsi pris à son ex-compagne et a tiré sur son compagnon avant de s'évanouir dans la nature.

Généralement, il y a "des problèmes familiaux, de couple. Il y a l'isolement, la précarité, l'angoisse", embraie le général Réty, pour qui les forcenés ont en commun "pas mal d'addictions comme l'alcool et/ou les stupéfiants, qui sont des facteurs déclenchants".

Sophie Baron-Laforêt affine: même si le forcené de La Chapelle-sur-Erdre a été diagnostiqué schizophrène, "ce sont rarement de grands malades mentaux".

"Mais la crise sanitaire peut avoir renforcé les personnalités dites sensitives, qui perçoivent systématiquement l'extérieur comme menaçant", poursuit-elle. "Si, en plus, elles sont un peu isolées socialement et ont des difficultés relationnelles, elles peuvent dès lors décompenser" en prenant les armes.

Benoît, du Raid, observe l'émergence de cas de "femmes forcenées". "Les femmes sont plus résilientes que les hommes. Que l'on rencontre des femmes dorénavant dans ce type de cas est le signe que la situation est préoccupante".

Le GIGN n'a pas eu pour sa part à traiter de cas de femmes forcenées. "C'est extrêmement rare. C'est marginal, le phénomène est essentiellement masculin", souligne le général Réty.

«Déverser sa haine»

Néanmoins, mi-mai dans le Val-d'Oise, une femme armée d'une carabine mettant en joue des gendarmes dans la rue d'un village a été désarmée grâce au plaquage d'un de leurs collègues. La vidéo de cette scène a fait le tour des réseaux sociaux. Le GIGN n'avait pas été appelé.

"L'expression de la violence chez les femmes et les hommes n'est pas la même: en général, les femmes se servent moins d'armes", analyse Sophie Baron-Laforêt. "Mais dans la mesure où les confinements nous renvoient à nous questionner nous-mêmes, et à notre relation aux autres, on a plus de chances d'y retrouver un peu plus de femmes que dans d'autres formes de criminalité".

Qu'il soit face à un homme ou une femme, le négociateur doit "écouter beaucoup face à une personne en crise, qui est à bout". "Ils déversent leur haine sur la société, leur famille, leurs enfants, leur femme, leur employeur", raconte leur responsable au Raid.

La durée des négociations est très variable, "de deux à cinq heures" en moyenne. Dimanche à Emerainville, convaincre le forcené de 73 ans connu pour des braquages de fourgons blindés, qui avait blessé son voisin et tué une amie de celui-ci, a demandé "deux heures " au Raid. "On sauve les gens un peu d'eux-mêmes", dit Benoît.

Basé à Bièvres (Essonne), le Raid dispose de treize antennes régionales (métropole et Outre-Mer) avec chacune quatre à sept négociateurs. Ils sont six au niveau national. Le GIGN a 350 négociateurs au total.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.