Sommet Afrique-France: Achille Mbembe «se met en jeu» avec Macron

Le philosophe, théoricien politique et intellectuel camerounais, Achille Mbembe, pose pour un portrait dans sa maison de Johannesburg le 26 mai 2021.Il a été choisi par le président français Emmanuel Macron pour préparer les débats du sommet Afrique-France en octobre 2021.(Guillem Sartorio / AFP)
Le philosophe, théoricien politique et intellectuel camerounais, Achille Mbembe, pose pour un portrait dans sa maison de Johannesburg le 26 mai 2021.Il a été choisi par le président français Emmanuel Macron pour préparer les débats du sommet Afrique-France en octobre 2021.(Guillem Sartorio / AFP)
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Publié le Vendredi 04 juin 2021

Sommet Afrique-France: Achille Mbembe «se met en jeu» avec Macron

Le philosophe, théoricien politique et intellectuel camerounais, Achille Mbembe, pose pour un portrait dans sa maison de Johannesburg le 26 mai 2021.Il a été choisi par le président français Emmanuel Macron pour préparer les débats du sommet Afrique-France en octobre 2021.(Guillem Sartorio / AFP)
  • Choisi par Emmanuel Macron pour préparer le sommet Afrique-France en octobre, le Camerounais Achille Mbembe, penseur du postcolonialisme, ne voit pas pourquoi il aurait dit non
  • Il n'y a pas si longtemps, c'est lui qui reprochait à Emmanuel Macron une "absence d'imagination historique" dans sa politique africaine

JOHANNESBURG, Afrique du Sud : Ca lui vaut d'être taxé de naïveté ou d'opportunisme: choisi par le président français Emmanuel Macron pour préparer le sommet Afrique-France en octobre, le Camerounais Achille Mbembe, penseur majeur du postcolonialisme, ne voit pourtant pas pourquoi il aurait dit non.

Il est connu et reconnu. En Afrique et même davantage ailleurs. Le professeur Mbembe, 63 ans, qui enseigne l'histoire et la politique à l'université du Witwatersrand à Johannesburg, est une des voix fortes des faits et méfaits du colonialisme.

Il n'y a pas si longtemps, c'est lui qui reprochait à Emmanuel Macron une "absence d'imagination historique" dans sa politique africaine, l'accusant d'ignorer "la vertigineuse perte d'influence" de la France en se contentant de mener des "opérations marketing" sur le continent.

Pourtant, il a accepté la tâche controversée confiée par le chef d'Etat de préparer les débats du prochain sommet Afrique-France, prévu à Montpellier (sud), critiqué à chaque édition par une grande part de l'intelligentsia africaine pour être une expression surannée de la "Françafrique".

Depuis près de quatre mois, M. Mbembe organise des débats à travers douze pays africains, une soixante en tout sont prévus, en "présentiel" quand c'est possible ou en ligne.

Abordant des thèmes comme l'intervention militaire française, la francophonie, l'avenir du franc CFA ou encore la gouvernance des ressources naturelles, il interroge la société civile sur la place de la France en Afrique.

"Les grandes questions qui fâchent", résume lors d'un entretien à l'AFP l'auteur de "Sortir de la grande nuit" et "Critique de la raison nègre".

"Le président Macron m'a demandé de l'accompagner dans l'objectif qu'il s'est fixé de refonder les rapports entre l'Afrique et la France", dit-il d'une voix tranquille, posée. "Pourquoi dire non?"

Déjà reporté deux fois à cause du Covid, le sommet aura un format inédit: aucun chef d'Etat, une rencontre entre représentants de la société civile.

Relation "endommagée"

"Après trois mois et demi d'écoute, je crois que la principale question qui se pose a trait à ce que la jeune génération d'Africains perçoit comme le soutien de la France à des tyrannies", pointe M. Mbembe.

Le soutien à la junte militaire au Tchad ou la présence française au Mali sont les sujets récents qui suscitent beaucoup de passion au sein de l'opinion africaine et un fort sentiment anti-français, dépeint l'intellectuel.

"Beaucoup estiment que le moment est venu de mettre fin à ce genre d'attitude, d'investir dans les institutions, au lieu de penser que la stabilité et la sécurité seront maintenues par des hommes forts", décrit-il.

Est-ce qu'un 29e sommet réussira à révolutionner des pratiques héritées de l'époque coloniale?

"Ca ne va pas se faire du jour au lendemain", admet Achille Mbembe. Mais Montpellier pourrait être "le premier moment d'une très longue étape qui durera une ou deux générations", pour dépoussiérer une vieille relation "endommagée".

Quant à l'éventuel enjeu électoral pour M. Macron, qui ouvrira le sommet à un peu plus de six mois de la présidentielle en France, "ça ne me concerne pas", coupe-t-il court.

"Son engagement africain n'a pas commencé à la veille des élections", dit-il du chef d'Etat de retour d'un voyage historique au Rwanda, où il a reconnu les responsabilités de la France dans le génocide des Tutsi de 1994.

Balayant d'un geste toute idée de manipulation, il réplique: "On n'écrit pas l'histoire uniquement par le soupçon (...) Il faut se mettre en jeu".

Quand "Nelson Mandela négocie avec le régime de l'apartheid, personne ne s'attend à ce que ça marche", rappelle-t-il. "C'est comme ça que l'histoire se fait, c'est pas de la sorcellerie".

Mbembe aurait-il été "mieux placé à conseiller les siens" pour "sortir de la postcolonie que de conseiller le maître de la postcolonie" ?, comme le suggère l'écrivain camerounais Gaston Kelman, qui lui reproche sa "naïveté". L'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop trouve aussi que sa mission relève de la "mauvaise plaisanterie".

Mais l'intéressé ignore ces critiques pour relever le défi. Avec un "comité Mbembe" composé d'intellectuels, d'artistes ou d'économistes, chargés d'articuler des propositions concrètes: "Ce ne sera pas que des idées", assure le philosophe.


Bayrou prendra « tous les risques » et présentera un « budget courageux »

Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de plusieurs mois de négociations sur la réforme des retraites avec les syndicats et les organisations patronales, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 26 juin 2025. (Photo : Thomas SAMSON / AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de plusieurs mois de négociations sur la réforme des retraites avec les syndicats et les organisations patronales, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 26 juin 2025. (Photo : Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou présentera un budget 2026 "courageux" pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, prenant "tous les risques" malgré la menace d’une motion de censure selon Patrick Mignola.
  • Après le 14 juillet, le Premier ministre doit présenter un vaste plan de redressement des finances publiques, incluant 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026.

PARIS : Le Premier ministre François Bayrou présentera un budget 2026 "courageux" pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, prenant "tous les risques" malgré la menace d’une motion de censure, a affirmé dimanche le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, dans un entretien à La Tribune Dimanche.

M. Bayrou devrait échapper mardi à la motion de censure déposée par les socialistes, à la suite de l’échec du conclave sur les retraites. Le Rassemblement national, dont les voix sont décisives, a annoncé qu’il ne s’y associerait pas.

Après le 14 juillet, le Premier ministre doit présenter un vaste plan de redressement des finances publiques, incluant 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026.

"Nous saurons prendre tous les risques. Nous dirons toute la vérité et proposerons toutes les solutions nécessaires pour qu’en 2029, la France ramène son déficit sous la barre des 3 %, conformément à ses engagements et pour éviter l’intervention du FMI", a déclaré Patrick Mignola, proche de François Bayrou. "Nous présenterons un budget courageux", a-t-il insisté.

Le ministre juge que le dialogue reste possible avec le Parti socialiste, dont la motion de censure marque selon lui la fin d’une séquence politique, tout en répondant à des logiques internes au parti.

Avec son congrès de Nancy à la mi-juin, "le PS a traversé un débat interne assez rude", observe-t-il. "Pour panser les plaies, il a ressenti le besoin d’une motion de censure capable de rassembler à la fois les courants d’Olivier Faure et de Nicolas Mayer-Rossignol."

Patrick Mignola réfute également les critiques sur l’inaction supposée du Premier ministre.

"Ce procès en mollesse et en immobilisme est souvent intenté aux centristes, car ils privilégient le compromis au conflit", explique-t-il. Il souligne que "50 textes ont été définitivement adoptés par le Parlement" depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon il y a six mois.


La canicule s'étend dans le sud de l'Europe

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025.  (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
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  • L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.
  • Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

MARSEILLE, FRANCE : L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.

Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

En France, dimanche et lundi, le mercure devrait atteindre au moins 35 °C sur les deux tiers du pays, ce qui promet des nuits « très désagréables » durant lesquelles le thermomètre ne devrait pas descendre en dessous de 20 degrés, selon Tristan Amm, prévisionniste chez Météo-France.

Le phénomène touche le sud du pays pour la deuxième journée consécutive samedi, avant de s'étendre vers le nord, entraînant notamment des risques d'incendies multipliés. Il devrait durer au moins jusqu'à mardi.

Météo-France s'attend à ce que les températures atteignent 34 à 38 °C samedi après-midi sur les départements concernés par la vigilance orange, et qu'elles approchent « ponctuellement les 40 °C près de la Méditerranée ».

En France, ce pic est dû à un « dôme de chaleur », un anticyclone puissant qui forme une couvercle bloquant l'air en basses couches et le réchauffant progressivement, empêchant ainsi l'entrée de perturbations.

À Marseille (sud), la mairie a annoncé que les piscines municipales seraient gratuites et a publié une cartographie des lieux publics disposant de la climatisation.

La ville de Nice (sud) assure pour sa part que près de 250 ventilateurs portables « ont été livrés ces deux dernières semaines » aux écoles et qu'une distribution de ventilateurs aux personnes âgées isolées a été mise en place.

En Italie, 17 villes sont placées en alerte rouge (niveau 3) samedi, aussi bien dans le nord, comme à Milan, Bologne et Turin, que dans le sud, notamment à Naples et Palerme, avec des pics de température attendus à 39 °C. 

La vague de chaleur frappera encore plus fort dimanche, 21 villes étant placées en alerte rouge.

Certaines régions, comme la Ligurie et la Sicile, ont émis des arrêtés interdisant le travail en extérieur pendant les heures les plus chaudes de la journée et les syndicats se mobilisent pour étendre cette mesure à d’autres régions.

Selon l'agence Ansa, la chaleur a provoqué une augmentation du nombre d'appels aux secours au cours de la dernière semaine.

À Rome, le thermomètre affichait déjà 30 °C à 10 h 00 (8 h 00 GMT) et les températures devraient atteindre 37 °C, selon les prévisions.

Samedi, les nombreux touristes visitant la Cité éternelle tentaient tant bien que mal de se protéger de la chaleur, avec chapeaux, masques et crème solaire ou en se désaltérant dans l'une des fontaines publiques.

« J'essaie de ne pas y penser, mais je bois beaucoup d'eau et je ne reste jamais immobile, car c'est à ce moment-là qu'on attrape une insolation », a confié vendredi à l'AFPTV Siane Minà, étudiante italienne, à l’AFPTV. 

En Espagne, plusieurs régions sont en alerte orange samedi en raison de la première vague de chaleur de l'été, qui pourrait atteindre 42 °C dans certaines zones, selon l'Agence météorologique de l'État espagnol (Aemet).

Le pic de l'épisode est attendu pour dimanche et, avec une marge d'erreur plus importante, pour lundi, lorsque les thermomètres pourraient dépasser les 40 °C dans le sud-ouest du pays et dans certaines zones du nord-est.

« On s'attend à ce que les températures dépassent 42 °C dans la zone du Guadalquivir, du Guadiana et du Tage, sans exclure l'Èbre », a indiqué l'Aemet.

La forte sensation de chaleur contribue également au fait que les eaux maritimes de la péninsule et des îles Baléares dépassent les 26 °C : un chiffre record pour ces dates, typique de la mi-août, a souligné l'Aemet sur X.

Les trois dernières années ont déjà été les plus chaudes de l'histoire de l'Espagne.

Au Portugal, les deux tiers du pays seront en alerte orange dimanche, avec des températures de 42 °C prévues à Lisbonne et un risque maximal d'incendie.


Le Pen exhorte ses troupes à se préparer à tout, y compris à une dissolution

French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
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  • « Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale »
  • La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central »

PARIS : « Ne procrastinez pas ! » : Marine Le Pen a appelé samedi les parlementaires RN à se préparer aux prochaines batailles électorales, y compris à la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale en réponse à « l'affaissement parlementaire » du gouvernement.

« Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale », réunissant des parlementaires nationaux et européens de l'alliance RN-UDR, presque un an jour pour jour après le premier tour des dernières élections législatives.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central » réunissant les groupes de l'ancienne majorité (Renaissance-MoDem-UDR) et LR, qui « ne semble plus obéir à aucune direction » selon elle.

Eric Ciotti, patron de l'UDR, a lui lancé un appel aux électeurs et aux militants de son ancien parti LR : « Rejoignez-nous, l'espoir est là, le courage est là ». 

Brandissant « l'affaissement parlementaire » du binôme exécutif Emmanuel Macron-François Bayrou, la présidente du Rassemblement national a estimé que « le bloc central (...) ne pouvait pas laisser ce phénomène de délitement se prolonger indéfiniment ».

« Alors Emmanuel Macron peut être tenté de dissoudre », a ajouté Mme Le Pen, qui ne pourrait pas concourir aux législatives en attendant son procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN.

À l'approche de la date du 8 juillet, à laquelle Emmanuel Macron récupérera son pouvoir de dissolution, elle a évoqué une « possibilité, pas une probabilité », ajoutant que « l'histoire ne repassera pas les plats : s'il y a une dissolution, nous devons l'emporter ».

« Nous sommes tous d'accord pour dire que ce gouvernement ne restera pas en place très longtemps, car il est frappé du sceau de l'impuissance », a ajouté Jordan Bardella, président du RN, avant l'ouverture de cette convention, à la fois anniversaire de l'alliance RN-UDR et journée de conférences avec des invités.

Selon une source au sein du groupe, les parlementaires devraient échanger notamment avec André Merlin, ingénieur et industriel, ancien patron de RTE, François Ecalle, haut fonctionnaire à Bercy spécialiste des finances publiques, ou encore le haut fonctionnaire Christophe Eoche-Duval, sur le thème de la simplification.