Portraits croisés de Franco-Libanais : le cœur réside à Beyrouth

La vie de milliers de Franco-Libanais tourne ainsi à l'heure libanaise. Pourquoi dès lors quitter le Liban ? La décision de choisir l'Hexagone est le plus souvent régie par un désir de France, plus précisément  de sa civilisation, de sa culture, de sa méritocratie ainsi que de son cadre de vie sécurisant. (Photo AFP).
La vie de milliers de Franco-Libanais tourne ainsi à l'heure libanaise. Pourquoi dès lors quitter le Liban ? La décision de choisir l'Hexagone est le plus souvent régie par un désir de France, plus précisément  de sa civilisation, de sa culture, de sa méritocratie ainsi que de son cadre de vie sécurisant. (Photo AFP).
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Publié le Mardi 01 septembre 2020

Portraits croisés de Franco-Libanais : le cœur réside à Beyrouth

  • « Je n’ai pas besoin d’être à tout prix au Liban pour me sentir Libanaise »
  • « Obtenir la nationalité française a été le déclenchement d’un processus de paix et de renouement avec mes origines »

PARIS: Enfant, je fus marqué par ces Libanais, qui en quittant leur pays natal, n'arrivaient pas à retenir leurs larmes. Je compris peu à peu que ce pincement au cœur ne se défait pas avec l'âge, et encore moins avec la distance.

« Le Liban, on y pense tout le temps ! C'est un lien charnel. Je suis à la fois Libanaise et Française à longueur de journée », affirme Joumana Chahal Timery, docteure en littérature française. Cet attachement est ressenti par Lamia Safieddine, docteure en sciences de l'éducation et chorégraphe reconnue : « Je suis restée corps et âme rivée sur le Liban tout en vivant et en construisant ailleurs ma vie personnelle qui est énormément perturbée par la situation au Liban. »

La vie de milliers de Franco-Libanais tourne ainsi à l'heure libanaise. Pourquoi dès lors quitter le Liban ? « Mon pays où la vie est un pays lointain », écrivait Nadia Tuéni, poète franco-libanaise, en 1986 dans les Œuvres poétiques complètes. 

La décision de choisir l'Hexagone est le plus souvent régie par un désir de France, plus précisément  de sa civilisation, de sa culture, de sa méritocratie ainsi que de son cadre de vie sécurisant. 

Maintenir le lien

Pour Jamil Abou Assi, natif du Chouf au sud du Mont-Liban, et actuellement consultant analyste en management de l'information : « On ne choisit pas par hasard de quitter un pays. La France a toujours été, depuis mon enfance, une terre d’immigration idéalisée et utopique, presque un rêve inatteignable, désiré à travers des lectures, principalement les œuvres de Victor Hugo et de Voltaire. Ce désir de France était aussi une envie implicite de changement de vie et une aspiration à fuir la tradition druze. »

La France est appréciée pour ses liens historique, linguistique et culturel avec le Liban. Mais aussi pour sa devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité ». Le docteur Georges Estephan, qui travaille actuellement à l’hôpital européen Georges-Pompidou, précise que son choix d’opter pour la France est lié au fait que ce « pays respecte toutes les croyances, en assurant l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine ou de religion ».  

Originaire de la magnifique ville de Tyr au Sud-Liban, Lamia Safieddine a vécu à Beyrouth jusqu'à l'âge de 15 ans. Avant d'arriver à Paris, elle a fait le tour du monde en vivant notamment en Côte d'Ivoire, en Belgique et au Brésil. Elle a choisi Paris parce que c’est une « ville culturelle très importante et surtout pas si loin du Liban. Quand je vivais à Sao Paulo, je me sentais très loin de mon pays d'origine ».

Acquérir la nationalité française permet d’assouvir en partie ce désir de France. Pour Joumana Chahal Timery, devenir juridiquement française a transformé sa vie personnelle et professionnelle, et lui a permis in fine « de me sentir réellement chez moi, plus en sécurité et plus intégrée, de pouvoir passer certains concours qui étaient réservés aux Français, et pour mon mari de s'inscrire à l'Ordre des médecins ». 

C’est aussi un changement de paradigme important. « À la fois l’achèvement d’un but, mais aussi une remise en question de toute une tranche de la vie. C’est au bout de treize ans de présence en France que j’ai obtenu la nationalité française après un parcours marqué par une précarité professionnelle, l’abandon d’une thèse et la mort de ma mère sur le territoire français. Durant ces treize ans, je n’ai fait que renier ma période libanaise. Obtenir la nationalité française a été le déclenchement d’un processus de paix et de renouement avec mes origines », concède Jamil Abou Assi.

L’aspect le plus important est de se sentir pleinement Français et de s’intégrer à la société. D’après le docteur Georges Estephan, originaire de Byblos au nord du Mont-Liban, « le plus important est l’intégration dans la société et d’y respecter les valeurs républicaines. En ce sens, travailler permet de mieux “s’incorporer” ».

Maintenir un lien avec le Liban reste important pour un grand nombre de Franco-Libanais. Même si certains ont voulu au départ couper toute relation avec le Liban, cette situation peut évoluer avec le temps. Tel est le cas de Jamil Abou Assi : « Depuis six ans, j’ai pu renouer des liens avec le Liban et j’ai pu apprécier un pays qui est devenu aussi important pour moi que cette patrie d’adoption qu’est devenue la France. La phrase d’Amine Maalouf sur l’appartenance résume mon état d’esprit actuel sur mon attachement au Liban et à la France : “J’appartiens aux deux univers, donc je ne suis entièrement d’aucun”. »

Amour inconditionnel

Les Franco-Libanais sont aussi des acteurs de l'interculturalité. Lamia Safieddine a beaucoup travaillé sur cette notion, qu'elle considère comme permettant de « se sentir appartenir à plusieurs cultures à la fois par le biais du vécu et de la langue », d’« arriver à faire sa propre synthèse » et ne plus avoir « besoin à tout prix d'être au Liban pour me sentir Libanaise ».

La danse lui a permis de montrer au public européen son propre Liban : « Ma danse est engagée. J'ai dansé pour exprimer la douleur de mon pays. Ce sont les mots – les chansons de Fairuz – qui me font danser. » Son art est celui du théâtre sans paroles. Son répertoire a eu beaucoup de succès, notamment avec Le Liban au cœur. Ce spectacle qui marie la danse et la récitation de poèmes lui a permis de « traverser et d’exprimer son Liban » en parlant « du Liban mythique – enjolivé par les belles chanson de Fairuz – et du Liban de la guerre. »

L'amour inconditionnel du pays du Cèdre a conduit Joumana Chahal Timery quant à elle à se reconvertir professionnellement en fondant à Paris l’association culturelle Patrimoine Tripoli Liban, en avril 2009. Son objectif principal est de faire connaître aux Français mais aussi aux Libanais les joyaux méconnus du patrimoine et de la culture de Tripoli, capitale du Nord-Liban et deuxième plus grande ville du pays.

La culture apparaît ainsi comme le vecteur primordial et prépondérant pour conserver un lien fort avec le Liban.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com