L'affaire Navalny, un coup dur pour le dialogue franco-russe

Alexei Navalny au bureau de sa fondation anti-corruption (FBK) en janvier 2018. Les tests confirment que le leader d’opposition russe a été empoisonné par un agent neurotoxique chimique, le Novitchok. (Mladen Antonov/AFP)
Alexei Navalny au bureau de sa fondation anti-corruption (FBK) en janvier 2018. Les tests confirment que le leader d’opposition russe a été empoisonné par un agent neurotoxique chimique, le Novitchok. (Mladen Antonov/AFP)
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Publié le Vendredi 04 septembre 2020

L'affaire Navalny, un coup dur pour le dialogue franco-russe

  • La substance à l'origine de l'empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny n'est autre, selon Berlin, que du Novitchok, synonyme d'une implication directe de l'État russe à un niveau ou un autre
  • La rencontre "2+2" des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la France et de la Russie prévue le 14 septembre à Paris sera-t-elle annulée ?

PARIS : Le président français Emmanuel Macron, qui avait pris ses partenaires de court en initiant un rapprochement avec Moscou, voit ses calculs contrariés par l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny.

Avec une question immédiate à trancher : la rencontre "2+2" des ministres des Affaires étrangères et de la Défense deux pays prévue le 14 septembre à Paris sera-t-elle annulée ?

"Ce serait logique. Est-ce qu'on peut faire comme si de rien n'était ?", s'interroge François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

"Je ne vois pas comment cette rencontre pourrait se tenir dans ces conditions sans envoyer des signaux extrêmement perturbants pour nos alliés européens", renchérit Nicolas Tenzer, professeur à Sciences Po à Paris.

Le précédent "2+2" entre Jean-Yves Le Drian, Florence Parly, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou en septembre 2019 à Moscou avait donné le coup d'envoi du "dialogue stratégique" appelé de ses vœux par Emmanuel Macron.

Le chef de l'État, jugeant que la Russie regardait trop vers la Chine, avait alors misé sur ce rapprochement pour tenter d'insuffler un climat de détente en Europe et de régler le conflit ukrainien, sur fond de nouvelle guerre froide avec Moscou.

Le dialogue esquissé n'a, de l'aveu même de la ministre des Armées Florence Parly, pas donné pour l'heure de "résultats tangibles". C'est un "travail de fond" qu'il faut poursuivre "dans la durée", insistait-elle toutefois en juillet.

"Tout est possible"

Il se retrouve d'autant plus mis à mal que la substance à l'origine de l'empoisonnement n'est autre selon Berlin que du Novitchok, synonyme d'une implication directe de l'État russe à un niveau ou un autre.

"Le Novitchok ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, cela vient d'un laboratoire militaire", souligne une source diplomatique européenne.

Cette même substance, utilisée contre l'ex-agent russe Sergueï Skripal en 2018 en Grande-Bretagne, avait déjà jeté un froid entre les Européens, solidaires de Londres et la Russie.

"Il s'agit d'une arme chimique, militaire, c'est l'État qui la fabrique. En plus il y a récidive. La France ne peut pas ne pas réagir par rapport à cela", anticipe également Tatiana Kastouéva-Jean, experte de la Russie à l'Institut français de Relations internationales (Ifri).

La visite du président Macron programmée dans les prochaines semaines à Moscou pourrait aussi être remise en question. "Tout est possible", relève une source diplomatique française.

Selon Mme Kastouéva-Jean, ce nouveau "trou d'air" ne devrait toutefois "pas mettre un coup d'arrêt au dialogue ni à la volonté de dialogue" de Paris car la Russie reste un partenaire incontournable sur nombre de dossiers clé, de l'Iran à la Libye.

Emmanuel Macron, qui avait semé le trouble au sein de l'UE en tendant la main à Vladimir Poutine, se trouve néanmoins contraint d'ajuster son message vis-à-vis de ses pairs européens, même s'il s'est toujours défendu de toute "naïvité" vis-à-vis de Moscou.

Fermeté allemande

"Il est pris en ciseaux entre la volonté de renouer le dialogue avec Moscou en dépit de tous les facteurs négatifs et la volonté de jouer le rôle de leader en Europe. Cela veut dire tenir aussi compte de ce que disent les Baltes, la Pologne, etc.", qui comprennent difficilement sa main tendue, souligne Mme Kastouéva-Jean.

Dans l'affaire Navalny, qui se joue désormais en partie à Berlin où l'opposant a été hospitalisé après son empoisonnement, la chancelière Angela Merkel a aussi adopté une position extrêmement ferme vis-à-vis du Kremlin, exigeant des "réponses" sans tarder à de "très graves questions".

Emmanuel Macron devrait afficher la même tonalité que son homologue, même s'il laisse pour l'heure son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en première ligne.

"Il importe maintenant que la Russie explique les faits, de manière transparente(..) Et si ces explications n’ont pas lieu, alors nous serons amenés à discuter entre Européens sur les suites à donner", a martelé vendredi le chef de la diplomatie française, dass une allusion à de possibles sanctions de l'UE, lors d'un déplacement en Slovénie.

Pour Nicolas Tenzer, "le président a montré une capacité de leader en franco-allemand, sur le plan de relance (européen post-Covid)". Or, "tout ceci risque d'être malmené par une position que personne ne comprendrait vis-à-vis de la Russie", avertit-il.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.