Vatican: ouverture d'un procès financier impliquant un cardinal

Le magistrat Giuseppe Pignatone (2ème à droite) lors du procès le 27 juillet 2021. Photo VATICAN MEDIA/AFP
Le magistrat Giuseppe Pignatone (2ème à droite) lors du procès le 27 juillet 2021. Photo VATICAN MEDIA/AFP
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Publié le Mercredi 28 juillet 2021

Vatican: ouverture d'un procès financier impliquant un cardinal

  • C'est la première fois qu'un religieux de si haut rang comparaît devant le tribunal du plus petit Etat du monde: le procès du cardinal Becciu et de ses co-prévenus, jugés pour divers délits financiers, s'est ouvert mardi au Vatican
  • La prochaine audience a été renvoyée au 5 octobre, le tribunal ayant accédé à la requête de la défense de bénéficier de temps supplémentaire pour se préparer

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : C'est la première fois qu'un religieux de si haut rang comparaît devant le tribunal du plus petit Etat du monde: le procès du cardinal Becciu et de ses co-prévenus, jugés pour divers délits financiers, s'est ouvert mardi au Vatican. La prochaine audience a été renvoyée au 5 octobre, le tribunal ayant accédé à la requête de la défense de bénéficier de temps supplémentaire pour se préparer.

Le procès se tient dans une salle aménagée pour l'occasion dans les musées du Vatican. Trois magistrats siègent sous un crucifix appendu au mur blanc. Un portrait du pape François souriant domine les bancs des avocats des prévenus. Parmi eux, Angelo Becciu, démis de ses fonctions et privé de ses privilèges de cardinal par le souverain pontif en septembre dernier, en col romain, portant une grande croix en argent autour du cou.

Au coeur de la procédure: le coûteux achat d'un immeuble de prestige à Londres dans le cadre des activités d'investissement du Saint-Siège dont le patrimoine immobilier est considérable. Deux ans d'enquête sur le rôle de hauts responsables de l'administration vaticane, de sociétés offshore et d'intermédiaires vénaux ont débouché sur la mise en cause de dix protagonistes qui doivent notamment répondre de fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir, blanchiment, corruption, extorsion...  

L'instruction a décrit un imbroglio "quasi inextricable" de fonds d'investissements spéculatifs avec effet de levier, de banques, d'institutions de crédit, de personnes physiques et juridiques... L'affaire a mis en évidence l'utilisation imprudente du Denier de Saint-Pierre, la grande collecte annuelle de dons dédiés aux actions caritatives du pape. Avec un prix d'achat surévalué, une hypothèque cachée, et un Saint-Siège longtemps privé de tout contrôle, voire même victime d’extorsion, l'acquisition est devenue un cauchemar pour la réputation de l'Eglise.

Intermédiaires indélicats

Parmi les dix prévenus, la moitié travaillait dans la Cité du Vatican lors de l'achat en deux temps de l'immeuble de 17.000 m2 situé au 60 Sloane Square, dans le chic quartier londonien de Chelsea. En 2013-2014, la Secrétairie d'Etat emprunte plus de 200 millions de dollars (166 millions d'euros de l'époque, notamment au Crédit Suisse) pour investir dans le fonds luxembourgeois "Athena" d'un homme d'affaires italo-suisse, Raffaele Mincione.

La moitié de la somme est destinée à l'achat de 45% de l'immeuble londonien, l'autre moitié à réaliser des placements boursiers. Raffaele Mincione utilise l'argent de l'Eglise pour "des opérations spéculatives", comme le rachat de banques fragiles. En conflit d'intérêt, pointent les magistrats, il finance aussi ses propres projets. Le Saint-Siège, qui essuie des pertes et n'a aucun contrôle sur le choix d'investissements pas forcément éthiques, décidera quatre ans plus tard, fin 2018, de mettre un terme à l'alliance.

Un nouvel intermédiaire londonien, l'Italien Gianluigi Torzi, est alors choisi pour négocier la rupture avec Raffaele Mincione - qui va obtenir 40 millions de livres sterling - et la pleine propriété de l'immeuble par le Vatican. M. Torzi s'adjugera toutefois le contrôle du bien (à travers des actions avec droits de vote) à la barbe du Vatican.

Un cardinal à la barre

Deux personnes auraient particulièrement aidé les deux intermédiaires londoniens, contre rémunération: Enrico Crasso, de nationalité suisse et un ex-banquier du Credit Suisse, pendant des décennies un consultant financier de la Secrétairie d'Etat du Vatican, et Fabrizio Tirabassi, un employé italien de cette section.

Quant à Angelo Becciu, il était en 2014 "Substitut de la Secrétairie d'Etat", numéro deux et l'équivalent d'un ministre de l'Intérieur en contact constant avec le pape François. Seront également appelés à comparaître son ancien assistant, le père Mauro Carlino, ainsi que les deux ex-dirigeants du gendarme financier du Vatican (AIF, depuis lors restructuré et renommé), le Suisse René Brülhart, et l'Italien Tommaso Di Ruzza.

Sans lien avec l'achat londonien, une femme, Cecilia Marogna, affirme pour sa part avoir été employée par le cardinal pour des activités de renseignement visant à faire libérer des religieux enlevés, et a perçu 575.000 euros de la Secrétairie d'Etat sur un compte slovène.

Enfin, le procès se penchera sur un autre dossier lié aussi au cardinal Becciu: le financement à hauteur de 825.000 euros de l'entreprise de son frère pour des activités possiblement non caritatives. A l'issue de cette première audience, le cardinal Becciu a fait savoir dans un communiqué qu'il attendait avec "sérénité" la suite des débats pour "démontrer son innocence face à l'ensemble des accusations".         


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
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  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
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  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".


Comme un «air de révolution» en Hongrie face au système Orban

Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
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  • Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation
  • Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix

DEBRECEN: Acteur en vue en Hongrie, Ervin Nagy a délaissé les planches et studios de tournage pour battre le pavé. Comme des milliers d'autres, il est saisi par la fièvre Magyar, du nom de ce dissident qui défie Viktor Orban.

Dimanche, il participera à un grand rassemblement dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis l'irruption en février sur la scène politique de Peter Magyar, ex-haut fonctionnaire entré en rébellion, le comédien de 47 ans s'est lancé à ses côtés dans ce combat "pour un renouveau" du pays d'Europe centrale.

Il a même mis à disposition son camion à plateau d'où le tribun s'est adressé à la foule un soir, de manière spontanée.

"Nous n'avions pas le temps de trouver un podium", raconte Ervin Nagy à l'AFP. "Il flottait comme un air de la révolution de 1956", s'enflamme-t-il, en allusion au soulèvement de la Hongrie contre la mainmise soviétique.

«Galvanisés»

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

Après le scandale provoqué par la grâce accordée à un homme condamné dans une affaire de pédocriminalité, Peter Magyar a su capitaliser sur la colère pour drainer des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Budapest.

"Apathiques et frustrés" par un pouvoir indéboulonnable, "ils ont été soudainement galvanisés par l'arrivée de cet homme sensé et téméraire", lance l'acteur.

S'il a adhéré par le passé à la cause des enseignants, il n'avait pas d'ambitions politiques jusqu'à ce que Peter Magyar le contacte. "Il m'a convaincu en une heure", se souvient-il.

En trois mois à peine, cette nouvelle figure de l'opposition a évincé les partis existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1.000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

«Mini-dictature»

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement éphémère et incapable de déstabiliser la solide assise construite par le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans et installé une redoutable propagande selon l'Union européenne, l'ONU et l'OSCE.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant tester sa popularité.

Sur scène, il sera entouré de plusieurs célébrités hongroises "suffisamment courageuses" pour s'afficher à ses côtés, souligne Ervin Nagy, qui affirme avoir été "placé sur une liste noire" pour avoir osé un jour critiquer un membre du Fidesz.

La Hongrie est devenue "une sorte de mini-dictature", assène-t-il. "Ils ne vous battent pas à mort, mais si vous vous élevez contre les autorités, il y aura des conséquences".