Aux Philippines, arrestation d’un policier qui était membre du groupe Abou Sayyaf

L'officier de liaison logistique du groupe Abou Sayyaf arrêté, Masckur Adoh Patarasa, comparaît devant le général en chef de la PNP, Guillermo Eleazar, dans la ville de Zamboanga. (Photo PNP)
L'officier de liaison logistique du groupe Abou Sayyaf arrêté, Masckur Adoh Patarasa, comparaît devant le général en chef de la PNP, Guillermo Eleazar, dans la ville de Zamboanga. (Photo PNP)
Short Url
Publié le Mardi 03 août 2021

Aux Philippines, arrestation d’un policier qui était membre du groupe Abou Sayyaf

  • Selon le chef de la PNP, Patarasa serait le beau-frère de l’ancien chef de Daech en Asie du Sud-Est, Isnilon Hapilon, tué en 2017
  • Eleazar n'écarte pas la possibilité que Patarasa ait divulgué des informations à l'ASG, ce qui expliquerait l'échec d’un certain nombre d’opérations policières dans la province de Sulu

MANILLE: Le chef de la Police nationale des Philippines (PNP), le général Guillermo Eleazar, a ordonné lundi une «purification en profondeur» dans les rangs de la police après qu'un membre du personnel civil a été identifié comme un membre clé du groupe Abou Sayyaf (ASG).

Dans un communiqué, Eleazar révèle que des agents du service de renseignement de la police ont arrêté vendredi Masckur Adoh Patarasa, aussi connu sous le nom de «Makong» et d’«Omair Sali Taib», dans la ville de Jolo, la capitale de la province de Sulu.

Selon le chef de la PNP, Patarasa serait le beau-frère de l’ancien chef de Daech en Asie du Sud-Est, Isnilon Hapilon, tué en 2017. Il est accusé d’avoir géré les finances et la logistique de l'ASG, le groupe intégriste le plus violent du sud des Philippines.

«Patarasa est un membre actif du personnel civil de la PNP. Il est actuellement affecté au poste de police municipale de Banguingui, au Bureau de la police provinciale de Sulu. Mais il a précédemment occupé le poste d’agent de liaison des finances et de la logistique de Daulah Islamiyah et de l'ASG, et [son nom] figurait dans le mandant d'arrêt de la loi martiale No1 lors du siège de Marawi, en 2017», explique Eleazar.

«Patarasa a été arrêté dans la municipalité d’Asturias, à Jolo, dans la province de Sulu, à 19 heures le vendredi 30 juillet lors d'une opération policière motivée par des informations [du service de] renseignement [...]. Inculpé, il fait l'objet de mandats d'arrêt [...] dans sept affaires distinctes d'enlèvement et de détention illégale grave», précise-t-il.

Les informations des services de renseignement relatives au suspect indiquent que, au mois de mai 2017, «Patarasa, accompagné d’un individu non identifié lié à l'ASG, avait prévu d'effectuer un virement de fonds à des membres d'Abou Sayyaf qui participaient aux combats dans la ville de Marawi par le biais de son beau-frère, Isnilon Hapilon».

Hapilon, également connu sous le nom d'«Abou Abdallah al-Filipini», figure sur la liste des personnes les plus recherchées des États-Unis. Il a été tué pendant le siège de Marawi.

À cette époque, il aurait été l'émir ou le chef de Daech aux Philippines.

Eleazar affirme que Patarasa a rejoint l'ASG en 2001, alors que le groupe armé était dirigé par Khadaffy Janjalani, sur l’île de Basilan. Il a ensuite travaillé pour le haut dirigeant de l'ASG Radullan Sahiron à Sulu.

Il aurait également eu des contacts directs avec le terroriste malaisien Amin Baco, dit «Abou Jihad». Ce dernier compte parmi les personnes qui auraient remplacé Hapilon en tant que chef de Daech dans la région.

«Une enquête approfondie nous a appris que Patarasa avait reçu des fonds d'Almaida Salvin, un terroriste qui figure sur la liste des sanctions du Trésor américain [...], via [un certain] Merhama Sawari», poursuit le chef de la PNP sans fournir davantage de détails.

Salvin a été arrêté dans la ville de Zamboanga au mois d’avril 2019 pour possession illégale d'explosifs. Quant à Sawari, il se trouvait parmi les quatre militants tués lors d'une fusillade avec la police à Paranaque le 20 juin de l'année dernière.

Eleazar n'écarte pas la possibilité que Patarasa ait divulgué des informations à l'ASG, ce qui expliquerait l'échec d’un certain nombre d’opérations policières dans la province de Sulu.

«Je suis heureux que nos policiers aient pu arrêter l’individu en question. [Cette arrestation] s’inscrit dans le cadre de la politique de purification en profondeur que nous poursuivons. La pureté des rangs doit être maintenue afin de regagner la confiance des gens au sein de notre organisation», explique Eleazar.

Le chef avait en outre intimé au Service des affaires intérieures (SAI) de la PNP d'accélérer la procédure de mise à pied du suspect.

Des enquêtes sont en cours pour déterminer si d'autres membres du personnel de la PNP entretiennent des liens avec l'ASG ou sont impliqués dans des activités criminelles ou terroristes.

«Nous aimerions également savoir comment Patarasa a réussi à intégrer la PNP malgré la multitude de mandats d'arrêt [dont il fait l’objet] et d’affaires [liées à] son nom en raison de son appartenance à l'ASG», déclare Eleazar. Ce dernier précise que les informations du renseignement montrent que le suspect a continué à exercer son rôle au sein de l'ASG tandis qu’il travaillait au sein de la PNP.

Eleazar cite le cas de Patarasa pour montrer combien il est important de purifier les rangs de la police au moment du processus de recrutement. «C'est l'une des raisons pour lesquelles nous devons rigoureusement contrôler ceux qui souhaitent rejoindre la PNP comme policiers ou employés civil», affirme-t-il.

Eleazar a félicité les policiers qui ont permis l'arrestation de Patarasa. «Vos actions montrent l’efficacité de notre campagne pour protéger notre l'organisation des personnes mal intentionnées», leur a-t-il dit.

Pour conclure, il a exhorté tous les membres de la PNP «à s’entraider pour que l'organisation policière reste respectable et demeure fidèle à son engagement, qui consiste à servir et à protéger la population».

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.