Retour sur Étobon, massacre oublié de la Seconde Guerre mondiale

Une photographie prise le 7 septembre 2021 montre un panneau indiquant «Place des Fusillés d'Étobon», à côté du temple protestant, à Chenebier, dans l'est de la France. La France commémore le massacre d'Etobon où, le 27 septembre 1944, 39 hommes, âgés de 17 à 58 ans, ont été abattus par des soldats de la Wehrmacht. (Sebastien Bozon / AFP)
Une photographie prise le 7 septembre 2021 montre un panneau indiquant «Place des Fusillés d'Étobon», à côté du temple protestant, à Chenebier, dans l'est de la France. La France commémore le massacre d'Etobon où, le 27 septembre 1944, 39 hommes, âgés de 17 à 58 ans, ont été abattus par des soldats de la Wehrmacht. (Sebastien Bozon / AFP)
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Publié le Vendredi 24 septembre 2021

Retour sur Étobon, massacre oublié de la Seconde Guerre mondiale

  • Comme à Oradour-sur-Glane ou à Tulle quelques mois auparavant, Etobon a subi les foudres de l'armée allemande en déroute
  • Au total, un sixième de la population a été décimé en quelques heures, à moins de deux mois de la libération du village

ÉTOBON, France : Chaque fin d'été, quand les pommiers et les pruniers donnent à plein, le cœur de Marianne Stewart Perret se serre: à l'approche de la date du massacre d'Etobon, la sémillante vieille dame, qui a perdu deux frères fusillés par les nazis, se souvient.

Le soleil d'automne caresse les champs moissonnés autour du village rural de Haute-Saône, mais pour les rares survivants de ce massacre oublié de la Seconde Guerre mondiale, la période apporte peu de douceur.

Comme à Oradour-sur-Glane ou à Tulle quelques mois auparavant, Etobon a subi les foudres de l'armée allemande en déroute. Il y a 77 ans, le 27 septembre 1944, 39 hommes, âgés de 17 à 58 ans, y ont été fusillés par les soldats de la Wehrmacht, qui entendaient ainsi se venger des attaques des Forces françaises de l'intérieur (FFI), dans les maquis alentours. Trois autres ont été exécutés un peu plus tard, et sept hommes sont morts en déportation.

Au total, un sixième de la population a été décimé en quelques heures, à moins de deux mois de la libération du village. Chaque année, le 27 septembre à 15 heures, ses habitants se retrouvent dans le cimetière où des frères sont enterrés côte à côte.

Etobon avait été pourtant relativement épargné par la guerre. «Jusque-là, nous avions des relations assez correctes avec les Allemands», raconte Philippe Perret, 83 ans, qui a perdu son père, Jacques, fusillé à l'âge de 33 ans.

Alors, lorsque le matin du 27 septembre 1944, le tambour passe dans les ruelles pour annoncer à tous les hommes valides de 16 à 60 ans qu'ils doivent se rassembler à la mairie, au prétexte de creuser des tranchées, la plupart ne se méfient pas.

- «Philippe, sois sage» -

«Je vois mon papa de dos, il s'est retourné et a dit: +Philippe, sois sage+. Je ne l'ai jamais revu, ils ont été fusillés le même jour», raconte son fils, six ans à l'époque, qui vit toujours dans la maison familiale.

«Les Allemands avaient déjà réquisitionné des hommes pour faire des travaux. Ils y sont allés sans se méfier», abonde Marianne Stewart Perret, qui avait 12 ans.

Ses deux frères aînés, Georges, 17 ans, «le manuel», et Jean, 20 ans, «l'intellectuel», se sont rendus eux aussi à la mairie. Mais pour tous ces hommes, point de travaux de terrassement. Emmenés dans le village de Chenebier à deux kilomètres de là, ils sont interrogés, puis 39 d'entre eux exécutés contre le temple protestant. Les derniers se tiennent debout, chantant la Marseillaise face à la mitraillette, rapportent les quelques témoins qui assistent au drame depuis leurs fenêtres.

Les dépouilles sont ensuite déposées dans une fosse commune, dont elles ne seront extraites qu'en décembre 1944. «Une habitante a lavé tous les visages de ces jeunes pour pouvoir les reconnaître», se souvient Marianne Perret.

Sans hommes valides, le village luthérien devra compter après la guerre sur la solidarité de la Suisse voisine, qui envoie main d'oeuvre et machines pour faire les moissons. Après avoir recueilli jusqu'en mars 1945 les enfants du village.

«Il y avait une belle jeunesse, c'était des familles de plusieurs enfants. Il y avait des pièces de théâtre organisées par le pasteur Marlier, une chorale, il y avait même un terrain de basket», sourit Marianne Perret. «Et on ne manquait de rien».

Mais à l'automne 1944, l'ambiance a changé. Les troupes des libérateurs sont à quelques kilomètres, et les combats s'intensifient dans les forêts. Tout le village aide à faire passer en Suisse des soldats du contingent anglais des Indes, qui ont réussi à s'enfuir d'un stalag proche.

- «C'est bête, la guerre» -

Et puis, «il y a eu des erreurs des FFI», soupire Marianne. Avec la mort d'un officier allemand, tué par des maquisards courant septembre, dont le corps doit être caché par Jules Perret, le grand-père de Philippe.

«Évidemment, c'est la guerre. Nous chassons ou supprimons nos persécuteurs, mais le risque affreux couru par les villages n'est-il pas à considérer?», s'inquiétait Jules dans son journal, deux semaines avant la tragédie qui lui ôta un fils.

«Il y avait des jeunes qui aimaient bien tirer de la gâchette (...) C'est bête, la guerre», soupire Philippe Perret.

Peu à peu, le village a recommencé à vivre. Mais les jeunes femmes fiancées à des fusillés ne se sont jamais mariées. «Quel gâchis», regrette Marianne. Elle, est partie, a eu des enfants et est revenue vivre à Etobon il y a quelques années seulement avec son mari.

Philippe, à l'inverse, est toujours resté. Son fils trouve qu'il parle trop de la guerre. «Cela revient, on n'y peut rien, surtout au moment du 27 septembre», dit-il dans sa cuisine où sont affichés un portrait de Simone Veil et une photo de Barack Obama. Dans ce village protestant, la religion a aidé. «Tous les soirs, mes grands-parents lisaient le psaume 23. C'est la foi qui nous a soutenus».

Il a retrouvé, un jour, le casque de l'officier allemand dont la dépouille a été envoyée en Allemagne. Le casque est reparti dans la famille de l'officier. En apprenant le sort d'Etobon, celle-ci a envoyé un don au village, pour la réfection du mémorial.


Marine Tondelier demande qu'Emmanuel Macron reçoive les chefs des partis de gauche avant de nommer un Premier ministre

Des manifestants célébrant le départ de François Bayrou. (AFP)
Des manifestants célébrant le départ de François Bayrou. (AFP)
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  • La patronne des Ecologistes Marine Tondelier demande qu'Emmanuel Macron reçoive les chefs des partis de gauche, ensemble ou séparément, avant de nommer le prochain Premier ministre
  • "Je lui demande de nous recevoir avant tout allocution, avant toute décision"

PARIS: La patronne des Ecologistes Marine Tondelier demande qu'Emmanuel Macron reçoive les chefs des partis de gauche, ensemble ou séparément, avant de nommer le prochain Premier ministre, a-t-elle annoncé sur BFMTV.

"Je lui demande de nous recevoir avant tout allocution, avant toute décision", a expliqué Mme Tondelier, précisant qu'elle acceptait d'être reçue "seule ou avec (ses) collègues du Nouveau Front populaire", avec ou sans Jean-Luc Mélenchon, "comme il le souhaite". "Tout nous ira pourvu que nous ayons l'occasion de discuter avec le président", a ajouté celle qui réclame qu'un Premier ministre de gauche soit nommé.

 


Place Saint Michel, au cœur de Paris, la voix inébranlable de franco-israéliens, pour la Palestine

Chaque semaine, place Saint-Michel, ces voix refusent le silence. Elles rappellent que l’occupation et les massacres ne sont pas une fatalité, que des Israéliens eux-mêmes s’opposent à la politique criminelle menée en leur nom, et qu’il existe une autre voie que celle de la vengeance et de la haine. (AFP)
Chaque semaine, place Saint-Michel, ces voix refusent le silence. Elles rappellent que l’occupation et les massacres ne sont pas une fatalité, que des Israéliens eux-mêmes s’opposent à la politique criminelle menée en leur nom, et qu’il existe une autre voie que celle de la vengeance et de la haine. (AFP)
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  • Ce dimanche 7 septembre, comme chaque dimanche depuis le mois de juin, ils étaient plus d’une centaine à répondre à l’appel du collectif « Franco-Israéliens pour une pression internationale réelle sur Israël »
  • Ce rassemblement, au départ silencieux, commence par plus de trente minutes de marche. Les participants défilent sans drapeaux, mais brandissent des pancartes exprimant leur colère et leurs revendications : « Arrêtez le génocide »

PARIS: Chaque dimanche, la place Saint-Michel, au cœur de Paris, devient le théâtre d’une scène singulière et puissante : un collectif de Franco-Israéliens s’y rassemble pour dénoncer l’occupation et le massacre en Palestine.
Leur mobilisation, obstinée et courageuse, tranche avec le silence politique ambiant. Ils veulent rendre visible une voix étouffée : celle d’Israéliens qui refusent de cautionner le génocide en cours.

Ce dimanche 7 septembre, comme chaque dimanche depuis le mois de juin, ils étaient plus d’une centaine à répondre à l’appel du collectif « Franco-Israéliens pour une pression internationale réelle sur Israël », afin de participer à ce qu’ils appellent leur veillée hebdomadaire.

Ce rassemblement, au départ silencieux, commence par plus de trente minutes de marche. Les participants défilent sans drapeaux, mais brandissent des pancartes exprimant leur colère et leurs revendications : « Arrêtez le génocide », « Sanctionnez Israël maintenant », « Levez le blocus » ou encore « Arrêtez d’armer Israël ».

Au fil des semaines, le format de la veillée a évolué : elle débute désormais par deux ou trois courts témoignages de membres du collectif désireux d’expliquer leur engagement, avant que les participants ne se mettent à tourner silencieusement sur la place, pancartes à la main.
Récemment, en raison de la famine imposée par Israël aux habitants de Gaza, ils ont choisi de clôturer leurs rassemblements par un concert de casseroles, en solidarité avec une population affamée, errant dans l’enclave avec des gamelles et des récipients vides.

Arab News en français est allé à leur rencontre.

« Je suis franco-israélienne, sociologue, j’habite en France depuis vingt ans, et je lutte depuis plus de vingt ans contre l’occupation de la Palestine », raconte Mikhal.
Pour elle, la mobilisation hebdomadaire n’est pas un choix, mais une nécessité. Depuis deux ans, elle participe à toutes les manifestations :
« On fait tout ce qu’on peut pour mettre fin au génocide. On appelle la France, l’Union européenne et le monde entier à agir. »

Son constat est implacable : seule une pression politique et économique massive sur Israël peut faire cesser l’horreur.
« Il faut couper les aides, toute coopération économique, imposer des sanctions diplomatiques. C’est la seule manière pour que cette horreur cesse », insiste-t-elle.

Cet engagement a un prix : Mikhal est coupée d’une partie de sa famille restée en Israël. Son engagement pour la Palestine est un tabou :
« On ne peut pas vraiment en parler, c’est douloureux. »
Mais, résignée, Mikhal estime que « le prix est minime comparé à ce que subissent les Palestiniens ».

À ses côtés, Mikhaël, comédien installé en France depuis près de dix ans, revendique lui aussi une position inconfortable, mais nécessaire :
« Étant Israéliens, je pense que nous avons, et c’est triste à dire, plus de légitimité pour entamer ce genre d’action. »
« On peut difficilement nous accuser d’antisémitisme, et on a le devoir d’utiliser ce privilège pour dénoncer et sensibiliser », estime-t-il.

Lui aussi connaît la rupture familiale :
« Ma mère a fini par comprendre, mais la plupart de ma famille est en colère. Ils croient que c’est contre eux et ne comprennent pas que c’est aussi pour leur sécurité, pour mettre fin à cette folie », en cours depuis bientôt deux ans.

Son engagement l’a conduit à une décision radicale : ne plus retourner en Israël.
« La dernière fois que j’y suis allé, je ne pouvais pas ne pas voir l’occupation partout, la déshumanisation partout. Je n’ai plus envie d’y mettre les pieds. »
Pessimiste, Mikhaël ne croit pas voir la paix de son vivant, mais il garde une certitude :
« La justice est le préalable, et la reconnaissance de la souffrance palestinienne est incontournable. »

Autour d’eux, des Français soutiennent ce combat. Virginie, conseillère de Paris, refuse de rester spectatrice :
« Ne rien faire ou ne rien dire, c’est être complice du génocide. Alors je viens ici parce que je veux soutenir ces Franco-Israéliens », explique-t-elle, ajoutant qu’il faut « montrer qu’il existe une autre voix israélienne, humaniste, qui refuse la politique de Netanyahou et les logiques de vengeance ».

Pour elle, le combat est aussi politique : elle réclame la suspension de l’accord d’association Union européenne–Israël, un embargo total sur les armes et de vraies sanctions.
« La reconnaissance de l’État de Palestine est importante, mais elle reste symbolique si, dans le même temps, la population est exterminée », souligne-t-elle.

Virginie estime qu’une chape de plomb pèse sur le débat en France :
« Beaucoup de gens pensent comme moi mais n’osent pas le dire, par peur d’être traités d’antisémites », confie-t-elle.
« Oui, j’ai été accusée d’antisémitisme, même en tant qu’élue. On m’a dit que je serais morte politiquement si je continue, mais on ne peut pas céder à cette pression. »

Yaelle, autre membre du collectif, témoigne de la fragilité de cette mobilisation :
« Jusqu’ici, on a parfois été agressés par des Juifs français, mais la police nous a protégés. On est plus de cent, moitié Israéliens, moitié soutiens français. On a même dû aller au tribunal administratif quand nos rassemblements étaient interdits, et presque toujours, les interdictions ont été annulées. »

Ce qui frappe dans les témoignages, c’est la force de leur message :
« Ce n’est pas seulement la cause palestinienne, c’est une cause humaine, politique et universelle », rappelle Mikhal.
Virginie abonde : « C’est une question d’humanité. »

Chaque semaine, place Saint-Michel, ces voix refusent le silence. Elles rappellent que l’occupation et les massacres ne sont pas une fatalité, que des Israéliens eux-mêmes s’opposent à la politique criminelle menée en leur nom, et qu’il existe une autre voie que celle de la vengeance et de la haine.

La conviction du collectif, engagé dès le lendemain du 7 octobre 2023, est claire :
« Seule une mobilisation citoyenne massive pourrait briser le mur du silence. Si on était tous dehors, on ferait bouger les choses », lance Virginie.


L'Assemblée nationale renverse le gouvernement de François Bayrou lors d'un vote de confiance

Le Premier ministre français François Bayrou quitte l'Assemblée nationale après le résultat d'un vote de confiance sur le budget d'austérité du gouvernement, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 septembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou quitte l'Assemblée nationale après le résultat d'un vote de confiance sur le budget d'austérité du gouvernement, à l'Assemblée nationale à Paris, le 8 septembre 2025. (AFP)
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  • 364 députés, issus des rangs des oppositions allant de RN à LFI, ont voté contre la confiance au gouvernement tandis que 194, issus des rangs de la coalition gouvernementale, ont voté pour. 15 se sont abstenus
  • Mais les députés Les Républicains, membres de cette coalition et qui bénéficiaient d'une liberté de vote, se sont divisés : 27 ont voté pour la confiance, dont le chef du groupe Laurent Wauquiez, 13 contre, et 9 se sont abstenus.

PARIS: Les députés ont renversé lundi François Bayrou, en lui refusant la confiance à une nette majorité lors d'un vote qu'il avait lui-même sollicité sur l'état des finances publiques.

364 députés, issus des rangs des oppositions allant de RN à LFI, ont voté contre la confiance au gouvernement tandis que 194, issus des rangs de la coalition gouvernementale, ont voté pour. 15 se sont abstenus.

Mais les députés Les Républicains, membres de cette coalition et qui bénéficiaient d'une liberté de vote, se sont divisés : 27 ont voté pour la confiance, dont le chef du groupe Laurent Wauquiez, 13 contre, et 9 se sont abstenus.

Dans le détail, la quasi-totalité des groupes macroniste, MoDem et Horizons (parti d'Edouard Philippe), ont voté pour la confiance. Seule exception, l'élue macroniste du Nord Violette Spillebout, qui s'est abstenue, en raison des prises de position du Premier ministre sur l'affaire Bétharram, elle qui avait été co-rapporteure d'une commission d'enquête à ce sujet.

Les députés du Rassemblement national, leurs alliés ciottistes de l'UDR, les insoumis, les socialistes, les écologistes et le groupe des communistes et ultra-marins ont voté à l'unanimité contre. Les indépendants de Liot ont majoritairement voté contre (15 contre, 4 pour, 4 abstentions).

Le reste des voix provient de députés non inscrits (3 pour, 6 contre et une abstention).

François Bayrou, premier chef de gouvernement de la Ve République à être renversé lors d'un vote de confiance, présentera sa démission au président Emmanuel Macron mardi matin, selon l'un de ses proches.