Macron fait les «adieux» de la France à 26 trésors rendus au Bénin

Le président français Emmanuel Macron regarde une statue royale du XIXe siècle d'un mi-homme mi-oiseau, représentant le roi du Bénin Ghezo, exposée au musée du quai Branly avant d'être expédiée vers le pays d'Afrique de l'Ouest plus tard ce mois-ci, à Paris, le 27 octobre 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde une statue royale du XIXe siècle d'un mi-homme mi-oiseau, représentant le roi du Bénin Ghezo, exposée au musée du quai Branly avant d'être expédiée vers le pays d'Afrique de l'Ouest plus tard ce mois-ci, à Paris, le 27 octobre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

Macron fait les «adieux» de la France à 26 trésors rendus au Bénin

  • Ce « retour au bercail » de ces oeuvres emblématiques devrait être définitif le 9 novembre lorsqu'elles quitteront Paris en avion cargo
  • Quelques heures avant, Emmanuel Macron recevra à l'Elysée son homologue béninois Patrice Talon pour valider « formellement leur transfert de propriété », a-t-il annoncé

PARIS : C'est une cérémonie à forte valeur symbolique qui s'est tenue mercredi à Paris: Emmanuel Macron a confirmé la restitution au Bénin de 26 oeuvres des trésors royaux d'Abomey, conservées jusqu'ici au musée du Quai Branly.

Ce "retour au bercail" de ces oeuvres emblématiques devrait être définitif le 9 novembre lorsqu'elles quitteront Paris en avion cargo. Quelques heures avant, Emmanuel Macron recevra à l'Elysée son homologue béninois Patrice Talon pour valider "formellement leur transfert de propriété", a-t-il annoncé.

Après avoir vu les 26 oeuvres d'art, réunies dans une exposition visible une semaine, Emmanuel Macron a jugé "particulièrement émouvant" de participer à "cette cérémonie d’adieu comme diraient certains, de retrouvailles" plutôt pour "ces œuvres attendues depuis longtemps" au Bénin.

C'est "une page des relations franco-béninoises qui s’ouvre aujourd’hui", a renchéri le ministre des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci, présent au musée. En se félicitant que les deux pays offrent ainsi "un modèle de coopération qui se veut exemplaire" au niveau international.

Parmi les 26 oeuvres, figurent des statues totem de l'ancien royaume d'Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d'Abomey par les troupes coloniales en 1892.

Le président français Emmanuel Macron regarde les portes du palais du roi Glélé du Bénin exposées au musée du quai Branly avant d'être expédié vers le pays d'Afrique de l'Ouest plus tard ce mois-ci, à Paris le 27 octobre 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde les portes du palais du roi Glélé du Bénin exposées au musée du quai Branly avant d'être expédié vers le pays d'Afrique de l'Ouest plus tard ce mois-ci, à Paris le 27 octobre 2021. (Photo, AFP)

Le directeur du musée, Emmanuel Kasarhérou, a évoqué sa "grande joie" de remettre ces pièces à des "mains expertes" au Bénin, soulignant l'importance "que le patrimoine de chaque pays soit suffisamment représenté dans chaque pays".

Le chef de l'Etat français s'était engagé lors d'un discours à l'université de Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2017 à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en France. 

Sur la base d'un rapport remis par les universitaires sénégalais et française Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, il avait décidé de rendre 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin. 

"Qui aurait pu imaginer il y a quatre ans la restitution des pièces les plus prestigieuses, les plus belles, les plus connues du Bénin? Personne (...) C'est un événement exceptionnel", a salué Bénédicte Savoy. En notant que la France, "si longtemps sourde aux demandes de l’Afrique", devient ainsi "le premier pays du monde à restituer" des oeuvres à un pays africain.

Leur rapport avait dressé un calendrier de restitutions et un inventaire des dizaines de milliers d'objets que les colons ont ramenés d'Afrique. 

Il avait été salué mais aussi critiqué par certains directeurs de musées, soucieux de la "circulation des œuvres" au "caractère universel".

Le président français Emmanuel Macron (au centre) et la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot (à gauche) regardent un trône royal du Bénin du XIXe siècle exposé au musée du quai Branly avant d'être expédié vers le pays d'Afrique de l'Ouest plus tard ce mois-ci, à Paris le 27 octobre 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron (au centre) et la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot (à gauche) regardent un trône royal du Bénin du XIXe siècle exposé au musée du quai Branly avant d'être expédié vers le pays d'Afrique de l'Ouest plus tard ce mois-ci, à Paris le 27 octobre 2021. (Photo, AFP)

 

« Pas le fait du prince »

Finalement, une loi avait été votée en décembre 2020, permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu'elles avaient fait l'objet de pillages caractérisés, rendant possible ces restitutions.

Avec la restitution au Bénin, "il n'y a pas de fait du prince, encore moins d'un président", a affirmé mercredi Emmanuel Macron, en soulignant qu'elle s'inscrivait dans sa politique de relancer les relations franco-africaines sur de nouvelles bases.

Sans entrer dans les détails, il a indiqué la nécessité de "définir une nouvelle loi" pour "établir une doctrine et des règles précises" pour que se poursuive le processus de restitutions. Même si, a-t-il précisé, "le but n'est pas de renationaliser les patrimoines" et de "se débarrasser de toutes les oeuvres" venues de l'étranger.

Deux conservateurs béninois sont en France depuis plus d'une semaine pour organiser le retour des œuvres, selon M. Kasarhérou.

Au Bénin, elles iront d'abord "dans un lieu de stockage. Puis elles seront présentées dans d'autres lieux de manière pérenne: à l'ancien fort portugais de Ouidah et la maison du gouverneur, lieux historiques de l'esclavage et de la colonisation européenne, situés sur la côte, en attendant la construction d'un nouveau musée à Abomey".

Selon des experts, 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays - Sénégal, Côte d'Ivoire, Ethiopie, Tchad, Mali, Madagascar - ont soumis des demandes de restitutions.

Au moins 90 000 objets d'art d'Afrique sub-saharienne sont dans les collections publiques françaises. 70 000 d'entre elles au Quai Branly, dont 46 000 arrivées durant la période coloniale.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.