Le nouvel EP de la chanteuse libanaise Pol, «un hymne qui guérit et redonne de la force»

La chanteuse-compositrice Paola Ibrahim porte le nom d’artiste Pol. (Photo fournie)
La chanteuse-compositrice Paola Ibrahim porte le nom d’artiste Pol. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Le nouvel EP de la chanteuse libanaise Pol, «un hymne qui guérit et redonne de la force»

  • Les trois titres de Of Pacts and Confinements mettent en valeur la voix cristalline de Pol, qui a suivi une formation classique et travaille actuellement comme professeur de chant
  • Of Pacts and Confinements, qui traite de la crise au Liban, est empreint d’une certaine résignation mélancolique, mais il s’en dégage aussi un vent d’optimisme

DUBAÏ: «Chaque fois que nous pensons que la situation ne peut pas être pire, elle le devient». C’est avec ces mots que la chanteuse-compositrice Paola Ibrahim, dont le nom de scène est Pol, décrit la situation dans son pays natal, le Liban.

Outre les «troubles internationaux» et les mesures de confinement imposées par la Covid-19 dans le monde entier, c’est la «chute tragique » de sa nation qui a inspiré son dernier EP, sorti en août dernier, délibérément sans fanfare, intitulé Of Pacts and Confinements.

Les trois chansons de l’album mettent en valeur la voix cristalline de Pol, qui a suivi une formation classique et travaille actuellement comme professeur de chant. Pol a collaboré avec le producteur Samer Etienne Chammi (alias Etyen), basé à Beyrouth. Il s’agit du deuxième EP sur lequel les deux artistes travaillent ensemble. «Je pense que c’est l’un des meilleurs ici au Liban. Il n’est pas suffisamment reconnu», dit Pol à propos de son producteur. «Pour retranscrire ce que je voulais, il semblait être le mieux adapté.»

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(Photo fournie)

La chanteuse explique que son dernier EP est «moins électronique, plus organique. C’est davantage ce que j’aime et ce que j’écoute. Of Pacts and Confinements m’a ramené à ma formation musicale, lorsque je chantais de l’opéra. J’aime le son de l’orgue d’église, et je voulais plus de chansons dans ce style. Même si je sais que ce n’est pas un choix commercial ou adapté à la radio. Ce n’est pas pour tout le monde, bien sûr, et vous ne pourriez probablement pas l’écouter tous les jours», lance-t-elle en riant. «Vous seriez déprimé. Mais en fin de compte, si je ne peux pas faire mon EP comme je le veux, je préfère ne pas le faire du tout.»

Il a fallu un certain temps à Pol pour faire de la musique comme elle l’aime. La jeune femme de 36 ans se produit depuis des années à Beyrouth et dans la région, mais jusqu’à récemment, elle ne chantait que des reprises. Ce n’est qu’en 2017, lorsqu’elle a suivi une formation de professeur de chant qui l’a obligée à se rendre à New York, qu’elle a redécouvert sa passion d’adolescente pour la poésie, ce qui l’a poussée à composer ses propres chansons.

«C’est la période où tout a changé pour moi. Je traversais une rupture, ce qui m’a donné envie d’écrire, tout comme le fait d’être à New York pour faire quelque chose de nouveau», raconte-t-elle. «J’avais l’habitude d’écrire des poèmes quand j’avais 14 ou 15 ans – vous savez, des trucs d’ado –  et j’ai eu envie de recommencer. Je sentais que c’était le début d’un nouveau chapitre.»

Cela n’a pas été une étape de tout repos la chanteuse. Bien qu’elle soit une artiste de scène chevronnée, Pol affirme avoir «beaucoup stressé» à l’idée de dévoiler sa propre musique. «Quand je chante des reprises, je suis très confiante. Mais c’est très différent de jouer sa propre musique. Même mes musiciens m’ont dit: “Qu’est-ce qui ne va pas? Tu te produis depuis plus de dix ans”. Pourtant, c’était différent. Mon premier concert a été très stressant», raconte-t-elle.

Comme on peut s’y attendre pour un disque qui traite des différentes crises qui frappent le Liban et de l’isolement dû au confinement, Of Pacts and Confinements est empreint d’une certaine résignation mélancolique. Mais il s’en dégage aussi un vent d’optimisme. «Je dirais que c’est comme un hymne qui guérit et qui redonne de la force. Lorsque l’on traverse des épreuves, on guérit, et à la fin, il y a la victoire, la gloire, l’espoir», souligne-t-elle. «Il s’agit d’un disque très personnel. Sur mes précédents albums, je racontais aussi mon histoire, mais différemment. Celui-ci est plus audacieux, il révèle encore plus ma personnalité. J’ai dit des choses que je n’aurais certainement pas évoquées il y a deux ans.»

Ce n’est pas par coïncidence si Pol a commencé à suivre une thérapie il y a deux ans. « Cela m’a beaucoup changé», confie-t-elle. «Mais c’est un processus continu. Le disque est comme un parcours de guérison. Tout est lié au confinement et à la plongée dans le passé. Au bout du compte, bien sûr, il y a de l’espoir. Malgré tout ce que nous vivons, il y a toujours de l’espoir», explique la chanteuse.

Sa prochaine grande étape est une résidence d’artiste en France au printemps 2022. «Évidemment, cela m’a réjoui, parce que je vais pouvoir travailler sur ma musique», ajoute  Pol. Comme beaucoup d’autres personnes au Liban, elle affirme ne pas vouloir quitter le pays, mais pense qu’elle devra peut-être le faire si elle veut réaliser ses ambitions créatives. «Nous n’avons pas d'électricité, d’essence... que pouvons-nous faire? Je ne peux même pas travailler.»

Bien que Pol soit manifestement fière de son dernier disque, sa sortie a été très discrète. Hormis un concert à Beyrouth à la mi-septembre (une collaboration avec la Beirut Music Initative et l’ONG War Child), Pol a fait peu de promotion autour de la sortie de l’EP, même en ligne. «J’ai l'impression que je ne peux pas vraiment en faire trop. Certaines personnes n’ont même pas de quoi manger. Tout le monde essaie de satisfaire ses besoins fondamentaux et je ne suis pas motivée pour faire de la promotion. Mais je devais sortir ce disque parce que j’avais besoin de tourner la page. Je ne savais pas quand il y aurait un “bon moment”, alors je l’ai fait», ajoute-t-elle. «C’est ce qui me permet de continuer. Si je m’arrête, j’abandonne.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com